Embuscades de Cornil

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1re embuscade de Cornil

Informations générales
Date
Lieu Aval du pont de Bonnel sur la Route nationale 89 commune de Cornil
Issue Voiture mitraillée et déraillement de train
Belligérants
Drapeau de la France FFI FTP Drapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand
Commandants
Jean Baldous
Forces en présence
7 hommes 4 hommes
Pertes
Aucune 4 blessés

Seconde Guerre mondiale
Libération de la Corrèze

Coordonnées 45° 12′ 40″ nord, 1° 41′ 36″ est
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
1re embuscade de Cornil
Géolocalisation sur la carte : Limousin
(Voir situation sur carte : Limousin)
1re embuscade de Cornil
Géolocalisation sur la carte : Corrèze
(Voir situation sur carte : Corrèze)
1re embuscade de Cornil

Les embuscades de Cornil, au nombre de trois, sont des opérations montées les 27 mars 1944, 1er avril 1944 et 7 août 1944 en Corrèze par la Résistance intérieure française contre l'armée allemande d'occupation[1],[2].

1re embuscade de Cornil[modifier | modifier le code]

Contexte[modifier | modifier le code]

Le , un groupe de 7 résistants[Note 1] de la 5e compagnie FTP de la Corrèze[3] commandée par Jean Baldous[Note 2] arrive des bois de Malemort et se positionne un peu en aval du pont de Bonnel sur la commune de Cornil[4],[5].

L'embuscade[modifier | modifier le code]

De 6 heures du matin à 19 heures, aucun véhicule ennemi n'ayant apparu, le groupe décide de regagner son campement. C'est alors qu'une Traction Avant allant vers Brive les dépasse. Martial Raphael[6] dit Tarzan utilise alors son fusil mitrailleur, faisant éclater les vitres du véhicule qui fonce à vive allure vers Brive sans demander son reste. Ils apprendront plus tard que le véhicule était occupé par des officiers et qu'ils avaient tous été blessés[7].

Suite et représailles[modifier | modifier le code]

Revenant à pied vers leur campement en longeant la route nationale 89, ils arrivent à la gare d'Aubazine, lieu à partir duquel la voie ferrée longe la route jusqu'à Brive. Le groupe décide de faire dérailler un train. Ayant fait stopper un convoi de marchandises, les Résistants font amener le convoi jusqu'au pont de Jayle[8] sur la commune de Malemort où la locomotive est décrochée et les wagons laissés sur place. Après avoir conduit la machine à 2,5 km du pont, le chauffeur et le mécanicien prennent la direction de Brive pendant que les FTP lancent la motrice qui écrase 7 ou 8 wagons bloquant ainsi la voie pour plusieurs jours.

Après le déraillement, l'équipe reprend le chemin du retour au camp situé à 1 km à vol d'oiseau du lieu de l'accident.

Il n'y eut aucune représailles à la suite de cette embuscade.

2e embuscade de Cornil[modifier | modifier le code]

Contexte[modifier | modifier le code]

Le 1er avril 1944, à 6h30, le même groupe de 7 résistants de la 5e compagnie FTP de la Corrèze[3], toujours commandés par Jean Baldous se positionnent au lieu-dit Bonnel, commune de Cornil, à 500 mètres environ à vol d'oiseau du bourg[4],[5]. Le groupe se poste sur une falaise d'une dizaine de mètres de haut, située sur le côté Nord de la route nationale 89, permettant un itinéraire de repli facile à travers la forêt, avec au Sud la rivière Corrèze où l'endroit est particulièrement encaissé et tortueux[9].

L'embuscade[modifier | modifier le code]

Vers 9 heures, deux véhicules, contenant une trentaine d'Allemands, venant de Tulle sont immédiatement mitraillés par Martial Raphael dit Tarzan.

Les dégâts semblent importants chez l'ennemi. Un véhicule de type Kübelwagen[Note 3], et un autre de type SdKfz comprenant 21 policiers de la Schutzpolizei, avec 3 fusils mitrailleurs, sont immobilisés et plusieurs d'entre eux sont fauchés, les autres étant cloués dans les fossés.

Cependant, les deux véhicules sont rejoints par une importante colonne de la Wehrmacht transportant de l'essence et escortée de GMR arrivant de Brive qui se trouve alors bloquée.

Les soldats allemands, désorientés par l'écho de la fusillade, tirent dans tous les sens, pensant être assaillis par un nombre très important de résistants.

Ils sont rapidement rejoints par des éléments de la LNA sous les ordres de Henri Lafont[10] qui arrivent de Tulle[11].

Le combat est rude, les FTP coincés entre la RN89 et la route de Poumeyrol[Note 4] se défendent avec acharnement à tel point que les miliciens Nord-Africains y laissent 2 tués.

Vers 20 heures, les Résistants décrochent un à un, se dispersent à travers la forêt, et rejoignent vers 4h du matin le camp de Venarsal, à l'exception de Martial Raphael[6] dit Tarzan qui, blessé, a tiré jusqu'à épuisement de ses 10 chargeurs de FM avant d'être fait prisonnier.

Suite et représailles du 1er avril[modifier | modifier le code]

Après le combat, les Nord-Africains de Bonny-Lafont et les Allemands se dirigent sur le village de Cornil, situé en hauteur, et tirent à l'aveuglette faisant 1 mort[12] et des blessés. Ils entrent dans les maisons, les pillent et font une cinquantaine d'otages, dont le maire et le curé. Ceux-ci sont rassemblés au centre du bourg et emmenés sur le lieu de l'embuscade, où ils rejoignent les 4 ouvriers de la carrière.

Le SD et la LNA de Lafont prennent 9 otages dans Cornil[Note 5] qui sont amenés à Tulle avec le FTP fait prisonnier (M. Raphaël dit Tarzan).

À Tulle, ils prennent 40 otages supplémentaires et les agents SD apprennent au Préfet Trouillé que parmi les pertes allemandes il y a le Ostuf Karl Keller, bras droit du Hstuf August Meier commandant de la Police de sûreté et du service de sécurité[13] qui a été tué et qu'un Zugwachtmeister de la Schutzpolizei a été grièvement blessé. Une partie des troupes s'installent au bourg et à l'asile de Rabès située à la sortie du village.

Suite et représailles du 2 avril[modifier | modifier le code]

Le , vers 7 heures du matin, des camions allemands entrent dans Venarsal et se dirigent immédiatement vers le camp FTP situé à la Jarrige au fond d'une petite vallée près d'un ruisseau.

Aussitôt, les Résistants s'enfuient emportant les armes mais ils sont repérés : ils essuient des tirs de mitrailleuses.

La région est passée au peigne fin, plusieurs colonnes allemandes convergent : ils se trouvent alors encerclés. Ils se cachent alors dans une creuse[Note 6] boisée ou pendent des racines d'arbres dans un terrain meuble. Plusieurs détachements passent à proximité sans les découvrir et à la nuit tombée, les recherches cessent.

Furieux de cette déconvenue, ils prennent Messieurs Thomas Rougier et L. Thomas, maire de Venarsal, comme otages, et les fusillent.

Ce même , à 16 heures dans la cour de la prison de Tulle sont fusillés en représailles[14],[15] :

  1. Martial Raphael[6],[16],[17], né le à Nalliers, y demeurant, « bandit » ayant pris part à l'attaque.
  2. Raymond Faro[18],[19], né le à Alger, chef régional de l'Armée secrète-MUR, organisateur de camp de bandes de la région et organisateur de sabotages, demeurant 20 rue du Puy-Blanc à Brive.
  3. Pierre Borély, né le à Courbevoie[20],[21], directeur d'une organisation de sabotage du système télégraphique des organisations réunies de résistance, demeurant à Roussoles quartier de Tulle.
  4. Jean Fredon, dit Benoît, né le à Cussac[22],[23], communiste, ayant assassiné des ressortissants français, demeurant à Fougeras village d'Oradour-sur-Vayres.
  5. André Lagrafeuille, né le à Chamboulive[24],[25], communiste, ayant assassiné des ressortissants français, demeurant à Latronche village du Lonzac.
  6. Henri Bourg, né le à Chamboulive[26],[27], communiste, ayant assassiné des ressortissants français, demeurant 10 rue du Pont-Neuf à Souillac quartier de Tulle.

Suite et représailles des jours suivants[modifier | modifier le code]

Le 3 avril, vers 3 heures du matin, le groupe de FTP sort de sa cachette, franchit la Corrèze et se dirige vers le département du Lot en restant caché toute la journée. Vers 4h30, les recherches allemandes continuent.

Le 4 avril, les FTP approchent du Lot et apprennent que des représailles ont eu lieu à Noailles et Jugeals-Nazareth. Ils restent cachés la journée.

Le 5 avril, continuant leur marche vers le Sud, ils arrivent à la limite des départements de la Corrèze et du Lot où ils sont recueillis par des paysans. Ils se cachent dans les bois durant 2 jours puis remontent vers le Nord afin de reprendre contact avec la 5e compagnie FTP de la Corrèze.

Le 8 avril, les 9 otages sont libérés et les troupes allemandes quittent le village.

3e embuscade de Cornil

Informations générales
Date
Lieu Pont de Cornil sur la Route nationale 89 commune de Cornil
Issue Convoi anéanti, victoire totale de la Résistance
Belligérants
Drapeau de la France FFI FTP Drapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand
Commandants
Émile Mazaud
Forces en présence
90 hommes 9 camions et 3 voitures
Pertes
Non indiqué Plusieurs dizaines de tués et de blessés

Seconde Guerre mondiale
Libération de la Corrèze

Coordonnées 45° 12′ 40″ nord, 1° 41′ 36″ est

3e embuscade de Cornil[modifier | modifier le code]

Contexte[modifier | modifier le code]

Le , la 232e compagnie FTP de la Corrèze[3], forte de 90 hommes armés de fusils-mitrailleurs, de mitraillettes Sten et Thompson, de fusils, revolvers et grenades, commandée par Émile Mazaud[Note 7] prennent position route nationale 89 au lieu-dit le Pont de Cornil[28].

L'embuscade[modifier | modifier le code]

À 12 h 30, 9 camions et 3 voitures en convoi sont mitraillés.

Durant une demi-heure, le combat fait rage : plusieurs dizaines d'Allemands sont tués, dont le commandant de la garnison de Tulle, ou blessés.

À l'exception du véhicule de tête qui a réussi à passer sans encombre, les autres sont renversés ou incendiés.

Après la 3e embuscade[modifier | modifier le code]

Le , l'acte de reddition de la garnison allemande de Tulle est signée au Pont-de-Cornil.

La signature eut lieu dans un hôtel, aujourd'hui disparu, qui était situé sur la commune de Chameyrat juste à la limite des deux communes[29],[30].

Postérité[modifier | modifier le code]

Les 5 et , la 3e Compagnie de combat du 126e Régiment d'Infanterie, stationné à Brive-la-Gaillarde, a commémoré la 3e embuscade de Cornil en la rejouant précisément sur les mêmes emplacements. Après un raid nocturne de plus de 25 km en équipement de combat et avec mitrailleuses lourdes, se terminant par une mise en place en rappel, les 150 "Bisons" ont simulé la destruction d'un convoi ennemi à l'aube avant de s'exfiltrer vers le village.

Ce raid a été l'occasion de rendre hommage aux Résistants, plus précisément au sergent FTP René Caudy, tué lors de l'embuscade, et dont l'opération portait le nom[31].

Depuis cette date, la 3e Compagnie du 126e RI est jumelée avec la commune de Cornil[32].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Sources
  • Les ouvrages cités dans bibliographie
  • Les sites cités dans liens externes
Notes
  1. * Jean Baldous dit Bébert le chef du groupe (21 ans) originaire de Paulhan (Hérault)
    * Martial Raphael dit Tarzan, un matelot, qui sera fusillé le ,
    * Jean Martinez, un combattant de la guerre d'Espagne qui se suicide le ,
    * Jean Léo dit Edmond, un cheminot de Brive, qui est tué par les GMR à Brive,
    * Rosette, un Parisien qui a disparu,
    * Raymond Ventura dit Prosper, un Catalan de Perpignan arrêté fin avril, mort en déportation et
    * Niger, dont le vrai nom n'est pas indiqué, mort accidentellement après la Libération
  2. Jean Baldous avait comme pseudonyme Bébert
  3. dans lequel se trouvait August Meier, Kommandeur de la Sipo-SD de Limoges et le SS-Obersturmführer Karl Keller qui fut tué au cours de l'accrochage.
  4. Poumeyrol est un village de la commune de Cornil
  5. Les 4 ouvriers de la carrière + 5 cornillois.
  6. Une creuse est un fossé assez profond creusé par les eaux de ruissellement.
  7. Émile Mazaud avait comme pseudonyme Le Frisé
Références
  1. Sous-série GR 19 P Maquis, forces françaises de l'intérieur
  2. Département de la Corrèze en 1939-1945
  3. a b et c Organigrammes des FTP 10 août 1944
  4. a et b Image satellite : Situation de Bonnel commune de Cornil (NB: à cette époque le tunnel n'existait pas)
  5. a et b Plan : Le pont de Bonnel traverse la rivière Corrèze
  6. a b et c Le nom est parfois Raphel et parfois Raphael. La plupart des sources indiquent Raphael. Toutefois le nom de famille pourrait-être Martial!
  7. Maquis de Corrèze page 396-397
  8. Situation du pont de chemin de fer du Jayle qui traverse la rivière Corrèze
  9. Ou plutôt était, en raison de la construction du tunnel de Cornil. Toutefois l'ancienne route existe toujours
  10. Bruno Kartheuser : Les pendaisons de Tulle Tome 3 pages 164 et suivantes
  11. Affaires retenues contre les accusés lors des procès dits de la bande « Bonny-Lafon »
  12. Jean Eugène Julien Antoine Teyssier
  13. Befehlshaber der Sicherheitspolizei und des Sicherheitsdienstes en allemand
  14. Texte de la lettre du 2 avril adressée au préfet Pierre Trouillé par August Meier reproduit dans l'ouvrage de Bruno Kartheuser Les pendaisons de Tulle Tome 3 page 165.
  15. Tulle (Corrèze), prison, 2 avril 1944.
  16. dit Tarzan.
  17. Martial Marcel Raphel dit Tarzan.
  18. alias Fromonteil, alias Rousseau, alias Charbonnaud.
  19. Raymond Raoul Isaac Farro.
  20. Il était contrôleur principal des installations électriques des PTT.
  21. Pierre Auguste Cécilien Borély.
  22. de profession carrier puisatier et était responsable interrégional du Parti communiste clandestin.
  23. Jean Fredon.
  24. ajusteur de profession, il était responsable interrégional des Comités d'Action Paysanne.
  25. André Lagrafeuille.
  26. il était employé à la MAT, Manufacture d'armes de Tulle.
  27. Henri Bourg.
  28. C'était le maquis qui libéra le Pays page 253
  29. TULLE, RESISTANTE ET MARTYRE » Chemin de mémoire sur cheminsdememoire.gouv.fr
  30. TULLE, RESISTANTE ET MARTYRE » Chemin de mémoire sur ville-tulle.fr
  31. René André Caudy
  32. Centre France, « En images - Immersion : les soldats du 126e Régiment d'Infanterie ont reconstitué la troisième embuscade de 1944 à Cornil (Corrèze) », sur www.lamontagne.fr, (consulté le )