Fascisme

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Benito Mussolini et Adolf Hitler en 1940.

Le fascisme est un système politique autoritaire qui associe populisme, nationalisme[1] et totalitarisme[2] au nom d'un idéal collectif suprême. Mouvement révolutionnaire, il s'oppose frontalement à la démocratie parlementaire et au libéralisme traditionnel, et remet en cause l'individualisme codifié par la pensée philosophique des Lumières[3],[4]. Issu de diverses composantes de la philosophie européenne du XIXe siècle[5], le fascisme a trouvé dans les circonstances économiques et historiques de l'après-première guerre mondiale le contexte qui lui a permis d'accéder au pouvoir, d'abord en Italie dans les années 1920 avec Mussolini, puis sous une variante accentuée, militariste, en Allemagne dans les années 1930 avec le nazisme et Hitler.

« Au sens étroit, le fascisme est une doctrine politique proprement italienne. Au sens large, une tentative européenne, personnalisée par le génie des nations qui ont essayé de le promouvoir. C’est une tentative européenne de refonder l’Ordre d’ancien régime avant la grande cassure de 1789, mais en évitant de reproduire les travers qui ont précipité sa chute. Il s’agissait donc de refonder une société proprement organiciste et de refonder une aristocratie. »

— Joseph Mérel, Fascisme & Monarchie

Le terme fascisme s'applique au sens strict à la période mussolinienne de l'histoire italienne et au sens large à un système politique aux caractéristiques inspirées par l'exemple italien mais qui a pu prendre des aspects différents selon les pays. Des débats existent entre les historiens quant à la qualification de certains régimes (France de Vichy, Espagne franquiste[6]...). La différence entre fascisme et totalitarisme fait l'objet de nombreux débats[7].

Opposé à l'individualisme[8] et repoussant l'idéologie démocratique au nom de la masse incarnée dans un chef providentiel, le fascisme embrigade les groupes sociaux (jeunesse, milices) et justifie la violence d'État menée contre les opposants assimilés à des ennemis intérieurs, l'unité de la nation devant dépasser et résoudre les antagonismes des classes sociales dans un parti unique. Dans le domaine économique, l'état conduit une politique dirigiste mais maintient le système économique et les activités professionnelles[9].

En même temps, le fascisme rejette la notion d'égalité au nom d'un ordre hiérarchique naturel : il définit un « homme nouveau », un idéal de pureté nationale et raciale qui nourrit en particulier l'antisémitisme, l'homophobie, l'exclusion des personnes atteintes d'un handicap et exalte les corps régénérés ainsi que les vertus de la terre, du sang et de la tradition, tout comme il affirme une hiérarchie entre les peuples forts et les peuples faibles qui doivent être soumis. De façon générale, le fascisme exalte la force et s’appuie sur les valeurs traditionnelles de la masculinité, reléguant les femmes dans leur rôle maternel. Il célèbre dans cet esprit les vertus guerrières en développant une esthétique héroïque et grandiose[10].

Révélateur d'une crise de la modernité et luttant contre le sentiment de décadence de la civilisation, le fascisme s'appuie aussi sur la mystique romantique du passé et sur l'émotion collective qu'il met en scène dans la théâtralité dynamique d'une religion civile (culte du chef, uniformes, rassemblements, propagande) et suscite ainsi une fascination idéologique et esthétique avérée[11].

Dans son acception la plus large, le terme est employé pour disqualifier l'ennemi politique, par exemple par les Soviétiques durant la guerre froide ou par certains partis politiques dans les démocraties libérales. Par ailleurs, le fascisme est encore revendiqué par certaines mouvances d'extrême droite (les néofascistes) comme le parti italien CasaPound dont les membres aiment se faire appeler « Fascistes du troisième millénaire »[12]

Prononciation et étymologie

Le mot fascisme est prononcé [fa.ʃism], calque de la prononciation italienne [faˈʃizmo] ; ou plus rarement [fa.sism][13],[14],[15].

Le mot (en italien fascismo) vient de l'italien « fascio » (« faisceau »), faisant référence au fasces lictoriae[16], emblème de l'autorité initié sous la République romaine, qui fut ensuite repris notamment sous la Révolution française, puis vers 1919, par les milices squadristes de Benito Mussolini, qui avaient initialement groupé des anciens combattants de la Première Guerre mondiale, déçus et épris d'ordre.

Idéologie

L'emblème du parti national fasciste comprenant un faisceau de licteur.

Au sens le plus strict, il désigne donc le régime de Benito Mussolini. Si historiquement le nazisme apparaît proche du fascisme, bien d'autres régimes politiques ont été qualifiés, à tort ou à raison, de fascistes par leurs opposants, comme l'Égypte nassérienne, le régime des Talibans, le stalinisme, le péronisme, etc. Dans le débat politique contemporain, les adhérents à certaines idéologies politiques tendent à associer le fascisme avec leurs ennemis, ou le définissent comme étant l'opposé de leurs propres visions politiques.

En son sens large, le fascisme se définit comme une réaction aux valeurs de l'humanisme démocratique du siècle des Lumières. Issu des frustrations engendrées par ce nouveau modèle de société, le fascisme rejette les droits de l'homme, le communisme, l'anarchisme, les libertés individuelles et le libéralisme.

« Le fait est que le XIXe siècle était le siècle du socialisme, du libéralisme, de la démocratie, ceci ne signifie pas que le XXe siècle doit aussi être le siècle du socialisme, du libéralisme, de la démocratie. Les doctrines politiques passent ; les nations restent. Nous sommes libres de croire que ceci est le siècle de l'autorité, un siècle tendant vers la « droite », un siècle fasciste. Si le XIXe siècle était le siècle de l'individualisme (le libéralisme implique l'individualisme), nous sommes libres de croire que ceci est le siècle « collectif », et ainsi le siècle de l'État. »

— Benito Mussolini, La Doctrine politique et sociale du fascisme (1933)[réf. souhaitée].

Lors d'un discours du 2 avril 1924, Benito Mussolini reprend une citation du philosophe Friedrich Nietzsche : « vivre dangereusement », citation qui doit être la règle pour le fascisme, sa définition ; Mussolini déclare ainsi :

« Vivre dangereusement : je voudrais que ce fût là le mot d'ordre du fascisme italien. Vivre dangereusement, cela veut dire être prêt à tout, à quelque sacrifice, à quelque danger possible, à quelque action que ce soit, quand il s'agit de défendre sa patrie. La vie telle que le conçoit le fasciste est grave, austère et religieuse : elle est vécue tout entière dans un monde porté par les forces responsables et morales de l'esprit. Le fasciste doit mépriser la vie commode. Son credo est l'héroïsme tandis que celui du bourgeois est l'égoïsme. Le fascisme est enfin une conception religieuse qui considère l'Homme dans son rapport sublime avec une loi et une volonté qui dépasse l'individu. Pour le fascisme, le monde n'est pas ce monde matériel qui apparaît à la surface, où l'homme est un individu isolé de tous les autres, existant en soi, et gouverné par une loi qui le mène à ne vivre qu'une vie de plaisir égoïste et momentanée. Le fascisme est né d'une réaction contre le siècle présent et contre le matérialisme dégénéré et agnostique[17]. »

Le fascisme souhaite être pragmatique avant tout, c'est ce qu'explique Mussolini dans son quotidien Il Popolo d'Italia le 23 mars 1919 : « Nous nous permettons le luxe d'être aristocrates et démocrates, conservateurs et progressistes, réactionnaires et révolutionnaires, légalistes et illégalistes, selon les circonstances, le lieu, le cadre dans lequel nous sommes contraints de vivre et d'agir »[18]

Origine

Les origines du fascisme font l'objet d'un débat parfois âpre parmi les historiens. Pour Zeev Sternhell et ses partisans, l'idéologie fasciste a principalement été forgée en France, entre les années 1880 et 1914, par conjonction entre une radicalisation antidémocratique de certains mouvements d'extrême gauche (notamment le syndicalisme révolutionnaire) avec une nouvelle droite nationaliste, formant la « droite révolutionnaire », dont est issue le fascisme[19]. Pour des auteurs comme Pierre Milza, la Première Guerre mondiale est tout à fait essentielle dans la formation de l'idéologie fasciste, bien qu'il ait nuancé son point de vue en reconnaissant que Sternhell avait partiellement raison en soulignant la parenté entre certains idéologues français d'avant 1914 et les théoriciens du fascisme. Pour Robert Paxton, le Ku Klux Klan (KKK) constitue la première forme de mouvement fasciste, ou protofasciste[20], et il rejoint en partie Sternhell sur les origines françaises de l'idéologie.

Un groupe de Piccole Italiane, organisation fasciste pour la jeunesse féminine.

Pour l'historien américain, le fascisme se développe selon cinq phases :

  1. Des penseurs politiques dissidents, extrémistes de droite méprisant la modération des conservateurs, et anciens extrémistes de gauche reniant la démocratie, forment une critique commune du libéralisme politique, au nom d'une synthèse nationale et sociale. L'idéologie se forme ainsi dans des pays de vieille tradition démocratique, comme la France, et, paradoxalement, un pays où naît l'idéologie fasciste a peu de chance de voir arriver rapidement un parti fasciste au pouvoir.
  2. Ces mouvements, jusque-là marginaux, prennent de l'importance, car ils apparaissent, aux yeux des grands industriels et des grands propriétaires terriens, comme le seul moyen de rétablir l'ordre, notamment contre l'agitation communiste. À ce moment, le fascisme abandonne ses revendications sociales avancées pour un libéralisme économique strict.
  3. Le parti fasciste accède au pouvoir.
  4. Le pouvoir fasciste se consolide.
  5. La phase de radicalisation n'a été pleinement accomplie que par le nazisme, avec la Shoah et la création d'espaces où l'État protecteur disparaît absolument : les camps de concentration, et plus encore les camps d'extermination[20]

Son modèle social est davantage centré sur la nation que sur les individus qui la composent. Il cherche à créer un groupe uni et solidaire, qui ait une identité forte. Pour cela, il faut que cette collectivité partage une histoire et un destin communs et qu'elle se construise sur la volonté de perpétuer son ciment culturel. Il est donc primordial pour les fascistes de préserver l'homogénéité (ethnique, religieuse ou de classe) de cette collectivité nationale.

Totalitarisme

Le fascisme se définit lui-même comme « totalitaire », et peut se résumer par une formule de Mussolini : « Tout dans l'État, rien hors de l'État, rien contre l'État[21],[22] ! ». Mussolini expliqua que « pour le fasciste, tout est dans l’État, et rien d’humain ni de spirituel n’existe et a fortiori n’a de valeur, en dehors de l’État. En ce sens, le fascisme est totalitaire, et l’État fasciste, synthèse et unité de toute valeur, interprète, développe et domine toute la vie du peuple »[23]. Toutefois, il précisa : « qu'on ne pense pas que l'Etat, tel que nous le concevons et le voulons, prenne le citoyen par la main comme le père prend celle de son jeune fils pour le guider »[24]. De plus, Julius Evola expliqua que « lorsque le fascisme présenta un caractère totalitaire, on doit donc penser à une déviation par rapport à son exigence la plus profonde et la plus valable »[24]. En outre, pour Hannah Arendt, connue pour ses travaux sur le totalitarisme, le fascisme italien ne fut pas un régime totalitaire[25].

Excluant tout contre-pouvoir, le fascisme italien est un système qui se veut totalitaire. Il s'est appuyé sur des groupes de choc, les Chemises noires, qui ont été complètement militarisées après la prise du pouvoir. À la différence d'autres totalitarismes, le fascisme a cherché cependant à obtenir l'adhésion populaire plutôt que de recourir à des méthodes coercitives. Utilisant des techniques comme la démagogie et le populisme, il lui est arrivé d'obtenir un fort soutien populaire et même de maintenir certaines formes démocratiques, comme le suffrage universel (pendant deux années). Tout comme Hitler, Mussolini a été « invité » au pouvoir par l'assentiment des autorités de l'époque avec la célèbre Marche sur Rome.

Il s'agit pour cela de mobiliser des valeurs comme le patriotisme, les idéaux de « rénovation » nationale et de pureté. Croire, obéir, combattre deviennent des valeurs, analyser et critiquer de l'insubordination. Il est donc nécessaire de faire naître un sentiment d'urgence, de désigner un ennemi commun cherchant à détruire le collectif et contre lequel le groupe tout entier doit se mobiliser.

Cette mobilisation permet de réprimer sévèrement toute contestation sans perdre la caution populaire. Il suffit de désigner l'homme à abattre comme « ennemi », « traître », « sous-homme ». Mais le fascisme italien n'a pas pratiqué les massacres de masse de type hitlérien, même s'il n'a pas hésité à faire exécuter des opposants politiques, y compris exilés (Carlo et Nello Rosselli) et à les reléguer (îles Lipari notamment).

Rapports avec la Révolution française

« Nous représentons un principe nouveau dans le monde, nous représentons l’antithèse nette, catégorique, définitive de la démocratie, de la ploutocratie, de la maçonnerie, en un mot, de tout le monde des immortels principes de 1789 »[26]

— Benito Mussolini, La Doctrine du fascisme

L'historien italien Renzo de Felice et l'historien français Frédéric Le Moal renvoient pour leur part le fascisme « à sa nature révolutionnaire et à son lien avec la Révolution française » dans sa période jacobine[27], ce qui n'est pas le cas d'autres historiens comme Johann Chapoutot, lequel pense que le projet politique nazi est un projet contre-révolutionnaire voulant détruire l'héritage de la Révolution française[28]. Ralph Schor observe également que cette thèse « semble contredite par bien d’autres aspects du régime comme l’exaltation des traditions et de la Rome antique, la défense de l’ordre moral, de la société patriarcale, du monde rural et de ses valeurs, le maintien du pouvoir représenté par le capital, les mesures prises pour supprimer la lutte des classes, la relative liberté laissée aux intellectuels et aux artistes », ce qui conduit ce dernier auteur à considérer que Le Moal « finit par quasiment nier la complexité du mouvement qu’il étudie et par minorer ou oublier les emprunts faits par le fascisme aux droites »[29]

La notion de hiérarchie

Un autre point caractéristique du fascisme est la prégnance de la hiérarchie sociale : le groupe doit être mené par un chef, surnommé en Italie le Duce (« le Guide »), dont l'autorité ne saurait être remise en question. C'est au cours de sa période socialiste que Mussolini fut qualifié pour la première fois de Duce, selon un terme en usage dans la gauche italienne[30]. Avec le fascisme, l'emploi du terme est systématisé et le Duce devient le conducteur de la révolution fasciste. Néanmoins, ce n'est qu'après le congrès de Vérone de novembre 1921 qui permit la transformation du mouvement en parti que Mussolini fut reconnu comme Duce du fascisme, même si ce titre n'impliquait pas l'autorité dictatoriale qu'obtint cette même année Hitler au sein du parti national-socialiste[30]. En effet, avant ce congrès, Mussolini dut faire face à une révolte des principaux chefs squadristes contre sa prétention à être reconnu comme fondateur et Duce du fascisme.

Fascisme et racisme

Le fascisme, à la différence du nazisme, n'était pas raciste à l'origine. Il adopte un discours ouvertement raciste à partir de 1935 (la conquête de l'Éthiopie est justifiée par l'infériorité raciale des Éthiopiens), et légifère en ce sens à partir de 1937 (interdiction du concubinage et du mariage entre colons et Africains), en se radicalisant de plus en plus. « Il est temps que les Italiens se proclament franchement racistes. Toute l'œuvre que jusqu'à présent a fait le régime en Italie est au fond le racisme. Dans les discours du Chef, la référence aux concepts de la race a toujours été très fréquente. La question du racisme en Italie doit être traitée d'un point de vue purement biologique sans intentions philosophiques ou religieuses. ». Extrait de « La difesa della razza » (La difesa della razza), dirigée par Telesio Interlandi, année I, numéro 1, 5 août 1938, page 2 (In Dossier Cliotexte sur le Fascisme italien).

Ce racisme devient ouvertement antisémite à partir de 1938 (Lois raciales fascistes), dans un contexte d'alliance avec l'Allemagne de Hitler. Encore ces lois d'exclusion étaient-elles moins dures et comportaient-elles beaucoup plus de dérogations que les lois antisémites de Hitler et de Pétain.

Toutefois il faut noter qu'à une période où l'on ne peut certainement pas supposer des influences hitlériennes, c'est-à-dire en avril 1921, lors d'un discours prononcé à Bologne, Benito Mussolini mit la naissance du fascisme en relation avec « un profond et constant besoin de notre race aryenne et méditerranéenne qui, à un moment donné, s'est sentie menacée dans les fondements mêmes de son existence »[31]. De plus, dans le programme du Parti national fasciste du 27 décembre 1921, la nation est comparée à la race : « La nation n’est pas la simple somme des individus vivants ni l’instrument des fins des partis, mais un organisme comprenant la série indéfinie des générations dont les individus sont des éléments passagers ; c’est la synthèse suprême de toutes les valeurs matérielles et spirituelles de la race... »[32],[33],[34]. L'affirmation selon laquelle « c'est avec la race qu'on fait l'histoire » est de la même année, la phrase suivante de 1927 : « il faut veiller sérieusement sur le destin de la race ; il faut prendre soin de la race »[31]. En 1938, durant le congrès général du parti fasciste, Mussolini rappela ces antécédents précis pour repousser l'accusation selon laquelle le fascisme singeait simplement les allemands, ajoutant même que toutes les fois où il avait parlé de lignée il avait voulu « se référer à la race »[31].

Il faut également différencier le racisme biologique du nazisme avec le racisme italien. Mussolini lut l'ouvrage Synthèse d'une doctrine de la race de Julius Evola, et a approuvé les thèses du philosophe traditionaliste italien de manière inconditionnelle et voulut prendre en s'appuyant sur elles des initiatives, qui n'ont pas pu être réalisées[35]. Evola voulut donner à l'Italie fasciste une doctrine raciale s'inspirant des enseignements traditionnels et non des « aberrations du scientisme moderne »[35]. Il tente de définir une conception « traditionnelle » de la race[36], défendant une approche « spirituelle » de celle-ci[37] et créant le concept de « race de l’esprit » qui innove par rapport aux théories biologistes raciologiques issues du XIXe siècle en proposant une doctrine raciste psychologisante[38]

Origines du fascisme italien

Filippo Tommaso Marinetti, artiste futuriste auteur du Manifeste du futurisme et coauteur du Manifeste fasciste (1919).

Le fascisme est d'abord le nom que le mouvement et le régime de Mussolini se sont donné. Le terme provient de la fondation après la Première Guerre mondiale, par Mussolini, du mouvement « Fasci italiani di combattimento » (« faisceaux italiens de combat »), à l'origine des termes « fasciste » et « fascisme ». Le mot fasci lui-même est une référence à la Rome antique (les magistrats romains étaient précédés d'un certain nombre de gardes, les licteurs, chargés de ces faisceaux, symboles d'autorité, de violence de la loi[39]) et aux fasci, mouvements et sociétés secrètes des années 1890, composés de paysans révolutionnaires italiens[40].

Il naît en tant que mouvement décentralisé en mars 1919, sur les frustrations d'une « victoire mutilée », thème agité par les nationalistes en raison de la tournure des négociations lors du Congrès de Versailles, concernant le sort des terres irrédentes de Dalmatie, d'Istrie, de Fiume/Rijeka, mais aussi en réaction au communisme en pleine expansion. Le fascisme est alors le mouvement exalté, le mouvement d'un pays qui tente de retrouver une puissance perdue, un empire perdu, un honneur perdu. Le nationalisme, soutenu par la plupart des artistes de l'époque (Gabriele D'Annunzio, les futuristes italiens, tels Filippo Tommaso Marinetti) devient le fer de lance du fascisme. Le populisme de Benito Mussolini et la passivité (due à la pacification des milices des fascios, soutenues par les classes dirigeantes et Ivanoe Bonomi, le ministre de la Guerre de Giovanni Giolitti de 1920 à 1921[41]), vont permettre à la dictature de s'installer doucement, de la Marche sur Rome du à l'assassinat de Giacomo Matteotti le qui va déboucher sur la déclaration de la dictature et la promulgation des lois fascistissimes en 1926.

À l'origine, sans réelle idéologie, le fascisme est influencé par les lectures de Mussolini et des opinions politiques de son père[42]. Ainsi intègre-t-il une version remaniée de concepts tels que l'obéissance entière à l'État d'Hegel, le darwinisme social de Joseph Arthur de Gobineau, la vénération du héros de Friedrich Nietzsche et la violence de Georges Sorel[42].

Frustrations de la guerre

Benito Mussolini en 1917, pendant la guerre.

En 1914, le royaume d'Italie, membre de la Triple-Alliance aux côtés des empires allemand et autrichien, reste d'abord hors de la guerre. Le peuple italien, qui vient de vivre de dures luttes sociales, est pacifiste dans son immense majorité. Benito Mussolini, réputé très radical, est le rédacteur en chef d’Avanti!, le quotidien du Parti socialiste italien.

Lorsque la guerre s'étend à l'Europe, il engage soudain son journal pour l'entrée en guerre aux côtés de la France. Exclu du parti socialiste, entraînant une partie de la fraction anarcho-syndicaliste qui voit dans le conflit le point de départ d'une révolution mondiale[43], il fonde le Popolo d'Italia, avec des subsides des services secrets français et du patronat italien. Le Popolo d'Italia milite pour une guerre rédemptrice qui doit régénérer l'Italie. En 1915, après avoir signé le Pacte de Londres avec la France et le Royaume-Uni, l'Italie déclare la guerre à l'Autriche. Mais le front des Alpes est difficilement tenable, et Venise est menacée (défaite de Caporetto, 1917). Cependant, au prix de souffrances inouïes, l'armée italienne remporte la victoire de Vittorio Veneto, qui précipite la défaite et l'éclatement de l'Autriche-Hongrie en octobre 1918.

La ville de Fiume (auj. Rijeka) célèbre Gabriele D'Annunzio en 1920.

Aux traités de 1919-1920, l'Italie repousse sa frontière jusqu'aux Alpes du Tyrol, mais la côte dalmate, qu'elle considère comme italienne, est donnée à la Serbie pour former un nouvel État, la Yougoslavie. L'opinion italienne est déçue : « tous ces sacrifices pour rien » ; c'est la thématique de la « victoire mutilée ». À la tête de volontaires armés de toutes tendances politiques, le poète Gabriele D'Annunzio occupe Fiume (Rijeka) et y règne plus d'un an. Il y invente un folklore que les fascistes copieront (par exemple le cri de ralliement « Eia, Eia Alala ! ») en même temps qu'un certain romantisme utilisé par le futur régime. Dans ce sens, d'Annunzio est un précurseur du fascisme.

Conflits sociaux d'après-guerre

En 1920, l'agitation sociale monte d'un cran : les ouvriers occupent les usines et forment des conseils ouvriers afin de gérer par eux-mêmes les usines et la distribution. Le 21 janvier 1921, le Parti communiste d'Italie est fondé. Mais les organisations ouvrières et les syndicats sont attaqués par des « cogneurs » payés par certains patrons, et le pouvoir en place reste complaisant face à cette milice qui combat des « organisations subversives ». Les squadristes, après s'être ligués sous la direction de Mussolini forment eux aussi un parti, le Parti national fasciste, en novembre 1921. Le mouvement ouvrier italien sera décapité en 1922 malgré la résistance du mouvement des Arditi del Popolo telle qu'à Parme, les partis socialiste et communiste n'ayant pas pris la direction des mouvements insurrectionnels.

L'équipement fasciste comporte une chemise noire (issue de la tenue des troupes de choc de l'armée italienne créées en 1917 : les Arditi), divers types de matraques, dont un gourdin appelé manganello, et un purgatif puissant, l'huile de ricin, qu'ils font avaler de force à certains de leurs adversaires. Bientôt, les fascistes tiennent le haut du pavé et Mussolini les groupe en un parti, avec une idéologie musclée, qui profite de l'échec de la gauche et de la peur de la droite.

Politique et société du régime fasciste italien

Mussolini lors de la marche sur Rome, avec ses quadrumviri Emilio De Bono, Italo Balbo et Cesare Maria De Vecchi.

En 1922, le parti national fasciste a 35 députés au Parlement, élus en 1921 sous l'étiquette de Blocs nationaux (en), et plus de 700 000 membres.

Après avoir chassé les organisations de gauche des villes du nord de la péninsule, les milices fascistes menacent de lancer une marche sur Rome. À peine celle-ci débute-t-elle que le roi Victor-Emmanuel III nomme Mussolini président du conseil. Mussolini respecte d'abord le jeu démocratique, en étant à la tête d'une large coalition allant jusqu'au centre droit. Mais en mai 1924, le chef de file du parti socialiste italien, Giacomo Matteotti, par ailleurs député, dénonce les élections législatives, remportées avec succès par le parti fasciste en partie à la suite d'une modification des modalités de scrutin, et réclame leur annulation : il est assassiné le 10 juin, assassinat qui est revendiqué par Mussolini dans un discours devant le Parlement le 3 janvier 1925. Pour couper court à toute agitation, Mussolini instaure un régime d'exception : les lois fascistissimes (1926) ; les autres partis politiques sont interdits, leurs députés sont déchus, la presse est censurée, une police secrète, l'OVRA (organisation de vigilance et répression de l'antifascisme), est instaurée ainsi qu'un fichier de suspects politiques et un « Tribunal spécial ».

Vers 1929, la dictature du parti fasciste imbibe toute la société (seule la vie culturelle reste relativement libre, à condition de ne pas critiquer le régime). Des milliers de démocrates s'exilent pour échapper à la prison ou à la déportation sur des îles. Le pape Pie XI signe les accords du Latran avec l'État fasciste italien qui lui concède l'existence de l'État du Vatican.

L'idéologie fasciste est fondée sur :

  • Le nationalisme et l'impérialisme, restaurer l'Empire romain : le régime construit des stades avec portiques, des statues colossales, avec des faisceaux partout. L'Italie, outre sa colonie (la Libye italienne), doit contrôler la Méditerranée : elle revendique la Corse, l'Albanie, la Dalmatie, la Savoie, Nice, fait la guerre en Espagne, en Grèce, en Égypte etc. ;
  • Le culte du chef : Mussolini est Duce (« guide »). Son image monopolise l'attention des Italiens, dans des postures qui le montrent soit soucieux du peuple, soit très courageux : en train de moissonner, de parader, de rejoindre des lions en cage, etc. Quelques slogans : Credere, obbedire, combattere (« Croire, obéir, combattre » ; pour les fascistes, l'homme ne doit pas trop réfléchir, il ne se réalise que par la guerre), Il Duce ha sempre ragione (« Le Duce a toujours raison ») ;
  • L'encadrement de la population ;
  • Le haut centralisme de l'État : le parlement n'a qu'un rôle mineur après 1928, puisque choisi par le Grand Conseil du fascisme, véritable pouvoir ;
  • L'embrigadement des masses : dès la maternelle, les Balilla (ou Fils de la louve) défilent en uniforme noir, saluent à la romaine, assistent aux manifestations du régime, s'entraînent avec des fusils de bois. La force, la violence sont exaltées. Les syndicats sont remplacés par des corporations contrôlées par l'état et le patronat. Le droit de grève est aboli ;
  • La propagande : les emblèmes et slogans fascistes, les chansons de marche, les monuments en béton néo-romains fleurissent partout. Le régime fasciste exalte ses grands travaux : le drainage des marais pontins, les premières autoroutes. On instaure même une ère fasciste (l'An I = 1922).

Économie du régime fasciste italien

Faisceau sur la façade de la gare centrale de Milan. La date « AN IX » (du calendrier fasciste) correspond à la période du 29 octobre 1930 au 28 octobre 1931. (Photo prise en 2006.)

Les fascistes définissent leur conception économique comme une « troisième voie » entre capitalisme et marxisme. Leur politique se traduit par une extension considérable du contrôle gouvernemental de l'économie sans toutefois d'expropriation massive de la propriété des moyens de production. Le gouvernement nationalise les industries clés, contrôle les changes et fait investir massivement l'État. Il essaie entre autres de créer des corporations puissantes qui regroupent plusieurs entreprises d'un même secteur, le tout supervisé par l'État. Les fascistes instituent le contrôle des prix, le contrôle des salaires et autres mesures de planisme économique, ils instituent une affectation des ressources dominée par la régulation étatique, spécialement dans les secteurs financiers et des matières premières. L'économie est mise au service de l'État[44].

Le refus du capitalisme et du marxisme se traduit par une politique économique d'abord fluctuante. Le premier né des régimes fascistes aura à affronter le problème du déficit alimentaire global du pays, autant qu'une immense population de paysans sans terres, dans une Italie encore majoritairement rurale. Les thèmes du discours de Mussolini sur la question agricole deviendront des exemples classiques pour les dirigeants autoritaires ouest-européens de la période 1930-1960 : ils consistent d'abord à glorifier la terre et le travail qu'elle requiert. Puis à promettre des améliorations significatives des conditions de vie des paysans et enfin de développer de coûteuses mesures destinées à contrebalancer les importations alimentaires. La réalité ne correspondit jamais complètement aux envolées lyriques des fascistes sur ce sujet.

Le discours mussolinien ne s'embarrasse pas de finesse : les paysans y sont décrits comme une « population robuste et saine », « source d'équilibre » pour l'État et enfin « fleuve de sang nouveau ». Les premières mesures publicisées entre 1923 et 1933 sont les suivantes : intensification du programme existant de colonisation intérieure par de grands travaux de drainages des zones humides, d'enrichissement mécanique des sols et d'apports massifs d'intrants agricoles, d'irrigation, d'électrification et de percement de routes rurales destinées à désenclaver les anciens centres de production. L'ensemble des mesures est détaillé dans la Bonifica Integrale et adopté par les lois et décrets du 30 décembre 1923, du 18 mai 1924, du 24 décembre 1928 et du 13 février 1933. Entre « bataille du blé » et assèchement des marais pontins promus par une abondante campagne cinématographique, les efforts fascistes aboutissent de facto à une auto-suffisance céréalière au début des années 1930.

L'effort de la Bonifica Integrale aura coûté 6 milliards 200 millions de lires entre 1923 et 1934, soit plus que le total de 1 milliard 800 millions dépensés jusque là par le jeune État italien : Il s'agit d'un effort considérable pour les finances publiques, sachant que les coûts sont supportés de 75 à 92 % par l'État, le reste incombant aux propriétaires. Ceux-ci sont expulsés s'ils ne peuvent s'acquitter de leur part : les plus petits pour l'essentiel. Habituellement, les terres nouvelles créées par ces efforts sont concédées en parcelles de tailles moyennes. Dans l'exemple des Marais Pontins, les 45 000 hectares de terres insalubres depuis la plus haute Antiquité sont lotis par parcelles de 10 à 30 hectares.

La Bataille du blé lancée en pleine session de nuit le 25 juin 1925, sur le registre mélodramatique, par Benito Mussolini lui-même, va par le biais de concours de productivité, de compétitions quantitatives, occuper le devant de la scène médiatique italienne durant dix étés. Elle est aussi l'opportunité pour les petits paysans de livrer leurs récoltes à des organisations coopératives et à un prix avantageux fixé par l'État. Les grands propriétaires du Sud bénéficient quant à eux d'un appareil de subventions à l'exportation de leurs productions extensives, oléagineuses ou viticoles.

En revanche, la condition des paysans sans terre s'améliore moins nettement : leur salaire journalier fixé réglementairement ne s'élève qu'à 7,5 lires/jour, pas les 8 lires promises par le Duce. Les syndicats de Braccianti sont remplacés par des syndicats fascistes. La loi sur l'assurance chômage du 30 décembre 1923 les exclut du système. Le premier décret agraire et fasciste, du 11 janvier 1923, les avait déjà privés de la protection du décret Visochi, lequel avait sanctionné positivement les occupations des terres inemployées des latifundiaires durant l'immédiat après-guerre. Ces domaines cultivés souvent collectivement retournent donc à leurs anciens propriétaires. Par ailleurs, la loi du 8 juin 1924 annulera les droits d'usage collectif des biens communaux établis sur les anciens domaines féodaux, rendant ceux-ci aux anciens seigneurs.

Les dirigeants de la Confédération Fasciste de l'Agriculture ne se recrutent pas chez les Braccianti. Ils autorisent ainsi le retour au paiement du salaire en nature. La proposition mussolinienne de partage des revenus des récoltes entre plusieurs métayers, la « comparticipation », remporte un vif succès là où elle est mise en œuvre, puisque les « journaliers sans terre » reçoivent 30 % des produits de l'exploitation. En échange, les agrariens peuvent toujours licencier leurs journaliers sans préavis ni indemnités. Les dirigeants de la Confédération réduisent progressivement la part des métayers de 70 à 50 % avant 1929. Les agrariens sont dans ce secteur également bénéficiaires de la politique fasciste. Cette dégradation de la condition de vie des plus modestes paysans italiens n'est pas surprenante, puisqu'historiquement les bandes fascistes primitives servaient aussi de milices aux grands latifundiaires, durant les désordres de l'après guerre: Brisant les piquets de grève, incendiant les locaux syndicaux et nettoyant les domaines occupés de leurs occupants sans titres de propriété. Dans la mesure où les principaux soutiens du fascisme naissant sont ces latifundiaires, on conçoit qu'ils aient été les principaux bénéficiaires des politiques agricoles du fascisme.

Programme fasciste révolutionnaire de 1919

Les faisceaux de combat apparaissent en réaction aux troubles sociaux, notamment ceux de Milan. Le programme révolutionnaire du mouvement en 1919 est d'inspiration nationaliste et socialiste dans un mélange particulièrement progressiste et confus.

La défaite aux élections de 1919 amène les groupements les plus à gauche à se retirer des fascios. Avec l'évolution du mouvement, nombre des idées du programme seront rejetées.

Dans un climat social difficile (grèves et agitations) qui fait craindre à la démocratie libérale un soulèvement social révolutionnaire comme en Russie (Révolution d'Octobre), en Allemagne (Révolution allemande), et d'autres pays dans lequel des troubles révolutionnaires existent, Mussolini annonce en 1921, avant son accession au pouvoir, son soutien au libéralisme et au capitalisme :

« Je suis un libéral. La nouvelle réalité de demain, répétons-le, sera capitaliste. La vraie histoire du capitalisme ne commence que maintenant. Le socialisme n'a plus une chance de s'imposer. […] Il faut abolir l'État collectiviste, tel que la guerre nous l'a transmis, par la nécessité des choses, et revenir à l'État manchestérien » (Mussolini au Parlement le 21 juin 1921).

Rocca et Corsini établiront, par la suite, un programme pour le PNF favorable au libéralisme économique « manchestérien ».

Phase libérale de la politique de Mussolini (1921-1925)

Arrivé au pouvoir, allié à une vaste coalition, le gouvernement de Mussolini, sous l'impulsion du libéral Alberto De Stefani (en), qui succède aux libéraux, poursuit la politique économique libérale du précédent gouvernement : « Nous voulons dépouiller l'État de tous ses attributs économiques : assez de l'État cheminot, de l'État postier, de l'État assureur » (Benito Mussolini, 1922[45]).

Le tournant s'opère dans la deuxième moitié des années 1920 : Alberto De Stefani démissionne en 1925[46], promulgation des lois fascistissimes en 1926, vote des lois sur le corporatisme en 1927, et en 1929 crise économique mondiale[45].

Corporatisme fasciste, mis en place à partir de 1925

La doctrine du fascisme, B. Mussolini, 1938, trad. Ch. Belin

Les fascistes monopolisent petit à petit le pouvoir. Après l'assassinat de Giacomo Matteotti le 10 juin 1924, ils établissent une dictature, les lois fascistissimes sont promulguées en 1926 et Mussolini donne au fascisme la célèbre formule : « Tout dans l'État, rien hors de l'État et rien contre l'État » ; il désavoue et attaque (dans le sillage de la Confindustria[réf. nécessaire]), à la suite d'une crise économique, le libéralisme économique :

« Le fascisme est absolument opposé aux doctrines du libéralisme, à la fois dans la sphère politique et dans la sphère économique. […] L'État fasciste veut gouverner dans le domaine économique pas moins que dans les autres ; cela fait que son action, ressentie à travers le pays de long en large par le moyen de ses institutions corporatives, sociales et éducatives, et de toutes les forces de la nation, politiques, économiques et spirituelles, organisées dans leurs associations respectives, circule au sein de l'État. »

— Benito Mussolini, La Doctrine du fascisme (1935).

Mussolini mène alors une politique dirigiste : grands travaux, protectionnisme, stimulation de la consommation, constitution de monopoles, encadrement et restriction des droits des ouvriers, bataille du blé.

Le corporatisme est institué : système de guildes qui encadre les relations patrons/ouvriers et salariés afin qu'ils planifient l'économie dans l'intérêt général, ministère des Corporations, Conseil national des Corporations, Chambre des Faisceaux et Corporations.

Au premier abord, ce corporatisme fait songer à la doctrine de l’Action française, à la théorie des corps intermédiaires ; aussi la doctrine de Mussolini était-elle mentionnée avec éloges par toute une fraction de la droite française qui ne dissimulait pas son hostilité à l’Allemagne hitlérienne. En fait le corporatisme fasciste ne ressemblait que superficiellement au corporatisme de l’Action française, qui était essentiellement un moyen de contrebalancer l’influence de l’État. Les corporations italiennes, au contraire, sont au service de l’État. Comme dit Gaëtan Pirou, « il s’agit beaucoup moins d’un système auto-organisateur des intérêts économiques que d’une ingénieuse présentation derrière laquelle s’aperçoit le pouvoir politique, qui exerce sa dictature sur l’économie comme sur la pensée ». Il s’agit moins d’un corporatisme analogue à celui de l’Ancien Régime que d’une théorie de l’État corporatif. Les institutions corporatives ne font qu’attester la domestication des intérêts économiques. Le mot de corporation, pour Mussolini, doit être pris dans son sens étymologique de « constitution en corps », cette constitution en corps qui est la fonction essentielle de l’État, celle qui assure son unité et sa vie.

Le palais de la civilisation italienne dans le quartier de l'EUR à Rome, exemple d'architecture fasciste des années 1930.

Le 2 octobre 1925, le Pacte (du palais) Vidoni, signé entre la Confindustria et les représentants du régime fasciste abolit les unions catholiques, socialistes dont la CGIL ou indépendantes, les remplaçant par celles contrôlées par le fascisme[47]. La Confindustria et la Confédération des Corporations fascistes se proclament représentants exclusifs des industriels et le monopole syndical fasciste est approuvé, un tel pacte comprend deux autres demandes, la limitation du droit de grève (qui sera supprimé le 3 avril 1926), et l'auto-fascisation de la Confindustria[48].

Le régime reçoit son appui des grands industriels, des petits capitalistes, des classes moyennes, des petits fonctionnaires, mais aussi des paysans et des ouvriers les plus pauvres (lumpenprolétariat dans la théorie marxiste).

Dans les années 1930, l'Italie récupère de la Grande Dépression et connaît une croissance économique. Mais elle est contrariée par les sanctions internationales suivant l'invasion de l'Éthiopie en octobre 1935, par le support militaire coûteux aux nationalistes espagnols et in fine par l'échec de la politique d'autarcie.

République de Salò (1943-1945)

À côté d'une politique totalitaire sanglante et antisémite sous la direction allemande, la République sociale italienne (RSI), ou « République de Salò », tente de mettre en œuvre une politique de nationalisation. Choix d'autant plus aisé que les élites économiques et culturelles, par conviction ou par opportunisme, prennent de plus en plus leurs distances avec le fascisme.

Partis fascistes pendant l'entre-deux-guerres

Jeunesses du Parti Franciste, Paris, 1934.

Le fascisme italien va susciter des imitateurs dans plusieurs pays à travers le monde des années 1930 et 1940. Plusieurs d'entre eux vont demeurer des mouvements minoritaires tandis que d'autres, au pouvoir, sont en général considérés par les historiens davantage comme autoritaires que comme véritablement fascistes, bien qu'ils puissent avoir des inclinations fascistes. Parmi ceux-ci, on peut citer :


Benito Mussolini a tenté de fédérer des partis politiques européens favorables à sa politique à travers les CAUR, les Comitati d'Azione per l'Universalità di Roma.

Néo-fascisme après 1945

Italie

Après la défaite, une partie des anciens fascistes se sont organisés en opposition légale dans le Mouvement social italien, qui se référait explicitement à la mémoire de Mussolini. Ce parti a obtenu des scores électoraux appréciables (sans atteindre la majorité), surtout dans les régions pauvres du Sud[50]. Toléré par les gouvernements démocrates-chrétiens, qui y voyaient un dérivatif au communisme, il a cependant toujours été exclu des combinaisons gouvernementales.

Dans sa nouvelle formule, l'Alliance nationale de Gianfranco Fini, le parti a abjuré ses anciens principes totalitaires[51] et a pu participer aux gouvernements de Silvio Berlusconi. Un certain nombre de nostalgiques du Duce ont quitté le parti pour fonder le Mouvement social - Flamme tricolore. D'autres, comme Alessandra Mussolini, sont initialement restés au sein d'AN mais l'ont progressivement quitté. Alliance nationale a fini par abandonner toutes ses références au fascisme et s'est fondu en 2009 dans le Peuple de la liberté.

Espagne

En Espagne, le néofascisme est surtout assimilé[réf. nécessaire] aux mouvements politiques se réclamant du franquisme, comme Fuerza Nueva, créé en 1966 et les différents partis se présentant comme héritiers de la Phalange espagnole, organisation fasciste ayant appuyé Francisco Franco dans son ascension au pouvoir.

Amérique du Sud

Historiographie

Plusieurs explication divergentes ou opposées ont été données du phénomène fasciste, depuis sa création.

École des totalitarismes liant fascisme, nazisme et communisme

Dans la foulée de la crise du marxisme, des historiens[52],[53] ont proposé une autre grille de lecture, assemblant dans une même catégorie le « communisme stalinien » et le fascisme : le totalitarisme. Les totalitarismes ont en commun un régime total d'un parti gouvernant les actions et les pensées des personnes. La notion a aussi connu un certain succès en raison des convergences historiques comme celle du pacte germano-soviétique. Outre les historiens, la notion de totalitarisme se trouve chez Friedrich Hayek (La Route de la servitude en particulier), et Hannah Arendt. Elle est cependant critiquée comme étant une arme idéologique, reliquat de la Guerre froide. Les points communs sont généralement présentés comme les suivants :

  • l'existence d'un parti unique ;
  • la volonté de créer une société sans rapports conflictuels entre les classes ;
  • un régime de terreur ou de contrôle des opposants ;
  • la volonté de contrôler totalement les individus.

Fascismes et brutalisation

Dans les années 1990, l'historien George Mosse développe l'idée que les sociétés européennes seraient devenues brutales dès la Première Guerre mondiale, et auraient connu par la suite un processus de brutalisation dont le fascisme serait une illustration dans certains pays européens.

Tout d'abord, le retour à la normalité de l'avant-guerre se fait de manière lente, comme en Allemagne. Les escadrons perpétuent cet état de violence latente, au moins jusqu'en 1922. Mais, à la différence des Corps Francs, durant la période squadriste, les fascistes n'auraient jamais appelé à exterminer physiquement leurs adversaires, qu'ils se contentaient de chasser ou de réduire au silence[54].

En outre, il développe l'idée que le mythe du surhomme fasciste ne se veut pas un retour à une étape antérieure, mais une création révolutionnaire, entendue au sens de rupture avec un ordre existant[55].

Analyses de l'historien Emilio Gentile

Emilio Gentile, professeur à Rome, estime que la question du fascisme italien a été « sous-exposée » après 1945 afin de reconstruire l'Italie sur le mythe d'une Italie résistante. En 2008, il estime que Hannah Arendt n'avait pas les informations nécessaires pour affirmer que le régime fasciste n'était pas un État totalitaire[56]. Il y a donc eu une relecture historiographique au fil des XXe et XXIe siècles. Il a ensuite été étudié comme la « voie italienne vers le totalitarisme ». Mais, dans tous les cas, la question des racines italiennes aurait été occultée, empêchant la construction d'une Italie réconciliée avec son identité nationale[57].

Analyse de l'historien Ernesto Galli Della Loggia

Ernesto Galli Della Loggia (it), professeur d'histoire à l'université de Milan spécialiste notamment de l'antifascisme, estime, contrairement à Emilio Gentile, que l'Histoire du fascisme a été « sur-exposée » car instrumentalisée par certains partis issus de la Résistance italienne au fascisme, notamment par le Parti communiste italien, ce qui aurait conduit selon lui à une certaine banalisation du fascisme dans la vie politique italienne[57].

Interprétation marxiste

Usage du terme fasciste comme insulte

Se fondant sur la mauvaise réputation du mouvement fasciste, la gauche en France a souvent eu recours au terme « fasciste » pour disqualifier un adversaire : l'organisation des Croix-de-feu en a fait les frais[58], ainsi que le général de Gaulle[59]. Le Parti communiste français a aussi utilisé l'insulte à l'encontre de ses concurrents à gauche, les membres de la SFIO[60]. Le terme « fascisme » utilisé en tant qu'insulte est souvent raccourci en « facho » (apparu à partir de 1968), voire en « faf »[13].

Le « rassemblement populaire » de 1935 qui est élu sous le nom de « Front populaire » s'est constitué aussi pour combattre le « fascisme »[61]. L'historien Michel Winock estime que le « fascisme » en France n'a pas vraiment existé dans une forme structurée[62], alors que d'autres comme Zeev Sternhell, Ernst Nolte ou Robert Soucy estiment que la France a bien connu des mouvements fascistes entre les deux guerres mondiales[réf. nécessaire].

Le dernier exemple en date en est le procès intenté et perdu par Marine Le Pen contre Jean-Luc Mélenchon, qui l'avait caractérisée par ce terme durant la campagne pour l'élection présidentielle de 2012[63].

Cette tendance à taxer son adversaire de fascisme n'est pas exclusive à la gauche française ; durant la Guerre froide, la propagande de la République démocratique allemande communiste affirmait construire le Mur de Berlin non pas pour empêcher que les Allemands de l'Est fuient le régime, mais comme mur de « protection antifasciste »[64].

D'après Damon Mayaffre, spécialiste de l'analyse du discours politique, « le reproche que l'on a pu faire aux forces de gauche après guerre de manier l'invective « fasciste ! » à tort et à travers (notamment en 1958 contre le pouvoir gaulliste) peut être fait dès le départ pour l'entre-deux-guerres. La confusion dans la pensée de la gauche entre mouvement réactionnaire, mouvement autoritaire ou mouvement fasciste est originelle ; elle a toujours été entretenue pour mobiliser. Par simplification et par manichéisme le « fascisme » est souvent, dans une conjoncture donnée, l'ennemi à combattre, comme la « droite » ou la « réaction » le sont dans d'autres conjonctures »[65].

Notes et références

  1. Pierre-André Taguieff, Le nouveau national-populisme, CNRS Éditions, janvier 2012
  2. « Le phénomène totalitaire intervient dans un régime qui accorde à un parti le monopole de l'activité politique. » Raymond Aron, Démocratie et Totalitarisme, Folio Essais, Gallimard, 1965.
  3. « Fascisme et totalitarisme. Synthèse », sur www.ac-grenoble.fr (consulté le )
  4. Cf l'appréciation de Raoul Girardet, article « Fascisme », Encyclopædia Universalis (lire en ligne) : « Les doctrines fascistes se définissent par le rejet des principes du libéralisme traditionnel, par la condamnation des institutions et des usages de la démocratie parlementaire et par la remise en cause des valeurs de l'individualisme tel que l'avait codifié, autour de la notion de droits naturels, la pensée philosophique du XVIIIe siècle. »
  5. Zeev Sternhell « Ni droite ni gauche, l’idéologie fasciste en France », Éditions du Seuil, 1983
  6. exemple : Vichy était-il fasciste ? Alain-Gérard Slama Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 1986 Numéro 11, p. 41-54
  7. « Le fascisme fut-il un totalitarisme ? », sur blogthucydide.wordpress.com (consulté le )
  8. Il rejette, comme le communisme sur ce point, l'intérêt privé et l'individualisme, au profit de la collectivité.
  9. « La plupart des activités économiques et professionnelles sont soumises à l'État et deviennent, d'une certaine façon, partie de l'État lui-même. » Raymond Aron, Démocratie et Totalitarisme, Folio Essais, Gallimard, 1965
  10. « Son but est de modeler l'individu et les masses par une révolution anthropologique destinée à régénérer l'être humain et de créer un homme nouveau[...] » Emilio Gentile, Les Religions de la politique, Paris, Le Seuil, 2005, p. 107 – 109
  11. « Fondé sur le régime à parti unique, ce nouvel État a pour principal objectif de réaliser la conquête de la société, c'est-à-dire la subordination, l'intégration ou l'homogénéisation des gouvernés [...] sous la forme d'une religion politique » Emilio Gentile, Les Religions de la politique, Paris, Le Seuil, 2005, p. 107 – 109. [1]
  12. « Fascistes du troisième millénaire », sur Éditions Mimésis (consulté le )
  13. a et b Alain Rey, Dictionnaire Historique de la langue française, Nathan, , 4833 p. (ISBN 978-2-321-00013-6 et 2-321-00013-9, lire en ligne).
  14. Josette Rey-Debove, Dictionnaire du français langue étrangère CLE : Le Robert, Nathan, , 4633 p. (ISBN 978-2-09-037712-5 et 2-09-037712-7, lire en ligne).
  15. Informations lexicographiques et étymologiques de « fascisme » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  16. Henri Michel, Les Fascismes, Que sais-je ? no 1683, PUF, 1977, chapitre premier « Qu'est-ce que le fascisme ? », p. 5.
  17. Mussolini, Chroniques de l'histoire, éditions Chronique, (ISBN 2-905969-92-X), page 52.
  18. « Le journal du siècle », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  19. Zeev Sternhell, La Droite révolutionnaire. Les origines françaises du fascisme, 1885-1914, troisième édition, Fayard, 2000
  20. a et b Robert Paxton, « Les cinq phases du fascisme », dans Michel Dobry (dir.), Le Mythe de l'allergie française au fascisme, éd. Albin Michel, 2003.
  21. « Tout dans l'Etat,... », sur le monde, dico citations
  22. « fascisme », sur encyclopedia universalis
  23. Benito Mussolini, « Doctrine politique et sociale : Anti-individualisme et Liberté », dans La Doctrine du fascisme, Vallecchi, (lire en ligne)
  24. a et b Julius Evola, Le fascisme vu de droite, Totalité, p. 46
  25. Emilio Gentile, « Le silence de Hannah Arendt : L'interprétation du fascisme dans Les origines du totalitarisme », Revue d’histoire moderne & contemporaine,‎ (lire en ligne)
  26. Pour l’installation du nouveau Directoire national du Parti, 7 avril 1926 ; dans Scritti e Discorsi, vol. V, Milan, Hoepli, 1934, p. 307
  27. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Figaro040518
  28. Compte-rendu rédigé par I. Crevisy , A. Dicharry, C. Sicard de la conférence de Johann Chapoutot, professeur d'histoire contemporaine à l'université Paris IV - Paris Sorbonne, membre de l'Institut Universitaire de France. Accessible via le lien suivant : https://ent2d.ac-bordeaux.fr/disciplines/lettres-histoire/wp-content/uploads/sites/5/2017/03/proposition-de-compte-rendu-r%C3%A9vis%C3%A9-2agnes.pdf
  29. Ralph Schor, « Frédéric Le Moal, Histoire du fascisme, Paris, Perrin, 2018, 425 p. », Cahiers de la Méditerranée, no 98,‎ , p. 271–272 (ISSN 0395-9317, lire en ligne, consulté le )
  30. a et b Emilio Gentile, La Religion fasciste, Paris, éd. Perrin, 2002, p. 256.
  31. a b et c Julius Evola, Le fascisme vu de droite suivi de Notes sur le Troisième Reich, Totalité, 166 p., chap. XI (« Le racisme fasciste et l'homme nouveau »), p. 86-87.
  32. André Brissaud, Mussolini , tome 1 : le révolutionnaire, Paris, , p. 271-272
  33. Serge Berstein, Démocraties, régimes autoritaires et totalitarismes de 1900 à nos jours : pour une histoire politique comparée du monde développé, Hachette, (ISBN 978-2-01-140174-8, lire en ligne)
  34. Roger Bourderon, Le Fascisme, idéologie et pratiques : Essai d'analyse comparée, FeniXX réédition numérique, (ISBN 978-2-402-03115-8, lire en ligne)
  35. a et b Julius Evola, Le fascisme vu de droite, Totalité, p. 92
  36. Alain de Benoist, Vu de droite : anthologie critique des idées contemporaines, Éditions du Labyrinthe, 2001, p. 432-436. [lire en ligne]
  37. (en) Mark Sedgwick, Against the Modern World : Traditionalism and the Secret Intellectual History of the Twentieth Century : Traditionalism and the Secret Intellectual History of the Twentieth Century, Oxford University Press, , p. 107
  38. Stéphane François, « L’Anthropologie évolienne, la « race de l’esprit » et le judaïsme », sur Fragments sur les Temps Présents, (consulté le )
  39. Aujourd'hui encore, on retrouve le fascio, la hache entourée de faisceaux de bouleau, sur le passeport et le signe héraldique de l'État français.
  40. L'historien Robert Paxton rappelle ainsi, dans son introduction à son ouvrage, Le Fascisme en action (Éditions du Seuil, 2004), que les paysans siciliens qui s'étaient soulevés contre leurs seigneurs en 1893-1894 s'appelaient eux-mêmes les fasci siciliani
  41. Pierre Milza et Serge Berstein, Le Fascisme italien, 1919-1945, Le Seuil, 1980, p. 98-103
  42. a et b Sophie Chautard, Les dictateurs du XXe siècle, Levallois-Perret, Studyrama, , 223 p. (ISBN 2-84472-785-9, lire en ligne), p. 40
  43. Pierre Milza et Serge Berstein, Le Fascisme italien. 1919-1945, éd. du Seuil, « Points »-histoire, p. 33
  44. Mussolini et Giovanni Gentile, La Doctrine du fascisme
  45. a et b Cité par Pierre Milza et Serge Berstein, Le Fascisme italien. 1919-1945, éd. du Seuil, « Points »-histoire, p. 222
  46. Article de Sheldon Richman
  47. traduit de Confindustria
  48. Il Patto di palazzo Vidoni - Cronologia - Eventi storici e tesi di laurea
  49. http://www.histoire.presse.fr/content/recherche/article?id=1010
  50. http://www.pbmstoria.it/dizionari/storia_mod/m/m232.htm
  51. Fini: " La nostra svolta non e' finta " Corriere della sera, 26 janvier 1995
  52. François Furet, Le Passé d'une illusion, éditions Librairie Générale Française, 1996, p. 16 et p. 19
  53. Dans son discours « Mémoire et oubli du bolchevisme » prononcé à l’Institut de France lors de la séance publique annuelle des cinq académies, le 21 octobre 1997 et dans son livre Le Malheur du siècle : sur le communisme, le nazisme et l’unicité de la Shoah, Fayard, Paris, 1998, 165  p. »
  54. G.L MOSSE, De la grande Guerre au totalitarisme, la brutalisation des sociétés européennes, Hachette Pluriel, Paris, 1999 (1re trad.), p. 209.
  55. J. MOSSE, p. 209.
  56. GENTILE Emilio, « Le silence de Hannah Arendt », Revue d'histoire moderne et contemporaine, no 3,‎
  57. a et b Revue XXe siècle no 100, décembre 2008, cité dans « Regards croisés sur l'Italie », Le Monde, 13 décembre 2008, page 16.
  58. Michel Winock, La Droite, hier et aujourd'hui, Perrin, 2012, p. 97
  59. Jean Sévillia, Historiquement correct, p. 308
  60. Michel Winock, La Gauche en France, 2006
  61. Michel Winock, La Droite, hier et aujourd'hui, Perrin, 2012, p. 99
  62. Michel Winock, La Droite, hier et aujourd'hui, Perrin, 2012, p. 100-101
  63. Mélenchon poursuivi pour avoir traité Marine Le Pen de fasciste, Romandie News
  64. Mur de Berlin, Mémorial de Caen
  65. Damon Mayaffre, « La construction du sens en politique : ”fascisme” et antifascisme dans le discours du Front populaire », Cahiers de la Méditerranée, no 61,‎ , p. 197-207 (lire en ligne)

Annexes

Bibliographie

Généralités

Italie

  • Renzo De Felice, Brève Histoire du fascisme, 2001
  • Renzo De Felice, Les Interprétations du fascisme, 1969, en fr. Éditions des Syrtes, 2000
  • Serge Berstein et Pierre Milza, Le Fascisme italien, Seuil, Points Histoire, octobre 1998. (ISBN 978-2-02-005513-0)
  • Emilio Gentile, Qu'est-ce que le fascisme ? : Histoire et interprétation [« Fascismo. Storia e interpretazione »], Folio (Gallimard), coll. « Histoire », , 544 p. (ISBN 978-2-07-030387-8)
  • Salvatore Lupo, Le Fascisme italien, Flammarion, mars 2003. (ISBN 978-2-08-210049-6)
  • Marie-Anne Matard-Bonucci, Totalitarisme fasciste, CNRS Editions, 2018.
  • Serge Berstein & Pierre Milza, L'Italie contemporaine du Risorgimento à la chute du fascisme, Armand Colin, coll. U Histoire, octobre 1995. (ISBN 978-2-200-21690-0)
  • (it) Realino Marra (it), Aspetti dell’esperienza corporativa nel periodo fascista, in "Annali della Facoltà di Giurisprudenza di Genova", XXIV-1.2, 1991-92, p. 366-79.
  • (it) Paola S. Salvatori, La seconda Mostra della Rivoluzione fascista, in "Clio", XXXIX, 3, 2003, p. 439-459.
  • (it) Paola S. Salvatori, La Roma di Mussolini dal socialismo al fascismo. (1901-1922), in «Studi Storici», XLVII, 2006, 3, p. 749-780.
  • (it) Paola S. Salvatori, L'adozione del fascio littorio nella monetazione dell'Italia fascista, in «Rivista italiana di numismatica e scienze affini», CIX, 2008, p. 333–352.

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