Escalier monumental d'Auch

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Escalier monumental d'Auch
L'escalier monumental en 2007.
Présentation
Type
Destination actuelle
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Inauguration
Propriétaire
Patrimonialité
Localisation
Pays
Région historique
Région administrative
Département
Commune
Adresse
Place Salinis -
Boulevard Sadi-Carnot
Coordonnées
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L'escalier monumental d'Auch est un site classé et un monument historique du XIXe siècle constituant une voie piétonne reliant par les 374 marches de son escalier la haute et la basse-ville d'Auch. Il y a 374 marches au total avec les doubles volées. Seules 233 marches sont nécessaires pour monter de la basse-ville à la haute-ville.

Localisation[modifier | modifier le code]

L'escalier monumental se trouve à Auch, préfecture du département du Gers en région Occitanie et capitale de la région historique et culturelle de Gascogne. Il est situé en surplomb de la rive gauche du Gers, dans une entaille de la colline de la haute-ville et descend de la place Salinis, au sud de la cathédrale Sainte-Marie et de la tour d'Armagnac, jusqu'au boulevard Sadi-Carnot, entre le pont du Prieuré et le passage Saint-Pierre[1].

Historique[modifier | modifier le code]

À la suite du coup d'État du 2 décembre 1851, 10 000 habitants de la ville d'Auch se soulèvent contre l'Empereur. Le préfet du Gers Eugène Lagarde ayant été malmené par les insurgés, Louis-Napoléon Bonaparte charge le préfet Paul Féart (1er février 1852-4 juin 1858)[2] d'organiser la répression. 338 auscitains sont déportés en Algérie. Le préfet Féart va cependant se rallier les insurgés en apportant son secours aux plus démunis et en embellissant la ville. Sur le rapport du de l'imprimeur auscitain Foix, conseiller municipal, qui déclare « Il faut créer des chantiers afin de donner de l'ouvrage à ceux qui en manquent », un projet préfectoral adopté le par le Conseil général et le par le Conseil municipal organise les grands travaux qui vont transformer la ville d'Auch[3],[4],[5],[6],[7].

Par ces travaux le préfet Féart ne veut pas seulement assurer aux auscitains le confort procuré par l'eau courante et le gaz ; son projet est aussi d'agrémenter la ville et de mettre en valeur la cathédrale. Il annonce :

« La ville d'Auch possède le plus beau monument du Midi de la France ; deux bâtiments détruisent l'harmonie de la partie la plus élégante [...] Nous allons dire à l'État : si vous êtes disposé à commencer les travaux de dégagement de l'église d'Auch, nous offrons de vous céder notre tribunal et nos prisons, et nous transporterons ces deux établissements sur un point plus convenable. L'un de ces bâtiments faisait partie de l'évêché, vous le rendrez à sa primitive destination ; l'autre forme, par sa tour colossalement haute, une des beautés pittoresques de la ville et du département. Son existence et son histoire sont intimement liées à l'histoire de la ville, des comtes d'Armagnac et, par conséquent, à l'histoire du département tout entier. Ce donjon sera conservé comme monument historique ; c'est à cette condition seulement que nous consentons à nous en dessaisir. La partie de ces deux constructions qui doit être démolie dégagera la Cathédrale [...] À la ville, nous disons la partie la plus ancienne d'Auch, le centre de la cité, compris entre la Cathédrale et le Collège, se trouve d'un accès si difficile et dans une position si défavorable que la population l'a abandonnée [...] La future place ainsi dégagée se terminera par une des plus belles terrasses du Midi de la France. Un perron de 80 marches reliera cette terrasse et la basse ville. Ces deux parties de la cité dont les habitants éprouvent de si fâcheuses difficultés de communication seront mises en rapport aussi direct que facile. »

Ainsi sont posées les bases du dégagement de la future place Salinis et de la construction du futur escalier monumental[3],[4],[5],[6],[7].

Dans le même temps, Léopold Gentil (1816-1891), architecte en chef du département et inspecteur des édifices diocésains[8],[9] traduit en plan les souhaits du préfet Féart et de l'archevêque Antoine de Salinis associés dans le même projet. Cependant, l'escalier tel qu'il apparaît ne correspond pas à ces plans et l'auteur du projet réalisé n'est pas connu. Quoi qu'il en soit, les travaux débutent en 1858. Les bâtiments de l'officialité qui jouxtent la cathédrale sont débarrassés du Tribunal et des prisons transférés dans le quartier de l'Oratoire, à l'extrémité des allées d'Étigny où viennent d'être construits le nouveau palais de Justice et la nouvelle maison d'arrêt. Le quartier des chanoines et le cloître sont rasés. La nouvelle place est plantée de micocouliers. Ne subsistent de part et d'autre que le collège des Jésuites, futur Lycée d'Auch puis collège Salinis et la tour d’Armagnac. La construction de l'escalier monumental est réalisée avec les matériaux locaux, la pierre calcaire des carrières du Serrot à Leboulin, principalement utilisée pour la construction du nouveau tribunal[10], mais également avec les pierres de la chanoinie en réemploi. Les sept fontaines bénéficient des travaux d'adduction d'eau de la ville réalisés dans le même temps. L'escalier est inauguré en 1863[3],[4],[5],[6],[7].

L'ouvrage est cependant de constitution fragile du fait de matériaux de qualité friable, d'un emplacement instable, et encore fragilisé par les inondations de 1897 et celles de 1977 qui provoquèrent l'effondrement d'une partie de l'édifice au-dessus de la rue Charras. Des travaux de confortement puis de réhabilitation au long cours ont depuis été engagés qui voient l'escalier et les terrasses retrouver la pierre blonde du Gers et les jardins de nouveaux agréments comme des arbres de Judée ou des 420[11] plants de vigne de Saint-Mont en 2017. Un partenariat est conclu en 2009 entre la ville d'Auch et la Fondation du patrimoine pour leur financement[12],[13].

Architecture[modifier | modifier le code]

Construit sur 35 mètres de dénivellation, l'escalier est constitué de 374 marches[N 1], protégées par de larges et hautes rambardes de pierre et descendant, de part et d'autre de la place Salinis, en deux volées convergentes se rejoignant sur une première esplanade. La descente se poursuit par une volée centrale puis les marches s'écartent à nouveau en deux volées divergentes entourées de jardins. Elles s'orientent encore vers une deuxième terrasse et descendent ensuite en une volée centrale, ponctuée de trois paliers. Les marches s'évasent pour déboucher enfin sur le boulevard Sadi-Carnot[1]. Le nombre de marches à monter ou descendre par l'une ou l'autre des volées convergentes ou divergentes et les volées droites est de 233[5].

Plaque située en haut de l'escalier Monumental auscitain

Le côté est de la place Salinis, fermé par des balustrades de pierre, forme un premier balcon offrant une vue panoramique sur la basse ville. Les mêmes balustrades protègent le premier palier de l'escalier au droit de la tour d'Armagnac au nord et du collège Salinis au sud. Au centre du mur de soutènement des deux terrasses et du jardin central est creusée, sur toute la hauteur, une niche en cul-de-four, encadrée de pilastres et surmontée d'un arc en plein-cintre, abritant une fontaine et un bassin[1].

Au sol de la première esplanade, L'Observatoire du temps, sculpture en fonte de Jaume Plensa commémorant les inondations de 1977 en Gascogne, égrène les mots de l'Ancien Testament évoquant le déluge. Au sud, l'esplanade se poursuit par la rue Vieille Pousterle aux maisons moyenâgeuses. Au nord se déroulent les jardins en terrasses de l'hôtel de la Préfecture, ancien palais archiépiscopal. Sur la dernière terrasse, précédant la descente vers le Gers enjambant la rue Charras et la rue Rabelais, domine la statue monumentale du célèbre gascon Charles de Batz de Castelmore, dit d'Artagnan, réalisée par Firmin Michelet en 1931[1].

L'escalier monumental de la villa Garzoni (Italie, XVIIe siècle) est cité comme une référence stylistique dont les caractéristiques se retrouvent à Auch mais également dans les escaliers du Bom Jesus (Portugal, XVIIIe siècle), de la gare Saint-Charles (Marseille, XXe siècle) ou de la rue Foyatier à Montmartre (Paris, XXe siècle)[14].

Protection du patrimoine[modifier | modifier le code]

L'escalier monumental d'Auch est inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques par un arrêté du [15]. L'ensemble urbain constitué par l'escalier monumental, ses terrasses, leurs élévations, les bassins, les plantations des abords et la place Salinis, est également classé par un arrêté du au titre des sites remarquables[16] pour son caractère rattaché aux « paysages bâtis par l'Homme »[17].

Notes et références[modifier | modifier le code]

L'escalier aux 374 marches fleuries de la montagne de Bueren à Liège.

Notes[modifier | modifier le code]

  1. C'est aussi, pour une pente de 30 % sur 194 mètres, le nombre de marches en volées droites de l'escalier de la montagne de Bueren à Liège. À titre de comparaison, l'escalier de la rue Foyatier sur la butte Montmartre comporte 222 marches, également en volées droites, pour un dénivelé de 36 mètres (35 % de pente).

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d « Escalier monumental », sur techdrone.fr
  2. Paul Féart, frère du sculpteur Adrien Féart, est ensuite préfet d'Ille-et-Vilaine (1858-1864) puis de Lot-et-Garonne (1864-1867). Maurice Bordes, « La carrière de Paul Féart Préfet du Gers de 1852 à 1858 », Bulletin de la Société archéologique du Gers, Société archéologique du Gers, no 10,‎ (BNF 34426497, lire en ligne) lire en ligne sur Gallica
  3. a b et c Maurice Bordes et Louis Astuguevieille, « Les progrès de l'urbanisme à Auch sous le second Empire », Bulletin de la Société archéologique du Gers, Société archéologique du Gers, no 7,‎ (BNF 34426497, lire en ligne) lire en ligne sur Gallica
  4. a b et c Sophie Noachovitch, « L'escalier né du coup d’État de Napoléon III », Sud Ouest,‎ (lire en ligne)
  5. a b c et d Paul Mesplé, « À travers le patrimoine architectural », dans Maurice Bordes, Histoire d'Auch et du pays d'Auch, Roanne, Horvath, coll. « Histoire des villes », , 260 p. (ISBN 2-7171-0109-8, BNF 34735862), p. 109-134
  6. a b et c André Peré, « Le XIXe siècle - De 1815 à 1914 », dans Maurice Bordes, Histoire d'Auch et du pays d'Auch, Roanne, Horvath, coll. « Histoire des villes », , 260 p. (ISBN 2-7171-0109-8, BNF 34735862), p. 171-193
  7. a b et c Françoise Bagnéris, La Cathédrale d'Auch et son quartier des chanoines, Paris, Nouvelles éditions latines, , 303 p. (ISBN 2-7233-0321-7, BNF 34951596, lire en ligne)
  8. « Nécrologie », L'Art pour tous : encyclopédie de l'art industriel et décoratif, Paris, A. Morel & cie,‎ (lire en ligne) lire en ligne sur Gallica
  9. « Répertoire des architectes diocésains du XIXe siècle. Gentil Joseph, François, Léopold », sur elec.enc.sorbonne.fr
  10. Christine Rossi, « Leboulin », dans Georges Courtès (dir.), Communes du département du Gers, vol. I : Arrondissement d'Auch, Auch, Société archéologique et historique du Gers, , 460 p. (ISBN 2-9505900-7-1, BNF 39151085) p. 38
  11. Inauguration de l'escalier monumental d'Auch restauré, Auch, Fondation du Patrimoine, , 3 p. (lire en ligne), p. 1
  12. « Auch : l'escalier monumental sera planté de vignes », sur France 3,
  13. « Escalier monumental d'Auch », sur Fondation du patrimoine
  14. « Escalier monumental. La restauration en marche(s) », Vivre à Auch, Mairie d'Auch, no 2,‎ (lire en ligne)
  15. « Escalier monumental », notice no PA00132674, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  16. « Fichier national des sites classés (mise à jour 10 mai 2016) », sur ecologique-solidaire.gouv.fr
  17. « Lieux de beauté, lieux de mémoire. Bilan des sites classés et inscrits du Gers », sur occitanie.developpement-durable.gouv.fr,

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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