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François Serveau-Touchevalier

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François Serveau-Touchevalier
Fonction
Membre du Conseil des Cinq-Cents
Biographie
Naissance
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Évron (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 77 ans)
MayenneVoir et modifier les données sur Wikidata
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Activité
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Membre de

François Serveau-Touchevalier[1] (ou Serveau Touche-Vallier), né le à Évron et mort le à Évron, est un homme politique français, conventionnel français, député de la Mayenne au Conseil des Cinq-Cents pendant la Révolution française. Il est surtout connu pour son vote en faveur de la mort avec sursis de Louis XVI lors du procès du roi. Il est administrateur du district et maire d'Évron en 1790.

Origines et famille

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François Serveau est issu d’une ancienne famille d’Évron, comptant plusieurs générations de médecins et d’avocats[2]. Fils de René Urbain Serveau (vers 1712–?), licencié en droit et avocat au siège de la baronnie d’Évron, et de Renée Anne Launay (vers 1711–?), mariés à Sillé-le-Guillaume le .

Il est le frère de René Jean Baptiste Serveau, dit Touchebaron, sieur de la Guételière[3], juge à Évron sous la Révolution française. La famille Serveau, implantée depuis le XVIe siècle dans la région, a joué un rôle notable dans la vie judiciaire et administrative locale.

François Serveau épouse Jeanne Françoise Deffay, née le à Évron, fille de Louis Deffay et de Françoise Le Dourmoux. Le couple a une fille, Françoise Sophie Serveau (1789–1884), qui épousera René Durand, négociant à Sablé

Débuts et Révolution française

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François Serveau commence sa carrière comme avocat en 1769 au siège de la Baronnie d'Evron[2]. A la veille de la Révolution, il se titrait du nom de sa terre, Touchevalier en Sainte-Suzanne, et s'était créé des armoiries[2].

Il est très probablement le rédacteur du Cahier de doléances d'Evron; en tout cas, il le signa le premier et travailla à ceux du Tiers-Etat de la Province du Maine[2]. Electeur en 1789, procureur de la commune d'Evron, administrateur du district d’Évron[4], il avait présidé à l'expulsion des moines et à la confiscation de leurs biens[2].

Il est élu, en septembre 1791 aux Élections législatives de 1791 , député suppléant de la Mayenne à l’Assemblée législative, sans y siéger. Réélu aux Élections législatives de 1792, le , il est élu membre de la Convention nationale, le 5e sur 8, par 268 voix sur 373 votants.

À la Convention nationale

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À la Convention nationale, François Serveau siège dans la Plaine et joue un rôle effacé. Lors du Procès de Louis XVI, il vote pour la culpabilité du roi et contre la révision du jugement. Sur la peine, il opte pour la mort avec sursis jusqu’à l’envahissement du territoire par les puissances étrangères, et pour une commutation de peine dans le cas contraire[2]. Le , il déclara lors du 3e appel nominal dans le procès du roi, que son opinion était la même que celle du précédent, Mathurin Enjubault, qui avait opté pour la mort, avec sursis jusqu'au moment ou les puissances étrangères envahiraient le territoire[5].

Il vote également la mise en accusation de Jean-Paul Marat[6] en avril 1793[7]. Sa modération de ses votes dans le procès du Roi, et surtout la destitution de son frère aîné René Jean Baptiste Serveau, comme fédéraliste, au mois d'octobre 1793, devaient rendre suspect aux Jacobins, le sauva pendant la Terreur[8]. Après la Chute de Robespierre, il ne se fait pas remarquer davantage et on ne connait de lui que le vote favorable qu'il émit sur la mise en accusation de Jean-Baptiste Carrier[9].

Conseil des Cinq-Cents

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Réélu le 21 vendémiaire an IV () aux Élections législatives de 1795 comme député de la Mayenne au Conseil des Cinq-Cents, par 73 voix sur 144 votants, il y siège jusqu’en l’an V. Il est membre de diverses commissions, mais ne se distingue pas particulièrement. Après le Coup d'État du 18 Brumaire, il quitte la vie politique et retourne à Évron.

Exil et retour

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Lors des Cent-Jours, il signe l’Acte additionnel aux constitutions de l'Empire de 1815.

Lors de la Terreur légale, il est frappé par la loi du loi du 12 janvier 1816 contre les régicides qui ont soutenu Napoléon Ier durant les Cent-Jours. François Serveau, malgré le témoignage favorable que rendit de lui le maire d'Evron, Olivier Serclot des Guyonnières ne fut pas admis immédiatement au bénéfice de l'amnistie du 12 janvier 1816[2].

Il quitte Paris pour Genève le avec sa femme Jeanne-Françoise Deffay. Leur voyage est difficile : la diligence est arrêtée par une tempête de neige dans le Jura, et ils sont refusés à Genève puis à Lausanne. Sa femme est septuagénaire comme lui, dit-il dans la supplique par laquelle il demanda, quelque temps après, à Decazes, ministre de la police générale, pour demander son retour en France.

Ils trouvent refuge à Constance, où ils vivent dans la misère jusqu’à leur retour autorisé[10],[11] en France le . François Serveau rentre à Évron le 9 août suivant.

« A M. le préfet de la Mayenne, [12]. Monsieur, j'ai l'honneur de vous prévenir que Sa Majesté, prenant en considération les modifications du vote de M. Serveau, dans le fatal procès de Louis XVI, par suite desquelles son vote a compte contre la mort, a daigné, par décision prise au conseil du 13 de ce mois, accorder à cet ex-conventionnel l'autorisation de rentrer dans ses foyers. Je vous invite, en conséquence, à ne mettre aucun obstacle à son séjour dans votre département, où il jouira, comme par le passé, de tous les droits dont il avait été privé par l'effet des dispositions de l'article 7 de la loi du 12 janvier, qui ne lui sont plus applicables. Je vous serai obligé de m'informer de son arrivée dans le département de la Mayenne »

La transcription du manuscrit de Charles Maucourt de Bourjolly par son petit neveu François Serveau-Touchevalier aurait servi à l'édition du livre en deux tomes publiée en 1886, copie du texte de 1716, faite en 1797. Elle est critiquée par Isidore Boullier car ce dernier a ajouté plusieurs choses curieuses sans les différencier du texte original. Il y parle souvent de la Révolution française, et de faits postérieurs comme la reconstruction de l'autel de la Sainte-Vierge à l'église de la Trinité de Laval qui date de 1803.

Fin de vie et postérité

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François Serveau meurt à Évron le , réconcilié avec l'Église et sans que son existence ait été troublée par les agents de la Seconde Restauration[2]. Sa tombe, située dans le cimetière d’Évron, porte une dalle de granit avec l’inscription : « PAR SOUSCRIPTION 1892[4] / AU CONVENTIONNEL FRANÇOIS SERVEAU TOUCHEVALIER ET A SON ÉPOUSE / CONCESSION A PERPÉTUITÉ ». En 1881[13], un groupe de Paris, le Cercle républicain des originaires de la Mayenne[14] demandent l’érection d’un monument à sa mémoire à la municipalité républicaine d'Evron, au maire Cavellet de Beaumont, puis proposent de donner son nom à une rue de la ville[13].

Notes et références

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  1. Touchevalier est un toponyme, le nom d'une ferme située entre Torcé-Viviers-en-Charnie et Voutré.
  2. a b c d e f g et h Ceuneau, La réforme de Saint-Maur à l'abbaye Notre-Dame d'Évron, 1640-1791, et son dernier prieur claustral Dom Alexandre Barbier, 1741-1819.
  3. La Guételière, manoir et ferme à La Flèche.
  4. a et b L'Avenir de la Mayenne, 14 février 1892.
  5. Moniteur Universel de 1793, numéros des 18,20 et 24 janvier.
  6. Appel nominal sur la question : Y a-t-il lieu à accusation contre Marat, membre de la Convention Nationale? page 77.
  7. Claveau, Louis, Ducom, André Jean (1861-1923), Lataste, Lodoïs (1842-1923) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 62, séance du 13 avril 1793 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  8. Émile Queruau-Lamerie, Les Conventionnels de la Mayenne.
  9. Moniteur Universel de l'an III, no 67, du 7 frimaire.
  10. Albert Tournier, Les Conventionnels en exil, Flammarion, 1910, 416 pages, p. 248.
  11. Le Conservateur, T. II, page 138.
  12. Revue des questions historiques, 1910, p. 527. Dossier Serveau, 6715, 18 mai 1818.
  13. a et b L'Avenir de la Mayenne, 21 février 1892.
  14. On y trouve Jacques Poupin et Joseph Baudriller.

Lien externe

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