Fonderie Paccard

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Fonderie Paccard
Création Voir et modifier les données sur Wikidata
Fondateurs Antoine PaccardVoir et modifier les données sur Wikidata
Forme juridique Société par actions simplifiée (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Slogan L'histoire d'une Passion
Président Philippe Paccard
Cyril Paccard
Activité IndustrieVoir et modifier les données sur Wikidata
Effectif env. 20 salariés
Site web paccard.comVoir et modifier les données sur Wikidata

Chiffre d'affaires 1.729.600 € (2018)

La fonderie de cloches Paccard est une société fabriquant des cloches, depuis 1796, installée à Sevrier, dans le département français de la Haute-Savoie. Le site accueille également le Musée Paccard.

Histoire[modifier | modifier le code]

L'histoire de la fonderie débute en 1796, en pleine période révolutionnaire[1], lorsque Antoine Paccard, alors syndic (maire) du petit village de Quintal, dans les environs d'Annecy, et forgeron agricole de son état, doit réaliser une nouvelle cloche pour l'église du village afin de remplacer celle qui avait été détruite lors de la Terreur. Son métier étant de forger des fers à chevaux et des bandes de roulement pour les roues des chars, il fait appel à un fondeur professionnel itinérant[2], Jean Baptiste Pitton, originaire de Carouge, petite ville savoyarde située aux portes de Genève.

Avec la réalisation de la nouvelle cloche, Antoine Paccard décide de rentabiliser son apprentissage et de se lancer dans cette industrie. Il fabrique son premier four à Quintal et l'exploite avec ses enfants, puis ses descendants prennennt la relève.

Naissance et début de la fonderie[modifier | modifier le code]

L'aventure familiale débute avec Antoine Paccard, alors maire de Quintal depuis 1795, où il fait intervenir un maître-fondeur originaire de Carouge, Jean-Baptiste Pitton, afin d'équiper le clocher de l'église d'une nouvelle cloche[3]. De cette rencontre naît entre Antoine Paccard et ce métier un amour irrépressible. Âgé de 26 ans, il apprend son métier en tant qu'apprenti du maître-fondeur genevois Jean-Baptiste Pitton, puis il démarre un petit atelier de fonderie.

À sa mort en 1832, ses fils Jean-Pierre et Claude reprennent le flambeau de l'entreprise qui se développe et connaît ses premières exportations. Après la mort de Jean-Pierre, son épouse, dite « la Fanfoué » participe à la direction de la fonderie.

L'installation à Annecy-le-Vieux[modifier | modifier le code]

La Savoyarde.

De 1854 à 1857, Claude Paccard transfère la fonderie familiale de Quintal vers la commune d'Annecy-le-Vieux[3] au lieu-dit « l'Abbaye ». Le chemin de fer vient d'arriver à Annecy.

Ses neveux, Georges et Francisque, font évoluer la fonderie en entreprise spécialisée. Georges Paccard redécouvre et met au point toutes les techniques de fabrication des cloches, des plus petites aux plus massives. Il fait alors appel aux conseils de spécialistes en acoustique et de mathématiciens pour rechercher la perfection dans le dessin de la courbe et dans la justesse des notes. La fonderie acquiert une réputation nationale et mondiale ; quelque 700 à 800 cloches sont coulées chaque année.

Soumission pour la réparation des bourdons de la cathédrale de Sens, 1902 - Archives nationales (France)

En 1891, la fonderie coule la plus grosse cloche de France, la Savoyarde, un bourdon installé au campanile de la nouvelle basilique du Sacré-Cœur de Montmartre à Paris[1] et offerte par François-Albert Leuillieux, archevêque de Chambéry[3]. Ce bourdon, toujours un des plus gros du monde, pèse 18 835 kg, mesure 3,06 m de hauteur pour 9,60 m de circonférence extérieure, avec une épaisseur à la base de 22 cm, et un battant de 850 kg. Un train de 28 chevaux attelés sera utilisé pour tirer le chariot jusqu'au sommet de la butte parisienne.

En 1914, ses fils coulent la Jeanne-d'Arc, un bourdon de 16 tonnes ; avec ce dernier, est mis au point le système d'accordage qui permet aux cloches de sonner parfaitement justes. Installé en 1920, ce bourdon disparaîtra dans l'embrasement de clocher de la cathédrale lors du bombardement de Rouen le  ; pour le remplacer un premier carillon de 50 cloches est installé en 1954 dans la cathédrale. En 1959, la Jeanne-d'Arc est refondue en un bourdon plus petit (10 tonnes), mais accompagné de 6 autres cloches d'une tonne.

Ainsi, lors de cette même période (depuis la fin du XIXe siècle), voit aussi l'âge d'or des carillons, qui vont concurrencer les cloches et les horloges, et dont la fonderie dirigée par Alfred Paccard et ses cousins Henri et Louis, va devenir le grand spécialiste mondial. Elle est aujourd'hui dirigée par la septième génération. Parmi les plus importants carillons réalisés : tour Yolande de Chambéry (70 cloches), université de Californie à Berkeley (68 cloches), le carillon de Douai pour le beffroi de l'hôtel-de-ville (62 cloches), cathédrale Saint-Bénigne de Dijon (56 cloches), basilique Sainte-Thérèse de Lisieux (48 cloches), église Saint-Blaise de Sévrier (25 cloches en 2001), le carillon du Mas Rillier (50 cloches).

En 1950, le gouvernement américain commande 57 cloches, répliques exactes de la fameuse Liberty Bell, 55 exemplaires sont destinés à chacun des États ou territoires, ainsi qu'au District de Columbia. En juillet 1951, le gouvernement américain offre un des deux exemplaires restant (l'autre étant envoyé au Japon) à « Annecy en reconnaissance de l'habilité technique et de l'art de ses ouvriers et pour rappeler que la liberté est un héritage commun ». Cette cloche est installée dans la basilique Saint-Joseph-des-Fins d'Annecy. Au total, la fonderie coulera trois cents répliques de la Liberty Bell, une d'elles sera installée dans la propriété du chanteur Michael Jackson.

De 1975 à 1998, Pierre Paccard, après avoir obtenu son diplôme d'ingénieur de l'université de Lille, prend la direction de la fonderie.

En 1986, à l'occasion de la visite du Pape Jean-Paul II, deux cloches ont été fondues ; la première de 145 kilos a été offerte au pape qui a désiré qu'elle soit installée dans une église de Pologne ; la deuxième de 160 kilos, dénommée Karol a été intégrée dans le carillon de la basilique de la Visitation à Annecy.

Depuis 1989[modifier | modifier le code]

La World Peace Bell.

En 1989, après 155 années de présence, l'entreprise quitte le territoire d'Annecy-le-Vieux pour s'installer à Sévrier, mais toujours dans l'agglomération d'Annecy pour rationaliser les circuits de fabrication et mettre en valeur le musée Paccard[1], créé en 1984. Les locaux sont plus petits mais plus adaptés et modernes.

La commune proche de Sévrier proposa des terrains dans la zone artisanale du Pontet, qui permirent aussi d'installer le musée de la Cloche où les souvenirs des deux siècles de ce mariage du fer et du feu ont pu être exposés et où peut être expliquée aux visiteurs la magie de la transformation spectaculaire du métal brut en pièces d'art uniques.

Philippe Paccard prend la direction de la fonderie à la suite de son père Pierre. En 2003, la fonderie emploie 19 personnes avec un chiffre d'affaires de 2 millions d'euros; en 2013, elle emploie 15 personnes. Elle est toujours dirigée par la même famille depuis plus de 200 ans et ses patrons, Philippe et Cyril Paccard sont les représentants de la 7e génération de fondeurs.

Depuis sa création en 1796, la fonderie Paccard a coulé près de 120 000 cloches et carillons distribués dans le monde entier. L'entreprise fabrique et vend aussi tous les accessoires liés aux cloches et carillons : battants, montures, beffrois et charpentes, claviers de tour et d'étude pour les carillons. Elle est aussi ouverte aux nouvelles technologies et intègre aujourd'hui des composants électriques et électroniques de programmation de l'heure, des sonneries. Elle pose aussi des paratonnerres.

La fin de XXe siècle a vu la création de plusieurs grosses cloches exceptionnelles :

  • la World Peace Bell, aussi connue comme la cloche du millénaire, un bourdon de 33 tonnes fondu en 1998, installé au Kentucky et inauguré le à minuit. Elle a été de 2000 à 2006 la plus grosse cloche en volée du monde et est à ce jour la deuxième plus grosse cloche en volée après celle de Gotenba au Japon ;
  • la plus grosse sonnerie du monde constituée par un ensemble de trois cloches (19 tonnes, 10 tonnes, 6 tonnes), installées dans la cathédrale de Markham en Ontario ;
  • le plus grand carillon de France, installé à Chambéry (70 cloches)[4] ;
  • la cloche installée aux îles Tonga, et qui a fait le premier tintement lors du passage en l'an 2000 ;
  • la cloche du Mont-Valérien[1], posée sur un socle, ne sonne pas. Reprenant les dimensions de la Jeanne-d'Arc, elle est seulement un monument en bronze où figurent les noms des 1 007 personnes fusillées sur ce site lors de l'Occupation.

La fonderie a aussi installé de nombreux autres carillons comme ceux de Douai, Dijon, Lisieux, Saint-Étienne, Berkeley, Princeton et Washington et à Paris le carillon de l'église Saint-Jean Bosco. Le fameux carillon du beffroi de Bergues, entendu dans le film Bienvenue chez les Ch'tis, a été coulé par la fonderie Paccard.

Depuis peu, l'entreprise s'est orientée vers une nouvelle niche de production, mondialisation et diversification obligent : la conception et la fabrication de sculptures musicales s'intégrant dans l'espace urbain (mobilier urbain). La fonderie a également un site internet de vente de cloche de propriété. La fonderie s'est aussi spécialisée dans la fabrication de plaques commémoratives, deux d'entre elles figurent sur l'Arc de triomphe à Paris.

Un autre four à Quintal[modifier | modifier le code]

De la famille alliée à Paccard ont également coulé des cloches. Ainsi, Nicolas et Joseph Beauquis, frères de Françoise Beauquis (mariée à Jean-Pierre Paccard) ont livré plusieurs cloches en Savoie, en Haute-Savoie et même en Isère. Ils ont construit leur propre fonderie et coulé 136 cloches de 1852 à 1881, soit 77 568 kg pour un montant de 1 927 795,70 francs. Nous notons deux cloches notables de cette fonderie. Chacune d'entre elles donne un "si bémol grave". La première pèse 2 834 kilos et se trouve à l'église du Grand-Bornand. L'autre, plus lourde, pèse 3 410 kilos et se trouve au clocher de l'église de Mercury, en Savoie.

Exportation[modifier | modifier le code]

80% de ventes de la fonderie Paccard sont réalisées à l'export[5].

Musée[modifier | modifier le code]

Création du Musée de la Cloche devenu depuis 2004 Musée Paccard.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Paul Boyer, « " La cloche, c’est la voix de Dieu " : la famille Paccard, l’art des cloches depuis 1796 », sur Le Monde,
  2. Laurent Gannaz, « Paccard : la dynastie de fondeurs de cloches », sur Le Progrès,
  3. a b et c Jean-Marie Mayeur, Christian Sorrel et Yves-Marie Hilaire, La Savoie, t. 8, Paris, Éditions Beauchesne, coll. « Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine », 1996, 2003, 441 p. (ISBN 978-2-7010-1330-5), p. 315-316.
  4. Liste des carillons d'Europe, sur le site Mondiale du Carillon, dernier accès en mars 2008
  5. « Famille Paccard : les maîtres des cloches depuis sept générations », sur France Info,

Liens externes[modifier | modifier le code]

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