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Florimond II Robertet

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Florimond Robertet de Fresnes
Florimond II Robertet
Fonctions
Secrétaire d'État à la Marine et des Affaires étrangères
avec les Royaumes d'Espagne et de Portugal

(9 ans, 1 mois et 21 jours)
Gouvernement Henri II (1558–1559)
François II (1559–1560)
Charles IX (1560–1567)
Prédécesseur Côme Clausse
Successeur Simon Fizes de Sauve
Secrétaire du roi en ses finances
– ???
(environ 4 ans et 8 mois)
Prédécesseur Jean-René Robertet
Successeur Florimond Robertet d'Alluye[réf. nécessaire]
Biographie
Dynastie famille Robertet
Surnom Robertet de Fresne(s)
Date de naissance
Lieu de naissance Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Date de décès (à environ 36 ans)
Lieu de décès Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Père Jean-René Robertet
Mère Jeanne Le Viste
Fratrie Marie Robertet
Conjoint Marie Clausse
Enfants aucuns
Entourage Florimond Robertet d'Alluye (cousin)
Profession secrétaire d'État
Religion catholique
Résidence château d'Arcy (Vindecy)
château de Châtillon-d'Azergues
château de Montmorillon
château de Fresnes-sur-Marne

Image illustrative de l’article Florimond II Robertet
Ministres d'Henri II
Ministres de François II
Ministres de Charles IX

Florimond II Robertet, aussi appelé Florimond Robertet de Fresne[1], du Fresne ou de Fresnes[a] pour son titre de seigneur de Fresnes-sur-Marne, en actuel Seine-et-Marne (né vers 1530 et mort le ), est un secrétaire d'État, actif entre les années 1550 et 1560 en France.

Origines et famille

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Florimond Robertet de Fresne est né en 1531[1]. Il est fils de Jean-René Robertet ( ) et de Jeanne Le Viste, et le petit-fils de François Robertet de Bullion, qui fut secrétaire de Pierre de Beaujeu, duc de Bourbon et comte de Forez, mari de la princesse-régente Anne de France, et Colette de La Loëre.

Florimond II est ainsi le petit-neveu de Florimond Ier ( ), un des plus importants conseillers des rois Louis XII puis François Ier. Du côté de sa mère, il est le petit-fils d'Antoine II Le Viste ( ).

Sans que l'on ne puisse identifier lequel des deux cousins, un des Florimond aurait débuté sa carrière comme secrétaire particulier du cardinal Jean du Bellay, au moins entre 1547 et 1549[2].

En 1554, son père lui cède son office de secrétaire du roi en ses finances[3],[4].

Le secrétaire Robertet de Fresne

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Toute sa famille était attachée aux Guise, et il dut à leur appui, non moins qu’à sa capacité, sa nomination le en tant que secrétaire d’État[5], en succession à Côme Clausse[6],[7],[8], à seulement 26 ans[1]. Si la charge a été créée en 1547 par Henri II, Robertet de Fresnes est le premier à être officiellement cité comme secrétaire d'État, les précédents étant nommés « secrétaires des commandements et des finances »[3],[8],[5],[9]. Il est ainsi chargé des relations avec les provinces de Languedoc, de Guyenne, de Bretagne et de Provence, ainsi qu'avec les royaumes d'Espagne et de Portugal[10].

Un témoin de l'instabilité des années 1560

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À la mort d'Henri II en , la situation interne au Royaume se tend, les Catholiques se sentant menacés par un protestantisme grandissant. Le nouveau roi, François II, a 15 ans et est tout juste majeur, mais décide, avec l'accord de sa mère, la reine Catherine de Médicis, de déléguer son pouvoir royal aux frères de Guise, en l'occurrence le duc François de Guise et le cardinal Charles de Lorraine, tous deux fervents catholiques[b]. Robertet de Fresnes fait ainsi partie des signataires du décret[1], contrairement à son cousin Robertet d'Alluye qui n'est nommé qu'en [11].

Entre le 21 et le , Robertet de Fresnes, accompagné de son cousin et des autres secrétaires d'État, participe à l'assemblée de notables au sein du château de Fontainebleau[12],[13]. Réunie par la reine-mère, cette conférence entre les Grands du Royaume confirme le refus d'accorder des lieux de culte aux Protestants[14], et a mené aux États généraux réunis du au suivant, à Orléans, durant lesquels le prince de Condé est arrêté[6],[c]. Robertet de Fresne aurait ainsi été chargé de le soumettre à un premier interrogatoire[6], mais sans preuves tangibles ni aveu de sa part, le prince aurait été relâché. Six mois plus tard, son cousin Robertet d'Alluye alla requérir au parlement de Paris l'abandon des poursuites envers le prince de sang[15].

Gravure de Jacques Tortorel datant de 1570 représentant les États généraux de 1560[16]. Les quatre secrétaires d'État figurent au centre du premier plan.

En 1561, l'actuel quartier Bellecour, à Lyon, est érigé en fief par le cardinal de Tournon, alors archevêque de Lyon (et antérieurement abbé commendataire de Saint-Laumer à Blois[17]), à la faveur de Florimond II[18],[19],[20],[21].

Le , Robertet de Fresne aurait également participé à l'entrevue de Toury[12], où Catherine de Médicis rencontre le roi consort de Navarre et le prince de Condé : il est en effet mentionné comme chargé de la transmission d'un message, le lendemain, au prince par la reine[22],[1].

Un fervent catholique au cœur des deux premières guerres de Religions

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Inquiet par l'emballement de la première guerre de Religion, Robertet écrit en au duc Jacques de Savoie-Nemours que « plus la guerre durera et plus perdrons de gens de bien et plus notre mal croîtra »[23].

Par un acte du , il vend ses dépendances à Châtillon et à Bagnols à Jean Camus, ancien échevin à Lyon[24].

Florimond Robertet de Fresnes meurt prématurément, dans l'exercice de ses offices, le [25],[26],[3], à peine un mois après la surprise de Meaux qui déclenche la deuxième guerre de Religions. Tout comme son cousin homonyme, Robertet d'Alluye, mort deux ans plus tard, il meurt à l'âge de 36 ans, sans laisser d'enfant, et sans que l'on ne connaisse la cause ni les circonstances de son décès. Sur recommendation de la reine Catherine de Médicis[27], Simon Fizes lui succède, visiblemment le jour même, dans la charge de secrétaire d’État.

Proche de Pierre de Ronsard ( ), le célèbre poète dédia en 1564 notamment quatre poèmes à chacun des secrétaires d'État en place, réunis dans son recueil Les Hymnes, dont deux sont dedicacés à chacun des cousins Robertet : l’Hymne du Printemps pour Robertet d'Alluye, et l’Hymne de l'Été pour Robertet de Fresnes[28],[29],[30],[31].

« Écarte loin de moi tout mal et tout méchef,
Éloigne toute peste et fièvre loin du chef
Du docte Robertet, lequel point ne refuse
De se laisser ravir doucement à la Muse ;
Augmente lui ses ans, sa force et sa valeur,
Et conserve sa vie en ta vive chaleur.
 »

— Dernière strophe de l'Hymne de l'Été de Ronsard, dans son recueil Les Hymnes (1564)[32].

Le Prince des poètes renouvelle dans son recueil Les Églogues (1560) : dans Les Pasteurs, il décrit deux personnages, Fresnet et Aluyot, directement inspirés des deux cousins Robertet[1],[33],[31].

Mariage et descendance

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Armes de la famille Clausse.

Le [34],[35],[36],[37], Florimond Robertet de Fresnes épouse demoiselle Marie Clausse, fille de son prédécesseur au secrétariat d'État, Côme Clausse[38],[39],[40].

Le couple n'avait pas conçu d'enfants en 1567, lorsque meurt Florimond, laissant Marie Clausse veuve.

La plupart de ses possessions ont été transmises à son unique sœur, Marie ( ), mariée à André Guillard ( ), alors conseiller d'État et premier président du parlement de Bretagne, qui laissèrent postérité grâce à un fils, Louis Ier Guillard ( )[37]. Ce dernier se convertit au protestantisme après son mariage en 1579 avec Marie Raguier, issue d'une famille ouvertement protestante depuis les années 1560[41].

Le patrimoine transmis à Marie puis à la famille Guillard n'est pas négligeable : il inclut les seigneuries de Fresnes, d'Arcy et de Montmorillon[37], ainsi que le fief lyonnais de Bellecour[18],[37], mais également des œuvres d'art dont la tapisserie de La Dame à la Licorne[réf. nécessaire].

Blason Blasonnement :
D'azur à la bande d'or chargée d'un demi-vol dextre de sable posé à plomb et accompagnée de trois étoiles à six rais d'or.

Notes et références

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  1. Son cousin Florimond III Robertet, issu de la branche cadette de la famille Robertet, a porté le titre de baron d'Alluye. Ce dernier est ainsi surnommé Robertet d'Alluye, pour le différencier de son homonyme, Robertet de Fresnes.
  2. Les frères de Guise ont par ailleurs comme sœur Marie de Guise, mère de la reine d'Écosse, Marie Stuart. Cette dernière — leur nièce — devint l'épouse de François II en .
  3. Accusé d'avoir fomenté la conjuration d'Amboise, le prince de Condé est banni de la Cour par les Guise, et trouve refuge auprès du roi de Navarre, son frère Antoine de Bourbon. Il y est finalement arrêté après la découverte de documents le compromettant et est transféré en France où François II le condamne à la peine de mort. La mort prématurée du roi, le , aurait annulé sa condamnation, mais le prince aurait été convié aux États généraux prévus à la fin du mois à Orléans[réf. nécessaire].

Références

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  1. a b c d e et f Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle, t. 36, Paris, (lire en ligne Accès libre), p. 140–141
  2. Richard Cooper, Litteræ in tempore belli : études sur les relations littéraires italo-françaises pendant les guerres d'Italie, Genève, Librairie Droz, (ISBN 978-2-600-00194-6, lire en ligne), p. 133
  3. a b et c Hélion de Luçay, Les origines du pouvoir ministériel en France : Les secrétaires d'État depuis leur institution jusqu'à la mort de Louis XV, Tardieu, (lire en ligne), p. 584–585
  4. Michaud 1967, p. 135.
  5. a et b Bernard Barbiche, Les institutions de la monarchie française à l'époque moderne, Humensis, (ISBN 978-2-13-064284-8, lire en ligne), p. 137
  6. a b et c du Plessis 1852, p. 567.
  7. Michaud 1967, p. 134.
  8. a et b Cédric Michon, « Conseils et conseillers en France de Louis XI à François Ier (1461–1547) », dans Conseils et conseillers dans l’Europe de la Renaissance (v.1450–v.1550), Presses universitaires François-Rabelais, coll. « Renaissance », (ISBN 978-2-86906-528-4, lire en ligne), p. 55
  9. Thierry Sarmant et Mathieu Stoll, Régner et gouverner : Louis XIV et ses ministres, Paris, Place des éditeurs, (ISBN 978-2-262-08030-3, lire en ligne), p. 16
  10. Nicolas Viton de Saint-Allais, De l'Ancienne France, t. II, Paris, Delaunay, (lire en ligne Accès libre), p. 175–177.
  11. Michaud 1967, p. 142.
  12. a et b Antoine Fauvelet du Toc, Histoire des secrétaires d'Estat, C. de Sercy, (lire en ligne), p. 111–112
  13. Lucien Romier, chap. VIII « Le conseil de Fontainebleau », dans La conjuration d'Amboise : l'aurore sanglante de la liberté de conscience, le règne et la mort de François II, Paris, Perrin et Cie, (lire en ligne), p. 202–203
  14. Nicolas Le Roux, « Chapitre II. Le royaume dont le prince est un enfant », Que sais-je ?, vol. 3,‎ , p. 29 (ISSN 0768-0066, lire en ligne, consulté le )
  15. du Plessis 1852, p. 574.
  16. L'assemblée des trois estats tenus à Orléans au mois de Janvier 1561 sur Gallica.
  17. Noël Mars, Histoire du Royal Monastère de Saint-Lomer de Blois de l'Ordre de Saint-Benoît, recueillie fidèlement des vieilles chartes du même monastère, Manuscrit de la Bibliothèque publique de Blois, 1646, republié en 1869 textuellement avec notes, additions et tables d'Alexandre Dupré (lire en ligne Accès libre), p. 299.
  18. a et b Henri François d'Aguesseau et Jean-Marie Pardessus (publ.), « Plaidoyer du , sur les lettres de rescision et de requête civile entre Paul de Guillard, marquis d'Arcy, Judith de La Taille, le sieur Perachon, et les prévôts des marchands et échevins de la ville de Lyon, au sujet de la vente du fief de Bellecour », dans Œuvres de M. le Chancelier d'Aguesseau, t. II, Paris, , 2e éd. (1re éd. 1761) (lire en ligne), p. 135–177
  19. Louis Morel de Voleine, Petit précis historique sur le tènement de Bellecour, Lyon, Vingtrinier, (lire en ligne Accès libre), p. 4–6..
  20. Yann Lignereux, Lyon et le roi : de la « bonne ville » à l'absolutisme municipal, 1594–1654, Champ Vallon, (ISBN 978-2-87673-371-8, lire en ligne Accès limité), p. 665.
  21. Adolphe Vachet, À travers les rues de Lyon, Collection XIX, (ISBN 978-2-346-10230-3, lire en ligne Accès libre), p. 115.
  22. Jacques-Auguste de Thou, Histoire universelle de Jacques-Auguste de Thou, t. XI, Jean Louis Brand Muller, (lire en ligne), p. 305
  23. Antoine Rivault, « Argumenter en guerre civile : les partis de la guerre et de la paix au Conseil du roi pendant les premières guerres de Religion (1563–1570) », dans Emmanuelle Cronier et Benjamin Deruelle, Argumenter en guerre : Discours de guerre, sur la guerre et dans la guerre de l'Antiquité à nos jours, Presses universitaires du Septentrion, (ISBN 978-2-7574-2506-0, lire en ligne), p. 259
  24. Antoine Vachez, Le château de Châtillon d'Azergues, Lyon, A. Brun, , 2e éd. (lire en ligne), p. 31
  25. Louis de Bourbon-Condé, Mémoires de Condé, servant d'éclaircissement et de preuves à l'histoire de M. de Thou, contenant ce qui s'est passé de plus mémorable en Europe, t. I, Paris, Rollin Fils, (lire en ligne), p. 180
  26. du Plessis 1852, p. 568.
  27. de Luçay 1881, p. 19.
  28. Pierre de Ronsard, Recueil des nouvelles poésies de P. de Ronsard, t. I, Paris, G. Buon, (lire en ligne), p. 13–19
  29. du Plessis 1852, p. 572.
  30. A. Noël, Choix de poésies de P. de Ronsard, précédé de sa vie et accompagné de notes explicatives, t. I, Paris, librairie de Firmin-Didot, (1re éd. 1862) (lire en ligne), p. 245–255
  31. a et b Paul Laumonier, Ronsard, poète lyrique : étude historique et littéraire, Slatkine, (ISBN 978-2-05-101564-6, lire en ligne), p. 213
  32. Ronsard 1564, p. 19.
  33. Pierre de Ronsard et Louis Becq de Fouquières (publ.), Poésies choisies, Charpentier, (lire en ligne), p. 260–264
  34. Pierre de Guibours (Anselme de Saint-Marie), Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France, t. II, (lire en ligne), p. 1617
  35. Louis Moréri, Le grand dictionnaire historique, ou le mélange curieux de l'Histoire sacrée et profane, t. II, Paris, Chez Jean-Baptiste Coignard Fils, (lire en ligne), p. 884
  36. Louis-Pierre Gras, « Généalogie des Robertet », dans Revue forézienne d'histoire et archéologie, Montbrison, Montbrison, Société archéologique et historique du Forez (no 3), , p. 182
  37. a b c et d Lucienne Vallery, Histoire d'Arfeuilles en Bourbonnais, Éditions Dumas, (ISBN 978-2-307-60427-3, lire en ligne), p. 248
  38. Claude Le Laboureur, Les masures de l'Île-Barbe, t. II, , 2e éd. (1re éd. 1665) (lire en ligne), p. 506
  39. Michaud 1967, p. 175.
  40. (en) Mark W. Konnert, Local Politics in the French Wars of Religion: The Towns of Champagne, the Duc de Guise, and the Catholic League, 1560–95, Routledge, (ISBN 978-1-351-92159-6, lire en ligne), p. 127
  41. Eugène et Émile Haag, La France protestante, ou les vies des protestants français qui se sont fait un nom dans l'Histoire, t. VIII, Paris, (lire en ligne), p. 363–364

Bibliographie

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Liens externes

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Articles connexes

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