Franz Ludwig Catel

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Franz Ludwig Catel
Karl Brioullov, Portrait de Franz Ludwig Catel et sa femme Margherita à Rome (vers 1830), Rome, Pio Istituto Catel.
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 78 ans)
RomeVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nationalité
Activités
Formation
Académie prussienne des Arts (en)
Académie des beaux-artsVoir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Vue de la sépulture.

Franz Ludwig Catel, dit François Louis Catel dans sa forme francisée, né le à Berlin et mort le à Rome, est un peintre, dessinateur et illustrateur prussien, actif dans les états italiens.

Biographie[modifier | modifier le code]

Julius Troschel, Monument funéraire de Franz Ludwig Catel, Rome, église Santa Maria del Popolo.

Descendant d'une dynastie francophone de réfugiés huguenots de la Colonie française en Prusse, il est le fils cadet de Pierre-Frédéric Catel, quincailler, fabricant de jouets et d'éventails et assesseur au tribunal français de Berlin, et d'Elisabeth Wilhelmine Rousset. Son frère aîné Louis Catel (1776-1819) est un architecte talentueux et réputé.

Sculpteur sur bois de formation, Franz Ludwig Catel est élève de Daniel Chodowiecki et suit les cours de l'Académie des arts de Berlin en 1797.

Il inaugure sa production artistique en dessinant des vignettes pour des almanachs et des publications illustrées. Il est présenté par Karl August Böttiger à Johann Wolfgang von Goethe en , alors que le poète cherche un illustrateur disponible à qui confier la mise en image de son poème épique Hermann et Dorothée. Les planches gravées par Chodowiecki d'après les dessins livrés par Catel pour honorer cette prestigieuse commande, publiée à Brunswick en 1799 par la maison d'édition Vieweg (de), sont la première œuvre notable du jeune artiste et lui offrent un début de notoriété[1].

En 1798, Franz Ludwig et son frère visitent la Suisse et séjournent à Paris, où le jeune homme est admis comme élève à l'Académie des beaux-arts sur la recommandation de Jean-Antoine Houdon[2]. Il y reste inscrit pendant six semestres au cours desquels il complète son instruction artistique[3].

De retour à Berlin, il y épouse en 1801 la fille d'un brodeur, Sophie Friedrike Kolbe, et crée avec son frère une fabrique de scagliola ou stuc marbre[4].

En 1802, il expose à Weimar des paysages à l'aquarelle qui sont salués par Goethe[5]. Il contribue ensuite aux aménagements d'architecture d'intérieur réalisés par son frère au château de Potsdam[6].

En 1805, il réalise les illustrations de la nouvelle édition de L'Homme des champs, ou les Géorgiques françaises de l'abbé Jacques Delille, publiée à Paris chez Levrault, Schoell et Cie.

Il produit également une série d'aquarelles pour le recueil des Verzierungen aus dem Alterthume[7], édité en collection de 1805 à 1809 par le graveur-lithographe Ernst Friedrich Bussler.

Perfectionnant sa pratique de l'encre de Chine et de l'aquarelle, Franz Ludwig Catel compose en 1806 une grande scène représentant L'assassinat du prévôt Nicolas de Bernau à Berlin en 1325, qui lui vaut d'être reçu membre de l'Académie des arts de Berlin le .

À partir de 1807, il revient à Paris pour étudier la peinture à l'huile. En 1811, il s'établit à Rome, où il arrive le [8]. Il y dessine les illustrations d'une édition nouvelle de la traduction de L’Enéide par Annibal Caro.

En 1812, Catel est engagé par l'archéologue français Aubin-Louis Millin de Grandmaison pour dessiner les monuments et sites visités lors du périple de ce dernier à Naples, en Campanie, en Calabre et dans les Abruzzes[8],[9], dans lequel Astolphe de Custine est également leur compagnon de route. Certaines des esquisses produites par Catel à l'intention de son commanditaire sont gravées par Ludwig Friedrich Kaiser et publiées en planches dans un ouvrage sur Pompéi[10]. En outre, 172 dessins à la plume ou repassés à l'encre, conservés dans la collection du Voyage en Italie de Millin acquise par la Bibliothèque nationale de France, peuvent être attribuées à la main de Catel. Ils illustrent des thèmes variés : paysages, monuments, œuvres d'art et costumes populaires[8].

Veuf depuis 1810, le peintre se remarie à Rome en 1814 avec Margherita Prunelli. Le couple demeure à Rome sur la Piazza di Spagna.

En 1818, Catel accompagne le prince et la princesse Galitzine dans leur voyage pour visiter la Sicile.

Séduit par les paysages et la lumière de son nouveau pays au point de décliner une offre de nomination au poste de professeur de dessin à l'Académie des arts de Berlin en 1826, il passe le reste de son existence en Italie. Il y acquiert rapidement un renom d'artiste estimé. Sa production picturale rencontre un grand succès auprès des amateurs et collectionneurs d'art. Pilier de la colonie allemande à Rome, sa fréquentation est recherchée notamment par les voyageurs venant d'Allemagne, parmi lesquels figurent le prince héritier Louis de Bavière, qu'il accompagne dans un voyage en Grèce et immortalise dans une scène fameuse de « bambochade » à l'auberge espagnole de Rome, le duc Frédéric IV de Saxe-Gotha-Altenbourg, l'architecte Karl Friedrich Schinkel et le prince Heinrich de Prusse.

Converti au catholicisme depuis son second mariage, Franz Ludwig Catel est inhumé dans l'église Santa Maria del Popolo à Rome, où ses restes reposent sous un monument funéraire à son effigie sculpté par son compatriote Julius Troschel.

Le succès commercial de ses tableaux lui permit de constituer une fortune confortable de 80 000 écus. Mort sans enfant, il destina son patrimoine à la création d'un fonds privé chargé de secourir les artistes allemands et italiens dans le besoin vivant à Rome. Son legs prit la forme définitive d'une fondation baptisée Pio Istituto Catel, instituée en 1887 et placée sous le patronage de l'ambassade d'Allemagne à Rome. Toujours subsistante, l'œuvre caritative attribue des bourses d'études et héberge des pensionnaires dans ses locaux conformément aux critères définis par son bienfaiteur[11].

Œuvres[modifier | modifier le code]

D'abord illustrateur puis aquarelliste avant d'opter définitivement, la maturité venue, pour la peinture à l'huile, Franz Ludwig Catel s'est essentiellement fait un nom en tant que peintre paysagiste. Sa palette d'inspiration est cependant plus large : il compose aussi des scènes de genre (aux sujets rustiques, musicaux ou domestiques), des marines et quelques tableaux d'histoire, dont on cite plus particulièrement L'Empereur Rodolphe conduisant sur son cheval un prêtre portant le Saint-Sacrement et La Résurrection du Christ, toiles destinées à l'église de Berlin-Charlottenbourg.

Sur le plan technique, son pinceau est marqué par une vision néo-classique des masses d'architecture et de la composition des reliefs, en manifestant une préférence pour les paysages de montagne et de bords de mer. Sa palette de couleurs exprime un style lumineux influencé par le romantisme.

En 2021, la maison de Chateaubriand (Vallée aux Loups, Chatenay-Malabry) organise une exposition des dessins de Catel pendant son voyage en Calabre avec Messieurs Millin et Astolphe de Custine. Le tableau représentant l'écrivain devant le ruines du Colisée de Rome, lui est attribué.

Ses tableaux sont conservés dans de nombreux musées et institutions à travers le monde, dont notamment :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Monique Moser-Verrey, « rencontres gravées pour Hermann und Dorotea de Goethe et Trois femmes d'Isabelle de Charrière », in Jean Pierre Dubost (dir.), Topographie de la rencontre dans le roman européen, PU Blaise Pascal, 2008, p.365.
  2. (de) France Nerlich et Bénédicte Savoy (dir.), Paris Lehrjahre, ein Lexikon duz Ausbildung deutscher Maler in der französischen Hauptstadt, tome 1 : 1793-1843, De Gruyter, 2012, p.327 : « Du 1er frimaire [an 7] [] François Louis Catel [Catel, Franz Ludwig], P[eintre]. natif de Berlin, âgé de 20 ans, présenté par le C[itoy]en Houdon, demeurant rue André des Arts n°88, a justifié de son passeport ».
  3. Bénédicte Savoy : « Peintres berlinois à Paris », in Marie-Claude Chaudonneret (dir), Les artistes étrangers à Paris : de la fin du Moyen Age aux années 1920, Peter Lang, 2007, p.167.
  4. Guide de Berlin, de Potsdam et des environs, Berlin, Frédéric Nicolai libraire, édition de 1802, p. 146.
  5. La Peinture allemande à l'époque du romantisme, Éditions des Musées nationaux, 1976, p.26.
  6. Katharina Kulke, « La création du Cabinet Étrusque de Potsdam et l’influence de la publication de la collection Hamilton sur le décor intérieur autour de 1800 », dans Le vase grec et ses destins, Biering and Brinkmann, 2003, p. 245-256.
  7. Ornements de l'Antiquité.
  8. a b et c Anna Maria D'Achille, Antonion Iacobini et Sandro Gennaro, Le voyage en Italie d'Aubin-Louis Millin 1811-1813 : un archéologue dans l'Italie napoléonienne, Gourcuff Gradenigo, 2014, chapitre sur « L'œil de Millin : Franz Ludwig Catel, "artiste prussien et paysagiste distingué" », p.27-31.
  9. Bénédicte Savoy, « Peintres berlinois à Paris », in Marie-Claude Chaudonneret (dir), Les artistes étrangers à Paris : de la fin du Moyen Age aux années 1920, Peter Lang, 2007, p. 165.
  10. Aubin-Louis Millin de Grandmaison, Description des tombeaux qui ont été découverts à Pompeï dans l'année 1812, Naples, Imprimerie Royale, 1813, 100 p.
  11. site de la Fondazione Catel.

Annexes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Frères Haag, La France protestante, Cherbuliez, tome III, 1853, p.247-248 (en ligne).
  • (de) Herrmann Julius Meyer (de), Meyers Großes Konversations-Lexikon : ein Nachschlagewerk des allgemeinen Wissens, Leipzig, bibliographisches Institut, (BNF 30938245), tome VII, p.679 (notice Catel).
  • (it) Elena Di Maio (dir.), Franz Ludwig Catel e i suoi amici a Roma : un album di disegni dell'Ottocento, Turin, Galleria nazionale d'arte moderna, 1996.
  • Anna Ottani Cavina, Paysages d'Italie : les peintres du plein air, 1780-1830, Réunion des musées nationaux, 2001.
  • (it) Andreas Stolzenburg, Franz Ludwig Catel (1778-1856) : paesaggista e pittore di genere, Casa di Goethe - Artemide, 2007.
    Catalogue de l'exposition organisée à la Maison de Goethe du 30 janvier au 22 avril 2007 à Rome.
  • (de) Andreas Stolzenburg et Hubertus Gassner (dir.), Franz Ludwig Catel, Italienbilder der Romantik, Petersberg, 2015.
    Catalogue de l'exposition organisée à la Hamburger Kunsthalle du 16 octobre 2015 au 31 janvier 2016 à Hambourg.
  • Viviane Rosen-Prest, La colonie huguenote de Prusse de 1786 à 1815, La fin d’une diaspora ?, Honoré Champion, 2019, p.273-276. (ISBN 978-2-74535-036-7).
  • (de) Robert Dohme, « Franz Ludwig Catel », dans Allgemeine Deutsche Biographie (ADB), vol. 4, Leipzig, Duncker & Humblot, , p. 70-71
  • (de) « Catel, Franz Ludwig », dans Allgemeines Lexikon der Bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart., vol. 6 : Carlini–Cioci, Leipzig, E. A. Seemann, .

Liens externes[modifier | modifier le code]