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Forges et chantiers de la Méditerranée

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Forges et chantiers de la Méditerranée
illustration de Forges et chantiers de la Méditerranée

Création [1]Voir et modifier les données sur Wikidata
Fondateurs Philip Taylor (en)[2] et Armand BehicVoir et modifier les données sur Wikidata
Coordonnées 43° 06′ 29″ N, 5° 52′ 52″ E
Activité Construction navale et industrie métallurgique (d)[3]Voir et modifier les données sur Wikidata

Les Forges et chantiers de la Méditerranée ou Société nouvelle des forges et chantiers de la Méditerranée (FCM) furent une entreprise de construction navale française de La Seyne-sur-Mer.

La Compagnie des Forges et Chantiers de la Méditerranée a été fondée en 1853 par Philip Taylor[4].

À l'origine, elle se composait d'un chantier de construction naval à La Seyne qui assemblent les navires (existant depuis 1711 sur le côté Est du port de La Seyne[5]), les ateliers Menpenti qui construisent les chaudières et les appareils moteurs et d'un atelier de mécanique, les « Forges de la Capelette » à Marseille, sous la direction technique de François Bourdon.

Le 1er mars 1855, l’assemblée générale de la Compagnie des Forges et Chantiers de la Méditerranée prend la décision de liquider la société après seulement deux années d’existence pendant lesquelles 16 navires ont été construits.

La décision de liquider la société, et, surtout, d’en réorganiser une nouvelle avec une entreprise aussi puissante financièrement que les Messageries Impériales, a dû rassurer les 1500 employés de La Seyne et Menpenti bien qu’à cette époque l’embauche soit faite journellement pour la plupart des Seynois.

Pour honorer les commandes qui représentaient au moment de la liquidation 8 millions, une société provisoire en commandite est créée sous la raison sociale « Simons – Revenaz – Behic ». Approuvée par décret impérial le 21 mars 1855, elle est destinée à poursuivre les travaux avant la formation de la société définitive. Suivant acte passé à Marseille devant Maîtres Raymonard et Seux notaires, le 7 avril 1855, ils ont constitué entre eux une société anonyme sous le nom de Société Nouvelle des Forges et Chantiers de la Méditerranée.

Dès les années 1860, après installation de divers ateliers de blindage, tôlerie et chaudronnerie, elle honore des commandes de navires de guerre à l'exportation (Russie, Égypte, Italie, Espagne, Brésil, Japon etc)[6].

Entre 1880 et 1890 sont créés à l’est un parc à tôles ainsi que l’atelier des forges et cornières, les ateliers de scierie, de menuiserie, de salle à tracer, de poinçonnage, le pavillon des machines. Les engins de levage sont complétés par un ponton mâture de 80 tonnes. Les trois principales cales de construction sont prolongées par des avant-cales.

En 1872, les Forges sont assez puissantes pour acquérir les très importants Chantiers du Havre. En 1913, elles comprennent quatre sites (La Seyne, Le Havre, Granville et Marseille) et occupent en tout 45 ha dont 22 à La Seyne[7], comprenant le chantier de construction navale à Graville-Sainte-Honorine et l'usine Mazeline de moteurs et hélices.

En 1906, le gouvernement met à l’étude un programme de constructions d’unités lourdes pour la Marine de guerre : des cuirassés actionnés par des turbines à vapeur du type Parsons. De nouveaux ateliers de tôlerie, de turbine et une station électrique sont construits et un nouveau ponton mâture de 170 tonnes est mis en service.

Au début du XXe siècle, l'ensemble du groupe participe activement au programme de réarmement de l'artillerie de l'armée française et construira même des chars d'assaut pendant et après la Première Guerre mondiale, dont le FCM 2C. La surface totale des ateliers de la Seyne s’élève à 22 ha. En 1910 la cale la plus importante est élargie de 16 m pour accueillir des unités toujours plus grandes. Pendant la Première Guerre mondiale de 1914-1918, les FCM demeurent l’un des plus grands chantiers de France. La société construit même des chars d'assaut dont le FCM 2C en 1921. Entre 1925 et 1928 les effectifs d’employés aux chantiers baissent en raison de la modernisation des équipements.

Des grands travaux aboutissent en 1927 à l’installation de deux énormes caissons pour obtenir le plus grand bassin du monde.

En 1936, les chantiers construisent les chars légers FCM 36. Durant seconde guerre mondiale, le 29 avril 1944, les bombardements touchent la ville et les chantiers. Le 17 août 1944, près de 200 mines réparties dans les chantiers et le port explosent, 90% des chantiers sont détruits. La société des FCM décide de reconstruire une entreprise modernisée et plus performante. Deux ans après la destruction, la presque totalité des toitures est réparée et la superficie des chantiers a encore augmenté. Sur une longueur de 800 m, les quais sont pourvus de voies ferrées pour les grues Titan. Les trois grandes cales situées à l’est de la darse d’armement sont pourvues d’avant-cales et des navires de 220 m de long peuvent alors être construits à la Seyne. Dans cette période, beaucoup de cargos sont construits.

Après les deux conflits mondiaux, l’activité reprend grâce à la politique de recapitalisation de l’entreprise alliée à l’action des personnels engagés dans la « bataille de la production », initiée par le Parti communiste et la CGT.

Après-guerre, un effort de modernisation des sites est entrepris. La crise de la construction navale en France, à partir de 1959, met le secteur en déclin. L’année 1965 est marquée par un déficit record et l’entreprise perd plus de 500 salariés employés en régie. Le 3 février 1966, le président directeur général des FCM et le directeur général adjoint des chantiers sont démis de leurs fonctions. Les Forges et Chantiers de la Méditerranée sont mises en cessation d'activité à partir du 1er juillet 1966 pour laisser place à une nouvelle société, les Constructions Navales et Industrielles de la Méditerranée (CNIM), dirigée par le groupe Herlicq, un groupe franco-belge. Ce dernier bénéficie alors d’une aide de l’État en contrepartie de la garantie de l’emploi sur deux ans. L’arrivée des CNIM ouvre de nouvelles années d’activité[5].

Finalement, les chantiers ferment en 1989. Les causes sont multiples : choc pétrolier, reconversion de l’industrie et concurrence internationale[8].

Quelques navires construits

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Chars construits

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  • FCM A (1916, étude de char lourd)
  • FCM 1A (1916, prototype de char lourd)
  • FCM 1B (1916, prototype de char lourd)
  • FCM 2C (1921, char lourd produit à 10 exemplaires)
  • FCM 21 (1921, prototype de char de bataille de 17T)
  • FCM 36 (1936, char léger produit à 100 exemplaires)
  • FCM F4 (1937, prototype de char lourd)
  • FCM F1 (1940, prototype de char lourd)
  • FCM 50T (1945, prototype de char lourd)
  • FCM 12T (1949, prototype de char léger)

Bibliographie

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  • Christina Agriantoni, « Des torpilles aux cuirassés : L’armement naval de la Grèce et les Forges et Chantiers de la Méditerranée », Bulletin de correspondance hellénique moderne et contemporain, 8, 2023, 67-94. [1]
  • Xavier Daumalin et Olivier Raveux, « Aux origines de l’industrie moderne marseillaise : l’œuvre de Louis Benet et de Philip Taylor (années 1830-1850) », Rives méditerranéennes, 45 | 2013, 19-35.
  • Jean-Louis Maillard, « La construction navale au Havre de 1830 à nos jours », Études normandes, 29e année, no 3,‎ , p. 41-68 (lire en ligne).


Notes et références

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  1. « http://data.bnf.fr/12392677/societe_nouvelle_des_forges_et_chantiers_de_la_mediterranee/ »
  2. « https://archive.org/stream/dictionaryofnati55stepuoft#page/456/mode/2up/search/philip+taylor »
  3. Pressearchiv 20. Jahrhundert (organisation), consulté le .Voir et modifier les données sur Wikidata
  4. Daumalin et Raveux, § 9
  5. a et b https://www.laseyneen1900.fr/2020/08/02/histoire-des-forges-chantiers-de-la-mediterranee-de-1853-a-1942/
  6. Agriantoni, 2023, § 16
  7. Virginie JOURDAIN, attachée de conservation du patrimoine, Mme SENTILHES, directeur des Archives départementales de la Seine-Maritime, « ARCHIVES DEPARTEMENTALES DE LA SEINE-MARITIME 193 J », Ateliers et chantiers du Havre, répertoire numérique, (consulté le ).
  8. https://www.la-seyne.fr/decouvrir-la-ville/patrimoine/industriel-naval/chantiers-navals/
  9. Agriantoni, 2023, § 19

Liens externes

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