Dulie
Le culte de dulie est, pour l'Église catholique, le culte réservé aux saints et bienheureux, par opposition au culte de latrie, réservé à Dieu et à chaque personne de la Trinité, et au culte d'hyperdulie, réservé à la Vierge Marie.
C'est le concile de Trente qui a déterminé la distinction entre culte de latrie et culte de dulie, face à la réaction protestante contre ce qu'elle considérait de l'idolâtrie[1].
Étymologie[modifier | modifier le code]
Le mot vient du latin médiéval dolia, « servitude, soumission aux hommes », lui-même dérivé du grec ancien δουλεία / douleίa, « esclavage, servitude; soumission »[2].
Différence[modifier | modifier le code]
Pour les théologiens catholiques, la différence entre le culte de dulie et de latrie n'est pas une différence de degré, mais de nature : il y a autant de différence entre les deux qu'entre Dieu et sa créature. Le culte des saints est celui que l'on peut rendre à des serviteurs de Dieu[1].
Il existe des degrés dans le culte de dulie : le culte de la personne du Saint lui-même est plus important que le culte d'une relique, par exemple. Cette différence s'exprime par les notions de dulie absolue et de dulie relative.
Le culte de dulie[modifier | modifier le code]
La vénération publique des saints *
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![]() Vénération de Sainte-Thérèse de l'Enfant Jésus à la basilique de Lisieux | ||
Domaine | Pratiques rituelles | |
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Lieu d'inventaire | Île-de-France Paris |
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* Descriptif officiel Ministère de la Culture (France) | ||
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Le culte de dulie revêt deux formes : la vénération et l'invocation. La vénération désigne le témoignage du respect dû à un Saint ; l'invocation est la demande d'intercession de la part d'un Saint, en vue d'obtenir un avantage particulier.
Le culte se matérialise par un temps de prière et de recueillement devant les statues de saints (et de la Vierge Marie dans le cas d’hyperdulie) ; il peut s'accompagner d’un geste physique, par exemple : allumer une bougie. Il n'existe pas d'adoration de saints ; dans l'Église catholique l'adoration est réservée à Dieu seul.
Critique[modifier | modifier le code]
Le culte de dulie est critiqué par les Églises protestantes, ainsi que par les deux autres religions abrahamiques (judaïsme, islam) comme une entorse au principe supérieur du Dieu unique, propre au monothéisme.
Dévotion envers les statues[modifier | modifier le code]
Aux côtés de l’église et des objets saints, les statues de saints tiennent une place importante dans le recueillement des croyants. Elles font l’objet de dévotion et de pratiques religieuses particulières marquées par l'importance qu’attache le fidèle à la statue qui représente le saint.
La vénération des saints est un élément à part entière de la pratique religieuse, encore plus marqué dans les communautés ethniques et dans les sociétés conservatrices. La matérialité de la statue est très importante puisqu’elle incarne le saint dans un bâtiment religieux. Chaque statue est associé à un saint bien précis. Cela permet au croyant de vouer un culte à ce saint en choisissant le lieu dans lequel il exprime sa vénération par la prière, ou en allumant des bougies. Souvent, la statue du saint patron de la paroisse ou de la ville est la plus vénérée, son nom étant associé à l’église ou à la paroisse.
Pratique communautaire[modifier | modifier le code]
Cette pratique religieuse présente la particularité de marquer à la fois l’individualisme et le communautarisme.
En effet, se recueillir, comme prier, est un acte individuel, intime. La réunion de plusieurs croyants dans ces pratiques individuelles dans un même lieu, envers un même saint, autour d’un grand nombre de bougies allumées, souligne la présence d'une communauté religieuse. Si la vénération du saint est immatérielle, la statue, est bien matérielle. Elle traverse les générations, en créant un point d’attache entre fidèles de plusieurs générations successives.
De nombreuses statues font l’objet d’un culte ou matérialisent une croyance, un rituel. D'un saint donné, les fidèles attendent des vertus ou des bénéfices. Par exemple : l’église Saint-Ursin de Saint-Jean-des-Champs abrite une statue de saint Ursin qui suscite des demandes de guérisons. Il en va de même pour beaucoup de saints protecteurs.
Notes et références[modifier | modifier le code]
- Henri-Jacques STIKER, « DULIE & HYPERDULIE », sur universalis.fr, Encyclopaedia Universalis (consulté le )
- « Dulie », sur cnrtl.fr (consulté le )
Voir aussi[modifier | modifier le code]
Bibliographie[modifier | modifier le code]
- Brigitte Beaujard (préf. par André Vauchez), Le Culte des saints en Gaule. Les premiers temps. D’Hilaire de Poitiers à la fin du VIe siècle, Paris, Cerf, coll. « Histoire religieuse de la France » (no 15), , 613 p. (ISBN 978-2-204-06430-9)