Directoire de la noblesse de Basse-Alsace

Sous l'Ancien Régime, le directoire de la noblesse de Basse-Alsace (en allemand : Direktorium der Reichsritterschaft im Unterelsass) était une juridiction compétente pour juger les membres du corps de la noblesse de Basse-Alsace et les communautés et habitants des terres qui en dépendaient. Les nobles et leurs terres étaient dits immatriculés car ils étaient inscrits sur un registre appelé la matricule.
Sommaire
Histoire[modifier | modifier le code]
La noblesse franche et immédiate de Basse-Alsace était un corps de chevaliers d'Empire bénéficiant de l'immédiateté impériale.
Le , elle signa, à Mergentheim (aujourd'hui, Bad Mergentheim), un traité d'association avec les trois cercles des chevaliers d'Empire de Franconie, de Souabe et du Rhin. L'empereur, Ferdinand III, l'approuva le .
Le , elle adopta, à Strasbourg, son règlement. Ferdinand III l'approuva le 10 juin 1652.
Réunion à la France[modifier | modifier le code]
À la paix de Westphalie, Louis XIV acquiert le titre de landgrave de Basse-Alsace.
Par un arrêt du , le conseil souverain d'Alsace réunit à la France les terres de la noblesse immédiate de Basse-Alsace[1].
Le , noblesse immédiate de Basse-Alsace prête serment de fidélité au roi entre les mains de Jacques de La Grange, l'intendant d'Alsace.
L'article 4 du traité signé à Ryswick, le , confirma la réunion de la noblesse immédiate de Basse-Alsace à la France[2].
Siège[modifier | modifier le code]
Le directoire siégeait à Strasbourg, dans l'hôtel de la Haute-Montée.
Par lettre patente de , Louis XIV transféra le siège du directoire de Strasbourg au château de Landsberg à Niedernai[3],[4].
Par lettre patente de , Louis XIV permit au directoire de vendre l'hôtel de la Haute-Montée afin d'en acheter un autre pour tenir ses séances[5]. Le directoire acquit l'ancien hôtel des Boecklin de Boecklinsau, à Strasbourg[6],[7]. Il y tient ses séances jusqu'à la Révolution française.
Ressort[modifier | modifier le code]
La compétence du directoire s'étendait aux nobles et terres qui étaient inscrits dans la matricule. Comme l'immédiateté impériale, sa compétence pouvait être personnelle, réelle ou mixte : elle était personnelle lorsqu'une personne immatriculée ne possédait pas de terre immatriculée ; réelle lorsqu'une terre immatriculée était possédée par une personne non immatriculée ; et mixte lorsqu'une terre immatriculée était possédée par une personne elle-même immatriculée.
Familles immatriculées[modifier | modifier le code]
Les familles immatriculées étaient les suivantes : les Andlau, Berckheim (de), Bernhold, Bersterr, Bock, Boeckling, Buch, Dettlingen, Eckbrecht de Durkheim, Flachsland, Gailing d'Altheim, Hafferner de Wasselheim, Haindel, Hüssel, Ichtersheim, Johann de Mundolsheim, Kageneck, Kirchheim, Landsperg, Müllenheim, Neuenstein, Oberkirch, Rathsamhausen, Reichii de Platz, Roeder de Dierspurg, Schönau (de), Wangen, Weitersheim, Wetzel de Marsilia, Wurmfer, Zorn (de) et Zuchmantel.
Terres immatriculées[modifier | modifier le code]
Les terres immatriculées étaient les suivantes :
Terre | Famille(s) | Commentaires |
---|---|---|
Achenheim | Wangen | — |
Andlau | Andlau | — |
Behlenheim (aujourd'hui, partie de Truchtersheim) | — | propriété du couvent de la Visitation de Strasbourg |
Bernardswiller | Andlau | — |
Berstett | Berstett et Dettlingen | — |
Blaesheim | Bock | — |
Birkenwald | Birkenwald | — |
Bischoffsheim | Bœckel | — |
Blancherupt | Andlau | — |
Blienschwiller [en partie] | Andlau | village relevant, pour partie, du prince-évêque de Strasbourg (bailliage de Benfeld) ainsi que, pour la haute justice, de la ville de Strasbourg (bailliage de Barr) |
Boofzheim | Berstett, Joham, Dénesdé et Saum | — |
Bootzheim | Rathsamhausen | — |
Bolsenheim | Ocahan | — |
Breuschwickersheim | Weitersheim | — |
Buswiller | Gayling | — |
Cosswiller | Haindel | — |
Diebolsheim | Andlau | — |
Duppigheim | Flaxlanden | — |
Duttlenheim | Andlau, Reich et Landsperg | — |
Ehnwihr (aujourd'hui, partie de Muttersholtz) | Rathsamhausen | — |
Entzheim | Zorn | — |
Eschau [en partie] | Rathsamhausen | village relevant, pour partie, du grand-chapitre de la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg (bailliage d'Erstein) |
Fegersheim | Rathsamhausen | — |
Furchhausen | — | propriété de Hesse-Darmstadt |
Gerstheim | Berstett, Bock, Dettlingen et Gail | — |
Hipsheim | Berstett, Kageneck, Braun et Burger | — |
Hohenheim | — | — |
Hurtigheim | Zorn et Mackau | en partie |
Ichtratzheim | Ichtratzheim | — |
Innenheim | Berckheim | — |
Irmstett (aujourd'hui, partie de Scharrachbergheim-Irmstett) | Rathsamhausen | — |
Itterswiller [en partie] | Andlau | village relevant, pour partie, du prince-évêque de Strasbourg (bailliage de Benfeld) |
Jebsheim | Berckheim | — |
Kolbsheim | Falckenhayn | — |
Krautergersheim | Berckheim | — |
Kunheim | Rathsamhausen | — |
Landersheim | Wangen et Weinemmer | — |
Lingolsheim | Landsperg | — |
Mackenheim | Flaxlanden | — |
Meistratzheim | Landsperg | — |
Mittelbergheim (pour un tiers) | — | — |
Mittelhausbergen | Joham | — |
Mulhausen | Gail et Woltz | — |
Mundolsheim | Joham | — |
Muttersholtz | Rathsamhausen | — |
Niedernai | Landsperg | — |
Nothalten [en partie] | Andlau | village relevant, pour partie, de la seigneurie de Villé et, pour partie, du prince-évêque de Strasbourg (bailliage de Benfeld) ainsi que, pour la haute justice, de la ville de Strasbourg |
Obenheim | Bœckel et Bock | — |
Oberhausbergen | Zorn | — |
Odratzheim | Géraudon | village relevant de la ville de Strasbourg (bailliage de Marlenheim), sauf pour la haute justice |
Olwisheim | Berstett et Dettlingen | — |
Osthouse | Bulack | — |
Pfulgriesheim | Jacoud | — |
Plobsheim | Güntzer et Kempffer | — |
Quatzenheim | Oberkirch | — |
Nieder-Rathsamhausen (aujourd'hui, partie de Muttersholtz) | Rathsamhausen | — |
Reichsfeld | Andlau | — |
Romanswiller | Haindel | — |
Saasenheim | Schoenau | — |
Oberschaeffolsheim | Wangen | — |
Schaffhouse | Flaxlanden | — |
Scharrachbergheim (aujourd'hui, partie de Scharrachbergheim-Irmstett) | Dettlingen | — |
Schirrhoffen | Warstatt | — |
Schnersheim | — | village relevant de l'abbé de l'abbaye Saint-Étienne de Marmoutier |
Schœnau | Schœnau | — |
Schweinheim (aujourd'hui, Schwenheim) | — | — |
Stotzheim [en partie] | Andlau | village relevant, pour partie, du prince-évêque de Strasbourg (bailliage de Benfeld) |
Stutzheim (aujourd'hui, partie de Stutzheim-Offenheim) | Flaxlanden | — |
Sundhouse | Wurmser | — |
Saint-Blaise-la-Roche | Andlau | — |
Traenheim [en partie] | Flaxlanden | village relevant, en partie, du comté de Hanau-Lichtenberg (bailliage de Westhoffen) |
Uttenheim | Reinach | — |
Valff | Andlau | — |
Vendenheim | Wurmser | — |
Fessenheim | — | village relevant du grand-chapitre de la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg |
Wibolsheim (aujourd'hui, partie d'Eschau) | Rathsamhausen | — |
Witternheim | Berstett, Joham, Dénesdé et Saum | — |
Wintzenheim | Glaubitz | — |
Wœrth | Reinach | — |
Wiwersheim | Wangen | — |
Zell (aujourd'hui, partie de Nothalten) [en partie] | Andlau | — |
Zellwiller | Landsperg | — |
Compétence[modifier | modifier le code]
Par lettre patente du , Louis XIV attribua au directoire les compétences d'un présidial, telles que définies par l'édit de janvier 1552, à savoir : — le premier chef de l'édit, c'est-à-dire la connaissance, en dernier ressort, de toutes les causes dont l'objet était inférieur à 250 livres en capital ; — le second chef de l'édit, c'est-à-dire la connaissance, à charge d'appel, de toutes les causes dont l'objet était compris entre 250 et 500 livres[8].
Par la suite, jugea, au civil, jusqu'à 500 livres en dernier ressort et entre 500 et 1 000 livres par provision. Il jugea aussi, en matière d'amendes au petit criminel, jusqu'à 30 livres en dernier ressort. Il jugeait, au criminel, les délits commis par les gentilshommes immatriculés.
Notes et références[modifier | modifier le code]
- (fr) Conseil souverain d'Alsace, arrêt du 9 août 1680 (consulté le 14 septembre 2013).
- Traité de Ryswick du 30 octobre 1687, art. 4 : « […] tous les lieux & droits occupés par Sa Majesté Très-Chrétienne [le roi de France, Louis XIV], tant pendant la Guerre & par voie de fait que sous le nom d'unions de réunions, situés hors de l'Alsace, ou contenus dans la liste des réunions produite par l'Ambassade de France seront restitués à Sa Sacrée Majesté Impériale, à l'Empire, & à ses États et Membres : les Décrets, Arrêts, & Déclarations, rendus à cet égard par les Chambres de Metz & de Besançon & le Conseil de Brisach, cassés, & toutes choses remises au même état auquel elles étoient avant lesdites occupations, unions, & réunions, sans qu'on y puisse être à l'avenir troublé ni inquiété […] ».
- (fr) Lettre patente d'août 1680 (consulté le 14 septembre 2013).
- (fr) Château de Landsberg sur la base Mérimé (consulté le 14 septembre 2013).
- (de) (fr) Lettre patente de mars 1685 (consulté le 14 septembre 2013).
- (fr) Ancien hôtel des Boecklin de Boecklinsau, puis du Directoire de la noblesse de Basse-Alsace à Strasbourg sur la base Mérimée (consulté le 14 septembre 2013).
- (fr) Ancien hôtel des Boecklin de Boecklinsau, puis du Directoire de la noblesse de Basse-Alsace à Strasbourg sur www.monumentum.fr (consulté le 14 septembre 2013).
- (fr) Lettre patente du 5 mai 1681 (consulté le 14 septembre 2013).