Eugène Wollman

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Eugène Wollman
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Eugène Wollman est un médecin et microbiologiste français d'origine russe, né à Minsk (Empire russe) le et mort en déportation à Auschwitz .

Biographie[modifier | modifier le code]

Eugène Wollman est né à Minsk le , dans une famille juive. Il vient à Liège en 1902 pour des études d’ingénieur, puis de médecine et de biologie à l’Université de Liège, où il est reçu Docteur en médecine en 1909.

De 1906 à 1909, il est « préparateur en zoologie », assistant d’Édouard Van Beneden, célèbre zoologiste belge ayant découvert la méiose.

En 1909, il obtient une bourse pour étudier à l’Institut Pasteur de Paris, où il devient assistant en 1910 dans le laboratoire d’Élie Metchnikoff[1] à l’Institut Pasteur à Paris. Il travaille sur les microbes amylolytiques de l’intestin grêle et s’intéresse aussi aux élevages stériles de mouches, de têtards et de cobayes.

Il épouse Elisabeth Michelis, en 1910. Ils auront trois enfants, Alice[2], Nadine[3] et Élie[4].

Lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale, Eugène Wollman, qui n’a pas encore reçu la nationalité française, se porte volontaire comme médecin aide-major, à Paris (hôpital du Val-de-Grâce) et sur divers fronts en Afrique et en Orient. Ses services lui valurent la Croix du combattant et lui facilitent sa naturalisation en 1922.

De 1919 à 1929, Wollman est chef de laboratoire à l’Institut Pasteur et commence l'étude du rôle des microorganismes dans la production de la vitamine A et de la vitamine B et lance ses travaux sur la protéolyse et sur la phagocytose des bactéries. En 1927, il résume dans les Annales de l'Institut Pasteur les faits expérimentaux connus sur les bactériophages et avance ses hypothèses sur leur caractère contagieux et héréditaire.

De 1929 à 1932, Eugène Wollman est Directeur scientifique à l’Institut Sanitas[5] à Santiago-du-Chili à la demande de l’Institut Pasteur, dans le domaine de la recherche sur les bactériophages. De retour en France, en 1934, il est nommé chef de service à l’Institut Pasteur et le sera jusqu’à sa déportation en 1943.

En 1940, avec l'occupation de Paris, l'Institut Pasteur se replie sur Angers, puis Toulouse. À la demande du directeur Gaston Ramon, Eugène Wollman se porte volontaire pour rester à Paris et y continuer ses recherches sur la multiplication des bactériophages. Il crée le Service des Bactériophages au sein de l'Institut Pasteur en 1940[6].

Le , des membres du service de la police, après avoir arrêté, le , sa femme Elisabeth à leur domicile, 12. rue Olier, dans le 15e arrondissement de Paris[7], viennent arrêter Eugène Wollman qui était hospitalisé à l'Hôpital Pasteur[8]. Eugène et Elisabeth Wollman sont tous deux transférés à Drancy, puis déportés à Auschwitz par le convoi 63, le , où ils seront assassinés à leur arrivée[9].

Hommages[modifier | modifier le code]

  • Membre de la Société de biologie (1924).
  • Croix du combattant
  • La séance de la Société française de microbiologie (SFM), tenue le , à l'Institut Pateur[10], est consacrée, en mémoire d'Eugène Wollman, à des travaux sur le bactériophage. Dans le cadre de cette séance, après un éloge par le président Nègre, le professeur Eduardo Cruz-Coke (en) du Chili prononce un discours en reconnaissance des services rendus par le docteur Wollman, durant son sejour au Chili à l'Institut Sanitas.
  • Une plaque « À la mémoire d’Eugène et Elisabeth WOLLMAN, morts en deportation en , et de leur fils Élie WOLLMAN (1917-2008), tous trois pasteuriens, pionniers de la biologie moderne », apposée sur la façade du Pavillon Emile Roux de l’Institut Pasteur a été dévoilée le , en présence de la Professeur Alice Dautry, Directrice générale de l’Institut Pasteur, et de membres de la famille Wollman[11].

Œuvres et publications[modifier | modifier le code]

  • « La vie aseptique »
  • « Sur le phénomène de d'Hérelle », in: Comptes rendus des séances de la Société de biologie et de ses filiales, 1921, vol. 84, p. 3.
  • « Recherches sur la Bactériophagie (Phénomène de Twort-d'Herelle) », in: Annales de l'Institut Pasteur, 1927, tome XLI, 883.
  • « Bactériophagie et processus similaires. Hérédité ou infection ? », in: Bull. Inst. Pasteur, 1928, 26:1-14.
  • Bactériophagie et processus similaires, hérédité ou infection ?, Masson (Paris), 1928.
  • Titres et travaux scientifiques, Impr. A. Maretheux et L. Pactat (Paris), 1930.
  • « Bactériophagie (autolyse hérédocontagieuse) et bactériophages (facteurs lysogènes) », in: Bull. Inst. Pasteur 1934, 32:945-955.
  • Bactériophagie (autolyse hérédocontagieuse) et bactériophages (facteurs lysogènes), Masson (Paris), 1935.
  • (en) « The phenomenon of Twort-d'Hérelle and its significance », in: The Lancet, Volume 226, Issue 5858, 7 December 1935, p. 1312-1314.
  • Alexandre Besredka (1870-1940), Masson (Paris), 1940.
En collaboration
Portrait dElisabeth Wollman, vers 1920-1925, in: Pasteuriens et personnalités du monde médical, 1868- 1970, Institut Pasteur (Paris), lire en ligne sur Gallica.
  • avec Elisabeth Wollman:
    • « Les "phases" des bactériophages (facteurs lysogenes) », in: Comptes Rendus Hebdomadaires des Séances et Mémoires de la Société de Biologie, 124, 1937: 931–934, lire en ligne sur Gallica.
    • « Les microbes dans l'alimentation des têtards », in: Comptes rendus des séances de la Société de biologie et de ses filiales, 1915, 67, t. 78, p. 195-197, lire en ligne sur Gallica.
    • « Sur la transmission "parahéréditaire" de caractères chez les bactéries », in: Comptes rendus des séances de la Société de biologie et de ses filiales, 93, 1925: 1568-1569.
    • « Bactériophagie spontanée et dissociation du Bacillus subtilis », in: Comptes rendus des séances de la Société de biologie et de ses filiales, 1930, 82, vol. 105, t.3, p. 248-250, lire en ligne sur Gallica.
    • « Mise en liberté des bactériophages d'une souche spontanément lysogène par l'action du lysozyme »,in: Comptes rendus des séances de la Société de biologie et de ses filiales, 119 (1935): 47-50.
    • « Comportement du B. megatherium lysoglène et de son bactériophage en milieu décalcifié », in: C R Soc. Biol, 121 (1936): 302.
    • « Régénération des bactériophages chez le Bacille megatherium lysogene », in: C R Soc. Biol, 122 (1936): 190-192.
    • « Conservation de la fonction lysogène chez B. megatherium cultivé en présence de sérum antibactériophage », in: C R Soc. Biol Paris, 122 (1936): 871.
  • avec Antoine Lacassagne:
    • « Évaluation de la taille relative des bactériophages par leur radiosensibilité », in: Comptes rendus des séances de la Société de biologie et de ses filiales, 131 (1939): 959-61.
    • « Recherches sur le phénomène de Twort-d'Hérelle (sixième mémoire). Évaluation des dimensions des bactériophages au moyen des rayons X », in: Ann. Inst. Pasteur, 1940, Vol. 64, p. 5-39.
    • « Évaluation des dimensions des bactériophages au moyen des rayons X », in: Annales de l’Institut Pasteur, Vol. 64. 1940, p. 4-39.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. lauréat du Prix Nobel de physiologie ou médecine en 1908
  2. Alice fera des études de medecine
  3. Nadine Marty fera des études de physique à l'EPCI (École de physique et de chimie industrielles), promotion no. 59 de 1943, et sera spécialiste de spectrométrie β à l'IPN d'Orsay.
  4. Élie, né le 4 juillet 1917, reçoit le prénom d’Élie Metchnikoff, décédé un an auparavant (le 15 juillet 1916). Élie Wollman continuera sur les traces de ses parents et sera un eminent microbiologiste, professeur et sous-directeur de l'Institut Pasteur.
  5. L'Instituto Médico Técnico Sanitas est fondé en 1920, par des medecins, professeurs à la faculté de médecine de l'Université de Santiago du Chili.
  6. Pierre Nicolle - Chef du Service des Bactériophages, « A propos de la thérapeutique par les bactériophages », Bulletin de l'Académie Nationale de Médecine,‎ , p. 58-60 (lire en ligne)
  7. Voir, Klarsfeld, 2012.
  8. Leur fille, Nadine Marty, sera aussi arrêtée, mais sera liberée par l'intervention de Frédéric Joliot et échappera au sort de ses parents. Elle fera une carrière scientifique notable au CNRS.
  9. Arrêté du 25 octobre 2002 portant apposition de la mention « Mort en déportation » sur les actes et jugements déclaratifs de décès
  10. Annales de l'Institut Pasteur, t. 73, no. 5, 1947, page 488-490
  11. Bulletin publié par L’ASSOCIATION DES ANCIENS ÉLÈVES DE L’INSTITUT PASTEUR, 2009 - 51e année - 4e Trim. - N° 201

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • « Eugène Wollman », in: À la mémoire de quinze savants français lauréats de l'Institut assassinés par les Allemands, 1940-1945, [ouvrage publié par le Comité à la mémoire des savants français], Paris, 1959, 1 vol., 148 p.
  • (en) Burian, Richard M., Jean Gayon, and Doris Zallen: « The singular fate of genetics in the history of French biology, 1900–1940. », in: Journal of the History of Biology 21.3 (1988): 357-402.Article téléchargeable en ligne.
  • (en) Burian, Richard M., and Jean Gayon: « The French school of genetics: From physiological and population genetics to regulatory molecular genetics. », in;: Annual review of genetics 33.1 (1999): 313-349, Texte intégral.
  • Galperin Charles: « Virus, provirus et cancer », In: Revue d'histoire des sciences 1994, Tome 47 no 1. Pathologie, aspects génétiques. p. 7-56. doi : 10.3406/rhs.1994.1189 Text intégral.
  • (en) Valerie Racine: « Lysogenic Bacteria as an Experimental Model at the Pasteur Institute (1915-1965) », Article intégral en ligne dans le site The Embryo Project Encyclopedia.
  • P. Nicolle: « Eugène Wollman », in: Annales Instit. Pasteur, 72, 853-858.
  • « Eugène Wollman », in: Dictionnaire des étrangers qui ont fait la France, [sous la dir. de Pascal Ory], Robert Laffont (Paris), 1357 p.
  • Serge Klarsfeld. Le Mémorial de la déportation des Juifs de France. Beate et Serge Klarsfeld: Paris, 1978. Nouvelle édition, mise à jour, avec une liste alphabétique des noms.FFDJF (Fils et Filles des Déportés Juifs de France), 2012.

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]