Edmond Locard

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Edmond Locard
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 88 ans)
Caluire-et-CuireVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Cimetière d'Oullins (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Alexandre Arnoult Edmond LocardVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Domicile
Formation
Faculté de médecine et de pharmacie de Lyon (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Père
Enfant
Denise Stagnara (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Faculté de médecine et de pharmacie de Lyon (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Membre de
Influencé par
Distinction
Archives conservées par
Œuvres principales
Criminalistique (), autopsie médico-légale (d) ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Plaque commémorative sur le Palais de justice de Lyon
Vue de la sépulture.

Edmond Locard, né à Saint-Chamond (Loire) le [2] et mort à Caluire-et-Cuire (Rhône) le (à 88 ans)[3], est un professeur de médecine légale qui fonde à Lyon en 1910 le premier laboratoire de police scientifique au monde. Il est généralement considéré comme l'un des fondateurs de la criminalistique et comme un défenseur de la coopération policière internationale. Cette idée est notamment à l'origine d'Interpol[4].

Biographie

Edmond est le fils d'Arnould Locard, et de Marie Gibert de Sennevières[2]. Par son père, il serait issu d'une vieille famille écossaise (Lockheart) venue en France au XVIe siècle. À l'âge de 3 semaines, il est emmené loin de Saint-Chamond, sa ville natale (qui a été celle de Ravachol), pour être élevé à Allevard jusqu'en 1880, à la naissance de sa sœur Marguerite[5] où la famille est installée alors à Lyon, quai de la Charité - aujourd'hui, 38 quai Gailleton. Élève brillant, il passe de la pension Blanchoux au collège dominicain Saint-Thomas d'Aquin, à Oullins, dans la section des langues anciennes. Bachelier à 17 ans, mention lettres et sciences, il parle déjà 11 langues[6].

Après ce double baccalauréat, il effectue des études de droit puis, sur les conseils de son père, étudie la médecine avec Louis Léopold Ollier, spécialiste de la chirurgie osseuse. À la mort d'Ollier, il devient l'élève d'Alexandre Lacassagne, professeur titulaire de la chaire de médecine légale de Lyon. En 1902, il est reçu Docteur en médecine en soutenant une thèse médicale sur La médecine légale sous le grand roy. Ayant rejoint l'équipe de Lacassagne comme secrétaire externe puis préparateur, il en devient l'assistant mais travaille de concert avec d'autres grands pionniers de la police scientifique, notamment Rodolphe Archibald Reiss, de l'Université de Lausanne. Il obtient sa licence de droit en 1905[6].

Il introduit la dactyloscopie à Lyon (étude des empreintes digitales) parallèlement aux méthodes de Bertillon (anthropométrie). En janvier 1910, il crée l'ancêtre du laboratoire de police dans les combles du Palais de justice de Lyon, permettant l'identification des criminels et résout en novembre de la même année sa première enquête grâce à la dactyloscopie, douze ans après la première identification dactyloscopique réalisée par Bertillon. Edmond Locard est mondialement reconnu pour son principe d'échange, qui est toujours d'actualité dans les laboratoires de sciences judiciaires

En 1910, le Laboratoire de Police scientifique est créé. Il applique aux problèmes policiers les principes des recherches scientifiques de la médecine légale : balistique, toxicologie, identification des écritures (sa passion et son expertise reconnue pour la graphologie, comme en témoigne l'affaire du corbeau de Tulle) ou sa réfutation de la thèse d'Alphonse Bertillon lors de l’Affaire Dreyfus[7], ne l'empêche pas de commettre une erreur condamnant en 1945 sur la base d'une lettre anonyme une femme[8] aux travaux forcés à perpétuité, attribution reconnue erronée en 1956[9]. Cela explique en partie qu'il abandonne à la fin de sa vie la graphométrie, méthode aux résultats incertains[10].

Locard a rédigé Le Traité de police scientifique en 7 volumes. Cet ouvrage propose une méthodologie de cette nouvelle science et sert même à l'heure actuelle de base à tous les laboratoires de police scientifique du monde. Ce traité comprend une étude, entre autres, de l'enquête criminelle, des preuves de l'identité, des empreintes et de l'expertise de documents écrits[11]. Il travaille au laboratoire jusqu'en 1954 (74 ans).

Edmond Locard avait également d'autres centres d'intérêt, en qualité de critique d'opéra, grand défenseur du théâtre de Guignol lyonnais et auteur d'un Manuel du philatéliste. Écrivain et journaliste à ses heures, il donna des « causeries radiophoniques » après la Seconde Guerre mondiale et publia de nombreux articles dans des périodiques lyonnais et en particulier dans Le Mois à Lyon de son ami Marcel E. Grancher, ainsi que quelques titres aux Editions Lugdunum, mais également Payot, Rieder ou encore Gallimard.

Il est inhumé au cimetiere d'Oullins[12].

Il est le père de Denise Stagnara[13] et Jacques Locard.

Œuvre

  • La Médecine judiciaire en France au XVIIe siècle, T.M. Lyon, 1902
  • L'Identification des récidivistes, Paris, Maloine, 1909
  • La Police. Ce qu'elle est, ce qu'elle devrait être, Paris, Payot, 1919
  • L'Enquête criminelle et les méthodes scientifiques, Paris, Flammarion, Bibliothèque de philosophie scientifique, 1920
  • Manuel de technique policière, Paris, Payot, 1923
  • Policiers de romans et policiers de laboratoire, Paris, Payot, 1924
  • Le Crime et les Criminels, Paris, La renaissance du livre, 1925
  • Traité de criminalistique (T I et II), Les Empreintes et les traces dans l'enquête criminelle, Lyon, Desvigne, 1931
  • Traité de criminalistique (T III et IV), Les Preuves de l'identité, Lyon, Desvigne, 1932
  • La Malle sanglante de Millery, Lyon, Desvigne et Cie, 1933
  • Contes apaches, Lyon, Les Éditions Lugdunum, 1933
  • Notions élémentaires sur l'histoire du théâtre lyrique, Lyon, Desvigne et Cie, 1933
  • Traité de criminalistique (T V et VI), L'Expertise des documents écrits, Lyon, Desvigne, 1933
  • Note sur l'identification des suspects, Revue Internationale de criminalistique, 1935
  • La Criminalistique à l'usage des gens du monde et des auteurs de romans policiers, Lyon, Desvigne et Cie, 1937
  • Confidences (Souvenirs d'un policier), Lyon, Les Éditions Lugdunum, 1942
  • Manuel du philatéliste, Paris, Payot, 1942
  • Préface de l'ouvrage de Félix Benoit, L'Épuration à travers les âges, 1945
  • La Défense contre le crime, Paris, Payot, 1951
  • Mémoires d'un criminologiste, Paris, Fayard, 1958
  • Les Faux en écriture et leur expertise, Payot,1959
  • Mystères de Lyon, Lyon, Édition Pierre Bissuel, 1967

Récompenses, hommages, distinctions, postérité

La dix-huitième promotion de commissaires de police issus de l'école nationale supérieure de la police, entrés en fonction en 1967, porte son nom, ainsi qu'une rue du cinquième arrondissement de la ville de Lyon.

L'histoire d'Edmond Locard a inspiré la romancière Odile Bouhier pour sa trilogie Le sang des bistanclaques, De mal à personne et La nuit, in extremis (Presses de la Cité et 10-18, collection Grands Détectives). Le personnage Hugo Salacan, référence à Edmond Locard, incarne la passion des sciences.

L'histoire d'Edmond Locard a été mise en image dans la série Empreintes criminelles, inspirée de son travail, diffusée sur France 2. Le personnage Julien Valour, référence à Edmond Locard, y est joué par Pierre Cassignard.

En , il est intronisé à titre posthume au panthéon francophone de la criminalistique de l'association québécoise de criminalistique [14].

Les développeurs d'Overkill Software ont rendu hommage à Edmond Locard en créant un ARG (jeu en réalité alternée) dans le jeu Payday: The Heist.

Le jeune Georges Simenon, qui deviendra plus tard le célèbre écrivain de livres policiers, a reconnu avoir assisté à quelques conférences du Docteur Locard en 1919 ou en 1920.

Sa biographie a été réalisée en 1957 par Robert Corvol « Dr Edmond Locard. Mémoires d'un criminologiste ».

En 1959 est organisé le premier prix « Edmond Locard » de littérature policière.

Sa mémoire et ses méthodes perdurent dans les six laboratoires de police scientifique qui composent l'Institut national de police scientifique[15].

Notes et références

  1. « https://catalogue.bm-lyon.fr/search/8f9e9499-f372-476b-9a3e-2761624fd8b1 »
  2. a et b Acte de naissance [lire en ligne]
  3. Acte de décès [lire en ligne]
  4. « Edmond Locard », sur lesruesdelyon.hautetfort.com, (consulté le ).
  5. Acte de naissance d'Ernestine Marie Marguerite Locard [lire en ligne]
  6. a et b Philippe Artières, La police de l'écriture. L'invention de la délinquance graphique (1852-1945), La Découverte, , p. 87.
  7. J. Desvigne, Edmond Locard, LAffaire Dreyfus et l'expertise des documents écrits, Lyon, Bibliothèque de la Revue internationale, 1937
  8. Affaire Renée Laffite. Voir Marcel Le Clère, Manuel de police technique, 1966, p.120
  9. Jean-Marc Berlière, Le Monde des polices en France aux XIXe et XXe siècles, Bruxelles, Complexe, 1996, p. 123
  10. Marc Ancel, Revue de science criminelle et de droit pénal comparé, Éditions Sirey, , p. 479.
  11. Levy, A. (2008). La police scientifique, pp.24-25. Paris: Hachette.
  12. https://www.landrucimetieres.fr/spip/spip.php?article3448
  13. https://www.leprogres.fr/beaujolais/2016/02/29/denise-stagnara-fille-d-edmond-locard-s-est-eteinte.
  14. « Liste des intronisés au Panthéon francophone de la criminalistique », sur http://www.criminalistique.org (consulté le ).
  15. INPS, « Institut National de Police Scientifique : 100 ans de savoir-faire », sur police-nationale.interieur.gouv.fr (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Quinche, Nicolas, Experts du crime sur les bords du Léman : naissance de la police scientifique en Suisse romande et en France. Hauterive : Éditions Attinger, 2014, 352p., 130 photos, collection Nouvelles Éditions.
  • Quinche, Nicolas, Crime, Science et Identité. Anthologie des textes fondateurs de la criminalistique européenne (1860-1930). Genève : Slatkine, 2006, 368p., passim.
  • Équipe Anthropologie de l’écriture, Institut Interdisciplinaire d’Anthropologie du Contemporain, UMR8177, EHESS / CNRS : Percevoir l'invisible, février 2010.

Articles connexes

Liens externes

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