Direction du renseignement et de la sécurité de la Défense

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Direction du renseignement et de la sécurité de la Défense
Direction du renseignement et de la sécurité de la Défense

Création
Juridiction Gouvernement de la République Française
Siège Drapeau de la France 27 boulevard Stalingrad à Malakoff (France)
Coordonnées 48° 48′ 45″ N, 2° 17′ 28″ E
Effectifs 1 523 (fin 2020)
Budget annuel 145,13 millions d’euros
Ministre responsable Sébastien Lecornu (Ministre des Armées)
Direction Général Philippe Susnjara (Directeur du renseignement et de la sécurité de la Défense)
Site web https://www.drsd.defense.gouv.fr/
Géolocalisation du siège
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Direction du renseignement et de la sécurité de la Défense

La direction du renseignement et de la sécurité de la Défense (DRSD), appelée direction de la protection et de la sécurité de la Défense (DPSD) jusqu'en 2016, est un service de renseignement français.

Placé sous l'autorité du Ministre de la Défense, il est chargé de protéger les armées, leurs informations, leur matériel sensible, contre toute infiltration ennemie ou activité subversive (crime organisé, vol, sabotage).

Il couvre également toutes les entreprises liées au secteur de l'armement. Le service est actif en France ainsi qu'à l'étranger lors d´opérations militaires extérieures.

Sa devise est « Renseigner pour protéger ».

Les pouvoirs de la DRSD sont encadrés légalement par les articles D.3126-5 à D.3126-9 du Code de la Défense[1].

Il fait partie de communauté française du renseignement et collabore avec les autres services français, via le conseil national du renseignement.

Historique[modifier | modifier le code]

Lion au serpent, bronze réalisé par le sculpteur Antoine-Louis Barye en 1833, insigne du Service.

Après la Seconde Guerre mondiale, pour l'Armée, trois services de sécurité cohabitent. La sûreté navale est reconstituée en . La sécurité de l’air est reformée en . Enfin, le , le général Jean de Lattre de Tassigny, chef d’état-major général de l'armée de terre, crée le Service de sécurité militaire (SSM), dirigé par le commandant Bonnefous. Ces trois services sont fusionnés le en un unique Service de sécurité des forces armées (SSFA), dirigé par le colonel André Sérot.

Ce service est chargé de « prévenir l’espionnage et les propagandes sensibles au moral et à la discipline dans les forces armées ; de protéger le secret militaire ; de participer à la protection des points sensibles militaires ; de prévenir le sabotage dans les forces armées, services et établissements dépendant du ministre des forces armées[2]. »

Le , le SSFA prend le nom de Service de sécurité de la Défense nationale et des forces armées (SSDNFA). Le , le SSDNFA devient la Direction de la sécurité militaire (DSM), « Service spécialisé dont disposent les différents échelons du commandement pour leur permettre d’assurer la protection du personnel, des documents, des matériels et des établissements contre les ingérences et menées subversives de tous ordres[2]. » Le dernier directeur de la DSM fut le général Michel Jorant.

Le , la DSM est remplacée par la Direction de la protection et de la sécurité de la Défense (DPSD), chargée de « coordonner les mesures nécessaires à la protection des renseignements, objets, documents ou procédés intéressant la Défense, au sein des forces armées ou des organismes qui lui sont rattachés ainsi que dans les entreprises titulaires de marchés classés de Défense nationale passés par le ministère de la Défense[2]. » La DPSD voit alors sa mission basculer de la sécurité militaire vers la « contre-ingérence ».

En 2007, la révision du décret et des arrêtés du désigne officiellement la DPSD comme service de renseignement.

En 2008, elle intègre la communauté du renseignement avec la création du Conseil national du renseignement. Par un décret publié le , elle devient la direction du renseignement et de la sécurité de la Défense (DRSD)[3].

Positionnement[modifier | modifier le code]

Au sein de la communauté du renseignement, la DRSD siège avec les autres services de renseignement au Conseil national du renseignement (CNR) et entretient avec eux des liens privilégiés[réf. nécessaire].

Au niveau ministériel et interministériel, la DRSD entretient des relations suivies avec les autres organismes du ministère et d'autres ministères. Elle participe aux groupes de travail interministériels du SGDSN (CNR et UCLAT). Par ailleurs, la DRSD dispose d'une vision globale des problèmes de sécurité de l'industrie de Défense et permet à l'autorité publique de bénéficier d'un éclairage unique. Acteur reconnu de la politique publique d'intelligence économique, elle est notamment membre du comité permanent à l'intelligence économique (GPIE/SGDSN) et participe à des groupes de travail pilotés par la délégation interministérielle à l'intelligence économique (D2IE)[réf. nécessaire].

La Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR) indique souhaiter, en , étendre son contrôle aux fichiers des différents services secrets, tels CRISTINA, Biopex, Doremi, Sirex (fichier de souveraineté de la direction du renseignement et de la sécurité de la défense), Sartrac, mais sans succès : « la volonté d’approfondissement du contrôle a posteriori manifestée par la commission s’est heurtée au refus, presque unanime, opposé par les services de renseignement »[4].

À l'étranger, la DRSD apporte son concours à la chaîne de planification et de conduite des opérations, au commandement national de l'opération, aux états-majors multinationaux et au personnel engagé. Reconnue par l'OTAN comme l'agence nationale de contre-ingérence, la DRSD participe aux exercices CI de l'OTAN, affecte des agents au sein des structures otaniennes et est également positionnée au sein de l'Union européenne. Enfin, elle développe des échanges avec ses homologues étrangers et participe à la formation de leur personnel.

Missions[modifier | modifier le code]

La mission de contre-ingérence de la DRSD comporte deux volets : « renseigner » (identifier les vulnérabilités et renseigner sur les menaces) et « protéger » (contribuer aux mesures de protection et d'entrave). Elle se décline en trois domaines :

  • La contre-ingérence des forces : il s'agit de prévenir et rechercher les atteintes aux forces armées, par des mesures de contre-ingérence, pour s'opposer à toute menace pouvant prendre la forme d'activités de terrorisme, d'espionnage, de subversion, de sabotage ou de crime organisé. Dans ce cadre là, la DRSD contribue à assurer la protection des personnes habilitées au secret défense ou à des zones, des matériels ou des installations sensibles. Ainsi, elle met en œuvre la procédure d'habilitation aux différents niveaux de classification des informations sensibles (secret ou très-secret). Le service participe aussi à la répression du commerce illicite des matériels de guerre, armes et munitions.
  • La contre-ingérence économique: l'action de la DRSD, s'applique aux industries en lien avec la Défense nationale ou présentant un intérêt pour celle-ci, ainsi qu'aux instituts de formation et de recherche en lien avec la Défense. Elle consiste à déceler et neutraliser toute menace contraire aux intérêts nationaux et à la souveraineté nationale, résultant de l'activité, légale ou non, d'États, de services de renseignement ou de concurrents étrangers au profit d'intérêts extérieurs pouvant affecter le secret de la Défense nationale, le potentiel scientifique et technique de la Nation, les intérêts ou le patrimoine matériel et immatériel des entreprises ou organismes liés à la Défense.
  • La contre-ingérence cyber : la DRSD cherche à identifier, dans le cyberespace, les vulnérabilités et menaces susceptibles de porter atteinte aux personnes, matériels et informations sensibles du ministère. Elle privilégie l'anticipation et s'appuie sur ses moyens propres (recherche humaine et technique, sources ouvertes et investigations numériques) et sur ceux des partenaires que sont l'ANSSI, le COM CYBER (CALID)[5] ou les autres acteurs du renseignement (DGSE, DRM). Par ailleurs, la DRSD contribue à la lutte informatique défensive du ministère en protégeant les systèmes d'information et ceux de l'industrie de Défense. Ces actions peuvent revêtir un caractère préventif (sensibilisation, inspections, alerte) voire curatif (analyse des cyberattaques, encadrement de la reprise d'activité).

La DRSD est présente sur tous les théâtres d'opérations extérieures (OPEX) où les forces françaises sont engagées. En amont d'une opération, elle évalue les vulnérabilités des installations avec des audits de sécurité et conseille le commandement sur les mesures de prévention à prendre pour les diminuer. Durant l'opération, la DRSD poursuit son action avec des entretiens de recrutés locaux ou encore des investigations sur des faits de sécurité. L'objectif est d'établir les mesures nécessaires d'entrave aux menaces pour la protection des capacités opérationnelles des forces armées. Plus de 100 militaires de la DRSD ont été projetés en 2013, dans le cadre de la protection des forces françaises déployées en OPEX.

Organisation[modifier | modifier le code]

Directeurs[modifier | modifier le code]

  • Général de division Michel Jorant (du au )
  • Général de brigade Armand Wautrin (du au )
  • Général de brigade Jean-Louis Deiber (du au )
  • Général de division Pierre Devemy (du au )
  • Général de division Antonio Jérôme (du au )
  • Général de corps d’armée Roland Guillaume (du au )
  • Général de corps d'armée Claude Ascensi (du au )
  • Contrôleur général des armées Dominique Conort (du au )
  • Général de corps d’armée Michel Barro (du au )
  • Général de corps d’armée Denis Serpollet (du au )
  • Général de corps d’armée Didier Bolelli (du au )
  • Général de corps aérien Antoine Creux (du au )
  • Général de corps d'armée Jean-Pierre Bosser (du au )[6]
  • Général de corps d'armée Jean-François Hogard (du au )[7]
  • Général de corps d'armée Éric Bucquet (du au )[8]
  • Général de corps d'armée Philippe Susnjara (depuis le )

Organigramme[modifier | modifier le code]

La DRSD se compose d'une administration centrale implantée au fort de Vanves à Malakoff. Un nouveau site est en construction dès le 6 janvier 2021.

L'administration centrale comprend[9] :

  • la direction, à laquelle sont directement rattachés, un cabinet et une inspection, chargée de l'inspection générale du service et notamment des questions de sécurité ;
  • la sous-direction de la contre-ingérence (protection des forces armées, protection du patrimoine industriel, surveillance et contrôle du commerce des armements, recueil d'informations par des moyens humains et techniques) ;
  • la sous-direction de la stratégie et des ressources, qui inclut la division de la gouvernance, la division des ressources humaines, la division soutien et finances ainsi que le pôle formation et instruction ;
  • la sous-direction des centres nationaux d'expertises (procédures d'habilitations, orientation et coordination des actions de recherche, audit des conditions de sécurité des installations intéressant la Défense), qui regroupe le centre national des habilitations Défense (CNHD), le centre des moyens de recherche, le centre du conseil, de la prévention et des inspections ainsi que le centre des systèmes d'information et de communication.

La DRSD dispose de sept directions zonales correspondant aux sept zones de Défense et de Sécurité, de 65 emprises dont 48 en France métropolitaine[10] et dans les DROM-COM et de 13 détachements en opérations et postes auprès des forces de présence à l'étranger[11].

Fonctionnement[modifier | modifier le code]

Effectifs[modifier | modifier le code]

En 2020, la DRSD devrait employer 1 523 personnes à temps plein[12]. Ces effectifs augmentent fortement depuis les attentats de janvier et de novembre 2015, après une baisse continue depuis 2010 :

2013 : 1044 (dont 37 civils de catégorie A et 210 officiers).

2014 : 1014

2015 : 1069

2016 : 1160

2017 : 1328

En comparaison, l'équivalent allemand de la DRSD, l’Office pour le service de protection militaire (Amt für den Militärischen Abschirmdienst, MAD), employait en 2012, 1 135 personnes.

Budget[modifier | modifier le code]

En 2020, les moyens alloués à la DRSD s'élèvent à 145,13 millions d'euros (16,55 millions de dépenses de fonctionnement, 6,82 millions d'investissements[13] et 121,76 millions de dépenses de personnel[12]), contre 119,1 en 2017 et 93,1 millions d'euros en 2014[14].

Dans la culture[modifier | modifier le code]

Le film J'accuse de Roman Polanski met en scène l'acteur français Jean Dujardin dans le rôle de Marie-Georges Picquart, officier de la section des statistiques, ancêtre de la DRSD.

La Direction de la sécurité militaire apparaît dans la saison 1 de la série OVNI(s).

Un officier de la sécurité militaire figure dans le roman Langelot suspect.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Articles relatifs à la Direction de la protection et de la sécurité de la défense - www.legifrance.gouv.fr
  2. a b et c Claude Faure, « Bref historique des services de renseignement et de sécurité français contemporains », Revue historique des armées, no 247,‎ , p. 70-81 (ISSN 0035-3299, lire en ligne)
  3. Premier ministre français, « Décret no 2016-1337 du portant changement d'appellation de la direction de la protection et de la sécurité de la défense », sur legifrance.gouv.fr, (consulté le ).
  4. Jacques Follorou, « La CNCTR veut étendre son contrôle aux fichiers des différents services secrets », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. « Le CALID, l'expert technique en sécurité informatique du ministère »
  6. opex360.com, novembre 2012
  7. « Le Directeur »
  8. « Portail IE »
  9. « Arrêté du 22 octobre 2013 », sur Légifrance (consulté le ).
  10. « Rapport PLF 2023 » (consulté le ).
  11. « Plaquette institutionnelle », sur DRSD (consulté le ).
  12. a et b « Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées : compte rendu de la semaine du 18 novembre 2019 », sur www.senat.fr (consulté le )
  13. « Budget 2020 - Bleu budgétaire - Programme 144 », sur www.performance-publique.budget.gouv.fr (consulté le )
  14. « Projet de loi de finances pour 2018 : Défense : Préparation de l'avenir », sur assemblee-nationale.fr (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]