Famille Cahen d'Anvers

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Cahen d'Anvers
Image illustrative de l’article Famille Cahen d'Anvers
Armes de la famille.

Blasonnement D’azur à un lion d’or tenant entre ses pattes une harpe du même, à la bordure d’argent chargée de huit billettes d’azur
Devise Deus mecum nihil timeo (« Dieu avec moi, je ne crains rien »)
Période XVIIIe siècle – XXIe siècle
Pays ou province d’origine Anvers
Demeures Château de Champs-sur-Marne
Petit hôtel de Villars
Hôtel Cahen d'Anvers
Château de Nainville-les-Roches
Château de Torre Alfina
Villa Cahen Selva Di Meana

La famille Cahen d'Anvers est une famille française juive, originaire d'Allemagne et de Belgique, active dans les affaires financières et politiques depuis le XVIIIe siècle. Elle s'est distinguée avec Albert et Louis Cahen d'Anvers.

Elle est considérée avec d'autres familles (Rothschild, Wertheimer, Bischoffsheim, Goldschmidt, etc) avec qui elle s'est alliée comme faisant partie de l'élite juive européenne[1],[2].

Au départ, les Cahen d'Anvers étaient actifs dans le commerce des diamants et des bijoux, ainsi que dans le prêt d'argent à des nobles et à des dirigeants de l'État avant de se faire connaître dans les domaines de la banque et de la finance. Au XIXe siècle, la famille a prospéré grâce à la banque Cahen d'Anvers, qui est devenue une institution financière importante en Belgique et a connu un grand succès jusqu'à sa liquidation après la Seconde Guerre mondiale. Certains membres de la famille ont également occupé des postes éminents dans des entreprises et des institutions financières, tandis que d'autres étaient des collectionneurs d'art importants.

Les descendants de la famille Cahen d'Anvers sont encore actifs dans les arts, les affaires et les activités philanthropiques.

Possessions[modifier | modifier le code]

Les Cahen d'Anvers ont été les propriétaires de plusieurs domaines en France, en Belgique, en Allemagne et en Italie, parmi lesquels le château de Champs-sur-Marne, dont ils ont fait don à l'État[3]. Grands collectionneurs d'art, ils ont commandé plusieurs portraits à Auguste Renoir, Léon Bonnat et Carolus-Duran.

Historique[modifier | modifier le code]

Portrait de Louise Cahen d'Anvers
Carolus-Duran, 1874
(au château de Champs-sur-Marne)

Meyer Joseph Cahen est titré comte par le roi Charles-Albert de Sardaigne, qu'il a soutenu financièrement en 1848[4], titre accordé à toute sa descendance masculine en 1866, par le roi d’Italie Victor-Emmanuel II, en reconnaissance pour son soutien au mouvement d’unification italienne[3] ; ce qui fait de lui un des rares banquiers, de confession juive et de nationalité française, honorés du titre de comte par la couronne d'Italie avec les Camondo et les Reinach.

« Il n'avait transféré sa maison de banque à Paris qu'en 1848, juste avant de se faire naturaliser. Il ajouta d'autorité d'Anvers à son patronyme sans y être autorisé (...) pour se rapprocher d'une sorte d'élite en faisant illusion sur une probable particule. Il n'en avait pas le droit car un décret de 1808 interdisait aux Juifs qui fixaient leur nom, d'adopter celui d'une ville. Son ascension fut très rapide. Dans les bons jours, il n'hésitait pas à se prétendre descendant du roi David[5]. »

Certains chroniqueurs racontent que du temps de son ascension Joseph a pris l'habitude de signer sa correspondance « C. d'Anvers », ce qui cesse lorsque le financier Oppenheim de Cologne lui adresse une lettre ironiquement signée « O. de Cologne[4] » et quelques auteurs (dont Henry Coston, dans son Dictionnaire des dynasties bourgeoises et du monde des affaires, 1975) prétendent que le titre des Cahen est romain (papal), ce qui est un qualificatif méprisant. À ses obsèques, en 1881, le grand rabbin prononce un discours dont il fait distribuer le texte qui s'adresse à feu « Monsieur le comte Meyer Joseph Cahen (d'Anvers) », la particule étant mise entre parenthèses[6].

La chronique mondaine — souvent antisémite — surnomme ironiquement son fils Édouard « le comte courant », Louis « le comte à l'envers » et Raphaël « le comte à dormir debout »[7]. » Le quatrième frère, Albert, a échappé aux surnoms ; il est musicien, ami des peintres et des écrivains[7]. Certains descendants se font appeler de Cahen et un décret du autorise le changement de nom en « Cahen d'Anvers ». Plusieurs membres de la famille se convertissent au catholicisme.

Élisabeth Cahen d'Anvers (1874-1944) se convertit au catholicisme en 1895, quelques mois avant son mariage avec Jean de Forceville. Le matin du 26 janvier 1944 alors qu'elle sortait de la messe, devant la porte d'entrée de l'Abbaye Saint-Pierre de Solesmes avec une de ses amies l'écrivain Marguerite Aron, elles furent arrêtées par la gestapo et furent envoyées en déportation à Auschwitz pendant la Seconde Guerre mondiale, Elisabeth Cahen d'Anvers disparaît dans les camps vers avril 1944. Sa nièce Béatrice de Camondo connut le même sort avec son mari et les deux enfants de cette dernière[8].

En plus du château de Champs-sur-Marne, les Cahen d'Anvers ont été les propriétaires du petit hôtel de Villars à Paris (au 118, rue de Grenelle, aujourd'hui lycée Paul Claudel-d'Hulst), d'un hôtel particulier (l'hôtel Cahen d'Anvers) au 2, rue de Bassano (construit en 1880 pour Louis Cahen d'Anvers), du château de Nainville-les-Roches, du château de Torre Alfina entre Orvieto et Bolsena, et de la villa della Selva à Allerona[3].

Après que son père Charles, ait donné le château de Champs à l'Etat français (1935), son fils aîné Gilbert, s'est établi en Argentine[9], où vivent certains de ses descendants, dont Monica Cahen d'Anvers (es), journaliste et sa fille Sandra Mihanovich (es), artiste.

Liens de filiation entre les personnalités notoires[modifier | modifier le code]

  • Joseph Lambert Cahen (1763-1809), courtier de la banque Bischoffsheim, marié à Sophie Scheuer (née en 1777)
    • Meyer Joseph Cahen, dit d'Anvers (Bonn, 1804 – Nainville-les-Roches, 1881), titré « comte Cahen d'Anvers », marié à Clara Bischoffsheim (1810–1876)
      • Louis Cahen d'Anvers (, Anvers - , Paris), banquier, marié à Louise de Morpurgo (, Trieste - , Paris)
      • Raphaël Cahen d'Anvers (1841-1900), banquier, marié à Irène de Morpurgo (1849-1890)[10], branche convertie au catholicisme
        • Louise Claire Élise Cahen d'Anvers (1869-1929), mariée à Étienne Gourgaud, comte du Taillis
        • Élisa Raphaële Cahen d'Anvers (1873-1899), mariée à Ferdinand, prince de Faucigny-Lucinge et de Coligny (1868-1928)
      • Albert Cahen (1846-1903), musicien, marié à Rosalie Louise Loulia Warschawsky (1854-1918), sœur de Marie Kann.

Galerie[modifier | modifier le code]

Personnalités[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jacques Attali, « Les Juifs, le Monde, et l'Argent : Une histoire économique du peuple juif », sur Livre de Poche
  2. Jerry Z. Mueller, Capitalism and the Jews, Princeton University Press (lire en ligne)
  3. a b et c Hervé Grandsart, « Les Cahen d’Anvers des villes et des champs », sur Connaissance des arts, .
  4. a et b Pierre Assouline 1999, p. 175
  5. Pierre Assouline 1999, p. 173
  6. Pierre Assouline 1999, p. 174
  7. a et b Pierre Assouline 1999, p. 176
  8. Élisabeth a pour marraine la princesse Ferdinand de Faucigny-Lucinge, née Cahen d’Anvers. Cf. Site Les Déportés juifs de la Sarthe.
  9. SERRETTE Renaud, Le château de Champs, Édition du patrimoine, Centre des Monuments Nationaux, Paris, 2017, p. 188.
  10. « Raphaël Cahen d'Anvers », site geneall.net.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • ALICE SILVIA LEGE', LES CAHEN D'ANVERS EN FRANCE ET EN ITALIE. DEMEURES ET CHOIX CULTURELS D'UNE LIGNÉE D'ENTREPRENEURS (I CAHEN D'ANVERS IN FRANCIA E IN ITALIA. DIMORE E SCELTE CULTURALI DI UNA DINASTIA DI IMPRENDITORI) / A.s. Lege' ; tutor principale (Université de Picardie Jules Verne, Amiens): P. Sénéchal ; co-tutors: G. Agosti, F. Slavazzi. - Milano : Università degli studi di Milano. Università degli Studi di Milano, 2020 Jun 03. ((32. ciclo, Anno Accademico 2019., Milano, Università degli Studi di Milano, 3-giu-2020 (lire en ligne)
  • Pierre Assouline, Le Dernier des Camondo, Éditions Gallimard, , 338 p. (ISBN 978-2-07-041051-4)
  • Edmund de Waal, Le Lièvre aux yeux d'ambre, Flammarion, collection Libres Champs, 2015.
  • Cyril Grange, Une élite parisienne. Les familles de la grande bourgeoisie juive (1870-1939), Paris, 2016.