Faisceau de licteur

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Bas-relief d'un mètre et demi de hauteur. Musée des Thermes de Dioclétien, Rome.

Le faisceau de licteur (en latin : fasces lictoriae) est l'objet, de nature symbolique, porté par les licteurs devant certains magistrats romains, regroupant deux instruments de punition : des verges et une hache. Il s'agirait d'un des nombreux apports des Étrusques aux Romains.

À partir de la Révolution française, le faisceau de licteur est utilisé comme symbole politique. Il évoque la justice, la revendication d'une autorité légitime, la force collective, la République et parfois la révolution.

Apparition et évolution du faisceau antique romain[modifier | modifier le code]

Licteur portant un faisceau (représentation du XIXe siècle).

Les faisceaux du licteur remontent au début de la République romaine, où ils étaient un symbole de l’imperium, le pouvoir de contraindre et de punir (les verges pour la flagellation, la hache pour la peine de mort).

Les faisceaux antiques romains se composaient de verges — des baguettes de bouleau ou d’orme — assemblées et liées tout autour avec des courroies en forme de fascine. Ces verges étaient distribuées aux soldats pour frapper un condamné qui circulait entre leurs rangs. Sous les rois et dans les premières années de la République, on plaçait aussi au milieu des verges une hache (securis), symbolisant la peine capitale ; mais, après le consulat de Publicola, aucun magistrat, excepté le dictateur n'eut le droit d'avoir les faisceaux avec hache dans la ville de Rome, à l’intérieur du pomerium, d’où la peine de mort était exclue. Ils ne furent plus donnés qu'aux consuls à la tête de leurs armées et aux questeurs dans leurs provinces.

Strabon situe Tarquinia comme l'origine des faisceaux et des ornements consulaires[1]. Selon Silius Italicus, l'usage viendrait de la cité de Vetulonia[2],[3].

Reprise comme emblème politique moderne[modifier | modifier le code]

Le faisceau de licteur, d'origine romaine, a été repris comme emblème à certaines époques par divers mouvements ou régimes politiques dans différents pays.

  • La Révolution française a utilisé des références à la République romaine antique dans son imagerie. Elle réinterpréta le symbole du faisceau de licteur : il représente désormais l'union et la force des citoyens français réunis pour défendre la Liberté. L'Assemblée constituante impose en 1790 ces « antiques faisceaux » comme nouvel emblème de la France et de la République.
Durant la Première République, surmonté du bonnet phrygien rouge, il est un hommage à la République romaine et signifie que le pouvoir appartient au peuple, et il symbolise l’union des 83 départements français. En 1848, puis après 1870, il figure sur le sceau de la République française, tenu par une figure allégorique de la Liberté. Assez souvent, la hache disparait, remplacée par une pique.
Un faisceau de licteur apparaît (de manière officieuse) dans les armoiries de la République française. Le président Valéry Giscard d'Estaing en a en outre placé un sur son drapeau présidentiel[4]. En 2015, un logo représentant un faisceau stylisé est utilisé pour la communication sur internet de la présidence de la République française[5]. Il figure également depuis 1870 sur les insignes des députés et sénateurs dits baromètres, que ceux-ci placent ostensiblement sur leurs véhicules.
  • La symbolique officielle américaine utilise abondamment le faisceau, par exemple sur les sceaux du Sénat et du bureau de la Garde nationale, ou sur la statue d'Abraham Lincoln au Lincoln Memorial à Washington.
  • L'écu du canton suisse de Saint-Gall représente lui aussi ce faisceau, sous une forme héraldique plus conventionnelle, et de façon officielle, au contraire de la France.
  • Différents mouvements politiques italiens de la fin du XIXe siècle y ont fait référence, dont le mouvement démocratique et socialiste des faisceaux siciliens.
  • Le terme fascisme en tire son nom et certains mouvements fascistes ont pu parfois en reprendre le symbole[6].
  • En Espagne, l'emblème de la Garde civile est constitué d'un faisceau et d'une épée entrecroisés.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Strabon, Géographie, V, 2.
  2. Silius Italicus, Punica, livre VIII et la tombe du Licteur à Populonia.
  3. Jacques Heurgon, La Vie quotidienne des Étrusques, Hachette, [1961], 1989, p. 170.
  4. « Le faisceau de licteur », sur elysee.fr (consulté le ).
  5. « Le nouveau logo de la communication de l'Elysée fait bien rire les internautes », sur bfmtv.com (consulté le ).
  6. Paola S. Salvatori, « L’adozione del fascio littorio nella monetazione dell’Italia fascista », Rivista italiana di numismatica e scienze affini, vol. CIX,‎ , p. 333-352 (lire en ligne, consulté le ).

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