Dharmachakra

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Dharmachakra au Parc historique de Sri Thep (Thaïlande). Art de Dvaravati.

Le Dharmachakra (धर्मचक्र (dharmacakra))[1], la « Roue du Dharma » ou « Roue de la Loi[2] », est un symbole représentant la doctrine bouddhiste et la diffusion de l'enseignement du Bouddha sur le chemin de l'éveil, depuis le début de la période du bouddhisme indien[3]. C'est un des huit symboles auspicieux.

Histoire[modifier | modifier le code]

Une version simplifiée du Dharmachakra.
Le pilier d'Ashoka à Sarnath (photo publiée en 1911).

Le Dharmachakra est représenté sous la forme d'une roue de chariot (sanskrit : chakra) possédant huit rayons ou davantage. C'est un des symboles bouddhistes les plus anciens, apparu dès l'époque du roi bouddhiste Ashoka[3] (IIIe siècle av. J.-C.), avant toute représentation du Bouddha sous forme humaine. Il figure sur le chapiteau aux lions ou « Pilier d'Ashoka » découvert à Sarnath. Depuis lors, il a été utilisé comme symbole de foi dans l'ensemble des pays bouddhistes[4].

C'est un important motif iconographique de la culture de Dvaravati en Asie du Sud-Est (VIe au XIe siècle).

Symbolisme[modifier | modifier le code]

Dans le bouddhisme, selon un certain nombre de textes du canon pali — le Vinaya Pitaka, le Khandhaka, le Mahavagga et le Dhammacakkappavattana Sutta, le nombre de rayons du Dharmachakra possède une signification :

Les autres parties du Dharmachakra ont aussi une signification :

  • sa forme générale en cercle (chakra) symbolise la perfection de l'enseignement du dharma ;
  • le moyeu représente la discipline, centre essentiel de la méditation bouddhique ;
  • la jante, qui maintient les rayons, renvoie à la concentration (ou samadhi) qui maintient l'ensemble.

Le geste (mudra) correspondant à la mise en mouvement de la roue de la Loi (Dharmachakrapravartana) est connu sous le nom de Dharmachakramudra.

La roue du Dharma peut aussi symboliser la propagation de l'enseignement du Dharma de pays en pays. En ce sens, elle a roulé de l'Inde jusqu'en Asie Centrale, en Asie du Sud-Est puis en Asie de l'Est.

Multiple tours de la roue[modifier | modifier le code]

Le Gankyil.

Les écoles du Mahayana classent les enseignements bouddhistes selon un cycle de développements successifs. Ces phases sont appelées « tours » du Dharmachakra (sanskrit : Dharmachakra-pravartana).

Tous les bouddhistes s'accordent sur le fait que le premier tour de la Loi a eu lieu lorsque Bouddha a fait son premier sermon après l'éveil dans le parc aux gazelles de Sarnath. En mémoire de cet événement, le Dharmachakra est parfois encadré par deux gazelles.

Dans le bouddhisme theravada, il n'y a qu'un seul « tour de la roue » et les développements tardifs de la doctrine bouddhique non présents dans le Tipitaka ou dans les Agamas ne sont pas considérés comme des enseignements du bouddha historique.

D'autres écoles, comme le Mahayana et le Vajrayana distinguent plusieurs « tours ». Leur nombre varie. Selon une version, le premier tour est celui de l'enseignement original de Gautama Bouddha, en particulier celui des Quatre nobles vérités, qui décrit le mécanisme de l'attachement, du désir, de la souffrance et la libération grâce aux Noble Chemin Octuple ; le deuxième tour est l'enseignement du Prajnaparamita (perfection de la sagesse), un texte fondateur du Mahayana ; le troisième est l'enseignement du Maha Vairochana Sutra, un texte essentiel du bouddhisme tantrique.

Le pic des Vautours est connu pour être l'endroit où furent donnés les enseignements de la deuxième mise en mouvement de la roue du Dharma. Zhìshēng (en) (zh : 智昇 ; fr : Zhishang) établit une division des enseignements du Bouddha selon la « Roue de la Loi à trois tours »[5] dans le Catalogue des enseignements de Shakyamuni de l’époque du Grand Tang de l’époque Kaiyuan (en : Catalogue of Śākyamuṇi’s Teachings of the Kaiyuan era of the Great Tang Era ; zh : 大唐開元釋教錄 ; pinyin : Dà Táng Kāiyuán Shìjiào Lù) ou simplement le Kaiyuan Catalogue (complété en 730 CE)[6]. Au 1er tour de la roue correspondent les enseignements exposés pour les bodhisattvas dans l’Avataṃsaka sūtra dit Sūtra de la Guirlande de fleurs ; au 2e tour, les enseignements des trois véhicules des sūtras des périodes Agama, Vaipulya et de la Sagesse, destinés aux personnes de capacités inférieures, incapables de saisir l’enseignement du Sūtra de la Guirlande de fleurs ; et au 3e tour de roue, l’enseignement spontané du Sūtra du Lotus, qui réunit les trois véhicules dans le Véhicule Unique, auquel s’associent deux sûtras : le Sūtra aux sens infinis (jp : Muryogi Kyō) et le Sūtra de la méditation sur la dignité de celui qui cherche l'illumination (jp :Fugen Kyō), respectivement prologue et épilogue du Sûtra du Lotus[7], selon les commentaires de Zhiyi[8].

Selon une autre version, le deuxième tour du Dharmachakra est l'Abhidhamma, le troisième est le Prajnaparamita du Mahāyāna et un quatrième rassemblerait les sutras du Chittamatra et du Tathagatagarbha (nature de bouddha).

Symbole Unicode[modifier | modifier le code]

Dans la norme informatique Unicode la roue de Dharma possède huit rayons :

Autres usages[modifier | modifier le code]

Les armoiries de la Mongolie comportent un Dharmachakra associé à d'autres symboles bouddhistes comme la fleur de lotus, le chintamani, un khata bleu et le soyombo.

Sur la suggestion de Bhimrao Ambedkar, le Dharmachakra a été adopté sur le drapeau de l'Inde en 1947[9].

Le drapeau de l'ancien royaume du Sikkim, conçu en 1670, présentait une version du Dharmachakra.

Un Dharmachakra rouge à 12 rayons figure aussi sur le drapeau bouddhique jaune de Thaïlande.

Le Dharmachakra est aussi l'insigne des aumôniers militaires bouddhistes dans les forces armées des États-Unis.

Dans le jaïnisme, le Dharmachakra est vénéré comme un symbole du dharma.

D'autres chakras apparaissent dans d'autres traditions indiennes, notamment le Sudarshana Chakra de Vishnou, une arme en forme de roue qui ne représente pas un enseignement.

Le Dharmachakra est aussi utilisé comme emblème par les adorateurs de Kérdik, une tradition populaire locale de l'Océan indien.

On trouve la roue du dharma au sommet du toit de certains monastères tibétains, entourée de deux cerfs debout, une innovation du Karmapa[10].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. En pali Dhammacakka, tibétain chos kyi 'khor lo, chinois fălún 法輪
  2. Gérard Huet, Dictionnaire Héritage du Sanscrit (lire en ligne)
  3. a et b (en) Albert Grünwedel, Agnes C. Gibson, James Burgess, Buddhist art in India. Published by Bernard Quaritch, 1901, page 67: "The wheel (dharmachakra), as already mentioned, was adopted by Buddha's disciples as the symbol of his doctrine, and combined with other symbols - a trident placed above it, etc. - stands for him on the sculptures of the Asoka period."
  4. Hermann Goetz, The art of India: five thousand years of Indian art. Published by Crown, 1964, page 52: "dharmachakra, symbol of the Buddhist faith"
  5. SGI (trad. de l'anglais par Comité pour la version française), « Les Écrits de Nichiren : Glossaire », 2011 et 2013 (ISBN 978-4-88417-029-5, consulté le )
  6. (en) Storch, Tanya, The History of Chinese Buddhist Bibliography : Censorship and Transformation of the Tripitaka, Amherst, NY: Cambria Press, , 266 p. (ISBN 978-1604978773)
  7. Jean-Noël Robert, Le Sûtra du Lotus, suivi du Livre des sens incomparables et du Livre de la contemplation de Sage-Universel, Fayard, , 486 p. (ISBN 2213598576, EAN 978-2213598574)
  8. Le Sens profond du Sūtra du Lotus : 法华 玄義 (zh : Fahua xuanyi, jp : Hōkke Genji) abrégé de : 妙法蓮華經 玄義 (zh : Miàofǎliánhuājīng xuán yì ; jp : Myōhōrengekyō Gengi) ; les Commentaires textuels du Sūtra du Lotus : 法华 文句 (jp : Hōkke Mongu), abrégé de : 妙法蓮華經 文句 (zh : Miàofǎliánhuājīng wénjù ; jp : Myōhōrengekyō Mongu) ; et la Grande Concentration et Pénétration : 摩訶 止觀 (zh : Móhē Zhǐguān ; jp : Maka Shikan)
  9. (en) Christopher S. Queen, Sallie B. King, Engaged Buddhism: Buddhist liberation movements in Asia. SUNY Press, 1996, page 27, : « Ambedkar, as a member of Nehru's first cabinet, proposed the use of the Buddhist dharmachakra or "wheel of the law" on the new flag of India and the Ashokan lion-capital on the national currency. »
  10. (en) Lobsang Oser, The Life of My Precious Master, , 236 p. (ISBN 978-602-61592-6-7, lire en ligne), p. 61.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Dorothy C. Donath, Buddhism for the West : Theravāda, Mahāyāna and Vajrayāna; a comprehensive review of Buddhist history, philosophy, and teachings from the time of the Buddha to the present day, New York, Julian Press, , 1re éd., poche (ISBN 978-0-07-017533-4, LCCN 78170948).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]