Émile Belot

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Émile Belot, né le à Vendôme et mort le au Mans, est un ingénieur en chef des manufactures de l'État.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Émile Belot est le fils de Émile Joseph Belot (1829-1886), historien, et le frère de Gustave Belot (1859-1929), normalien, agrégé de philosophie, inspecteur général de l'enseignement secondaire[1].

Il est l'arrière-grand-père de Pierre Pincemaille[2], musicien et organiste français.

Ingénieur[modifier | modifier le code]

Polytechnicien (promotion 1877)[3], vice-président de la Société philomathique de Paris[4], secrétaire général de la Société des Actuaires[5], membre de l'association pour l'avancement des sciences[6] et lauréat de l'Académie des sciences, il s'est intéressé à l'automation et à la gestion de la production. Il a travaillé sur la fluidité industrielle[7] (1925 Les nouvelles applications du principe de continuité)[a] pour mettre l'accent sur l'utilisation des machines et à ce titre on parle quelquefois de lui comme le Frederick Taylor français[9],[10]. Ingénieur au sein de la Régie des Tabacs[11], il est inventeur de différentes machines[12],[13], comme la machine à paqueter mécaniquement les cigarettes en 1888[14],[15] ou une machine pour le conditionnement du tabac en 1914[16]. Ingénieur à la manufacture des tabacs de Nantes[17], puis au Mans, puis à Paris[13], directeur de la Manufacture des tabacs du Havre en 1907[18], puis de celle de Paris-Reuilly[19],[20] de 1914 à 1928, il est un administrateur à tendance « sociale »[1] ; animateur de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, il crée des jardins ouvriers et est parmi les fondateurs du cautionnement mutuel des fonctionnaires en 1908[21].

Astronome[modifier | modifier le code]

Féru d'astronomie, il est membre de la Société astronomique de France à partir de 1904[22], pour en devenir vice-président de 1920 à 1924[23],[24] (où il donne des conférences entre 1909 et 1914[25]). Il est également membre du comité de rédaction de L'Astronomie[26]. Travaillant sur la théorie dualiste[27], il a laissé plusieurs ouvrages, et notamment L'origine des formes de la terre et des planètes, ainsi que L'origine dualiste des mondes (Essai de cosmogonie tourbillonnaire), où il émet l'hypothèse d'un proto-soleil nébuleux entrant en contact violent avec une nébuleuse plus vaste et explique qu'une telle rencontre est à l'origine des systèmes planétaires[28] et de leur organisation selon une spirale logarithmique sur le schéma de laquelle se répartissent les planètes de ce système par absorption tourbillonnaire et concrétion des poussières de la nébuleuse bousculée. Cet ouvrage, salué par Guillaume Bigourdan[28], sera préfacé par Camille Flammarion. Henri Poincaré, quant à lui, consacre un chapitre de ses cours de cosmogonie donnés à la Sorbonne aux thèses d'Émile Belot[29].

Il donne à la Société Astronomique de France un cours de cosmogonie qu'il continue à la Sorbonne entre 1912 et 1914[18]. Il reçoit en 1925 le prix des Dames décerné par la Société astronomique de France[30],[31].

Hommages[modifier | modifier le code]

Émile Belot est chevalier de la Légion d'Honneur le et officier de la Légion d'Honneur le .

Il obtient une médaille d'or à l'exposition universelle de 1900 pour ses inventions dans l'industrie du tabac[6].

Une rue porte son nom dans la ville du Mans[32].

En 1983, l'ingénieur Lucien Romani évoque les théories d'Émile Belot dans son ouvrage La Naissance du système solaire[33]. Dans les années 2010 sont organisées des journées d'études sur Émile Belot, son frère Gustave Belot et son père Émile Joseph Belot, comme le à l'école des hautes études en sciences sociales[34] ou le à la Société française pour l'Histoire des sciences de l'homme[35].

Publications[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • 1911 : Essai de cosmogonie tourbillonnaire (L'origine dualiste des mondes), Paris, Gauthier-Villars
  • 1911 : Principe d'organisation systématique des machines et des usines, La Technique Moderne, tome 3, no 10[36]
  • 1918 : L'Origine des formes de la terre et des planètes, Paris, Gauthier-Villars[37]
  • 1922 : Exposition synthétique de l'origine dualiste des mondes (Cosmogonie tourbillonnaire), Paris, PUF
  • 1923 : L'Évolution stellaire et nébulaire étudiée à la lumière de l'évolution organique, Paris, Société philomathique
  • 1924 : L'Origine dualiste des mondes et la structure de notre Univers, préface de Camille Flammarion, Paris, Payot
  • 1925 : Les Nouvelles Applications du principe de continuité
  • 1928 : Émile Belot, Notice sur les titres, travaux scientifiques, astronomiques et géophysiques de M. Émile Belot, Paris, Gauthier-Villars, , 72 p. (lire en ligne).
  • 1930 : 1 ̊ Les Systèmes planétaires sont-ils rares ou fréquents dans les univers stellaires. 2 ̊ Métamorphose et évolution de la masse terrestre depuis son émission par le protosoleil jusqu'à sa condensation sphéroïdale, Paris, Masson
  • 1931 : La Naissance de la terre et de ses satellites. Leur évolution cosmique, Paris, Gauthier-Villars
  • 1932 : Enseignements de la cosmogonie moderne, Paris, Bloud & Gay
  • 1934 : préface de l'œuvre de Théo Varlet L'Astronomie. Le nouvel univers astronomique.

Articles[modifier | modifier le code]

  • Dans La Revue scientifique
    • Émile Belot, « Le système solaire primitif », La Revue scientifique, vol. 48e année, no 25,‎ (ISSN 0370-4556, lire en ligne, consulté le ).
    • Émile Belot, « Le problème cosmogonique et les méthodes de la cosmogonie », La Revue scientifique, vol. 52e année, no 12,‎ (ISSN 0370-4556, lire en ligne, consulté le ).
    • Émile Belot, « L'origine cosmique des formes de la Terre », La Revue scientifique, vol. 54e année, no 11,‎ (ISSN 0370-4556, lire en ligne, consulté le ).
    • Émile Belot, « Le volcanisme sur la Terre, sur la Lune, dans l'Univers. Le volcanisme expérimental. », La Revue scientifique, vol. 57e année, no 22,‎ 15-22 novembre 1919 (ISSN 0370-4556, lire en ligne, consulté le ).
    • Émile Belot, « Les actions de la pression de radiation », La Revue scientifique, vol. 62e année, no 9,‎ (ISSN 0370-4556, lire en ligne, consulté le ).
    • Émile Belot, « Le rôle de l'Astro-physique en géologie », La Revue scientifique, vol. 62e année, no 24,‎ (ISSN 0370-4556, lire en ligne, consulté le ).
    • Émile Belot, « La cosmogonie dualiste et tourbillonnaire : Sa méthode et ses preuves », La Revue scientifique, vol. 66e année, no 21,‎ (ISSN 0370-4556, lire en ligne, consulté le ).
    • Émile Belot, « L'industrie du tabac en France », La Revue scientifique, vol. 67e année, no 20,‎ (ISSN 0370-4556, lire en ligne, consulté le ).
    • Émile Belot, « Le mystère des tectites : Larmes bataviques tombées du ciel », La Revue scientifique, vol. 71e année, no 19,‎ (ISSN 0370-4556, lire en ligne, consulté le ).
  • Dans le Bulletin de la Société philomathique de Paris
    • Émile Belot, « Le volcanisme latent en relation avec les tremblements de terre et les raz de marée », Bulletin de la Société philomathique de Paris, Paris, x, t. XII,‎ , p. 27-33 (ISSN 0366-3515, BNF 34378178).
    • Émile Belot, « Culture et industrie du tabac en France et dans le monde », Bulletin de la Société philomathique de Paris, Paris, x, t. XVII,‎ (ISSN 0366-3515, BNF 34378178).
  • Dans Science et vie
    • Émile Belot, « Sans le soleil, la Terre ne tarderait pas à périr », Science et vie, no 76,‎ (ISSN 0036-8369).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Volny Fages, Émile Belot (1857-1944) ou l’impossible cosmogonie scientifique, p. 35-42, dans Savants et inventeurs entre la gloire et l'oubli, sous la direction de Patrice Bret et Gérard Pajonk, Cths (collection Histoire), Paris, 2014 (ISBN 978-2-7355-0813-6) ; p. 136
  • Maisin, J. E. Belot, Les enseignements de la cosmogonie moderne. In: Revue néo-scolastique de philosophie. 40e année, Deuxième série, no 53, 1937. pp. 155-156.

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Les concepts sont proches de l'organisation mise en place plus tard par l'entreprise Renault[8].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Les Belot : chercher, expliquer et pérenniser l’ordre dans le cosmos, la manufacture et la société », sur le site de l'École des hautes études en sciences sociales (consulté le ).
  2. « Ascendance et descendance d'Émile Belot », sur le site geneanet (consulté le ).
  3. « Emile Belot sur le site des anciens de l'école Polytechnique », sur Site des anciens de l'école Polytechnique (consulté le ).
  4. « Émile Belot (1857-1944) », sur data.bnf.fr (consulté le ).
  5. Etat de la société au 1er décembre 1920 : Première section. — sciences mathématiques, t. XI, coll. « Bulletin de la société philomantique de Paris / X », .
  6. a et b Volny Fages, « Émile Belot (1857-1944) », sur ams.hypotheses.org, (consulté le ).
  7. Bernard Girard, Histoires des théories du management en France : Du début de la Révolution industrielle au lendemain de la Première Guerre mondiale, Rennes, Éditions L'Harmattan, coll. « Recherches en Gestion », , 292 p. (ISBN 978-2-343-06193-1, EAN 9782343061931).
  8. Gwenaële Rot, « Fluidité industrielle, fragilité organisationnelle », Revue française de sociologie, vol. 43, no 4 « Actualités wébériennes : perspectives d'analyses et principes de traduction »,‎ , p. 711-737 – note 15 (ISBN 2-7080-1038-7, e-ISSN 1958-5691, lire en ligne [PDF], consulté le ).
  9. François Vatin, Émile Belot et le principe de continuité, vol. Fascicule 2, Rennes, coll. « Publications de l'Institut de recherche mathématiques de Rennes », (lire en ligne), p. 56-69.
  10. Alexandre Moatti, Alterscience : Postures, dogmes, idéologies, Paris, Éditions Odile Jacob, (ISBN 978-2-7381-7778-0), chap. IX (« La cosmogonie catastrophiste de l'ingénieur Hans Hörbiger »), p. 131.
  11. Louis Bourgoin, Savants modernes, leur vie, leur œuvre, Montréal, Éditions de l'Arbre, , p. 275.
  12. Paul Smith, « Les monopoles français des tabacs et des allumettes aux XIX et XX siècles : Bibliographie sélective », Recherches contemporaines, no 2,‎ , p. 189 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  13. a et b « Belot (Emile) », dans Qui êtes-vous ? Annuaire des contemporains : notices biographiques, vol. 3, C. Delagrave, , 806 p..
  14. Laurent Fièvre, Les manufactures de tabacs et d'allumettes, morlaix, Nantes, Le Mans et Trélazé (XVIIIe – XXe siècles), Rennes, Presses universitaires de Rennes, , 298 p. (ISBN 2-86847-926-X).
  15. Anaïs Milet, « Nantes Patrimonia : Ouvriers de la manufacture des tabacs », (consulté le ).
  16. (nl) Bruyne Kruyd, « Frankrijk », dans Het erfgoed van de tabaksnijverheid in Vlaanderen [« L'héritage de l'industrie du tabac en Flandre »], Agentschap Onroerend Erfgoed, coll. « Onderzoeksrapporten van het agentschap Onroerend Erfgoed. » (no 69), , 187 p. (ISSN 1371-4678, lire en ligne [PDF]), 5.2.1.3, p. 152.
  17. Jean-Noël Retière, « Une entreprise d'État séculaire : les Tabacs : L'exemple de la « Manu » de Nantes (1857-1914) », Entreprises et histoire, ESKA, vol. 2, no 6,‎ , p. 109-127 (ISSN 1161-2770, e-ISSN 2100-9864, lire en ligne, consulté le ).
  18. a et b Philippe Véron, « BELOT, Émile (1857-1944) », dans dictionnaire des astronomes français 1850-1950, Observatoire de Haute-Provence (lire en ligne), p. 34-35.
  19. Paul Vanuxem, « Laisser du temps au temps », Annales des Mines, no 63,‎ (ISSN 0295-4397, lire en ligne [PDF], consulté le ).
  20. « Une visite à la manufacture des tabacs de Morlaix », La Dépêche de Brest et de l'Ouest,‎ (ISSN 2125-7531, lire en ligne, consulté le ).
  21. François Vatin, Le travail, sciences et société : Essais d'épistémologie et de sociologie du travail, Bruxelles/Paris, Éditions de l'Université de Bruxelles, , 222 p. (ISBN 2-8004-1213-5), chap. VI (« Emile Belot et le principe de continuité »), p. 108.
  22. « Assemblée générale annuelle de la Société astronomique de France », Bulletin de la société astronomique de France, Paris, vol. 39e année,‎ , p. 379 (lire en ligne, consulté le ).
  23. Jean-Noël Retière, « Liste Générale des Membres de la Société Astronomique de France : au 31 décembre 2011 », L'Astronomie, Société astronomique de France, vol. 25,‎ , p. 591-655 (ISSN 0004-6302, lire en ligne, consulté le ).
  24. Société astronomique de France, « Assemblée générale de la Société astronomique de France », L'Astronomie, Paris, Gauthier-Villars, vol. 42e année,‎ , p. 333-335 (lire en ligne, consulté le ).
  25. G. Fournier, « Un Demi-Siecle a l'Observatoire de la Societe Astronomique de France », L'Astronomie, vol. 64,‎ , p. 337 (lire en ligne, consulté le ).
  26. Société astronomique de France, « L'Astronomie : revue mensuelle d'astronomie, de météorologie et de physique du globe et bulletin de la Société astronomique de France », L'Astronomie, Paris, Gauthier-Villars, vol. 42e année,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  27. Jean-Pierre Verdet, Aux origines du monde : Une histoire de la cosmogonie, Paris, Éditions du Seuil, , 239 p. (ISBN 978-2-02-128789-9, lire en ligne), chap. VIII-5 (« Belot »).
  28. a et b Stephane Le Gars, L'émergence de l’astronomie physique en France (1860-1914) : acteurs et pratiques, t. 1 (thèse de doctorat en Epistémologie, spécialité Histoire des sciences et techniques), Université de Nantes, , 523 p. (lire en ligne), chap. 3.2.1 (« Les tourbillons, ou l’Univers expliqué au laboratoire »), p. 305-308.
  29. Henri Poincaré, Leçons sur les hypothèses cosmogoniques professées à la Sorbonne, Paris, Faculté des Sciences de Paris, , 294 p. (lire sur Wikisource), chap. XIV (« Hypothèse de M. É. Belot. »), p. 271-279.
  30. Gabrielle Camille-Flammarion, « Les Progrès de la Société Astronomique de France », L'Astronomie, vol. 41,‎ , p. 332 (lire en ligne, consulté le ).
  31. « Lauréats des prix décernés par la Société astronomique de France », sur le site de la Société astronomique de France (consulté le ).
  32. « Rue Emile Belot au Mans », sur le site web de La Poste (consulté le ).
  33. Alexandre Moatti et Stéphane François (dir.), « Étude d'un cas d'alterscience : l'ingénieur Lucien Romani (1909-1990) », Un XXIe siècle irrationnel ? Analyses pluridisciplinaires des pensées « alternatives », Paris, CNRS éditions,‎ (ISBN 978-2-271-11828-8, HAL hal-02192503, lire en ligne, consulté le ).
  34. « Gustave et les deux Émile. Les Belot, père et fils, trois savants sous la IIIe République », sur lettre.ehess.fr (consulté le ).
  35. Nathalie Richard, « Journée d'étude – Les frères Belot, deux savants sous la IIIe République », sur Le carnet-blog de la Société française pour l'Histoire des sciences de l'homme, (consulté le ).
  36. Luc Marco, Histoire de l'édition gestionnaire française 1486-1914, Edi-Gestion, , 494 p. (ISBN 978-2-903628-10-9, EAN 9782903628109, HAL hal-01774486, lire en ligne [PDF]), p. 114.
  37. R. Dongier, « Chronique bibliographique : L'origine de la forme de la Terre et des planètes », La Revue scientifique, vol. 57e année, no 2,‎ 18-25 janvier 1919 (ISSN 0370-4556, lire en ligne, consulté le ).