Esprit Pézenas

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Esprit Pézenas (Avignon, – Avignon, ), est un jésuite, astronome, mathématicien, professeur d'hydrographie et directeur de l’Observatoire de Marseille français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Né et mort à Avignon, Esprit Pézenas entra dans la Compagnie de Jésus en 1709. Il enseigna d'abord les humanités mais dès 1728, il reçut la chaire d'hydrographie à Marseille et, en 1749, il devint directeur de l'Observatoire. La suppression de son ordre en 1763 l'obligea à se retirer définitivement à Avignon en 1766, où il demeura jusqu'à sa mort, mais il ne cessa de s'occuper de travaux scientifiques.

Son œuvre commence réellement au début des années 1740 avec des travaux de mathématiques sur le jaugeage des tonneaux. Il produit plusieurs traductions d'ouvrages de langue anglaise vers 1748-49 : le Traité des Fluxions de Colin Maclaurin, le Microscope mis à la portée de tout le monde de Baker, le Traité de physique de J.T. Desaguliers, etc. (voir G. Boistel, Inventaire des œuvres...). Le Cours complet d'optique de l'Anglais Robert Smith n'est publié qu'en 1767. Des recherches récentes (GB) ont montré que cette traduction existe dès 1752 ; l'abbé Nicolas Louis de Lacaille dispose d'une copie de cette traduction en 1755 lorsqu'il compose ses propres leçons d'optique.

Les années 1750 sont particulièrement intéressantes. Après un voyage à Paris au cours de l'année 1749, Pezenas obtient le soutien de quelques académiciens (La Condamine, notamment) et de quelques membres de la Cour (sans doute le Comte de Saint-Florentin, qui s'occupera des Cultes, et de Berryer, qui deviendra ministre de la Marine). Il obtient des crédits pour la rénovation de l'observatoire de la Montée des Accoules. À l'aide de fonds récoltés dans des conditions qui restent à éclaircir, Pezenas achète des télescopes grégorien et cassegrain chez James Short en Angleterre. L'observatoire est, à partir de 1755, l'un des mieux équipés d'Europe. Pezenas et ses assistants jésuites, le P. Louis Lagrange, les PP. Rodolphe Corréard, Jean-Baptiste Blanchard, Carantène, et quelques autres jésuites étrangers de passage, se livrent principalement à des recherches en optique instrumentale, à l'observation des taches solaires, à la recherche de comètes et aux observations lunaires.

Ce groupe de jésuites est aussi impliqué dans une activité apostolique importante auprès des populations pauvres du quartier des Accoules et Saint-Jean.

Malheureusement, l'activité scientifique de ces jésuites est de courte durée. Après la dispersion des jésuites de Provence en 1763, Pezenas, auquel succédera Guillaume de Saint-Jacques de Silvabelle à la direction de l'observatoire, ne s'occupe presque exclusivement que des longitudes en mer et des méthodes lunaires, les distances lunaires en particulier.

En 1767, il traduit et publie à Avignon les Principes de la montre de John Harrison. Son dernier ouvrage sur les longitudes, publié en 1775, n'est pas à la hauteur de ses autres ouvrages ; il est néanmoins riche de larges discussions critiques, historiquement pertinentes.

Œuvres – Travaux[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Note sur la vie et les ouvrages du Père Pézenas, dans Journal des Sçavans, , p. 569-571 (lire en ligne)
  • Prosper Levot, A. Doneaud, Les gloires maritimes de la France. Notices biographiques sur les plus célèbres marins, Arthus Bertrand éditeur, Paris, 1866, p. 396-397 (lire en ligne)
  • Guy BOISTEL, 1999, « Le problème des « longitudes à la mer » dans les principaux textes d’astronomie nautique en France autour du XVIIIe siècle », in Actes du colloque « Éprouver la science : le premier XVIIIe siècle », Nantes-Le-Croisic, 6-, paru dans Sciences et techniques en perspective, IIe série, vol. 3, fasc. 2, 253-284.
  • Guy BOISTEL, 2001, « Deux documents inédits des PP. jésuites R.J. Boscovich et Esprit Pezenas sur les longitudes en mer », paru dans la Revue d’histoire des sciences, 54/3, 383-397. Online et PDF[1]
  • Guy BOISTEL, 2002, « Les longitudes en mer au XVIIIe siècle sous le regard critique du père Pezenas », in Vincent Jullien (Dir.), Le calcul des longitudes. Un enjeu pour les mathématiques, l’astronomie, la mesure du temps et la navigation, 101-121, Rennes, Presses Universitaires de Rennes.
  • Guy BOISTEL, 2003, « Inventaire chronologique des œuvres imprimées et manuscrites du père Esprit Pezenas (1692-1776), jésuite, astronome et hydrographe marseillais », Revue d'histoire des sciences, 2003, vol. 56, no 1, p. 221-245. ISSN 0151-4105. OnLine et PDF[2]
  • Guy BOISTEL, 2004, « Les ouvrages et manuels d’astronomie nautique en France, 1750-1850 » in Le Livre maritime au siècle des Lumières. Édition et diffusion des connaissances maritimes (1750-1850), Textes réunis par Annie Charon, Thierry Claerr et le professeur François Moureau, Paris, Presses de l’Université Paris-Sorbonne, 111-132. (étude du contexte dans lequel Pezenas a publié ses principaux textes d'astronomie nautique).
  • Guy BOISTEL, 2005, « L'observatoire des jésuites de Marseille sous la direction du père Esprit Pezenas (1728-1763) », in Observatoires et Patrimoine astronomique français (G. Boistel, dir.), Cahiers d'histoire et de philosophie des sciences, no 54, 2005, Lyon, SFHST/ENS Éditions, p. 27-45. (ISBN 2-84788-083-6). (Où l'on apprend comment l'observatoire de Marseille fut l'un des mieux équipé d'Europe au milieu des années 1750 (télescope de James Short et instruments de John Dollond; et comment l'observatoire devenait un centre de formation scientifique jésuite au moment même où se décidait la dispersion de l'Ordre à travers toute la France et en Provence en particulier).
  • Guy BOISTEL, 2010, « Esprit Pezenas (1692-1776), jésuite, astronome et traducteur : un acteur méconnu de la diffusion de la science anglaise en France au XVIIIe siècle », in Échanges franco-britanniques entre savants depuis le XVIIe siècle ; Franco-British interactions in science since the Seventeenth Century, textes réunis et présentés par Robert Fox et Bernard Joly, Cahiers de logique et d’épistémologie, no 7, Oxford/Lille-3, College Publications, 135-157 [ (ISBN 978-184890-002-8)] (sur les traductions par Pezenas de l'Optique (Opticks) de Robert Smith, de "La montre de John Harrison", et d'un certain nombre de textes mathématiques anglais du XVIIIe siècle).
  • Guy BOISTEL, 2012, « Nouvelle théorie des taches du Soleil », Esprit Pezenas, s.j., 1770, édition commentée et annotée du manuscrit D.128 (Archives départementales de l’Hérault) par Guy Boistel, Nantes, Cahiers François Viète, Série I, no 8 (2004). Lien[3]. (Dans cette étude entièrement commentée et restituée, Pezenas adopte une méthode géométrique pour déterminer l'inclinaison de l'axe de rotation du Soleil sur lui-même et déterminer sa période de rotation à l'aide de 3 observations des taches solaires).

Liens externes[modifier | modifier le code]