Formation par alternance

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La formation par alternance ou formation duale désigne un système de formation qui intègre une expérience de travail où la personne concernée, l'alternant qui peut être élève, étudiant ou apprenti, se forme alternativement en entreprise privée ou publique et dans un établissement d'enseignement comme, en France, un lycée professionnel, un centre de formation d'apprentis, un établissement public local d’enseignement et de formation professionnelle agricole, une maison familiale rurale, une école d'ingénieur ou une université. En Suisse, les établissements d'enseignement qui se calquent sur le modèle de la formation duale s'appellent écoles professionnelles.

Principe

L'étudiant alternant suit une formation dispensée par un établissement d'enseignement et par une entreprise d'accueil où il a un statut particulier, salarié ou stagiaire indemnisé ou non.

La fréquence de l'alternance est très variable d'une formation à l'autre. Les étudiants en médecine ont la fréquence la plus rapide : le matin, ils sont à l'hôpital, l'après-midi, ils suivent les cours en amphithéâtre. Certaines formations d'ingénieurs pratiquent une alternance pouvant aller jusqu'à une périodicité de plusieurs mois.

La pratique de l'année de césure dans le milieu d'études d'ingénieurs ou de commerce peut être vue aussi comme une formation par alternance.

Dans la plupart des cas, l'alternance est pratiquée pour des enseignements professionnels mais peut aussi convenir à des formations générales.

Dans le monde

De nombreux pays ont mis en place ce type de formation avec parfois des appellations différentes comme le système dual allemand, le système suisse de la formation professionnelle initiale, l'enseignement coopératif du Québec, etc.

En France

Contrats de travail

L'alternance peut être associée à deux types de contrat de travail :

Elle peut se faire sous statut scolaire dans les lycées professionnels, les établissements publics locaux d’enseignement et de formation professionnelle agricoles ou les Maisons Familiales Rurales (MFR) qui ont un contrat de participation au service public d'éducation avec le ministère de l'agriculture.

Elle peut également être suivie dans le cadre de la formation continue ou d'une Préparation Opérationnelle à l'Emploi Individuelle (POEI) ou Collective (POEC) pour les demandeurs d'emploi.

Bénéficiaires des contrats d'alternance

Le contrat d'apprentissage est destiné à l'origine aux candidats âgés de 15 à 25 ans. Il peut également être souscrit par :

  • Les mineurs de 15 ans sur dérogation s’ils sont sortis du collège
  • jusqu’à l’âge de 30 ans pour les candidats à la reprise ou création d’une entreprise conditionnée à l’obtention d’un diplôme
  • jusqu’à 30 ans si le contrat est consécutif à un précédent contrat d’apprentissage et conduit à un diplôme supérieur
  • jusqu'à 30 ans à titre expérimental depuis 2017 dans 9 régions : Bretagne, Centre-Val de Loire, Bourgogne-Franche-Comté, Hauts-de-France, Grand Est, Pays de la Loire, Nouvelle-Aquitaine, Île-de-France et en Occitanie[2]

Le contrat de professionnalisation s'adresse aux jeunes âgés de 16 à 25 ans mais il peut également concerner les publics suivants:

  • demandeurs d’emploi de 26 ans et plus
  • bénéficiaires de minimas sociaux : Revenu de Solidarité Active (RSA), Allocation de Solidarité Spécifique (ASS), Allocation aux Adultes Handicapés (AAH)

Rythme

La formation en alternance repose intrinsèquement sur l’alternance d'une formation théorique dans un organisme de formation et d'une mise en pratique en entreprise. La durée de la formation théorique dépend de la nature du contrat (apprentissage ou professionnalisation).

Tous les rythmes sont donc possibles, constants ou variables, suivant le contrat d’alternance et la formation suivie. Voici un exemple des rythmes couramment appliqués entre l'entreprise et le centre de formation :

  • 2,5 jours en entreprise, 2,5 jours en centre de formation (ou 2 jours et 3 jours);
  • 1 semaine sur deux;
  • 1 semaine sur trois;
  • 15 jours, 15 jours;
  • 1 mois, 1 mois;
  • 2 mois, 2 mois;
  • 6 mois, 6 mois.

Le rythme de l'alternance doit respecter le droit du travail (horaires et règles de sécurité notamment), et permettre la formation en entreprise comme en Centre de formation (400 heures minimum par an en contrat d'apprentissage par exemple).

Le rythme de l'alternance, qu'il soit court ou long, possède des avantages et inconvénients. Par exemple un rythme trop long l'alternant :

  • ne pourra pas (ou très peu) comparer fréquemment la théorie vue en centre de formation et la pratique réelle en entreprise.
  • aura moins l'occasion de transformer ses savoirs en savoir-faire.
  • ne pourra pas (ou très peu) adapter son suivi de formation par rapport à son expérience en entreprise et inversement.

Alors qu'un rythme trop court :

  • peut perturber l'alternant et/ou l'employeur
  • peut ne pas conduire à une définition claire des missions données pendant les périodes pratiques qui risquent de se réduire à des petits boulots, des tâches peu valorisantes dans l'entreprise.
  • demande une rigueur supplémentaire de la part de l'alternant (et de l'employeur) dans le suivi des tâches / projets.

Organisation de l'alternance

L'alternance nécessite une organisation particulière de la part de l'employeur, de l'alternant, et du centre de formation. Les contrats de travail sont d'ailleurs dans certains cas tripartites. Cette situation nécessite la mise en place d'un système relationnel permanent et performant. Les acteurs communiquent le plus souvent par un carnet de suivi de l'alternance. L'évaluation de l'alternant est conjointe entre le centre de formation et l'entreprise. Une telle organisation montre bien que l'alternance est un partage de la formation entre l'école et l'entreprise. Un partage qui, pour prendre toute sa puissance, doit être conçu non comme un simple alternat mais comme une situation formative par la mise en synergie des deux lieux de formation (entreprise / centre de formation) et des deux types de formateurs (maître d'apprentissage ou tuteur / enseignant ou formateur). La situation d'alternance facilite la transition du monde de l'enseignement (articulé sur le vieux découpage en disciplines), à celui de la réalité qui globalise (transversalité). La démarche du dispositif français de validation des acquis de l'expérience (VAE) exprime que l'action de travail est, pour tout individu, inductive d'acquis divers et nombreux couvrant la totalité du spectre des niveaux (V à I). À partir de ce constat, les acteurs de l'alternance peuvent repérer les situations caractéristiques propres à chaque alternant, dans une logique d'individualisation d'itinéraires de formation.

Fonction tutorale de l'entreprise

L'entreprise doit adopter au sein même de sa structure un ensemble de moyens permettant à l'alternance de prendre tout son sens. Dans les faits, l'employeur d'un alternant doit nommer au sein de l'entreprise un maitre d'apprentissage ou tuteur qui accompagnera l'évolution du salarié dans l'entreprise.

L'entreprise se doit de préparer et encadrer le parcours de l'alternance en son sein. Ces moyens peuvent être humains :

Mais également organisationnels :

  • suivi quotidien de l'alternant
  • formation accentuée
  • écoute plus importante

Le centre de formation

  • Suivi des entreprises proposant l'alternance.
  • Formation adaptée au rythme de l'alternance.
  • Prise en compte des questions, des problèmes découverts par les alternants lors de leurs périodes pratiques en entreprise.

Le Service Académique d'Inspection de l'Apprentissage (SAIA) est placé sous l'autorité du recteur, il est chargé du contrôle de la qualité pédagogique des CFA.

L'alternant

L'alternant se verra en position d'avoir une charge de travail supplémentaire par rapport à un parcours plus classique (formation à temps complet). L'avantage évident pour l'alternant est de bénéficier d'une réelle expérience professionnelle. Cependant, notamment en France, le titulaire d'un contrat d'apprentissage ou d'un contrat de professionnalisation est rémunéré selon un pourcentage du SMIC établi par le code du travail ou bien du SMC si l'entreprise relève d'une convention collective. Dans le cas où le SMC serait plus faible que le SMIC, le salaire serait calculé sur la base du SMIC. Il a aussi l'avantage de commencer à verser des cotisations dès le premier mois de son apprentissage[3].

La rémunération[4]

La rémunération d'un apprenti est différente selon le type de contrat. Elle varie également selon l'âge de l'apprenti et le niveau du diplôme préparé.

Grille de rémunération pour un apprenti en contrat d'apprentissage
Moins de 18 ans 18 à 20 ans 21 ans et plus
1ère année 374,61 € (25 % SMIC) 614,37 € (41 % SMIC) 794,18 € (53 % SMIC)
2ème année 554,43 € (37 % SMIC) 734,25 € (49 % SMIC) 914,06 € (61 % SMIC)
3ème année 794,18 € (53 % SMIC) 974 € (65 % SMIC) 1168,80 € (78 % SMIC)
Grille de rémunération pour un apprenti en contrat de professionnalisation
Formation initiale Moins de 21 ans 21 ans à 26 ans
Niveau inférieurau Bac pro 824,15 € (55 % du SMIC) 1048,92 € (70 % du SMIC)
Niveau égal ou supérieurau Bac Pro 974 € (65 % du SMIC) 1198,77 € (80 % du SMIC)

Points forts de l'alternance

L’alternance, que ce soit sous la forme de l’apprentissage, du contrat de professionnalisation ou du stage a démontré toute sa force dans sa capacité d’insertion[5], parce que :

  • l’expérience professionnelle acquise dans l’entreprise constitue un atout indiscutable dans la recherche d’un emploi ;
  • environ 40 % des entreprises d’accueil recrutent l’alternant.

La professionnalisation des parcours dans l’enseignement supérieur est un facteur décisif dans l’insertion des jeunes sur le marché du travail. Elle l’est également pour les jeunes de l’avant bac dont l’appétence et les aptitudes sont mieux adaptées à des cursus métiers, quitte ensuite, pour certains d’entre eux, à poursuivre leur formation après le Bac[6].

Autre avantage de l’alternance : des frais d'inscription gratuits, ainsi qu'un salaire pendant toute la durée des études, un atout indéniable pour un étudiant[7].


Inconvénients de la formation en alternance

Bien qu'étant une solution efficace pour de nombreux étudiants pour trouver un emploi sans trop de difficultés, la formation par alternance revêt toutefois quelques inconvénients, qu'il est bon de prendre en considération avant de se lancer dans ce type de parcours :

- Un rythme soutenu et chargé : il faudra au candidat être capable d'alterner entre cours théoriques, contraintes d'entreprises et devoirs à la maison, ce qui représente une charge de travail parfois considérable.

- Trouver une entreprise accueillante, acceptant le rythme de l’alternance, mais surtout qui propose un stage en corrélation avec la formation. Recruter un candidat en alternance suppose un coût pour l'entreprise, en termes de temps et d'argent, ce qui explique les difficultés largement rencontrées en France par les aspirants à ce mode de formation bien que des aides soient apportées par l’État aux entreprises embauchant un alternant.

- Des frais supplémentaires : le candidat devant se déplacer dans deux lieux différents, des frais sont à prendre en considération, notamment si l'entreprise et le centre de formation sont assez éloignés[8]. Si le candidat se voit dans la nécessité de louer un logement, un dispositif nommé Mobili Jeune permet d'obtenir une aide au paiement du loyer[9].

Trouver une formation en alternance

France

ANASUP - Association Nationale pour l'Apprentissage dans l'Enseignement Supérieur

Conservatoire national des arts et métiers

Canada et États-Unis

Suisse

En Suisse, deux tiers des jeunes en fin de scolarité optent pour un apprentissage et donc pour la voie duale. "Dual" signifie ici que la formation s'effectue aux niveaux pratique et théorique. Dès le début, les apprentis travaillent dans une entreprise et étudient dans une école professionnelle. Une fois terminé, les possibilités de formation continue sont nombreuses. Les diplômés peuvent poursuivre leurs études dans un établissement supérieur ou une haute école spécialisée[10].

Belgique

Dans l’Armée de l’Air

Depuis 1949, l’Armée de l’Air Française a formé plus de 30,000 apprentis mécaniciens dans l’École d'enseignement technique de l'Armée de l'air à Saintes.

Voir aussi

Références

  1. « Portail de l'apprentissage », sur https://www.contratdapprentissage.fr/
  2. « Le contrat d'apprentissage en alternance - Alternance Professionnelle », Alternance Professionnelle,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. « Le contrat de professionnalisation : avantages pour les élèves salariés », sur www.contrat-de-professionnalisation.fr (consulté le )
  4. « A COMBIEN S’ÉLÈVE LE SALAIRE D’UN APPRENTI EN 2018 ? » (consulté le )
  5. Maël Dif-Pradalier et Samuel Zarka, Redonner ses chances à l'apprentissage: une comparaison France, Suisse, Italie, Pantin, IRES/CFTC, coll. « Arguments », 2014, 240 p., (ISBN 978-2-917686-17-1), Lire en ligne.
  6. Construire l’insertion professionnelle des jeunes « décrocheurs » par la voie des formations en alternance, Chambre de commerce et d'industrie de Paris, janvier 2012
  7. [1]
  8. [2]
  9. « Mobili jeune : une aide pour les jeunes en formation professionnelle afin d’accéder au logement », Aide-sociale.fr,‎ (lire en ligne)
  10. Un seul monde, N°2/juin 2019, La formation duale et ses limites, par Christian Zeier, p.33