Des souteneurs encore dans la force de l'âge et le ventre dans l'herbe boivent de l'absinthe

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Alphonse Allais, Des souteneurs encore dans la force de l’âge et le ventre dans l’herbe, rideau de fiacre, avant 1897.

Des souteneurs encore dans la force de l'âge et le ventre dans l'herbe est une œuvre monochroïdale de l'écrivain Alphonse Allais (1854-1905). Selon certains commentateurs, il pourrait s'agir du plus ancien ready-made conservé à ce jour[1].

Historique[modifier | modifier le code]

Alphonse Allais publie en 1897 son fameux Album primo-avrilesque[2], dans lequel il compulse en les standardisant ses expériences monochroïdales, dont la plupart ont fait l'objet de présentations publiques dans le cadre des expositions des Arts incohérents. Parmi elles figure Des souteneurs, encore dans la force de l'âge et le ventre dans l'herbe, boivent de l’absinthe, consistant en un aplat rectangulaire de couleur verte[3].

Pour saisir le sel de la plaisanterie, il faut préciser qu'en argot parisien de l'époque les « souteneurs » (on dirait aujourd'hui des proxénètes) sont diversement dénommés : « Alphonse », « Prosper », mais aussi « Dos vert » (qui est un synonyme de « maquereau », employé à l'époque comme de nos jours) parfois abrégé en « dos » tout court[4].[réf. souhaitée] Le maquereau, poisson de la famille des scombridés, présente effectivement une face dorsale vert sombre, un ventre argenté et des flancs rayés de gris argent et de vert sombre.

Découverte[modifier | modifier le code]

En 2017-2018, le galeriste et expert Johann Naldi retrouve et identifie dans une collection particulière de la région parisienne dix-sept œuvres inédites exposées aux Arts incohérents, parmi lesquelles Des souteneurs encore dans la force de l'âge et le ventre dans l'herbe, consistant en un rideau de fiacre vert suspendu à un cylindre en bois[5]. L'ensemble des œuvres est classé trésor national le 7 mai 2021 par le ministère de la Culture[6].

Description technique[modifier | modifier le code]

L'œuvre se présente sous la forme d'un rideau de fiacre constitué d'un cylindre en bois de placage agrémenté de moire verte, d'un cartel en laiton gravé du titre de l'œuvre et monogrammé A.A.[7] Dans son ouvrage, Johann Naldi soutient l'hypothèse d'un renvoi symbolique à la scène du fiacre de Madame Bovary[8].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Johann Naldi (sous la direction de), Arts incohérents - Découvertes et nouvelles perspectives, Lienart éditions, 2022
  • Michel Onfray, Les Anartistes : Le Trésor retrouvé des Arts incohérents, Albin Michel, 2022
  • "Redécouverte des Arts Incohérents. Quand la légende devient réalité. Conversation avec Denys Riout", entretien par Arnaud Labelle-Rojoux, Switch on paper, 17 décembre 2021
  • Alphonse Allais, Album primo-avrilesque, Paris, Paul Ollendorf, 1897
  • Henri de Toulouse-Lautrec, Parigi 1881-1901, a cura di Jean-David Jumeau-Lafond et Francesco Parisi, Palazzo Roverella, Rovigo, Arti incoerenti : né censura, né onore, dunque, Dario Cimorelli Editore, 2024.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Johann Naldi (Dir.), Arts incohérents - Découvertes et nouvelles perspectives, Paris, Lienart éditions, , 232 p. (ISBN 978-2-35906-366-0)
  2. Alphonse Allais, Album Primo-Avrilesque, Paris, Paul Ollendorf,
  3. Alphonse Allais, « Des souteneurs, encore dans la force de l'âge et le ventre dans l'herbe, boivent de l'absinthe »,
  4. Armand Lanoux, Amours 1900, Paris, Hachette, , Hachette, chapitre consacré à Casque d'or (Amélie Hélie) et son souteneur Manda/Joseph Pleigneur
  5. Philippe Dagen, « Dix-sept œuvres des Arts incohérents : un trésor redécouvert dans une malle », Le Monde,‎
  6. Philippe Dagen, « Dix-neuf œuvres des Arts incohérents classées trésor national », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. Johann Naldi (Dir.), Arts incohérents - Découvertes et nouvelles perspectives, Lienart éditions, , 232 p. (ISBN 978-2-35906-366-0), p. 164
  8. Johann Naldi (Dir.), Arts incohérents - Découvertes et nouvelles perspectives, Paris, Lienart éditions, , 232 p. (ISBN 978-2-35906-366-0), p. 164-183