Du Fer et du Sang

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Du Fer et du Sang (en allemand : Blut und Eisen) est le nom donné à un discours qui a été prononcé par le chancelier prussien Otto von Bismarck le devant la commission du budget de la chambre des représentants de Prusse.

Contexte[modifier | modifier le code]

L'objectif du discours pour Bismarck était de désamorcer le début de crise qui pointait entre la chambre des représentants et le gouvernement. Le parlement ne voulait pas accorder les moyens financiers nécessaires à la réforme de l'armée. La majorité libérale ne s'opposait cependant pas à une réorganisation de l'armée[1]. Elle conditionnait toutefois le vote de la réforme à un service militaire d'une durée de 2 ans et à la préservation de la Landwehr (armée de la campagne) au sein de la Feldheer (de) (armée).

Pour obtenir la compréhension et la collaboration de la chambre des représentants, Bismarck tient un discours dans lequel il déclara entre autres :

« L'Allemagne n'admire pas le libéralisme prussien, mais sa puissance ; la Bavière, le Wurtemberg, le pays de Bade peuvent bien laisser le libéralisme se développer, ils n'obtiendront pourtant pas le rôle de la Prusse ; la Prusse doit rassembler sa force, faire bloc et attendre le moment favorable, qu'elle a déjà manqué plusieurs fois dans le passé ; les frontières du congrès de Vienne ne sont pas favorables à un fonctionnement sain de l'État. Ce n'est pas par les discours et les votes à la majorité que les grandes questions de notre temps seront décidées - ça a été la grande erreur de 1848 et 1849 - mais par le fer et le sang[2],[3],[4]. »

Bismarck faisait notamment référence au poème de Max von Schenkendorf de 1813 à la tonalité guerrière :

« Car seul le fer peut nous sauver
Seul le sang peut nous délivrer
des lourdes chaînes du péché
de la malicieuse exubérance[5],[6],[7]. »

Ce discours a une grande importance historique, car il préfigure la politique extérieure que va mener Bismarck dans les années suivantes[8]. Même si la majorité des députés pensaient également que la question allemande ne serait pas résolue sans l'usage de la violence[1], la presse libérale comprit les termes « fer et sang » comme une volonté de créer la domination par la violence.

Bismarck considérait avoir été mal compris, quand on déclarait qu'il cherchait le conflit à l'extérieur pour surmonter les difficultés intérieures. Il devait se protéger contre de telles pensées, quand bien même cela était vain[9].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Neugebauer 2006, p. 324
  2. Neugebauer 2006, p. 331
  3. « Nicht auf Preußens Liberalismus sieht Deutschland, sondern auf seine Macht; Bayern, Württemberg, Baden mögen dem Liberalismus indulgieren, darum wird ihnen doch keiner Preußens Rolle anweisen; Preußen muß seine Kraft zusammenfaßen und zusammenhalten auf den günstigen Augenblick, der schon einige Male verpaßt ist; Preußens Grenzen nach den Wiener Verträgen sind zu einem gesunden Staatsleben nicht günstig; nicht durch Reden oder Majoritätsbeschlüsse werden die großen Fragen der Zeit entschieden – das ist der große Fehler von 1848 und 1849 gewesen – sondern durch Eisen und Blut »
  4. (de) Wilhelm Böhm, Fürst Bismarck als Redner, t. 2, Berlin et Stuttgart, Spemann, (lire en ligne), p. 12
  5. « Denn nur Eisen kann uns retten
    Uns erlösen kann nur Blut
    von der Sünde schweren Ketten,
    Von des Bösen Übermut.
     »
  6. (de) Ludwig Reiners, Bismarcks Aufstieg, Munich, C.H. Beck, , p. 358
  7. (de) Hagen Schulze, Staat und Nation in der europäischen Geschichte, Munich, C.H. Beck, , p. 232
  8. (de) Eberhard Kolb, Bismarck, Munich, C. H. Beck, , 144 p. (ISBN 978-3-406-56276-1, lire en ligne), p. 56
  9. (de) Horst Kohl, Die Reden des Ministerpräsidenten von Bismarck-Schönhausen im Preußischen Landtage 1862-1865, p. 31

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (de) Karl-Volker Neugebauer, Grundkurs deutsche Militärgeschichte. Die Zeit bis 1914, Munich, Oldenbourg Wissenschaftsverlag, coll. « Militärgeschichtlichen Forschungsamtes », (ISBN 978-3-486-57853-9)
  • Armin Jähne (de): Blut und Eisen. In: Kurt Pätzold, Manfred Weißbecker (Hrsg.): Schlagwörter und Schlachtrufe. Aus zwei Jahrhunderten deutscher Geschichte. Band 1, Leipzig 2002 (ISBN 3-86189-248-0), S. 76–82.
  • Christoph Jahr (de), Blut und Eisen. Wie Preußen Deutschland erzwang. 1864–1871, Beck, München, 2020 (ISBN 978-3-406-75542-2).

Liens externes[modifier | modifier le code]