Fontaine des Innocents

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Fontaine des Innocents
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La fontaine des Innocents, d'abord appelée fontaine des Nymphes, est une fontaine située à Paris 1er sur l'actuelle place Joachim-du-Bellay dans le quartier des Halles. De style Renaissance, elle a connu diverses modifications et a été déplacée à deux occasions. Elle est classée monument historique depuis 1862[1].

Ce site est desservi par les stations de métro Les Halles et Châtelet.

Historique[modifier | modifier le code]

Panneau Histoire de Paris
« Fontaine des Innocents ».

La fontaine du Moyen-Âge[modifier | modifier le code]

La première fontaine des Innocents, adossée à église des Saints-Innocents, à l'angle de la rue Saint-Denis et de la rue aux Fers (actuelle rue Berger), à une quarantaine de mètres au nord-est de son emplacement actuel, est établie vers 1260 au cours d'une période de forte croissance de la ville. Elle était alimentée par une conduite en terre cuite amenant les eaux des sources du Pré-Saint-Gervais qui desservait également le prieuré Saint-Lazare, le couvent des Filles-Dieu et la Fontaine du Ponceau[2].

La fontaine d'angle de la Renaissance[modifier | modifier le code]

Cette fontaine est remplacée en 1548 sous le règne du roi Henri II, au même endroit, par un édifice sous forme de loggia, œuvre de l'architecte Pierre Lescot, décorée de sculptures de Jean Goujon. Elle célébrait à l'origine l'entrée du roi dans Paris au retour du sacre de Reims, notamment celles de Jean le Bon, de Charles V, de Charles VI, de Charles VII le 12 novembre 1437 et de Charles VIII le 5 juillet 1484 : elle était une des étapes du parcours de la basilique Saint-Denis au palais de la Cité ou à la cathédrale Notre-Dame[3].

De forme rectangulaire et non carrée comme aujourd'hui, elle ne possédait donc que trois arcades ornées de cinq naïades : deux décorant l'arcade de la rue Saint-Denis, les trois autres sculptées sur les deux arcades donnant en retour d'angle sur la rue aux Fers. Un alignement de pilastres, d'ordre corinthien, encadrant chacune des arcades supportait une frise et un attique à fronton triangulaire. L'ensemble reposait sur un soubassement d'où l'eau s'écoulait par de petits mascarons.

Le tétrapyle de l'époque classique[modifier | modifier le code]

À la fin du XVIIIe siècle, l'ensemble des cimetières de Paris sont vidés et remplacés par les actuels, situés à l'époque à l'extérieur de la ville. Le cimetière des Innocents, plus communément qualifié de charnier, qui jouxtait l'église des Saints-Innocents, est également vidé, à la suite de l'effondrement d'un muret dans une cave. L'église est démolie en 1785 et la fontaine se retrouve isolée dans un coin de l'espace dégagé, destiné à devenir un marché.

Elle est alors déplacée, puis installée au centre de la place récemment créée et baptisée à l'époque « place du marché des Innocents ». Un ingénieur nommé Six est chargé de la démonter, tandis que les architectes Poyet, Legrand et Molinos en conçoivent le nouveau plan de réédification. Ils décident de lui donner une forme de pavillon carré. Il devient donc nécessaire de sculpter une quatrième face à la fontaine, travail exécuté en 1788 par Augustin Pajou, qui s'efforce de retrouver la même inspiration que son prédécesseur.

Il sculpte donc trois naïades pour compléter les cinq de Goujon : les deux de la face méridionale et celle de gauche de l'occidentale. Les autres ornements sont confiés à Lhuillier, Mézières et Daujon

Quatre lions sont disposés à chaque angle. Le soubassement d'origine est remplacé par une suite de bassins superposés, prévus pour recueillir l'eau qui jaillit d'une vasque en bronze placée au centre du pavillon. Les trois bas-reliefs décorant le soubassement, menacés de rapide détérioration par l'écoulement de l'eau, sont démontés et déposés au musée du Louvre.

La fontaine est également coiffée d'une petite coupole constituée de feuilles de métal imitant les écailles de poisson.

Le déplacement de 1860[modifier | modifier le code]

Lorsqu'en 1856, un square est décidé pour remplacer le marché, devenu inutile à la suite de la construction des Halles par Baltard, la fontaine est encore déplacée de quelques mètres et recentrée dans l'espace réduit de moitié laissé à ce nouveau jardin public en 1860. Un soubassement de forme pyramidale, étagé de six bassins à bords arrondis, est ajouté sur chaque face. Le tout repose au milieu d'un bassin circulaire. Cette dernière transformation est confiée à l'architecte Gabriel Davioud.

La place Joachim-du-Bellay actuelle épouse dans les grandes lignes les dimensions de ce square supprimé en 1973 lors du réaménagement des abords des anciennes Halles transférées à Rungis.

Restauration en 2023[modifier | modifier le code]

Le principe d'une restauration de la fontaine, très dégradée, est annoncé en juillet 2019 par Karen Taïeb, adjointe à la maire de Paris, chargée du patrimoine[4]. Les travaux, d'un coût estimé à 5 millions d'euros, seront réalisés en s'appuyant sur un protocole de restauration déterminé par un comité scientifique de restauration de la fontaine des Innocents. Les travaux doivent commencer en 2023[5].

Description des ornements sculptés[modifier | modifier le code]

L'œuvre de Jean Goujon selon les dessins de Pierre Lescot[modifier | modifier le code]

Sur chacune des trois faces originales, des pilastres jumelés d'ordre corinthien encadrent une arcade surmontée d'un attique et d'un fronton triangulaire. Les naïades au corps voilé, en bas-relief, s'insèrent entre les pilastres. Chacun des attiques est décoré de scènes mythologiques relatives aux sources et fontaines.

La décoration du soubassement de la fontaine d'angle du XVIe siècle était composée de trois bas-reliefs. Des nymphes couchées en compagnie de Tritons et de petits génies y sont sculptés entourés de créatures mythologiques. Ces bas-reliefs, démontés lors du premier déplacement de la fontaine, sont au musée du Louvre. Ces bas reliefs sont probablement le premier exemple de représentation tirée de la mythologie dans l'espace public en France[6].

L'œuvre d'Augustin Pajou[modifier | modifier le code]

Face méridionale de la fontaine.

La quatrième face, de 1788, conserve la même ordonnance que les trois autres d'origine. Pajou prit pour modèle la statue de la Paix, de Goujon, que l'on peut voir au musée du Louvre. L'artiste a sculpté les bas-reliefs de cette face méridionale, ainsi que ceux du panneau gauche de l'arcade occidentale.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, Inventaire général des richesses d'art de la France, Tome 1, E. Plon et Cie, Paris, 1879
  • Jacques Hillairet et Pascal Payen-Appenzeller, Dictionnaire historique des rues de Paris, Éditions de minuit, Paris, 1985, (ISBN 2-707-310549)
  • La Fontaine des Innocents est aussi un roman de Max Gallo, Livre de Poche, 1993, (ISBN 225306405X)
  • Marie-Hélène Levadé (photogr. Hughes Marcouyeau), Les Fontaines de Paris : L'eau pour le plaisir, Paris et Bruxelles, Éditions Chapitre Douze, , 592 p. (ISBN 978-2-915345-05-6)
  • Dominique Massounie (dir.), Pauline Prévost-Marcilhacy (dir.) et Daniel Rabreau (dir.), Paris et ses fontaines : De la Renaissance à nos jours, Paris, Délégation à l'action artistique de la ville de Paris, coll. « Paris et son patrimoine », , 318 p. (ISBN 2-905-118-80-6)

Article connexe[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Fontaine des innocents », notice no PA00085805, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. Philippe Lorentz et Dany Sandron, Atlas de Paris au Moyen-Âge, Parigramme, , 240 p. (ISBN 2 8409 6402 3), p. 219
  3. Philippe Lorentz et Dany Sandron, Atlas de Paris au Moyen-Âge, Parigramme, , 240 p. (ISBN 2 8409 6402 3), p. 97-98
  4. Philippe Baverel, « Paris : la fontaine des Innocents va être restaurée », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  5. Claire Bommelaer, « En 2022, buvez, Parisiens ! », Le Figaro, supplément Le Figaro et vous,‎ 26-27 février 2022, p. 31.
  6. Panneau d'information de ces bas reliefs au Louvre.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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