Eugénie Djendi

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Eugénie Djendi
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activités
Autres informations
Conflit
Lieux de détention
Distinction

Eugénie Mélika Manon Djendi, née le 8 avril 1923 à Bône en Algérie et morte exécutée le , est une militaire et résistante française de la Seconde Guerre mondiale.

Biographie[modifier | modifier le code]

Eugénie Djendi est née en 1923 à Bône en Algérie d'un père « indigène » musulman[1], Salah ben Chefaï Djendi, et d'une mère « européenne » d'origine corse, Antoinette Silvani[2]. Elle grandit à Bône puis à Alger, en Algérie française. Le 11 janvier 1943, elle s'engage dans le Corps féminin des transmissions créé par le général Lucien Merlin[3]. Ces opératrices seront surnommées les « Merlinettes ».

Ayant choisi de servir « aux armées », elle participe à la campagne de Tunisie au printemps 1943, d'abord au Kef puis à Tunis[4].

Avec ses camarades, Marie-Louise Cloarec, Pierrette Louin et Suzanne Mertzizen, elle est sollicitée à l'automne 1943 pour rejoindre les services de la Sécurité militaire française à Alger. Ces services de contre-espionnage de l'armée étaient identifiés comme le réseau de résistance des « Travaux ruraux » sous la direction du commandant Paul Paillole[5]. Elle est formée à ses nouvelles activités à Staoueli, près d’Alger, où se trouvent le centre d'entrainement du bataillon de choc et un centre de formation anglo-américain à la Villa des Pins, aussi désignée sous le nom de code de « Mission Massingham »[6]. À partir de son entrée dans les services spéciaux, Eugénie Djendi prend pour nom d'agent « Jenny Silvani »[2].

Après sa formation, elle rejoint l'Angleterre le 20 mars 1943. À l'arrivée, elle retrouve Marie-Louise Cloarec, Pierrette Louin et Suzanne Mertzizen et d'autres agents des « Travaux ruraux » qui doivent être transportées en France à la lune d'avril. Eugénie Djendi doit rejoindre Paul Vellaud, dont le PC est à Mâcon (indicatif Berlin) pour ensuite renforcer un poste du réseau dans la région parisienne (indicatif Libellule)[2].

Le 9 avril 1944, elle s'embarque à bord d'un Halifax du 161st squadron de la RAF à l'aéroport de Tempsford. Elle est parachutée lors de la mission « Syringa » avec deux collègues masculins, Georges Penchenier (alias Lafitte) et Marcel Corbusier (alias Leblond) dans la région de Sully-sur-Loire, dans le Loiret. Ils sont immédiatement arrêtés par la Gestapo en possession de leur équipement radio[2].

Interrogés à la Gestapo d'Orléans puis à la Gestapo à Paris, où ils retrouvent Marie-Louise Cloarec, Pierrette Louin et Suzanne Mertzizen, ils sont ensuite incarcérés à la prison de Fresnes (sauf Georges Penchenier, qui a réussi à s'évader)[2].

Alors que les troupes alliées s'approchent de Paris, elle est transférée de la prison de Fresnes au fort de Romainville le 2 août 1944, puis emmenée gare de l'Est le 8 août. Le départ des prisonnières ne peut pas se faire comme prévu avec celui des hommes. Elles sont donc transférées à la gare de Pantin, d'où elles partent le 11 août vers le camp de concentration de Ravensbrück, qu'elles rejoignent après un passage par le camp de Neue Bremm[7],[8].

Après que leurs demandes de transfert dans un camp de prisonniers de guerre eurent été refusées, les quatre femmes sont exécutées[9] le 18 janvier 1945. Leurs corps sont brûlés et dispersés dans la forêt voisine[10],[11]. Eugénie Djendi avait 21 ans.

Décorations[modifier | modifier le code]

Hommages[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Dominique Camusso et Marie-Antoinette Arrio, La vie brisée d'Eugénie Djendi : de l'Algérie à Ravensbrück la légende et la mémoire, L'Harmattan, coll. « Mémoires du XXe siècle », , 204 p. (ISBN 978-2-343-19952-8).
  • Mireille Hui, Les Merlinettes, Le Livre à l'Unité, 1999, 58 p. (ISBN 2-912777-24-0)
  • Lucien Merlin, Les Femmes dans l'arme des transmissions, Alger : impr. Imbert, 1947, 46 p.

Références[modifier | modifier le code]

  1. La qualification d'« indigène » est utilisée officiellement dans les départements français d’Algérie à cette époque pour désigner les personnes n'ayant pas la citoyenneté française. Salah Djendi acquerra la citoyenneté le 15 mai 1923.
  2. a b c d e f et g Dominique Camusso et Marie-Antoinette Arrio, La vie brisée d'Eugénie Djendi : de l'Algérie à Ravensbrück la légende et la mémoire, Paris, L'Harmattan, , 204 p. (ISBN 978-2-343-19952-8)?
  3. Lucien Merlin, Les femmes dans l'arme des transmissions, Alger, Imprimerie Imbert, , 46 p..
  4. Mireille Hui, Les Merlinettes, Le Livre à l'Unité.
  5. Paul Paillole, Services spréciaux, Paris, Robert Laffont - Opera Mundi, , 323 p.
  6. (en) Thomas Martin, « The Massingham mission: SOE in french North-Africa, 1941-1944 », Intelligence and National Security,,‎ , p. 498-520.
  7. Fondation pour la mémoire de la déportation, Le livre mémorial des déportés de France arrêtés par mesure de répression et dans certains cas par mesure de persécution, 1940-1945, Paris, Tiresias, .
  8. Thomas Fontaine, Déporter: politiques de déportation et répression en France occupée, 1940-1944, Paris, université Panthéon Sorbonne, .
  9. a b et c Biographie sur le site des Anciens des Services spéciaux de la Défense nationale.
  10. Amicale de Ravensbrück et ADIR, Les Françaises à Ravensbrück, Galimard, .
  11. Association des déportées et internées de la Résistance, Ravensbrück, Les cahiers du Rhöne, La Baconnière, .
  12. La dépêche de Constantine et de l'Est algérien, .
  13. « Les rues de Paris | jardin Sous-Lieutenante-Eugénie-Malika-Djendi | 15ème arrondissement », sur www.parisrues.com (consulté le ).
  14. « Délibération du Conseil de Paris »
  15. « 11-Novembre : un monument pour les soldats morts en opérations extérieures », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. « Tempsford Memorial », Tempsford Memorial (consulté le ).
  17. Journal Corse-Matin du 14 juillet 2023