Ernest d'Hervilly

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Ernest d'Hervilly
Portrait gravé publié dans l’album Mariani (1903).
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Ernest Marie d'HervillyVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonymes
L'Homme aux gros souliers, Bleu-blanc-rouge, Le Cousin Jacques, Gil BlasVoir et modifier les données sur Wikidata
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signature d'Ernest d'Hervilly
Signature au bas d’une lettre adressée à Jules Massenet.

Ernest d'Hervilly, né le à Batignolles-Monceau et mort le à Champigny-sur-Marne, est un journaliste, écrivain, poète et dramaturge français.

Auteur de 14 pièces, jouées tant à l’Odéon qu’à la Comédie-Française, d’environ 120 albums pour la jeunesse, de romans et de livres d'histoire quatre fois couronnés par l'Académie française, « japonisant avant les japonistes[1] », d'Hervilly a également pratiqué la rime et l’aquarelle[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils d'un conducteur de travaux des Ponts et chaussées et poète amateur, qui lui enseigne, enfant, la prosodie, la métrique, le métier du vers[2], d'Hervilly commence par travailler comme dessinateur pour la Compagnie des chemins de fer du Nord. Ensuite, il est piqueur pour le compte des Ponts et chaussées, comme dans le cadre des travaux urbains d'Haussmann à Paris, jusqu'en 1865.

Vers 1861, il commence à écrire dans Le Figaro, mais aussi dans des journaux et des revues comme La Vie parisienne, Le Nain jaune[a], La Lune, Les Nouvelles, L'Artiste, L’Image, L’Éclipse, Diogène, Les Écoles de France, Le Grand journal, Paris-Caprice, La Revue des lettres et des arts, Le Masque, La Nouvelle Némésis, La Parodie, etc. Plusieurs de ces publications d’opposition républicaine utilisant la satire ou la critique politique plus ou moins voilée, elles sont souvent rapidement interdites par le pouvoir impérial, d'où l'utilisation par d'Hervilly de pseudonymes tels « L'Homme aux gros souliers », « Bleu-blanc-rouge » ou « Le Cousin Jacques », ou encore celui, collectif, de « Gil Blas ».

En 1868, il publie un premier recueil de poésies La Lanterne en vers de couleurs, allusion au journal républicain La Lanterne d'Henri Rochefort. Son style lui permet d’intégrer le groupe des Parnassiens. Plusieurs de ses textes figurent dans les deuxième (1871) et troisième (1876) volumes du Parnasse contemporain et aussi dans un autre ouvrage collectif Sonnets et eaux-fortes. Vers 1869, il intègre également la bande des Vilains Bonshommes qui regroupe essentiellement des artistes et des poètes. À ce titre, il figure sur le célèbre portrait de groupe Coin de table d'Henri Fantin-Latour, aux côtés, notamment, de Paul Verlaine, Arthur Rimbaud et Camille Pelletan. Il est parmi les cinq personnes assises, le deuxième à partir de la droite[4].

Un coin de table, 1872
Fantin-Latour, musée d'Orsay.

Il aura toutefois une altercation avec Rimbaud, en 1871, qui lui lance « Ferme ton con, d'Hervilly », relatée par Rodolphe Darzens[5], premier biographe de Rimbaud[b]. En 1870, il fait la connaissance de Victor Hugo et devient un habitué de son cercle familial, ce qui explique en 1872 son entrée au journal Le Rappel où il tient pendant une dizaine d'années une rubrique sous le pseudonyme « Un Passant »[3]. Dans les années qui suivent, il continue d'écrire pour plusieurs revues comme La Lune rousse, La Jeune France, La Renaissance artistique et littéraire, La République des lettres… auxquelles il fournit chroniques ou poèmes.

Après la publication par Émile Bergerat, dans le Figaro, sous le titre de la Petite Tristesse d’Olympio, un spirituel poème inrimé, sur des mots qu’il affirmait ne pas avoir de rimes, d’Hervilly a réagi, le lendemain, par une fantaisie dédiée à Ariel[c], « sur son dernier poème inrimé », dans lequel se trouvaient enchâssées toutes les rimes rares ou uniques aux mots que Bergerat avait déclarées être sans rimes[2].

Sans délaisser la presse, il s'oriente cependant de plus en plus vers l'écriture de romans, de tableaux de la vie parisienne et de récits ou contes, parfois picaresques ou d'anticipation, de plus en plus destinés à un public jeune. Il écrit également pour le théâtre, mais se spécialise dans les pièces courtes en un acte.

Ayant moins de succès au tournant du siècle, il cesse de publier et se retire dans sa maison de Champigny-sur-Marne, au 19 rue de Brétigny. Veuf de Cécile Scott depuis octobre 1895[7], il y meurt entouré de sa fille Georgette (1878-1927[8]).

Principales publications[modifier | modifier le code]

Poésie
Romans, récits et chroniques
  • Le Manuel du gêneur : ou l’Art d’être désagréable en société, .
  • Joseph Affagard, .
  • Contes pour les grandes personnes, .
  • Mesdames les Parisiennes, .
  • Histoires divertissantes, (lire en ligne sur Gallica).
  • D’Hervilly-Caprices, .
  • Histoires de mariages, .
  • Les Armes de la femme, .
  • Parisienneries, .
  • La Dame d’Entremont, récit du temps de Charles IX, .
  • Le Grand Saint-Antoine-de-Padoue, .
  • Timbale d’histoires à la parisienne, .
  • La Vénus d’Anatole : monocoquelogue, Bruxelles, Henry Kistemaeckers, .
  • Les Historiettes de l’histoire, .
  • L’Homme jaune, histoires burlesques ou tendres, .
  • Les Parisiens bizarres, .
  • L’Âge d’or de l’enfance, histoires morales et amusantes, .
  • Les Bêtes à Paris, .
  • Le Chat du « Neptune », (lire en ligne sur Gallica).
  • La Statue de chair, (lire en ligne sur Gallica).
  • Aventures d’un petit garçon préhistorique en France, .
  • Les Heures enfantines, .
  • Héros légendaires, leur véritable histoire, .
  • Trop grande, .
  • La Vision de l’écolier puni, .
  • Les Contes de la fée Carabosse, .
  • Aventures du Prince Frangipane, .
  • Les Historiettes de l’histoire, .
  • L’Île des Parapluies, aventures du gâte-sauce Talmouse, .
  • En bouteille à travers l’Atlantique, de Key-West (Floride) au cap Nord (Norvège) par le Gulf-Stream, .
  • Tristapatte, tristesses et joies d’un petit écolier, .
  • Les Chasseurs d’édredons, voyages et singulières aventures de M. Barnabé (de Versailles), (lire en ligne sur Gallica).
  • À Cocagne ! : Les aventures de MM. Gabriel et Fricotin, .
  • Au bout du monde ! Les vacances de M. Talmouse (ill. Stanislaw Rejchan, Felician Myrbach et Édouard François Zier), .
  • Seule à treize ans, .
  • Ma cousine Gazon, histoire racontée par une jeune-fille, .
Théâtre
  • Le Loup, 1869.
  • La Ronde de nuit, comédie en 1 acte, Paris, Théâtre de La Tour d’Auvergne, .
  • Le Malade réel, à-propos en 1 acte, en vers, Paris, Théâtre de l’Odéon, .
  • « La Soupière : comédie en un acte en prose, représentée pour la première fois sur le théâtre de Chartres, le  », dans Ernest Legouvé, Théâtre de campagne : première série, Paris, Paul Ollendorff, (OCLC 863661897), p. 127.
  • Le Docteur sans pareil, comédie en 1 acte, en vers, Paris, Théâtre de l’Odéon, .
  • Silence dans les rangs ! comédie en 1 acte, Bruxelles, Cercle artistique et littéraire, .
  • La Belle Saïnara (comédie japonaise en 1 acte en vers, Paris, Théâtre de l’Odéon, ) (lire en ligne sur Gallica).
  • Le Magister, comédie en 1 acte, en vers, Paris, Comédie-Française, .
  • Le Bibelot, comédie en 1 acte, Paris, Théâtre du Palais-Royal, .
  • Le Bonhomme Misère, légende en 3 tableaux, en vers, avec Alfred Grévin, Paris, Théâtre de l’Odéon, .
  • La Fontaine des Béni-Menad, comédie mauresque en 1 acte, en vers, Paris, Théâtre de l’Odéon, .
  • Le Parapluie, comédie en 1 acte, Paris, Théâtre de l’Odéon, .
  • Poquelin père et fils, comédie en 1 acte, en vers, Paris, Théâtre de l’Odéon, .
  • L’Enveloppe, comédie en 1 acte, 1884.
  • La Dame de Louvain, comédie en 1 acte, 1885.
  • L’Île aux corneilles, comédie en 1 acte, en vers, Paris, Théâtre de l’Odéon, .
  • Bigoudis, comédie en 1 acte, Paris, Gymnase-Dramatique, .
  • Mal aux cheveux, comédie en 1 acte, Paris, Théâtre du Palais-Royal, .
  • La Soupière, comédie en 1 acte, 1885.
  • Vent d’Ouest, comédie en 1 acte, 1885.
  • Molière en prison, comédie en 1 acte, en vers, suivie de Au prisonnier du Châtelet, stances, Paris, Comédie-Française, .
  • Cinq anniversaires de Molière : 1874, 1875, 1877, 1881, 1886, comédies en vers, (lire en ligne sur Gallica).
  • Marions ma tante, comédie en 1 acte, Paris, Gymnase-Dramatique, .
  • Midas, comédie en 1 acte, en vers, Paris, Théâtre de l’Odéon, .
  • Taï-Tsoung, opéra en 5 actes et 7 tableaux, paroles Ernest d’Hervilly, musique Émile Guimet, 1894.
  • L’Hommage de Flipote, à-propos en vers, Paris, Comédie-Française, .
  • Notre ami Drolichon, comédie en un acte, en vers, Paris, Comédie-Française, , (lire en ligne sur Gallica).

Distinctions[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Iconographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Poursuivi pour un article paru dans ce journal, il a été défendu par Léon Gambetta, qui a réussi à obtenir son acquittement[3].
  2. Cette affirmation est néanmoins à prendre avec des pincettes, dans la mesure où cette édition, qui a été dénoncée comme très imparfaite, a été saisie à la requête de son propre préfacier. La Jeune Belgique relève, en outre, que cette « préface renferme, à elle, seule, plus de coquilles qu’une plage à marée basse[6]. »
  3. C’était là l’un des noms de plume de Bergerat.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Jules Claretie, Figures contemporaines tirées de l’Album Mariani, t. 8, Paris, Flammarion, (lire en ligne), p. 1895.
  2. a b et c Jules Truffier, « Mort d'Ernest d'Hervilly », Le Figaro, Paris, no 323,‎ , p. 3 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  3. a et b Société bibliographique, « Nécrologie », Polybiblion : Revue bibliographique universelle, Paris, vol. 2, no 64,‎ , p. 537 (lire en ligne, consulté le ).
  4. « Notice de Coin de table », sur Musée d'Orsay (consulté le ).
  5. Arthur Rimbaud (préf. Rodolphe Darzens), Reliquaire : Poésies, Paris, Léon Genonceaux, coll. « XIX », (réimpr. 2016), 180 p. (ISBN 978-2-34603-548-9, lire en ligne), xxiv.
  6. Max Waller, La Jeune Belgique, t. 11, Bruxelles, , 455 p. (lire en ligne), p. 79.
  7. Acte de décès nº 113 (vue 145/190). Archives départementales du Val-de-Marne en ligne, état-civil de Champigny-sur-Marne, registre des décès 1892-1896.
  8. Acte de décès nº 1890 (vue 20/31). Archives en ligne de la Ville de Paris, état-civil du 15e arrondissement, registre des décès de 1927. L'acte précise qu'elle était célibataire.
  9. Dossier LH/12597/38. Ministère de la Culture, base Léonore.
  10. Gazette de l'Hôtel Drouot, 14 mai 2018, vente Pierre Bergé, lot nº 132.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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