Onde radio

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Une onde radioélectrique, communément abrégée en onde radio, est une onde électromagnétique dont la fréquence est inférieure à 300 GHz. Si la longueur d'onde dans le vide est supérieure à 1 mètre (fréquences inférieures à 300 MHz) on parle d'ondes « radiofréquences ». Si la longueur d'onde dans le vide est comprise entre 1 millimètre et 1 mètre (fréquences comprises entre 300 MHz et 300 GHz) on parle d'ondes « hyperfréquences »[1]. Adaptées au transport de signaux issus de la voix et de l'image, les ondes radio permettent les radiocommunications (talkie-walkies, téléphone sans fil, téléphonie mobile…), la radiodiffusion et les radars. Avec les micro-ondes, les radiofréquences font partie des rayonnements non-ionisants. Leurs effets biologiques et environnementaux, à certaines fréquences et intensités, font l'objet de nombreuses études, très discutées dans le cadre du développement des communications sans fil, et notamment de la 5G.

Schéma des champs électriques (E) et des champs magnétiques (H) des ondes radio émises par une antenne monopôle émettrice (petite ligne noire verticale au centre). Les champs des phases E et H sont perpendiculaires comme l'indique le diagramme dans le coin inférieur droit.
Diagramme animé d'ondes radio, antenne dipôle de transmission.

Définition et réglementation[modifier | modifier le code]

Par convention, une onde radio a une fréquence inférieure à 300 GHz[2].

Le domaine des radiocommunications est réglementé par l'Union internationale des télécommunications (UIT) qui a établi un règlement des radiocommunications dans lequel on peut lire la définition suivante :

Ondes radioélectriques ou ondes hertziennes : « ondes électromagnétiques dont la fréquence est par convention inférieure à 300 GHz, se propageant dans l'espace sans guide artificiel » ; elles sont comprises entre 9 kHz et 300 GHz qui correspond à des longueurs d'onde de 33 km à 1 mm.

Les ondes de fréquence inférieure à 9 kHz sont des ondes radio, mais ne sont pas réglementées.

Les ondes de fréquence supérieure à 300 GHz sont classées dans les ondes infrarouges car la technologie associée à leur utilisation est actuellement de type optique et non électrique, cependant cette frontière est artificielle car il n'y a pas de différence de nature entre les ondes radio (dont les micro-ondes, les ondes radars, etc.), les ondes lumineuses et les autres ondes électromagnétiques.

De nombreuses réglementations concernent le partage des fréquences pour différents usages, certains usages ou encore l'exposition de travailleurs à certains champs électromagnétiques, dont via la réglementation européenne[3].

Spectre radiofréquence[modifier | modifier le code]

Terminologie officielle[modifier | modifier le code]

Une onde radio est classée en fonction de sa fréquence exprimée en Hz ou cycles par seconde ; l'ensemble de ces fréquences constitue le spectre radiofréquence. Le spectre est divisé conventionnellement en bandes d'une décade, dont les appellations internationales sont normalisées. Les appellations francophones équivalentes sont parfois également utilisées dans les textes français.

Désignation internationale Désignation francophone Fréquence Longueur d’onde Autres appellations Exemples d'utilisation
ELF (extremely low frequency) EBF (extrêmement basse fréquence) Hz à 30 Hz 100 000 km à 10 000 km   Détection de phénomènes naturels
SLF (super low frequency) SBF (super basse fréquence) 30 Hz à 300 Hz 10 000 km à 1 000 km   Communication avec les sous-marins
ULF (ultra low frequency) UBF (ultra basse fréquence) 300 Hz à 3 000 Hz 1 000 km à 100 km   Détection de phénomènes naturels
VLF (very low frequency) TBF (très basse fréquence) kHz à 30 kHz 100 km à 10 km ondes myriamétriques Communication avec les sous-marins, Implants médicaux, Recherches scientifiques…
LF (low frequency) BF (basse fréquence) 30 kHz à 300 kHz 10 km à 1 km grandes ondes ou
ondes longues ou kilométriques
Radioamateur, Radionavigation, Radiodiffusion GO, Radio-identification
MF (medium frequency) MF (moyenne fréquence) 300 kHz à 3 MHz km à 100 m petites ondes ou
ondes moyennes ou hectométriques
Radioamateur, Radiodiffusion PO, Service maritime, Appareil de recherche de victimes d'avalanche
HF (high frequency) HF (haute fréquence) MHz à 30 MHz 100 m à 10 m ondes courtes ou décamétriques Organisations diverses, Militaire, Radiodiffusion OC, Maritime, Aéronautique, Radioamateur, Météo, Radio de catastropheetc.
VHF (very high frequency) THF (très haute fréquence) 30 MHz à 300 MHz 10 m à 1 m ondes ultra-courtes ou métriques Radiodiffusion FM, Radiodiffusion RNT, Aéronautique, Maritime, Radioamateur, Gendarmerie nationale française, Pompiers, SAMU, Réseaux privés, taxis, militaire, Météoetc.
UHF (ultra high frequency) UHF (ultra haute fréquence) 300 MHz à 3 GHz m à 10 cm ondes décimétriques Réseaux privés, militaire, GSM, GPS, téléphones sans fil (DECT), Téléphonie mobile, Wi-Fi, Télévision, Radioamateuretc.
SHF (super high frequency) SHF (super haute fréquence) GHz à 30 GHz 10 cm à 1 cm ondes centimétriques Réseaux privés, Wi-Fi, Téléphonie mobile, Micro-onde, Radiodiffusion par satellite (TV), Faisceau hertzien, Radar météorologique, Radioamateuretc.
EHF (extremely high frequency) EHF (extrêmement haute fréquence) 30 GHz à 300 GHz cm à 1 mm ondes millimétriques Réseaux privés, Téléphonie mobile, Radars anticollision pour automobiles, Liaisons vidéo transportables, Faisceau hertzien, Radioamateuretc.
Térahertz Térahertz 300 GHz à 3 000 GHz mm à 100 µm ondes submillimétriques scanner corporel

Autres appellations[modifier | modifier le code]

Pour éviter les ambiguïtés avec le vocabulaire de l'acoustique et de la sonorisation, on utilise le terme « audiofréquence » de préférence à « basse fréquence » pour désigner des ondes acoustiques (mécaniques) ou des signaux électriques (en rapport avec le son) dans la bande 30 Hz à 30 kHz.

D'autres appellations de bandes ou sous-bandes sont également utilisées en fonction des habitudes techniques :

  • enfin, certaines bandes ont reçu l'appellation de leur usage réglementaire : ainsi, les bandes ISM sont les bandes allouées aux usages domestiques sans licence[5].

Propagation[modifier | modifier le code]

Comme toutes les ondes électromagnétiques, les ondes radio se propagent dans l'espace vide à la vitesse de la lumière et avec une atténuation de la puissance transportée par unité de surface proportionnelle au carré de la distance parcourue selon l'équation des télécommunications.

Dans l'atmosphère, elles subissent des atténuations liées aux précipitations, et peuvent être réfléchies ou guidées par la partie de la haute atmosphère appelée ionosphère.

Elles sont atténuées ou déviées par les obstacles, selon leur longueur d'onde, la nature du matériau, sa forme et sa dimension. Pour simplifier, un matériau conducteur aura un effet de réflexion, alors qu'un matériau diélectrique produira une déviation, et l'effet est lié au rapport entre la dimension de l'objet et la longueur d'onde.

Utilisation[modifier | modifier le code]

Diagramme d'atténuation de l'atmosphère selon la longueur d'onde. Les ondes radio de courte et moyenne longueur d'onde ne sont pas atténuées (zone bleue à droite du schéma), tandis que les ondes radio de longue longueur d'onde sont absorbées (zone marron à l'extrémité droite du schéma).

Chaque fréquence radioélectrique subit différemment les divers effets de propagation, ce qui explique leur choix selon l'application. Ainsi, l'atmosphère terrestre bloque les émissions vers l'espace hors de certaines bandes, qui sont donc privilégiées pour la radioastronomie et les satellites. Certaines fréquences sont absorbées par les molécules d'eau, donc utilisées pour les fours à micro-ondes ou pour la réalisation de réseaux de télécommunication denses (comme avec la 5G par exemple), d'autres sont au contraire réfléchies par les précipitations et utilisées pour les radars météo, etc.

L'autre critère clé est la bande passante utilisable et l'encombrement du spectre par les multiples applications et services : toute application demande une bande passante, qui doit lui être affectée sous peine de brouillage mutuel. Par exemple, la télévision ne peut utiliser que des fréquences élevées VHF ou UHF.

Enfin la technologie disponible permet progressivement d'utiliser des bandes de fréquence de plus en plus haute. Ainsi, les SHF et EHF n'étaient pas utilisables avant l'invention du magnétron.

Types de modulation d'une onde radio[modifier | modifier le code]

Les ondes radio sont modulées pour porter une information (un signal), par exemple en modulation d'amplitude pour la radio AM, en modulation de fréquence pour la radio FM, en modulation de phase dans d'autres applications ou en modulation d'impulsion pour les radars. D'autres types de modulation existent, combinant une modulation de phase et une modulation d'amplitude par exemple. C'est le cas des modulations de type QAM (Quadrature Amplitude Modulation) dont les symboles sont caractérisés par une phase et une amplitude spécifique. Ces modulations QAM permettent d'augmenter le débit de transmission, en diminuant la durée de transmission d'un message puisqu'on peut coder plus de bits par symbole. Par contre, ces modulations sont plus sensibles aux interférences et aux déformations de signal dues à la propagation dans le canal.

Gestion et attribution des fréquences radioélectriques[modifier | modifier le code]

La demande en bande passante pour les télécommunications ou les radars, ainsi que la protection de fréquences de radioastronomie fait du spectre radioélectrique une ressource rare qui doit être réglementée mondialement.

L'attribution des radiofréquences s'effectue dans le cadre d'organismes internationaux, en particulier la Conférence mondiale des radiocommunications (CMR) et l'Union internationale des télécommunications (UIT).

Usage du terme « onde hertzienne »[modifier | modifier le code]

S'agissant des ondes radioélectriques, le terme « ondes hertziennes » en est un synonyme. Selon la définition de l'UIT, le terme « hertzien »[6] ne couvre que les signaux transmis par rayonnement — il s'agit là du rayonnement électromagnétique — c'est-à-dire sans support matériel[7], par exemple aussi bien la télévision terrestre que par satellite et tous les autres modes de transmission sans fil dans le spectre de fréquence de ces ondes[8],[9].

Usage en médecine esthétique[modifier | modifier le code]

Certaines pratiques en médecine esthétique, utilisent la radiofréquence pour rajeunir ou traiter les imperfections de la peau, du relâchement cutané, de la texture de la peau : cicatrices d’acné et vergetures, raffermissement cutané, réduction des rides et des pores dilatés[réf. nécessaire]

Usage en art : radio-art[modifier | modifier le code]

Défini dans les années 80 par Tetsuo Kogawa comme un art de la radiation[10], le radio-art englobe des pratiques d'émission, de filtrage, de réception, de manipulations des ondes radioélectriques pour en faire des sculptures, parfois sonifiées ou matérialisées mais pas obligatoirement[11].

Risques sanitaires liés aux ondes radioélectriques[modifier | modifier le code]

Les dangers encourus en présence de champs radioélectriques intenses ont été très tôt soulevés en particulier à l’apparition des fours à micro-ondes dans les foyers, pour les personnes habitant à proximité des émetteurs militaires de très forte puissance ou pour le personnel travaillant près des radars. Plus récemment, le danger éventuellement lié aux téléphones portables a amené à définir une mesure normalisée de rayonnement (Débit d'absorption spécifique ou DAS) mais cette mesure est un principe de précaution car un éventuel risque sanitaire lié aux ondes radioélectrique n'est aujourd'hui pas prouvé[12],[13],[14].

Mesure du spectre radioélectrique[modifier | modifier le code]

Les mesures professionnelles sur les ondes électromagnétiques nécessitent une antenne étalonnée adaptée aux fréquences à mesurer, suivie d’un appareil de mesure électronique de type :

L’analyse en amateur des bandes courantes LF à UHF peut s’effectuer avec un récepteur étalonné (scanner). L’analyse dans les bandes basses VLF à ELF s’effectue en général avec des logiciels FFT après numérisation directe dans un ordinateur individuel.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Les catégories de fréquences - criirem.org », sur criirem.org
  2. « Quels sont les différents types d'ondes hertziennes (ou radiofréquences) ? », sur Ondes-CEM.info, le portail d'informations sur les ondes électromagnétiques (consulté le )
  3. Ex : Directive 2013/35/UE du parlement européen et du conseil du 26 juin 2013 concernant les prescriptions minimales de sécurité et de santé relatives à l’exposition des travailleurs aux risques dus aux agents physiques (champs électromagnétiques) (= vingtième directive particulière au sens de l’article 16, paragraphe 1, de la directive 89/391/CEE) ; elle abroge la directive 2004/40/CE.
  4. Référence aux dispositions du règlement des radiocommunications RR5.108 ; RR5.111 ; RR30.11 ; RR52.189 ; RR52.190 ; AP15, Tableau 15-1 ; RES 331 (Rév.CMR-07) ; RES 354 (CMR-07)
  5. (en) vlf.it, Definition of frequency bands, sur le site vlf.it
  6. « Hertzien : se dit des ondes et des phénomènes électromagnétiques. Synonyme : radioélectrique. Qui utilise les ondes hertziennes, », Larousse
  7. xena.ad, « Télécom, Ondes hertziennes ; Filtrages », § : « Transmission par voie hertzienne »
  8. art-telecom.fr, ACERP, Autorité de régulation des Communications électroniques et des Postes, « Grands dossiers, La gestion du spectre hertzien »
  9. La distribution de signaux électriques par câble n'est pas au sens propre une distribution hertzienne, même si les fréquences peuvent être identiques, pas plus que la télévision par ADSL, ces modes de transmission utilisant un support matériel (fibre optique, câble coaxial, ligne téléphonique filaireetc.)
  10. Tetsuo Kogawa et Pali Meursault, Tetsuo Kogawa radio-art, UV éditions, (ISBN 978-2-9562753-2-9)
  11. « Axis Mvndi | Nicolas Montgermont », sur CROSSED LAB (consulté le )
  12. Nathalie Ruaux, « Radiofréquences et santé », HAL Archives-ouvertes,‎ (lire en ligne)
  13. « OMS | Les champs électromagnétiques et la santé publique: les radars et la santé humaine », sur WHO (consulté le )
  14. (en) Rémy Slama, « Les ondes électromagnétiques : quels dangers avérés pour la santé ? », sur The Conversation (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • sous la direction du Pr. Dominique Belpomme, Le livre noir des ondes, Ferrières (Belgique), Editions Marco Pietteur, , 416 p. (ISBN 978-2-87434-184-7)
    Les dangers des technologies sans fil et comment s'en protéger. Un guide à l'usage de tous. Co-auteurs : Dominique Belpomme (Cancérologue), Pr. Olivier Cachard (Juriste international), Jean Hus (Conseil de l'Europe, Luxembourg), Philippe Irigaray (Dr. ès Sciences), Me François Lafforgue (Avocat), Pr. Gérard Ledoigt (Biologiste), Pierre Le Ruz (Dr. ès Sciences, expert international), Pr. André Vander Vorst (Physicien, Belgique)