France Bloch-Sérazin

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France Bloch-Sérazin
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Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 29 ans)
HambourgVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Père
Fratrie
Claude Bloch (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Parentèle
Autres informations
Parti politique

France Bloch, dite France Bloch-Sérazin et surnommée Claudia dans la clandestinité, née Françoise Bloch le à Paris et guillotinée le à Hambourg en Allemagne, est une militante communiste française, résistante de la Seconde Guerre mondiale.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

France Bloch est la fille de l'écrivain Jean-Richard Bloch et de Marguerite Herzog[1], sœur de l'écrivain André Maurois[2]. Elle est d'abord élevée à La Mérigote[3] près de Poitiers où elle fait ses études secondaires et passe une licence de chimie à l'Université de Poitiers après avoir hésité entre la chimie, les lettres et la philosophie[4].

En octobre 1934, elle entre au laboratoire du professeur Georges Urbain à l'École nationale supérieure de chimie de Paris où elle rencontre Marie-Élisa Nordmann-Cohen. Elle adhère au Parti communiste[2] dans le 14e arrondissement de Paris et soutient les républicains espagnols. En , le Réseau du musée de l'Homme placarde le poème de Rudyard Kipling, If, que son oncle, André Maurois, a traduit de l'anglais par : Tu seras un homme mon fils.

Résistance[modifier | modifier le code]

Après l'instauration du régime de Vichy, elle est exclue de son laboratoire car elle est juive et communiste, et doit donner des leçons particulières pour vivre. En 1941, elle rejoint le Laboratoire de l’Identité judiciaire de la Préfecture de Paris, quai des Orfèvres[5].

Elle participe aux premiers groupes de résistance communiste de Francs-tireurs et partisans dirigé par Raymond Losserand, futur commandant des Forces françaises de l'intérieur et installe un petit laboratoire rudimentaire de chimie dans son deux-pièces au 1 avenue Debidour, chez le résistant originaire de Hambourg, Théo Kroliczek, près de la place du Danube dans le 19e arrondissement. En liaison avec le colonel Dumont, de l'Organisation spéciale, elle fabrique alors des explosifs utilisés lors de la vague d'attentats organisés à partir d'août 1941 par les Bataillons de la Jeunesse, du colonel Fabien, Gilbert Brustlein et Fernand Zalkinow[6].

Marcel Paul parle du courage de cette femme d'1,57 m qui ressemble à Sarah Bernhardt et qui participe aux opérations contre la cartonnerie allemande de Saint-Ouen, les voies ferrées, un pylône stratégique d'Orléans et quatre vingt chevaux qui furent empoisonnés à la strychnine. Le , Yves Kermen prend le métro pour la rencontrer à la station Quai de la Rapée. La voyant interpellée par deux policiers, il fait feu, blesse un policier à la jambe et lui permet de s'enfuir dans la rame qui s'en va. Il est arrêté[7].

Arrestation[modifier | modifier le code]

À la suite des procès du Palais Bourbon et de la Maison de la Chimie, elle est arrêtée par la police française avec 68 camarades, le [2] avant que le colonel Fabien devenu colonel Henry, ne fasse exploser le générateur des usines Lip, réquisitionnées par les Allemands à Besançon, le . Trois jours avant son arrestation, France Bloch avait vu pour la dernière fois son mari Frédéric, interné au camp de Voves[8].

Après quatre mois d'interrogatoires et de tortures, dans une cellule de la Prison de la Santé, proche de celle de Marie-José Chombart de Lauwe, elle est condamnée à la peine de mort par un tribunal militaire allemand dirigé par Carl-Heinrich von Stülpnagel (Feldkriegsgericht des Kommandanten von Groß-Paris) le , avec dix-huit coïnculpés qui sont immédiatement exécutés.

La peine de mort pour femmes en France étant interdite, elle est déportée le en Allemagne et enfermée dans la prison (Zuchthaus) à Lübeck-Lauerhof. Elle est guillotinée à Hambourg le dans la cour de la maison d'arrêt de Holstenglacis-Wallanlagen, le Untersuchungshaftanstalt Hamburg (de)[9], par le même bourreau que celui de Sophie Scholl et Hans Scholl. Le ministre de la justice est alors Otto Georg Thierack.

Cimetière d'honneur[modifier | modifier le code]

Pierre de mémoire pour France Bloch-Sérazin dans le jardin de mémoire pour les femmes au Cimetière d'Ohlsdorf, Hambourg

Elle a été enterrée au cimetière d'Ohlsdorf à Hambourg. En 1950, la dépouille mortelle de France Bloch-Sérazin est transférée au cimetière de l'ancien camp de concentration de Natzweiler-Struthof en Alsace[10]. Dans le « Jardin des femmes » du cimetière d'Ohlsdorf, une pierre du souvenir honore sa mémoire[11].

Tombe située à la Nécropole Nationale du camp de concentration du Struthof.
Inscription : "BLOCH Françoise épouse SÉRAZIN - Déportée résistante - Morte pour la France le 12.02.1943 - à Hambourg" . Tombe située à la Nécropole Nationale du camp de concentration du Struthof : Carré B / Rangée 3 / Tombe 56. Géolocalisation : https://www.google.com/maps/search/?api=1&query=48.4543229,7.2552106

Sort de la famille[modifier | modifier le code]

France Bloch épouse Frédéric Sérazin dit Frédo en mai 1939, un militant communiste de la métallurgie[2] dont elle a un fils, né en janvier 1940, Roland. Frédo est arrêté en février 1940, sous le gouvernement Daladier, interné à la forteresse de Sisteron en mars 1940, puis à Châteaubriant et au camp de Voves, et assassiné par la Milice ou la Gestapo en 1944 à Saint-Étienne[2]. Roland Sérazin (1940-2020) est orphelin de père et mère[12].

Sa grand-mère, Louise Laure Marie Lévy, épouse Bloch, née à Carling le est arrêtée par la Gestapo de Montluçon dans la rafle du à Néris-les-Bains, puis elle est internée à Vichy. Elle est transférée le dans le camp de Drancy où elle reçoit le matricule no 23255. Malgré son âge avancé, elle fut par son attitude et son action[13], un modèle d'énergie, de confiance et de résistance. Elle est déportée le de Drancy au camp de concentration d'Auschwitz par le convoi no 75. Elle meurt le à Auschwitz selon l'état civil de L'Hôpital / Carling et le Journal Officiel no 218 du . Une plaque des déportés morts pour la France au Monument aux Morts de Néris-les-Bains porte son nom[14].

En commémoration[modifier | modifier le code]

Plaque apposée sur la façade de l'immeuble sis 1 avenue Debidour à Paris dans le 19e arrondissement (angle de l’avenue avec le boulevard Sérurier) où France Bloch-Sérazin avait installé un laboratoire
Plaque commémorative à l'arrière de la maison d'arrêt Holstenglacis à Hambourg
Mahnmal Hier + Jetzt à la mémoire des personnes condammnées à mort par la justice et des personnes exécutées à Hambourg pendant la période nazie

La salle polyvalente du lycée Victor Hugo de Poitiers où elle a été élève porte son nom.

Sur le terrain de la prison « Justizvollzugsanstalt Lübeck » à Lübeck (nommé aussi Lauerhof ou JVA Lübeck) une plaque commémorative a été inaugurée en 2014 pour les deux membres de la résistance France Bloch-Sérazin et Suzanne Masson. France Bloch-Sérazin y était détenue de jusqu'à . Après, elle est guillotinée à Hambourg dans la cour de la prison «Justizvollzugsanstalt Hamburg»[15].

Une plaque commémorative rappelle son passage à l'université de Poitiers et un collège de la ville porte son nom[4].

Sur le mur qui longe la maison d'arrêt Holstenglacis à Hambourg, dans le parc «Kleine Wallanlagen» une plaque commémorative a été posée pour elle et pour Suzanne Masson, guillotinées (texte allemand : "mit dem Fallbeil enthauptet") au même endroit.


Il est inscrit :

France Bloch-Serazin
  • 21. Februar 1913 † 12. Februar 1943 Suzanne Masson
  • 10. Juli 1901 † 1. November 1943

« Diese beiden französischen Frauen wurden wegen ihres Widerstandes gegen die nationalsozialistische Gewaltherrschaft im besetzten Frankreich in diesem Gefängnis mit dem Fallbeil enthauptet »[16]

Plaque commémorative à l'arrière de la maison d'arrêt Holstenglacis à Hambourg, Allemagne. Résistance européenne - exécutions

Le monument Hier und Jetzt est un bloc de béton avec la date 1933 vis-à-vis de l'entrée du tribunal. À l'autre côté du bloc vu de la place du tribunal (Hanseatisches Oberlandesgericht) se trouve une grande photo de Hambourg en couleurs bleus, bordée de fleurs plantées en pot sur des stèles en fer. Le monument est à la mémoire des personnes condamnées à mort par la justice de Hambourg et des personnes exécutées pendant la période nazie dans la cour de la prison (Untersuchungsgefängnis am Holstenglacis)[17].

Dans un baraquement préfabriqué transformé en musée, Gedänkstätte Plattenhaus Poppenbüttel, (construit par des détenus du camp de concentration de Neuengamme pour loger les victimes des bombardements, et occupé plus tard par des travailleuses forcées) on trouve une photo à la mémoire de France Bloch-Sérazin[18].

Il y a eu une exposition par la KZ-Gedenkstätte Neuengamme du au dans le hall d'entrée de la mairie de Hambourg (Hamburger Rathaus) sous le titre Deserteure und andere Verfolgte der NS-Militärjustiz - Die Wehrmachtsgerichtsbarkeit in Hamburg. Un des panneaux était consacré à France Bloch-Sérazin.

Sur le mur de l'immeuble à Paris, Place du Danube dans le 19e arrondissement, où France Bloch-Sérazin avait transformé son appartement en laboratoire pour préparer des explosifs, a été posée le une plaque commémorative[19].

Après sa mort France Boch-Sérazin a été décorée de la Légion d'Honneur, de la Médaille de la Résistance et de la Croix de guerre[20].

Une rue porte le nom de France Bloch-Sérazin à Blanc-Mesnil, Poitiers, Vierzon, ainsi qu'une place à Cognac et une allée à Guyancourt.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Présences féminines juives en France XIXè-XXè siècles. Bloch France épouse Sérazin 1913-1943
  2. a b c d et e Madeleine Leveau-Fernandez, L’Île-Saint-Denis, Au fil de l’histoire, Éditions Messidor, , 159 p. (ISBN 978-2-209-05986-7), p. 115-116
  3. La Mérigote fede inedia une maison d'écrivains, La Nouvelle République
  4. a et b Jean-Michel Gouin: France Bloch-Sérazin bientôt honorée par la ville. En: La Nouvelle République du 30 janvier 2013
  5. Biographie de France Bloch, Fcpecharlemag
  6. Opérations, Résistance FTPF
  7. « Boulogne : les communistes rendent hommage à Yves Kermen », leparisien.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. Laurent Etre, « Portrait. France Bloch, un amour sur fond de Résistance », L'Humanité,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. Dominique Loiseau, Jean Omnes, Nicole Racine : notice « France Bloch » in Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français (Le Maitron en ligne). Elle aurait été guillotinée
  10. Source: exposition par la KZ-Gedenkstätte Neuengamme du 25 janvier 2013 au 15 février 2013 dans le hall d'entrée de la mairie de Hambourg (Hamburger Rathaus) sous le titre Deserteure und andere Verfolgte der NS-Militärjustiz - Die Wehrmachtsgerichtsbarkeit in Hamburg. Là un des panneaux était consacré à France Bloch-Sérazin.
  11. (de) « Gedenkstein im „Garten der Frauen“ - Feier zur Erinnerung an France Bloch-Sérazin », sur hamburgerwochenblatt.de, .
  12. Poitiers: disparition de Roland Sérazin, fils de France Bloch-Sérazin, La nouvelle république
  13. Témoignage de Jacques London (1910-2011), ancien combattant et déporté politique dans le convoi n°75 de Drancy à Auschwitz en avril 1944
  14. FBS, Les morts dans les camps
  15. Gedenken an hingerichtete Inhaftierte. (En français : Pensées commémoratives aux détenues guillotinées). En: Lübecker Nachrichten du 12 novembre 2014, p. 13. Abréviation de l'auteur km.
  16. Plaque Untersuchungsgefängnis Holstenglacis
  17. Mahnmal Hier + Jetzt - den Opfern nationalsozialistischer Justiz in Hamburg. In: KZ-Gedenkstätte Neuengamme und Landeszentrale für politische Bildung Hamburg (Hrsg.): Gedenkstätten in Hamburg. Ein Wegweiser zu Stätten der Erinnerung an die Jahre 1933 bis 1945. Hamburg 2008. p. 83.
  18. Plaque à Paris film de Loretta Walz
  19. Gedenkplakette in Paris unterhalb ihres Laboratoriums und Film von Loretta Walz
  20. Mémoire et Espoirs de la Résistance, memoresist.org, consulté le 24 septembre 2018.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Union des femmes françaises, Les femmes dans la résistance, p. 114, 1977
  • Marie-Louise Coudert, Paul Hélène, Elles, la résistance, p. 68, 1983
  • David Diamant, Combattants, héros et martyrs de la Résistance, 1984
  • (de) Hans Zorn (Hrsg.) : France Bloch-Sérazin. Lebensstationen einer französischen Widerstandskämpferin. (« France Bloch-Sérazin. Les étapes dans la vie d'une résistante française »), Konkret Literatur Verlag, Hamburg 1986, (ISBN 3-922144-60-8).
  • Lise London, La mégère de la rue Daguerre: souvenirs de Résistance, 1995
  • André Narritsens, Aux armes ! : Nay 1939-1943, p.62, 1996
  • Michèle Bitton, Présences féminines juives en France : XIXe – XXe siècles, 2002
  • Guy Krivopissko, La vie à en mourir : lettres de fusillés (1941-1944), p.214, 2003
  • Antoine Porcu, Héroïques : ils étaient communistes, 2004, p. 24
  • Association nationale des anciens combattants de la Résistance (France), La Résistance dans le 19e arrondissement de Paris : 1940-1945, 2005
  • Anne Thoraval, Paris, les lieux de la Résistance : La vie quotidienne de l'armée, 2007
  • Colette Bloch, Michel Bloch, Des prisons en France sous l'Occupation, p. 97, 2007
  • Caroline Moorehead, Un train en hiver : Le train des femmes pour Auschwitz, 2014
  • Jean-Noël Jeanneney, Grégoire Kauffmann, Les Rebelles : Une anthologie, 2015
  • Marie Cristiani, Mon Frédo, Arcane 17, 2018
  • Alain Quella-Villéger, France Bloch-Sérazin. Une femme en résistance (1913-1943), Éditions Des femmes, préface Marie-José Chombart de Lauwe, 2019 (ISBN 978-2721007001) [présentation en ligne]

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • (de) France Bloch-Sérazin. Auf den Spuren einer mutigen Frau. (« France Bloch-Sérazin. Sur les traces d'une femme courageuse »). Scénario de Hans und Gerda Zorn, réalisation du film Loretta Walz. 80 minutes. Allemagne 1993 ((de) Plaque commémorative à Paris et film de Loretta Walz).
  • France Bloch, Frédo Sérazin : un couple en Résistance, film de Marie Cristiani, MCD prod/FR3 Corse, 2005.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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