Frances Hodgkins

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Frances Hodgkins
Frances Hodgkins, avant 1923.
Naissance
Décès
(à 78 ans)
Dorchester, Grande-Bretagne
Sépulture
Waikanae Cemetery (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Frances Mary Hodgkins
Nationalité
Activités
Peintre, aquarelliste
Autres activités
Enseignante, créatrice textile
Formation
Braemar House, Dunedin School of Art, Académie des Arts de Nouvelle-Zélande, Académie Colarossi
Maître
G. P. Nerli, Norman Garstin
Élève
Edith Kate Bendall
Lieux de travail
Mouvement
Influencée par
Ellen von Meyern, Gottfried Lindauer, Cedric Morris, Henri Matisse, André Derain
Père
William Mathew Hodgkins (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Isabel Field (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
Loveday and Ann: Two Women with a Basket of Flowers (1915), The Edwardians (1918) , Wings over Water (1930), Spanish Peasants (1934)

Frances Hodgkins, née le 28 avril 1869 à Dunedin, et morte le 13 mai 1947 à Dorchester, est une peintre néo-zélandaise. Elle est considérée comme l'une des peintres les plus prestigieuses et les plus influentes de la Nouvelle-Zélande, bien que sa réputation repose sur ses œuvres réalisées en Europe[1],[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Frances Hodgkins (en blanc), Isabel Hodgkins (tenant un parasol japonais), William Mathew, Rachael Hodgkins, William Field (au sol), Cranmore Lodge, Dunedin, février 1892.

Originaire de la Nouvelle-Zélande, Frances Mary Hodgkins est la fille de Rachel Owen Parker et de W. M. Hodgkins, avocat, peintre amateur et figure de proue des milieux artistiques de la ville[3]. Elle fréquente, avec sa sœur Isabel, la Braemar House, une école secondaire privée pour filles. Toutes deux démontrent déjà un talent artistique certain, et chacune devient une peintre paysagiste réussie à part entière[4].

À partir de 1890, Frances Mary Hodgkins expose pour la première fois des scènes de genre rural et des portraits dans des sociétés d'art de Christchurch et Dunedin. En 1893, elle devient l'une des élèves du peintre italien G. P. Nerli, et réalise de nombreuses études de femmes assises, dont Head of an Old Woman, pour laquelle elle obtient le prix de l'Académie des Arts de Nouvelle-Zélande en 1895[4].

Les peintures maories de Frances Mary Hodgkins sont, tout comme celles d'Ellen von Meyern et Gottfried Lindauer, associées à des portraits symboliques de femmes avec ou sans enfant[5]. En 1895-1896, elle fréquente la Dunedin School of Art, et devient par la suite professeure d'art, afin de gagner l’argent nécessaire pour partir étudier en Angleterre[4].

Carrière artistique[modifier | modifier le code]

L'arrivée en Europe[modifier | modifier le code]

En 1901, Frances Mary Hodgkins quitte la Nouvelle-Zélande pour l'Europe, et s’inscrit à une école d'art à Londres. Elle continue cependant de voyager et de peindre en France, aux Pays-Bas, en Italie et au Maroc en compagnie de son amie et collègue artiste Dorothy Kate Richmond[6],[7],[8]. De retour en Grande-Bretagne, elle se rapproche de Margaret Stoddart, une autre artiste expatriée[4].

La jeune artiste participe à différentes classes et formations artistiques à travers l'Europe, elle étudie notamment le croquis avec Norman Garstin, lors d'un séjour en Normandie, durant les étés 1901 et 1902[9]. En 1903, Fatima, l'une des aquarelles de l’artiste devient la première œuvre néo-zélandaise exposée à la Royal Academy of Arts de Londres[3],[10].

En 1904, Frances Mary Hodgkins retourne en Nouvelle-Zélande pour ouvrir un atelier d'enseignement à Wellington, où elle présente une exposition conjointe avec Dorothy Kate Richmond. Elle compte parmi ses élèves, Edith Kate Bendall, compagne de l'écrivaine Katherine Mansfield. La même année, elle se fiance à un homme britannique, T. Boughton Wilby, mais les fiançailles sont rompues dès son retour à Londres en 1906, alors qu'elle souhaite poursuivre sa carrière artistique[3],[11].

En Europe, Frances Hodgkins obtient sa première exposition personnelle à la Paterson's Gallery de Londres en 1907. Elle déménage à Paris en 1908. En 1910, elle commence à enseigner à l'Académie Colarossi, en tant que première femme à être nommée instructrice dans cette école. Elle fonde également l'École de l'Aquarelle. Pendant ce temps, elle expose de nombreuses aquarelles au Salon de Paris, et entre en contact avec l'artiste canadienne, Emily Carr[3].

Expérimentation et style personnel[modifier | modifier le code]

Pendant la Première Guerre mondiale, Frances Mary Hodgkins passe quelque temps à Zennor, dans les Cornouailles, où elle travaille avec le peintre de Swansea, Cedric Morris, qui a peint son portrait en 1917[12]. En 1915, elle commence à utiliser la peinture à l'huile. En 1919, à la fin de la guerre, elle s'installe en France, où son travail est influencé par les peintres Henri Matisse et André Derain[4].

À partir de la fin des années 1920, son style adopte des caractéristiques modernistes, telles que des formes abstraites et simplifiées. Bien qu'elle continue à peindre des personnes, son travail témoigne également d'un intérêt à fusionner les conventions du paysage avec la peinture de nature morte. Elle développe son propre style très personnel, qui eut un fort impact lors de son exposition personnelle à la Claridge Gallery de Londres en 1928[13],[14]. En 1924, elle découvre la ville de Nice, et y rencontre Margaret Butler, une sculptrice néo-zélandaise notable[15],[16].

En 1925, Frances Hodgkins commence à travailler en tant que conceptrice de tissus à la Calico Printers' Association (CPA) de Manchester[17]. Elle poursuit cependant ses voyages, et se rend à l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs à Paris[13]. En 1927, elle s'intéresse aux vues marines, et part s'installer à Concarneau en Bretagne, où elle rejoint une école de peinture anglo-américaine dirigée par Charles Morice, ami et biographe du peintre Paul Gauguin[18].

Rayonnement culturel[modifier | modifier le code]

En 1929, Frances Hodgkins rejoint la Seven and Five Society, un groupe artistique de sept peintres et cinq sculpteurs, fondé en 1919 à Londres. Elle travaille aux côtés de jeunes artistes comme Barbara Hepworth, Ben Nicholson et Henry Moore. En 1930, elle soutient son amie Lucy Wertheim, quant à l'ouverture d'une galerie d'art à Londres, destinée à mettre en avant les travaux de jeunes artistes ou d'artistes émergents[19].Au cours des années 1930, Frances Hodgkins expose dans de nombreuses galeries londoniennes, et obtient un contrat de la Lefevre Gallery, pour produire et exposer des œuvres uniques tous les deux ans. En 1931, elle s'installe avec l'artiste néo-zélandaise Maude Burge, au sein de la Burge's Villa à Saint-Tropez. Elle se consacre alors à la réalisation de natures mortes[20],[21].

Son expérimentation du mélange des genres artistiques se poursuit pour aboutir à des peintures qui confondent nature morte et autoportrait pour contourner l'apparence physique de l’auto-représentation[13],[22].

En 1939, elle est invitée à représenter la Grande-Bretagne à la Biennale de Venise de 1940. Cependant à cause des restrictions de voyage en temps de guerre, son travail n'a pu être transporté à Venise[3].

Frances Hodgkins meurt à l'hôpital psychiatrique Herrison House de Dorchester, le 13 mai 1947[22].

Galerie[modifier | modifier le code]

Héritage[modifier | modifier le code]

Hautement considérée dans la société britannique d'avant-garde, Frances Hodgkins est reconnue comme une figure clé du modernisme britannique[23],[24]. Les œuvres de l’artiste néo-zélandaise appartiennent aux collections de grands musées internationaux tels que le Musée de la Nouvelle-Zélande Te Papa Tongarewa, la Towner Art Gallery, la Tate Gallery, la British Council Collection, la Government Art Collection ou la Auckland Art Gallery[25],[26],[27],[12],[28],[29].

La Bourse Frances Hodgkins est créée en 1962 à l'Université d'Otago à Dunedin, en Nouvelle-Zélande[30].

Hommages[modifier | modifier le code]

Depuis 2009, un cratère de la planète Mercure se nomme Hodgkins en son honneur[31].

En 2023, Blandine Massiet du Biest réalise en Nouvelle-Zélande un film documentaire sur sa vie et son art : Frances Hodgkins, Anything but a Still Life[32].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en-GB) Tate, « Frances Hodgkins 1869–1947 », sur Tate (consulté le )
  2. Eastmond, Elizabeth, 1945-, Women and the arts in New Zealand : forty works, 1936-86, Penguin, (ISBN 0-14-009234-X et 978-0-14-009234-9, OCLC 54183788, lire en ligne)
  3. a b c d et e (en) Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa, « Frances Hodgkins », sur collections.tepapa.govt.nz (consulté le )
  4. a b c d et e (en) New Zealand Ministry for Culture and Heritage Te Manatu Taonga, « Hodgkins, Frances Mary », sur teara.govt.nz (consulté le )
  5. (en) Leonard Bell, Colonial Constructs: European Images of the Maori, 1840-1914, Auckland University Press, (ISBN 978-1-86940-640-0, lire en ligne)
  6. (en) New Zealand Ministry for Culture and Heritage Te Manatu Taonga, « Richmond, Dorothy Kate », sur teara.govt.nz (consulté le )
  7. (en) Alison J. Laurie, « Frances Mary Hodgkins », Journal of Lesbian Studies, vol. 5, nos 1-2,‎ , p. 27–47 (ISSN 1089-4160, PMID 24807565, DOI 10.1300/J155v05n01_03, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) « Frances Hodgkins: A life in colour », sur Otago Daily Times Online News, (consulté le )
  9. « Frances Hodgkins », sur AWARE Women artists / Femmes artistes (consulté le )
  10. (en) « Fatima by Frances Mary Hodgkins », sur www.artnet.com (consulté le )
  11. (en) Peter Entwisle, William Mathew Hodgkins et Dunedin Public Art Gallery, William Mathew Hodgkins & his circle: an exhibition to mark the centennial of the Dunedin Public Art Gallery, October 1984, The Gallery, (ISBN 978-0-473-00263-3, OCLC 13361258, lire en ligne)
  12. a et b (en-GB) Tate, « ‘Frances Hodgkins’, Sir Cedric Morris, Bt, c.1917 », sur Tate (consulté le )
  13. a b et c (en) Samantha Niederman, Frances Hodgkins, Eiderdown Books, , 64 p. (ISBN 978-1-9160416-1-5)
  14. Kirker, Anne, 1947-, New Zealand women artists : a survey of 150 years, Craftsman House, (ISBN 976-8097-30-2 et 978-976-8097-30-9, OCLC 28491897, lire en ligne)
  15. (en) New Zealand Ministry for Culture and Heritage Te Manatu Taonga, « Butler, Margaret Mary », sur teara.govt.nz (consulté le )
  16. (en) Michael Dunn, New Zealand Sculpture: A History, Auckland University Press, (ISBN 978-1-86940-277-8, lire en ligne)
  17. (en) Jennifer S. Uglow et Maggy Hendry, The Northeastern Dictionary of Women's Biography, UPNE, (ISBN 978-1-55553-421-9, lire en ligne)
  18. « Concarneau et ses Peintres - Peintres étrangers - Hodgkins Frances », sur www.concarneau-peintres.fr (consulté le )
  19. (en) « Wertheim Gallery | Artist Biographies », sur www.artbiogs.co.uk (consulté le )
  20. « BURGE, Maud née WILLIAMS, May 1865–1957 | NZETC », sur nzetc.victoria.ac.nz (consulté le )
  21. (en) Frances Hodgkins and Maude Burge: Two Expatriates : an Exhibition of Paintings and Drawings [April-May 1988]., Hawkes Bay Art Gallery and Museum, (lire en ligne)
  22. a et b (en) Art UK | Discover Artworks, « Frances Hodgkins (1869–1947) », sur artuk.org (consulté le )
  23. (en) Estados Unidos) Wiley Interscience (Hoboken, « Art history », Art history,‎ (ISSN 0141-6790 et 1467-8365, lire en ligne, consulté le )
  24. Orford, Emilhy-Jane Hills., The creative spirit : stories of 20th Century artists, Baico Publishing, (ISBN 978-1-897449-18-9 et 1-897449-18-6, OCLC 1036188496, lire en ligne)
  25. (en) « Frances Hodgkins: European Journeys », sur Auckland Art Gallery (consulté le )
  26. (en-US) « Frances Hodgkins », sur Government Art Collection (consulté le )
  27. (en) « Frances Hodgkins | Artists | Collection | British Council − Visual Arts », sur visualarts.britishcouncil.org (consulté le )
  28. (en) « Perspectives on....Still Life », sur Towner Eastbourne (consulté le )
  29. (en) Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa, « Frances Hodgkins », sur collections.tepapa.govt.nz (consulté le )
  30. « The Frances Hodgkins Fellowship, Otago Fellows, University of Otago, New Zealand », sur www.otago.ac.nz (consulté le )
  31. « Planetary Names: Crater, craters: Hodgkins on Mercury », sur planetarynames.wr.usgs.gov (consulté le ).
  32. Frances Hodgkins Anything but a Still Life [1]

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) The Expatriate : A Study of Frances Hodgkins, E. H. McCormick, New Zealand University Press Wellington, 1954.
  • (en) Frances Mary Hodgkins 1869–1947, Peter Entwisle, William Mathew Hodgkins & his Circle, Dunedin, Dunedin Public Art Gallery, 1984 (ISBN 9780473002633).
  • (en) Frances Hodgkins: A Private Viewing, Joanne Drayton, Godwit, Auckland, 2005 (ISBN 1869621174).
  • (en) Frances Hodgkins, Samantha Niederman, Eiderdown Books, 2019 (ISBN 9781916041615).
  • (en) Frances Hodgkins : European Journeys, Catherine Hammond, Mary Kisler, Auckland University Press, Auckland Art Gallery Toi o Tamaki, 2019 (ISBN 9781869408930).
  • (en) Finding Frances Hodgkins, Mary Kisler, Massey University Press, 2019 (ISBN 9780995102972).

Liens externes[modifier | modifier le code]

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