Eugénie Camphin

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Eugénie Camphin
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Décès
Activité

Eugénie Camphin, née le à Bully-Grenay (Pas-de-Calais) et décédée le à Dainville, est une femme politique française[1] et l'une des figures les plus respectées de la Résistance dans le Pas-de-Calais[2],[3],[4].

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Née dans une famille de mineurs dans l'Ouest du Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, Eugénie Camphin fut l’une des premières militantes du Parti communiste français après sa création en 1920[1] : elle adhéra encore adolescente à la fin des premières années de la décennie 1920, dans le Pas-de-Calais[1],.

Son fils René Camphin, s'investit dans les campagnes du Front populaire et devient, l'année suivante, après son licenciement, secrétaire du rayon d'Arras du PCF, puis à partir de 1938 est à Lens l'adjoint d' Auguste Lecœur à la direction régionale du parti, où il supervise l'édition départementale du journal du PCF, L'Enchainé du Pas-de-Calais.

En 1937-1938, elle accueille des réfugiés, issues de familles républicaines victimes de la guerre d'Espagne[1]. Ses trois fils ont eu la Légion d'Honneur[5] et l'aîné René a eu la Médaille de la Résistance polonaise en France[5].

Seconde guerre mondiale[modifier | modifier le code]

En 1938, sous Daladier, avant même le début de la Seconde guerre mondiale, elle subit l'arrestation de son mari Maurice, pour une distribution de tracts, avec vingt autres communistes arrêtés et condamnés à la prison[5]. C'est aussi le cas de son fils aîné René Camphin, détenu à la citadelle d’Arras[1]. Elle en informe le secrétaire général de son parti Maurice Thorez, qui se trouve à Fampoux, près d’Arras, le . Au cours de l'été 1940, elle héberge son adjoint Jacques Duclos et Eugène Fried, en route vers Paris, qui arrivent de Belgique[1].

Après-guerre[modifier | modifier le code]

Après la Seconde guerre mondiale, elle organise le premier meeting de l'Union des femmes françaises, dont elle est présidente régionale, auquel assiste deux cents femmes, le après avoir intégré le Comité de Libération d’Arras, en tant que sa représentante et y siège de 1944 à 1946[1].

En 1945, elle fut également conseillère municipale d’Achicourt, près d’Arras[1]. Le Parti communiste présenta sa candidature aux élections cantonales de 1955 dans le canton d’Arras-nord, à la tête d'une liste qui a obtenu 16 % des suffrages, puis à nouveau aux élections municipales de 1965[1].

Années 1970[modifier | modifier le code]

Dans les années 1970 elle décide de rejoindre le Secours Rouge aux côtés de résistants célèbres comme Charles Tillon et Roger Pannequin, l'ami de son fils Maurice Camphin. Elle fait partie des 17 membres du comité national, en tant que directrice du journal Liberté vaincra, organe du Secours rouge du Nord et du Pas-de-Calais, fondé par Marcel Deboudt, assistant en physique à l'Université de Lille et futur maire socialiste de Lezennes, qui avait rencontré Sartre pendant la Guerre d'Algérie, pour diffuser dans le Nord les exemplaires du livre interdit de Henri Alleg, "La Question"[6].

Avec ce dernier[6], un ingénieur, un médecin pneumologue, un ouvrier licencié de la régie Renault et un chirurgien des Hôpitaux de l’Assistance publique[7], elle siège au sein du tribunal populaire de Lens en 1970, créé en réaction à l'accident minier du , à Fouquières-lès-Lens, un coup de grisou qui a causé la mort de 16 mineurs alors que les ingénieurs n'avaient pas fait évacuer la galerie pendant la réparation d'un ventilateur. En tant que jurée[8] et présidente du jury[9], elle souhaite alors « défendre ses frères, ses fils mineurs, et de faire condamner leur exploiteur de toujours : les Houillères nationales » selon une déclaration dans le journal[10].

Les dirigeants politiques et les responsables des Houillères sont appelés à comparaître mais absents, tandis que les témoins (ingénieurs des mines, pneumologues, etc.) décrivent les conditions de travail des mineurs, les raisons des accidents et les circonstances du coup de grisou[11].

Le Monde du lui consacre un portrait sous le titre "la Vieille Dame et le Philosophe" et décrit alors « une vieille dame au visage grave, très pâle dans ses vêtements noirs, vivante statue de la dignité (...) figure très connue dans le bassin houiller »[12],[10].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h et i Biographie Le Maitron d'Eugénie Camphin [1]
  2. "Fin d'un monde ouvrier. Liévin, 1974", par Marion Fontaine en 2019 aux Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales [2]
  3. "Volontaires pour l'usine. Vies d'établis (1967-1977)" par Virginie Linhart, en 2016 aux Editions du Seuil [3]
  4. "Génération tome 2. Les années de poudre Volume 2", par Hervé Hamon, Patrick Rotman · 2016 [4]
  5. a b et c "Pourquoi nous combattons" par Alain Geismar , aux Editions La Découverte [5]
  6. a et b "Sartre, le temps des révoltes" par Jean-Pierre Barou, Stock, 2006 [6]
  7. "Justice populaire et mimétisme judiciaire. Les maoïstes dans et hors la Cour de sûreté de l'État" par Vanessa Codaccioni, dans la revue Droit et société en 2015 [7]
  8. "La cérémonie des adieux / Entretiens avec Jean-Paul Sartre, aux Editions Gallimard en 2017 [8]
  9. "Les dangers du soleil" par Jean-Pierre Le Dantec, aux Editions Gallimard en 1978 [9]
  10. a et b "Après le procès populaire de Lens", dans Le Monde du [10]
  11. "La Parole et l'action: Mémoires d'un avocat militant" par Henri Leclerc, aux Éditions Fayard, 2017
  12. "La Vieille Dame et le Philosophe", dans Le Monde du [11]

Articles connexes[modifier | modifier le code]