Jean-Pierre Dionnet

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Jean Pierre Dionnet
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Jean Pierre Dionnet en 2013.
Naissance (76 ans)
Paris
Nationalité française
Profession

Jean-Pierre Dionnet, né le à Paris, est un producteur, scénariste, journaliste, éditeur de bande dessinée et animateur de télévision français.

Cofondateur du magazine Métal hurlant et de la société d'édition Les Humanoïdes associés en 1974, il découvre ou introduit en France de nombreux auteurs de bande dessinée et joue « un rôle décisif dans la bande dessinée contemporaine »[1].

Grand amateur de rock, il collabore en 1980 à la création de l'émission Les Enfants du rock, tandis qu'en cinéphile averti il présente de 1989 à 2007 l'émission Cinéma de quartier sur Canal+. Dans les années 1990, il contribue à la popularisation du cinéma asiatique via sa société de production « Des Films »[réf. souhaitée].

Biographie[modifier | modifier le code]

Des débuts de libraire et de critique[modifier | modifier le code]

Interne chez les Oratoriens, Jean-Pierre Dionnet est dès son enfance un grand lecteur. Il se lance le défi de lire un livre par jour, sous ses couvertures, en cachette des surveillants d'internat[2]. Il est aussi très friand de bande dessinée, ses préférences allant à Carl Barks, aux bandes dessinées de Spirou et aux publications Arédit (Aventures Fiction, Choc, Commando, Sidéral, etc.)[3]. En parallèle avec ses études universitaires, il est vendeur aux puces, puis commis de librairie à la librairie Futuropolis.

Il écrit également des articles sur les comic books, à l'époque méprisés par les premiers critiques de bande dessinée qui leur préféraient les comic strips d'avant-guerre[3]. Il publie dans des revues aussi diverses que Futuropolis, Comics 130, Pogo, Phénix ou Alfred[4].

Les années bande dessinée[modifier | modifier le code]

En 1971, présenté par Philippe Druillet, Jean-Pierre Dionnet entre comme scénariste d'actualités et de récits courts chez Pilote, l'hebdomadaire des éditions Dargaud[3]. Pour la même maison, il crée avec Raymond Poïvet sa première bande dessinée d'envergure, Tiriel, publiée en 1974 dans l'éphémère mensuel Lucky Luke. Désireux d'écrire des histoires de science-fiction, il se sent cependant peu à l'aise à Pilote, où Goscinny ne veut pas d'autres séries de ce genre[3].

En 1973, il prépare pour les éditions Nathan le magazine Snark mais le projet est tué dans l'œuf[3]. En 1974, il s'initie à la direction éditoriale en assistant Nikita Mandryka sur L'Écho des savanes, où il fait entrer Francis Masse et René Pétillon[4].

En , Dionnet, les auteurs de Pilote Druillet et Mœbius, et son ami Bernard Farkas décident de fonder Les Humanoïdes associés pour publier une revue de science-fiction trimestrielle, rééditer Le Bandard fou et « préparer plein d'autres choses »[5]. En janvier suivant paraît le premier numéro de la revue Métal hurlant, dont il est le rédacteur en chef. Il y publie de très nombreux auteurs-phares des années 1970 et 1980, de Richard Corben à François Schuiten ou Frank Margerin, en passant par Marc Caro avant qu’il ne fasse carrière dans le cinéma, ou Jodorowsky déjà connu des initiés pour ses films étranges. Il publie lui-même certaines de ses histoires (Les Armées du conquérant et Arn avec Jean-Claude Gal, Exterminateur 17 avec Enki Bilal, la suite de Tiriel, etc.).

Tout en axant le magazine autour de la science-fiction et du fantastique, Dionnet cherche à assurer une diversité maximale de thème et de styles graphiques, faisant cohabiter le classicisme de Paul Gillon ou de Chantal Montellier avec les délires graphiques de Philippe Druillet ou Mœbius[6]. Il double le magazine d'une politique d'albums, afin de donner de la valeur aux Humanoïdes associés[7].

À la fin des années 1970, Métal hurlant est publié dans 17 pays. Heavy Metal la version américaine du mensuel, est lancé en 1977. En 1981 sort en salles, Métal hurlant, la machine à rêver (Heavy Metal en version originale), film composé de plusieurs histoires inspirées de bandes dessinées publiées dans Heavy Metal. Ce succès public n'empêche pas de grave difficultés financières, dues à une gestion erratique dans les premiers temps[7].

Télévision et bande dessinée (années 1980)[modifier | modifier le code]

En , sur la chaîne Antenne 2, Jean-Pierre Dionnet participe, avec Philippe Manœuvre, à la création de l’émission Les Enfants du rock (incluant leur « Sex Machine ») et ils reçoivent à ce titre, en 1985, le premier 7 d'or de la meilleure émission de variétés.

S'il continue à diriger Métal hurlant durant cette période, il n'y écrit plus beaucoup de scénarios à partir de 1982, sinon le second volume d’Arn en 1987. Il désire en effet éviter de se répéter[6]. En , il déclare ressentir « une très grande lassitude » vis-à-vis de Métal hurlant[7] et en abandonne la rédaction-en-chef l'année suivante. En 1988, il revient à la bande dessinée en devenant pour quelques mois corédacteur en chef de L'Écho des savanes et conseiller éditions chez Albin Michel où il publie quelques albums. Mais la télévision l'occupe plus.

De septembre 1990 à , il présente Cinéma de quartier chaque semaine sur Canal+, histoire de remettre en lumière les petits et les grands maîtres européens du cinéma populaire des années 1950 à 1970, de Mario Bava à Dario Argento ou à Terence Fisher. Parallèlement, il participe sur la chaîne du câble Ciné Cinéfil (devenue par la suite Ciné Classics) à l'émission hebdomadaire Le Club dans laquelle quatre chroniqueurs présentent les films diffusés la semaine suivante, aux côtés de Pierre Tchernia, Olivier Barrot, Christine Haas, Jean Ollé-Laprune, Jean-Jacques Bernard ou Denis Parent. Il a également créé Quartier interdit en collaboration avec Yannick Vallet, une émission sur le cinéma gore et d’horreur diffusée sur Canal+ de 1998 à 2002.

Quartier Interdit est supprimé en 2002 par Dominique Farrugia, alors directeur-général délégué à l'antenne et aux programmes de Canal+, ce qui lui reste en travers de la gorge[8].

De 1992 à 1999, il anime avec Alain Carrazé l'émission Destination séries sur Canal Jimmy. L'émission bimensuelle, traitait de l'actualité des séries télévisées en France et aux États-Unis à une époque où Internet était encore rare dans les ménages.

Producteur et distributeur de films (années 1990)[modifier | modifier le code]

Fin 1990, Jean-Pierre Dionnet fonde la société « Des Films »[réf. souhaitée], avec Studio Canal et la collection « Asian Classics » d’abord, puis avec Pathé avec la collection « Asian Star » ensuite, a fait connaître, hors Asie, des metteurs en scène comme Takeshi Kitano, Hayao Miyazaki, Johnnie To, Tsui Hark, Kim Ki-duk, Lee Chang-dong ou Takashi Miike.

Ayant déjà produit ou coproduit plusieurs films dont Durian Durian de Fruit Chan, Le Petit Poucet et La Vie promise de Olivier Dahan, il a actuellement plusieurs projets en développement : Max, d’après le roman de Howard Fast, en association avec Manuel Munz, Mr Clubb & Mr Cuff, d’après une novella de Peter Straub et qui sera réalisé par Kyle Cooper, Dragon Fin’s Soup d’après l’écrivain thaï, S. P. Somtow.

Retour à la bande dessinée[modifier | modifier le code]

À soixante ans, Jean-Pierre Dionnet décide de se réinventer, abandonnant pour un temps la télévision et la distribution de films pour se consacrer pleinement à l’écriture de bandes dessinées.

Après avoir donné une suite à la saga Exterminateur 17 avec Igor Baranko chez Casterman (trois volumes, 2003-2008), il lance en librairie Des dieux et des hommes (2011), une grande série chorale et collective sur l’histoire de l’Amérique de 1929 à 2147, dans un monde parallèle où les dieux vont remplacer les hommes. Le projet, édité par Dargaud, est prévu pour trente albums, à raison de six par an pendant cinq ans.

Par ailleurs, sur son blog « L’Ange du Bizarre »[9], il parle chaque jour de tout ce qui lui passe par la tête dans tous les domaines de la culture et de l’inculture…

Il a été membre permanent du jury du Grand Prix de l’Imaginaire (GPI) jusqu'en 2013, année de sa démission.

Chroniqueur radio[modifier | modifier le code]

Jean-Pierre Dionnet intervient sporadiquement dans l'émission radiophonique Mauvais Genre, diffusée sur France Culture[10].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Jean-Pierre Dionnet en 2018.

Bandes dessinées[modifier | modifier le code]

Jean-Pierre Dionnet est scénariste de toutes ces œuvres, et les collaborateurs indiqués en sont les dessinateurs, sauf précision.

Revues[modifier | modifier le code]

  1. La Vengeance d'Arn, 1980-1981.
  2. Le Triomphe d'Arn, avec Bill Mantlo et Picaret (coscénaristes), 1987.

Albums[modifier | modifier le code]

  1. La Vengeance d'Arn, 1981.
  2. Le Triomphe d'Arn, avec Bill Mantlo et Picaret (coscénaristes), 1988.
  1. L'Alliance, 2003.
  2. Retour à Ellis, 2004.
  3. Des Larmes de sang, 2008.
  • Des Dieux et des hommes, Dargaud :
  1. La Fin du commencement, avec Laurent Theureau, 2011.
  2. Entre chiens et loups, avec Roberto Baldazzini et Corrado Mastantuono, 2011.
  3. Une petite ville en Amérique, avec Danijel Zezelj, 2012.
  4. Un château en Bavière, avec Danijel Zezelj, 2012.

Essais et critiques[modifier | modifier le code]

Essais[modifier | modifier le code]

Rubriques de magazines[modifier | modifier le code]

  • Venez quand vous aurez le museau propre, dans Pilote, 1973-1974.
  • Éditoriaux de Métal hurlant, 1975-1985.
  • Divers rédactionnels dans Métal hurlant, 1975-1987.
  • Le retour du mange-livres, dans Métal hurlant, 1975-1977.
  • À toute berzingue, dans Métal hurlant, 1976-1984.
  • Résurrection, dans Métal hurlant, 1985.
  • Mange livres et autres pensées fines, dans Métal hurlant, 2002-2004.

Nouvelles[modifier | modifier le code]

  • « Les Confessions d'un lecteur fou », dans Métal hurlant no 2, 1975.

Divers[modifier | modifier le code]

  • « Entretien avec Jean-Pierre Dionnet (mené par Julien Sévéon) - Parcours d'un passionné », dans Parcours Fnac : le souffle asiatique, 2002, p. 4-7.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Gaumer (2004), p. 239.
  2. « Jean-Pierre Dionnet : "Le grand danger c'est l'enfermement" », sur www.franceinter.fr (consulté le )
  3. a b c d et e Dionnet (1984), p. 45
  4. a et b Gaumer (2004), p. 238
  5. Éditorial, Métal hurlant no 1, 1975. Cité sur bdoubliees.com
  6. a et b Dionnet (1984), p. 46
  7. a b et c Dionnet (1984), p. 47
  8. Jean-Pierre Dionnet (avec Christophe Quillien), Mes Moires - un pont sur les étoiles, Paris, Hors-Collection, , 413 p. (ISBN 978-2258098541), Quartier interdit' durera 4 ans avant d'être supprimé par un individu nommé à la tête de Canal+ (...)son comportement au quotidien était en contradiction flagrante avec l'humour et la sympathie qu'il affichait au sein d'une célèbre bande d’humoristes de la chaine. p.390
  9. Page du blog de Jean-Pierre Dionnet, « L’Ange du Bizarre », humano.com (consulté le 4 novembre 2019).
  10. « Biographie de Jean-Pierre Dionnet », France Culture.fr (consulté le 22 octobre 2019).
  11. Évariste Blanchet, « L'Ange de miséricorde », Critix, no 2,‎ , p. 15.
  12. Lauréats 2012, site de France Culture.
  13. Quentin Meignant, « Nouveau juré pour le Bloody Week-end ! », sur CinemaFantastique.net, (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Documentation[modifier | modifier le code]

  • Vincent Bernière, « Jean-Pierre Dionnet et Denis Sire : Les Amazones », dans Les 100 plus belles planches de la BD érotique, Beaux-Arts éditions, (ISBN 979-1020402011), p. 96-97.
  • (fr + it) Luca Boschi, Jean-Pierre Dionnet et Thomas Martinelli, Les Humanos : La Rivoluzione di Métal hurlant, Rome : Coniglio Editore, 2004.
  • Jean-Pierre Dionnet (int. par Henri Filippini), « Entretien avec Jean-Pierre Dionnet », Schtroumpfanzine, no 21,‎ , p. 14-21.
  • Jean-Pierre Dionnet (entretien avec Thierry Groensteen et Bruno Lecigne), « Citizen Dionnet », dans Les Cahiers de la bande dessinée no 59, septembre-.
  • Patrick Gaumer, « Jean-Pierre Dionnet », dans Larousse de la BD, Paris : Larousse, 2004, p. 238-239.
  • Gilles Poussin et Christian Marmonnier, Métal hurlant : La machine à rêver. 1975-1987, Paris : Denoël, coll. « Denoël Graphic », 2005.
  • Frédéric Bosser, « Jean-Pierre Dionnet : retour vers le no future », dBD, no 136,‎ , p. 56-60.
  • Jean-Pierre Dionnet et Christophe Quillien, Mes Moires : Un Pont sur les étoiles, Paris, Hors Collection, , 400 p. (ISBN 978-2-258-09854-1)
  • Paul Gravett (dir.), « De 1970 à 1989 : Les Armées du Conquérant », dans Les 1001 BD qu'il faut avoir lues dans sa vie, Flammarion, (ISBN 2081277735), p. 361.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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