Eulalius

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Eulalien)

Eulalius, né vraisemblablement dans la seconde moitié du IVe siècle et mort en 423, est un ecclésiastique romain et prétendant à la papauté durant le schisme de 418-419.

Les sources[modifier | modifier le code]

Eulalius est surtout connu à travers le schisme de 418-419, détaillé dans un dossier de lettres, la Collectio Avellana. Ces missives, écrites entre le et le , rapportent les événements à travers les rapports du préfet de Rome Aurelius Anicius Symmachus, et les réponses de l’empereur Honorius, de Constance et de Galla Placidia.

Quelques éléments de la vie d’Eulalius sont également connus par le Liber pontificalis.

Le schisme de 418-419[modifier | modifier le code]

Les événements[modifier | modifier le code]

À la mort du pape Zosime le jeudi , un groupe d’ecclésiastiques composés d’une grande partie de diacres, de quelques prêtres et d’une foule de chrétiens s’enferment dans l’église de Latran, où ils élisent comme évêque de Rome l’archidiacre Eulalius. Ils restent enfermés jusqu’au dimanche 29 décembre, puis consacrent formellement le nouveau pape.

Toutefois, le 27 décembre, un groupe rival, composé de 70 prêtres, porte à la papauté Boniface, un ancien conseiller du pape Innocent. Malgré les négociations, aucun compromis n’est trouvé, et Boniface est consacré à l’église de Marcel sur le Champ de Mars. Aurelius Anicius Symmachus rapporte à l’empereur Honorius qu’Eulalius est le prétendant légitime, ayant été élu en premier.

Boniface se fait arrêter après avoir organisé une procession lors de l’Épiphanie, mais ses partisans envoient une pétition à la cour de Ravenne pour protester contre l’élection d’Eulalius, qu’ils considèrent comment irrégulière, car il n’a pas pris en compte l’avis des prêtres et s’est servi de la sénilité de l’évêque d’Ostie pour appuyer son ordination. Honorius convoque les deux parties à la cour le 8 février pour entendre l’affaire en présence d’évêques italiens. Néanmoins, le schisme n’est pas résolu. Un second concile est convoqué à Spolète le 13 juin suivant, et les évêques africains et gaulois sont également conviés à participer.

Les deux prétendants à l’évêché de Rome ont été ordonnés de rester en dehors de Rome jusqu’à cette date, et Eulalius séjourne à Antium. Pour assurer la tenue du service de Pâques le , l’évêque Achilleus de Spolète est choisi comme remplaçant temporaire. Pourtant, Eulalius rentre à Rome le 18 mars malgré l’interdiction. Sa présence entraîne des émeutes, et il finit par se réfugier dans l’église de Latran, avant de se faire arrêter et conduire hors de la ville. Le 3 avril suivant, Honorius écarte Eulalius du titre de pape, Boniface est reconnu pape, et le concile de Spolète est annulé[1],[2],[3],[4],[5],[6],[7].

Position théologique et soutiens d'Eulalius[modifier | modifier le code]

Plusieurs hypothèses concernant les positions d’Eulalius et ses partisans au sein de l’Église ont été émises par les historiens ayant traité cette affaire.

Certains ont vu dans ce schisme un conflit entre un parti pélagien, mené par Eulalius, et un parti anti-pélagien, représenté par Boniface[7]. Toutefois, la documentation écrite se révèle peu loquace, et d’autres spécialistes ne pensent pas qu’il soit possible de lier cette affaire au pélagianisme, en raison du manque de référence explicite au pélagianisme[5]. D’autres spécialistes mettent en avant une lutte politique entre deux factions de l’Église : le parti d’Eulalius, lié au diaconat, et le parti de Boniface, soutenu par les prêtres[4],[8],[9],[10].

D’autre part, la position de Galla Placidia et Honorius, ouvertement anti-pélagiens, est assez ambiguë. Ainsi, quelques auteurs voient plutôt Placidia comme soutien de Boniface, d’autres pensent que les faveurs de l’empereur et ses proches étaient tournées vers Eulalius, qui apparaissait dans un premier temps comme plus légitime et moins susceptible de créer des troubles[4],[5],[7],[8],[10],[11],[12],[13].

Fin de vie[modifier | modifier le code]

Deux versions du Liber pontificalis donnent des informations divergentes sur la vie d’Eulalius après l’élection de Boniface. La première variante raconte qu’il devient évêque de Nepi (it) après ces événements, la seconde explique qu’il a été expulsé en Campanie, et meurt un an après Boniface, en 423[4].

Références[modifier | modifier le code]

  1. (de) Joseph Langen, Geschichte der römischen Kirche, Bonn, F. Cohen, , 583 p. (lire en ligne), p. 764-770
  2. (en) William Bright, A History of the Church from the Edict of Milan, A.D. 313 to the Council of Chalcedon, A.D. 451, Oxford, Londres, J. Parker, , 478 p. (lire en ligne), p. 294-295
  3. Pierre de Labriolle, Louis Bréhier, Gustave Bardy, Georges de Plinval, Histoire de l'Eglise depuis les origines jusqu'à nos jours. Tome 4, De la mort de Théodose à l'élection de Grégoire le Grand., Paris, Bloud et Gay, , 612 p., p. 252-253
  4. a b c et d (de) Erich Caspar, Geschichte des Papsttums : von den Anfängen bis zur Höhe der Weltherrschaft, tome 1, Tübingen, J. C. B. Mohr, , 633 p., p. 361-364
  5. a b et c (en) Stewart Irvin Oost, Galla Placidia Augusta : a biographical essay, Chigago, Londres, University of Chigago Press, , 357 p., p. 156-168
  6. André Chastagnol, La préfecture urbaine à Rome sous le Bas-Empire, Paris, Presses Universitaires de France, , 542 p., p. 172-177
  7. a b et c Louis Duchesne, Histoire ancienne de l'Église, tome 3, Paris, A. Fontemoing, , 687 p. (lire en ligne), p. 246-250
  8. a et b Charles Pietri, Roma christiana : recherches sur l'Église de Rome, son organisation, sa politique, son idéologie, de Miltiade à Sixte III (311-440), Rome, Paris, École française de Rome, , 905 p., p. 456-459
  9. (de) Eckhard Wirbelauer, « Die Nachfolgerbestimmung im römischen Bistum (3.-6. Jh.). Doppelwahlen und Absetzungen in ihrer herrschafts-soziologischen Bedeutung », Klio,‎ , p. 412-413 (lire en ligne)
  10. a et b (en) Geoffrey D. Dunn, « Imperial Intervention in the Disputed Roman Episcopal Election of 418/419 », Journal of Religious History,‎ , p. 1-13 (lire en ligne)
  11. Émilienne Demougeot, « L'évolution politique de Galla Placidia », Gerión,‎ , p. 193 (lire en ligne)
  12. (en) Hagith Sivan, Galla Placidia : the last Roman Empress, Oxford, New York, Auckland, Oxford University Press, , 217 p. (ISBN 978-0-19-537912-9, lire en ligne), p. 78
  13. (en) Jacqueline Long, « The Sacred Command of the Lord my Brother the Emperor Should Have Come as Something Not to Neglect », dans CONSTANTINOPLE AND ROME, EAST AND WEST: EMPIRE AND CHURCH IN THE COLLECTIO AVELLANA, 367-553 AD - ROME, 5-6 APRIL 2013, (lire en ligne), p. 1-8