Discours de l'indépendance congolaise

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La cérémonie de l'indépendance de la République Démocratique du Congo au cours de laquelle Patrice Emery Lumumba a prononcé son discours.

Patrice Emery Lumumba, qui fut le premier Premier ministre congolais, a prononcé un discours lors des commémorations officielles de l'indépendance, au Palais de la Nation de Léopoldville (aujourd'hui Kinshasa). Ce fut le 30 juin 1960, jour marquant pour l'indépendance de la République démocratique du Congo. La cérémonie était destinée à marquer la fin de la domination belge d'une manière harmonieuse. Elle a réuni des dignitaires congolais et belges, dont le roi des Belges Baudouin.

Le Discours prononcé à la cérémonie de la proclamation d'indépendance de la RDCongo [note 1] était court. Il est surtout connu pour sa critique virulente du colonialisme. Il était imprévu. Ce fut, en grande partie, une réponse au discours du roi Baudouin qui décrivait la fin de la domination belge au Congo comme étant l'aboutissement de la « civilisation » du Congo, que Léopold II avait initiée dans l'E.I.C (État indépendant du Congo). Ce discours était diffusé et suivi en direct sur les canaux radios du monde entier. Pendant son discours, Lumumba dénonça le colonialisme ainsi que les actions menées par la Belgique envers la R.D.C durant la période impériale. Son discours fut chaleureusement accueilli par les Congolais, mais interprété, par les autres nations, comme un affront à la Belgique, et surtout au roi Baudouin. Lumumba fut largement condamné par la communauté internationale pour avoir été inutilement conflictuel et avoir fait preuve d'ingratitude envers la Belgique, qui venait tout juste d'accorder son indépendance au Congo. Le discours faillit engendrer un incident diplomatique entre les deux États. Par la suite, dans d'autres discours, Lumumba tenta d'adopter un ton plus conciliant.

Depuis, le discours de Lumumba a été loué et apprécié pour son utilisation de la rhétorique politique et est considéré jusqu'à présent comme un moment marquant de l'indépendance de la République Démocratique du Congo. Mais il a également été cité comme un des facteurs de la période de crise qui a suivi cet évènement, aboutissant au meurtre de Lumumba lui-même, en 1961. Après avoir été prononcé, le discours a été largement réimprimé et représenté, dans des tableaux et des films du monde entier.

Contexte[modifier | modifier le code]

Le Congo belge, aujourd'hui la République démocratique du Congo, mise en évidence sur une carte du continent africain.
Patrice Lumumba, le Premier ministre désigné, photographié en janvier 1960.

La domination coloniale au Congo a commencé à la fin du XIXe siècle. Le roi des Belges de cette époque, Léopold II, était frustré par la faible puissance internationale de la Belgique. Il tenta donc, à plusieurs reprises, de persuader le gouvernement de le soutenir dans son expansion coloniale autour du bassin versant du Congo, qui était, à cette époque largement inexploré, et donc inconnu du monde extérieur. Face à cette idée, le gouvernement belge était ambivalent. Ce manque d’intérêt pour sa proposition conduisit Léopold à rechercher un soutien auprès d'autres pays occidentaux. Après cela, il put enfin créer la colonie. Il la créa pour son propre compte. Léopold était considéré, par ces pays occidentaux comme un tampon utile, une manière de faire de la concurrence aux puissances coloniales rivales. Léopold obtint la reconnaissance internationale d'une colonie personnelle, qu'il nomma l'État indépendant du Congo, en 1885[3]. Cependant, en raison de la violence des fonctionnaires de l'État libre contre les indigènes congolais, et du système impitoyable d'extraction économique, la Belgique prit officiellement le contrôle de la colonie, créant, en 1908, le Congo belge[3].

La domination belge en République du Congo était fondée sur la « Trinité coloniale ». Les intérêts du gouvernement, des missionnaires et des entreprises privées étaient les plus importants[4]. Les intérêts commerciaux étaient privilégiés. Cela signifie que de grandes quantités de capitaux circulaient à travers le Congo et que les régions étaient économiquement spécialisées dans un esprit de division du travail. À de nombreuses reprises, les intérêts du gouvernement et des entreprises privées devinrent étroitement liés. Pour des motifs économiques, l'État aida les entreprises à briser les grèves et supprima d'autres barrières imposées par la population indigène[4]. Le pays était composé de subdivisions administratives jointes, formées de hiérarchies, et gérées uniformément, selon une « politique indigène » bien définie, contrairement aux Britanniques et aux Français, qui favorisaient généralement le système de gouvernement indirect par lequel les dirigeants furent maintenus à des postes d'autorité sous la surveillance coloniale. Il y avait aussi un degré élevé de ségrégation raciale. Un grand nombre d'immigrants blancs qui déménagèrent au Congo après la fin de la Seconde Guerre mondiale provenaient de toutes les classes sociales, mais ils étaient néanmoins constamment considérés comme supérieurs aux Noirs[5].

Références[modifier | modifier le code]

  1. The speech has no formal title. In early printed editions, it was entitled "Speech at the Ceremony of the Proclamation of the Congo's Independence"[1] but it is often referred to as "Lumumba's Independence Speech" or similar.[2]