Radiotélescope sphérique de cinq cents mètres d'ouverture

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Radiotélescope sphérique de cinq cents mètres d'ouverture
Le télescope vu d'en haut en 2020
Présentation
Type
Comprend
Réflécteur sphérique (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Première lumière
Mise en service
Site web
Données techniques
Diamètre
500 mVoir et modifier les données sur Wikidata
Longueur focale
140 mVoir et modifier les données sur Wikidata
Longueur d'onde
0,1 - 4,3 mVoir et modifier les données sur Wikidata
Géographie
Localisation
Coordonnées
Carte

Le radiotélescope sphérique de cinq cents mètres d'ouverture (chinois traditionnel : 五百米口徑球面射電望遠鏡 ; chinois simplifié : 五百米口径球面射电望远镜 ; pinyin : Wǔbǎi mǐ kǒujìng qiúmiàn shèdiàn wàngyuǎnjìng), abrégé en anglais FAST pour Five-hundred-meter Aperture Spherical Radio Telescope[1], est un radiotélescope construit dans un bassin naturel du comté de Pingtang, dans le Guizhou, au sud-ouest de la Chine. Il est le deuxième plus grand radiotélescope au monde après le RATAN-600 en Russie, et le plus grand radiotélescope à un seul appareil, avec une sensibilité égale à environ trois fois celle du radiotélescope d'Arecibo.

Historique[modifier | modifier le code]

Maquette du FAST exposé en 2017.

FAST est, à l'origine, la contribution chinoise au projet du radiotélescope interférométrique Square Kilometre Array (SKA) (à l'époque dénommé Large Telescope ou LT) proposé par des astronomes de 10 pays dont la Chine au cours de l'assemblée générale de l'Union radio-scientifique internationale de 1993. Le projet chinois FAST est proposé en 1994. Le projet prévoit la réalisation de ce radiotélescope dans un gouffre karstique de la province de Guizhou[2],[3]. Une conférence internationale qui se tient à Pékin en valide le projet sur le plan scientifique et technologique. Le budget alloué au projet, 700 millions de yuans, est débloqué par la Commission du développement national et de la réforme chinoise en et les travaux débutent sur le site fin 2008. La durée de la construction est estimée, à l'époque, à 5,5 années et la mise en service est planifiée en 2016[4]. La construction débute en [5],[6]. Le chantier s'achève le [7],[8],[5]. Le coût final est de 1,2 milliard de yuans (165 millions d'euros)[8]. Le directeur scientifique du projet est Nan Rendong (en), chercheur aux Observatoires astronomiques nationaux (en) de l'Académie chinoise des sciences.

Son inauguration et sa mise en service ont lieu le [9]. Fin , l'instrument est toujours en phase de test et le reste jusqu'à ce que ses performances atteignent les valeurs prévues. Il devient alors un instrument de recherche national[10]. À l'issue de cette phase, pendant laquelle son usage est réservé aux scientifiques chinois, il s'ouvre à la communauté scientifique internationale en [11].

Site[modifier | modifier le code]

FAST est construit près du village de Dawodang à 170 km par la route de Guiyang, capitale de la province de Guizhou située dans le sud-ouest de la Chine. La région, montagneuse avec une altitude moyenne de 1 000 mètres, est restée longtemps pauvre et mal reliée au reste du pays. Le radiotélescope occupe une cuvette karstique d'un diamètre de 800 mètres dont le sol assure un drainage naturel. Le site a été choisi parce que la géométrie de la vallée est proche de la forme nécessaire pour y installer le réflecteur et devait permettre de réduire le volume des terrassements à un million de m³. Parmi les autres avantages du site figuraient la latitude relativement basse (26° Nord), le climat doux (température moyenne de 15 °C, quelques jours de gel et de neige par an) permettant de limiter les coûts de maintenance, l'absence d'inondations et une sismicité réduite d'après l'historique disponible.

D'autre part, la densité de peuplement réduite des environs limite les interférences radio[12], cependant, environ 9 000 personnes habitant dans un rayon de cinq kilomètres autour du site ont été déplacées en 2016[13]. Les déplacés reçoivent 12 000 yuans (environ 1 650 euros) de dédommagement[14].

L'éloignement du site conjugué à la problématique de l'indépendance des recherches, au manque de radioastronomes qualifiés et aux salaires relativement faibles en Chine conduisent initialement à des difficultés de recrutement, en particulier concernant le poste de directeur chargé du volet scientifique[15],[16].

Le pont de Pingtang, qui supporte l'autoroute reliant Luodian à Pingtang, a été ouvert à la circulation le 30 décembre 2019, ce qui réduit le temps de trajet entre Pingtang et Luodian de plus de deux heures et demie à environ une heure et devrait donc améliorer l'accès au radiotéléscope[17].

Caractéristiques techniques[modifier | modifier le code]

La conception de FAST reprend les principes du radiotélescope d'Arecibo avec un réflecteur fixe de très grande dimension utilisant une cuvette naturelle mais en introduisant trois améliorations majeures :

  • la cuvette permet au réflecteur d'atteindre un diamètre de 500 mètres (contre 300 mètres pour Arecibo) tandis que sa géométrie permet de pointer le radiotélescope à 40° du zénith ;
  • la surface du réflecteur est déformable pour corriger l'aberration de sphéricité ce qui permet d'obtenir une polarisation complète et d'observer une large bande spectrale sans système de réception complexe ;
  • la cabine focale supportant les antennes est positionnée à l'aide de câbles et de servomécanismes et dispose d'un système complémentaire permettant un positionnement très précis.

Réflecteur[modifier | modifier le code]

Schéma montrant le diamètre efficace (300 mètres) du réflecteur, les contours de celui-ci et la position de la cabine focale.

Le réflecteur est formé par 4 450 panneaux triangulaires constitués d'une armature métallique recouverte d'un revêtement en aluminium jouant le rôle de surface réfléchissante. Les panneaux sont fixés à un réseau de câbles se croisant de manière orthogonale et suspendus à un anneau de 500 mètres de diamètre. Les nœuds du réseau de câbles se trouvent aux intersections des panneaux. Ceux ci sont fixés au sommet d'une pièce métallique tenue par ailleurs par 6 câbles du réseau et reliée au sol par un septième câble vertical dont la tension est ajustable. Ce dernier dispositif permet d'adapter la forme du réflecteur. Celui-ci a un diamètre efficace de 300 mètres[18] ,[19]. La superficie du réflecteur atteint environ 196 000 mètres carrés.

Cabine focale[modifier | modifier le code]

Le réflecteur renvoie le rayonnement électromagnétique vers la cabine focale sur laquelle sont fixées les antennes qui collectent le rayonnement électromagnétique. Celle-ci est suspendue au-dessus du réflecteur à l'aide de 6 câbles dont la longueur atteint environ 1 kilomètre. Ceux-ci passent par des poulies situées au sommet de tours métalliques dominant le radiotélescope d'une centaine de mètres et situées à la périphérie de celui-ci et sont ancrés au sol par l'intermédiaire de cabestans qui permettent d'effectuer un premier positionnement. La cabine focale d'un diamètre d'environ 10 mètres comprend une partie articulée qui permet de positionner les antennes avec une précision de 10 millimètres et de modifier l'orientation de celles-ci[20].

Performances[modifier | modifier le code]

FAST est le deuxième plus grand radiotélescope au monde après le RATAN-600 en Russie et le plus grand radiotélescope à un seul appareil, avec une sensibilité égale à environ trois fois celle du radiotélescope d'Arecibo[21]. FAST permet d'observer les fréquences radio comprises entre 70 MHz et 3 GHz. Il est prévu de faire passer la borne supérieure à 8 GHz. Le réflecteur fixe a une ouverture de 500 mètres et un rayon d'environ 300 mètres. Le réflecteur mobile donne une latitude de pointage par rapport au zénith de +/- 40° ce qui permet de suivre l'objet observé durant 4 à 6 heures. La modification du pointage est effectuée en moins de 10 minutes et sa précision est de 8 secondes d'arc. Les autres paramètres sont[22] :

  • Ouverture (f/D) : 0,4665
  • Résolution angulaire : 2,9 minutes d'arcs
  • Sensibilité en bande L : A/T ~ 2 000
  • Température du système : ~ 20 K.

Fin 2019, il enregistre 38 Go/s de données qu'il faut ensuite transformer pour analyse. Ce flux important fait qu'il faut dégrader les données pour les enregistrer et se laisser une chance de les analyser plusieurs fois. Le jeu de données est d'abord réduit à 200 Pétaoctets/an, avant de faire d'autres concessions sur les données et d'obtenir un volume de 12 Pétaoctets/an[23].

Antennes[modifier | modifier le code]

À la date de mise en service du radiotélescope, celui-ci dispose de 9 antennes couvrant la plage de fréquences comprise entre 70 MHz et 3 GHz. Ces équipements ont été construits avec la coopération d'autres pays[24]. Fin 2019, dix-neuf antennes sont en place[23].

Principales caractéristiques des antennes[24]
Identifiant fréquence (MHz) Polarisation Faisceaux Fréquence intermédiaire Gain (dB) Température totale
du système
B01 70-140 Circulaire 1 300-370 71 <100
B02 140-280 Circulaire 1 300-440 72 <80
B03 280-560 Circulaire 1 300-580 73 <40
B04 560-1020 Circulaire 1 70-530 75 <10
B05 320-334 Circulaire 1 70-84 85 <40
B06 550-640 Circulaire 1 300-390 82 <10
B07 1150-1720 Circulaire 1 70-640 78 <10
B08 1230-1530 Rectiligne 19 300-600 80 <10
B09 2000-3000 Circulaire 1 70-1070 75 <10

Objectifs scientifiques[modifier | modifier le code]

Les principaux objectifs scientifiques sont :

Résultats[modifier | modifier le code]

Les deux premières découvertes de FAST sont les deux pulsars PSR J1859-01 et PSR J1931-01[31]. Fin le radiotélescope a découvert plus de 20 pulsars[10].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Di Li, Rendong Nan et Zhichen Pan, « The Five-hundred-meter Aperture Spherical radio Telescope project and its early science opportunities » [PDF], sur articles.adsabs.harvard.edu (consulté le ).
  2. Stéphanie Schmidt, « Le nouveau radiotélescope FAST a effectué sa première découverte ! », sur trustmyscience.com, (consulté le ).
  3. « FAST plus grand radiotélescope sphérique de 500 mètres d'ouverture », sur chineescapade.com (consulté le ).
  4. (zh) « 中国科学院·贵州省共建国家重大科技基础设施500米口径球面射电望远镜(FAST)项目奠基 » [archive du ], Guizhou Daily,‎ (consulté le ).
  5. a et b (en) Darren Quick, « China building world’s biggest radio telescope », gizmag, (consulté le ).
  6. Nan 2011, p. 2-3.
  7. « China puts final touches to world's largest telescope », sur aljazeera.com (consulté le ).
  8. a et b « Fin de la construction du plus grand radiotélescope au monde dans le Sud-Ouest de la Chine », sur Xinhua, (consulté le ).
  9. « Inauguration du plus grand radiotélescope au monde qui va traquer la vie extraterrestre », (consulté le ).
  10. a et b (en) « FAST », sur EO Portal, Agence spatiale européenne (consulté le ).
  11. La Méthode scientifique, chronique « Journal des Sciences », France Culture, 26 septembre 2019
  12. (en) « Five-hundred-meter Aperture Spherical radio Telescope - Site »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur radiotélescope sphérique de cinq cents mètres d'ouverture (consulté le ).
  13. « Chine : près de 10 000 déplacés pour faire place à un télescope spatial géant », sur tahiti-infos.com, (consulté le ).
  14. « La Chine achève la construction du plus grand télescope du monde destiné à chercher la vie extraterrestre », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
  15. (en) Alice Shen, « Hiring scramble for world’s largest telescope in remote China », sur South China Morning Post, (consulté le ).
  16. (en) « Can China become a scientific superpower? - The great experiment », sur The Economist, (consulté le ).
  17. (en) Xiaoxia, « Mega bridge opens to traffic in southwest China - Xinhua | English.news.cn », sur xinhuanet.com, (consulté le ).
  18. (en) « Xinhua Insight: Installation complete on world's largest radio telescope » (consulté le ).
  19. (en) Peng Jiang, Ren-Dong Nan, Lei Qian et You-Ling Yue, « Studying solutions for the fatigue of the FAST cable-net structure caused by the process of changing shape », sur Research in Astronomy and Astrophysics, (consulté le ).
  20. (en) « Five-hundred-meter Aperture Spherical radio Telescope - Feed Cabin suspension System »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur radiotélescope sphérique de cinq cents mètres d'ouverture (consulté le ).
  21. (en) Anil Ananthaswamy, « China starts building world's biggest radio telescope », New Scientist, .
  22. (en) « Five-hundred-meter Aperture Spherical radio Telescope - Large scale neutral hydrogen survey »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur radiotélescope sphérique de cinq cents mètres d'ouverture (consulté le ).
  23. a et b Eric Bottlaender, « Le radio-télescope chinois FAST produit tellement de données qu’il faut les dégrader », (consulté le ).
  24. a et b (en) « Five-hundred-meter Aperture Spherical radio Telescope - Receiver System »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur radiotélescope sphérique de cinq cents mètres d'ouverture (consulté le ).
  25. (en) « Five-hundred-meter Aperture Spherical radio Telescope - Overview »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur radiotélescope sphérique de cinq cents mètres d'ouverture (consulté le ).
  26. (en) « Five-hundred-meter Aperture Spherical radio Telescope - Pulsar Observations »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur radiotélescope sphérique de cinq cents mètres d'ouverture (consulté le ).
  27. (en) « Five-hundred-meter Aperture Spherical radio Telescope - Leading the international very long baseline interferometry (VLBI) network »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur radiotélescope sphérique de cinq cents mètres d'ouverture (consulté le ).
  28. (en) « Five-hundred-meter Aperture Spherical radio Telescope - Detection of interstellar molecules »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur radiotélescope sphérique de cinq cents mètres d'ouverture (consulté le ).
  29. (en) « Five-hundred-meter Aperture Spherical radio Telescope - Detecting interstellar communication signals »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur radiotélescope sphérique de cinq cents mètres d'ouverture (consulté le ).
  30. (en) « National Astronomical Observatories of China, Breakthrough Initiatives Launch Global Collaboration in Search for Intelligent life in the Universe - Astrobiology », sur astrobiology.com (consulté le ).
  31. Brice Louvet, « Le plus grand radiotélescope du monde fait sa première découverte », SciencePost,‎ (lire en ligne).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]