Eugène Dodeigne

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Eugène Dodeigne
Eugène Dodeigne, Homme et femme (1963),
Otterlo, musée Kröller-Müller.
Naissance
Décès
Nom de naissance
Eugène Adolphe DodeigneVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Dodeigne, EugeneVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Formation
Mouvement
Distinction
Œuvres principales

Eugène Dodeigne, né le à Rouvreux (Sprimont, province de Liège) et mort le à Linselles, est un sculpteur français ayant vécu et travaillé à Bondues (Nord-Pas-de-Calais).

Biographie[modifier | modifier le code]

Dès 1936, Eugène Dodeigne apprend son métier avec son père, tailleur de pierre, qui l'engage à prendre des cours de dessin et de modelage à Tourcoing, puis à l'École des Beaux-Arts de Paris où il obtient la note exceptionnelle de 19/20 en dessin au concours d'entrée], il connaît une véritable révélation dans l'atelier de Marcel Gimond.

En 1950, il construit lui-même sa maison et son atelier dans la ville de Bondues, au lieu-dit "le Pot de Fer" (Nord, France). Cette expérience lui fera découvrir de nouveaux outils comme la perforatrice et la disqueuse. Il les inclura dès lors à sa nouvelle pratique de la "pierre éclatée".

De 1957 à 1960, Eugène Dodeigne enseigne aux Écoles supérieures des arts Saint-Luc de Tournai. Il aura comme élèves Pierre Carlier, Marc Ronet et Yvan Theys. Il y est professeur de dessin.

C'est sous l'influence des formes abstraites, lisses et denses de Constantin Brâncuși qu'il comprend qu'une pierre, ne serait-ce qu'un simple galet, peut receler une énergie et une tension insoupçonnées selon le rapport que sa surface entretient avec son volume. Il emprunte alors, en 1960, la voie de la pierre éclatée qui le mène à une figuration abrupte, fortement expressive, persistante jusqu'à ses sculptures les plus récentes. Il s'imprègne aussi du dépouillement d'Alberto Giacometti et de Germaine Richier. Certaines des sculptures de Dodeigne font penser à du "non-finito", puisque l'artiste laisse paraitre dans ses œuvres l'aspect brut du matériau qu'il utilise. Lorsqu'on lui demande d'évoquer ses œuvres anciennes et ses influences, il reste évasif : aux yeux de Dodeigne, rien ne compte davantage que la motivation toujours fraîche et l'expression toujours renouvelée de ses sculptures et de ses dessins les plus récents.

Eugène Dodeigne extrait d'immenses figures humaines de la pierre et du bois, mais aussi des silhouettes plus coulantes, ondulantes, sensuelles et d'autres sculptures plus brutes, plus rugueuses moins marquées et moins abruptes. Il partage son regard sur la condition humaine. Le spectateur doit également faire l'effort de deviner l'homme sous sa gangue de pierre, un regard actif est attendu.

Des expositions à la galerie Claude Bernard, à la galerie Pierre Loeb, à la galerie Jeanne Bucher, puis à Berlin, Hanovre, Rotterdam, Bruxelles et Pittsburgh lui assurent dans les années 1960 une reconnaissance internationale qui ne perturbe jamais son exploration de la pierre taillée : en 1968, il se consacre à une série de sculptures alliant de façon inédite les surfaces lisses et les volumes irréguliers de la pierre éclatée. Dans les années 1970, le groupe des Dix (Fondation Prouvost, Marcq-en-Barœul) consacre son évolution vers la monumentalisation qui coïncide avec le développement simultané de la sculpture en plein air dans les villes et dans les parcs. Des pierres de Dodeigne peuplent dès lors beaucoup de villes et de musées du Nord : Roubaix (La Piscine), Lille, Dunkerque, Villeneuve-d'Ascq, Anvers, Liège, Hanovre, Utrecht, Otterlo (musée Kröller-Müller) puis Bobigny, Argentan et Paris, jusqu'à Grenoble en 1998 et Vitry-sur-Seine, plus récemment.

Une participation à la Biennale de Paris en 1985, une exposition au musée Rodin à Paris en 1988, sa participation aux Champs de la Sculpture en 1995, à Made in France au musée national d'Art moderne en 1996, puis sa présence dans le tout nouveau parc de sculpture du jardin des Tuileries en 1999, une exposition à la Fondation de Coubertin (Saint-Rémy-lès-Chevreuse) en 2002, confirment l'importance grandissante qu'occupe Dodeigne dans l'histoire de la sculpture de la seconde partie du XXe siècle. Il a aussi exposé un peu partout dans le monde et son œuvre figure dans de nombreuses collections publiques, notamment en Europe du Nord (Allemagne, Autriche, Belgique, Norvège, Pays-Bas), en France, aux États-Unis et en Suisse. Il a été élu membre de l'Académie des beaux-arts en 1999 au fauteuil d'Étienne-Martin. Son épouse Michelle meurt en 2018.

Il réalise plusieurs photos, notamment en noir et blanc, de ses œuvres assemblées dans son jardin où elles dialoguent avec la nature et le paysage environnant. Au lieu de commenter telle ou telle sculpture, Eugène Dodeigne préfère laisser parler ses œuvres elles-mêmes, il se pose en guide de notre regard.

D'après Paul-Louis-Rinuy, trois caractéristiques de ces photographies sont frappantes

- Tout d'abord, l'importance du lieu dans sont insérées les œuvres

- Puis, l'importance du temps, à la fois dans la dimension météorologique et le moment opportun pour prendre la photographie.

- Enfin, la photographie, est un jeu de lumière et d'ombre avec lequel Dodeigne jouent.

En 1981, ses photographies sont publiées dans un livre intitulé " Chant de Pierre" .

Citations[modifier | modifier le code]

Annonciation, Lycée Marguerite de Flandre, Gondecourt, 1968

"La sculpture est un combat, une lutte contre la matière. Il faut jouer des poings." Eugène DODEIGNE. 1988.

"A regarder les photographies de Dodeigne on apprend à considérer ses sculptures comme des formes vivantes, liées au monde dans lequel elles s'insèrent, et qui sont, plus que des masses de pierre, une recherche d'expression, l'ambition d'une présence créant sa propre lumière." Paul-Louis-Rinuy


Œuvres dans les lieux et collections publiques[modifier | modifier le code]

Lycée Marguerite de Flandre, Gondecourt. Détail de la statue "L'annonciation" d'Eugène Dodeigne- 1968- Pierre de Massangis. Traces d'outils visibles.

Galerie[modifier | modifier le code]

Expositions[modifier | modifier le code]

Du au , le musée municipal de la tour abbatiale de Saint-Amand-les-Eaux présente une exposition consacrée à l’œuvre peint du sculpteur Eugène Dodeigne, la première jamais organisée par une institution muséale sur cette facette de l'artiste. À travers une quarantaine d’œuvres provenant du musée La Piscine de Roubaix, du MUba de Tourcoing et du LAM de Villeneuve d’Ascq, mais aussi de collections privées, le musée met en lumière cette part méconnue du travail de l’artiste.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Site de la ville de Saint-Malo : Le Patrimoine contemporain.
  2. « Arras - l'église Saint-Nicolas-en-Cité », sur arras.catholique.fr (consulté le ).
  3. « Arras, église Saint-Nicolas en Cité », sur patrimoine-histoire.fr (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Germain Hirselj (sous la direction de), Eugène Dodeigne (1923-2015), une rétrospective, Roubaix, La Piscine, musée d'Art et d'Industrie André Diligent, Éditions Invenit, 2020.
  • Germain Hirselj, Eugène Dodeigne, Œuvre peint (1948-2000), [catalogue d'exposition], Saint-Amand-les-Eaux, Musée de la Tour Abbatiale, 2013.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]