Xenopus

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Xenopus est un genre d'amphibiens de la famille des Pipidae[1].

Parmi de nombreuses espèces, la plus connue est Xenopus laevis, encore appelée Xénope commun ou Dactylètre du Cap. Elle est étudiée comme organisme modèle.

Description[modifier | modifier le code]

Les espèces de ce genre sont de petites grenouilles ternes dépourvues de langue. Leur corps est brunâtre dessus et rosâtre dessous. Les albinos sont naturellement rares. Les pattes postérieures sont musculeuses et palmées et leurs trois doigts se terminent par des griffes cornées.

Les femelles de X. laevis peuvent atteindre 120 à 140 mm et les mâles de 70 à 100 mm.

Répartition[modifier | modifier le code]

Les 29 espèces de ce genre se rencontrent originellement en Afrique subsaharienne avec une référence isolée dans le nord-est du Tchad[1].

Xenopus laevis a été introduite en Europe, en Amérique et en Indonésie. En France, il existe une population dans les Deux-Sèvres. En 1930 un laboratoire en a laissé échapper et elles se sont multipliées depuis. On peut ainsi en trouver dans les environs de Thouars[2].

Habitat[modifier | modifier le code]

Elles vivent dans des étangs et des mares. Comme le protoptère, elles peuvent s'enterrer dans la boue pour estiver.

Éthologie[modifier | modifier le code]

Ce sont des espèces aquatiques qui n'émergent que pour respirer. Leur odorat est bon. Les doigts des pattes antérieures et une ligne latérale leur assurent une bonne perception tactile. Ce sont de bons nageurs. Comme beaucoup d'amphibiens, elles synthétisent des substances leur permettant de lutter contre les maladies, telles des antibiotiques et des fongicides.

Reproduction[modifier | modifier le code]

Le cri du mâle ressemble à un cliquetis. Lors de l'accouplement, généralement nocturne, les ovules pondus par la femelle sont aussitôt fécondés par le mâle. Les parents peuvent manger leurs œufs ou leurs têtards, ce qui s'apparente à une situation de conflit générationnel semblable au conflit sexuel. Les femelles peuvent pondre pendant toute une journée entre 300 et 1 000 œufs de 1 à 1,3 mm de long chez Xenopus laevis. Selon les espèces, elles deviennent matures entre trois mois et deux ans.

Élevage[modifier | modifier le code]

Un œuf au début du développement embryonnaire.

Xenopus laevis, organisme modèle qui a été le plus utilisé en biologie, étant allotétraploïde (36 chromosomes) et ayant un temps de génération de deux ans, tend à être délaissé au profit de Xenopus tropicalis, qui est diploïde (20 chromosomes) et se reproduit cinq fois plus rapidement.

Animaux de laboratoire mais aussi d'agrément, elles s'élèvent et se reproduisent facilement en aquarium. Elles nécessitent environ cinq litres par individu, une eau calme maintenue à environ 22 °C et dont la hauteur ne dépasse pas une trentaine de centimètres. Leur peau étant fragile, il faut éviter les matériaux coupants, tels que les roches à arêtes vives ou le gravier anguleux. La présence de végétaux n'est pas obligatoire et l'éclairage doit être tamisé. On peut les nourrir quotidiennement avec des aliments pour poissons, des morceaux de poisson, moule ou crevette, des chironomes, des daphnies, des gammares, des tubifex, etc.

L'espèce Xenopus laevis est abondamment utilisée dans les laboratoires de biologie pour étudier le développement embryonnaire, le cycle cellulaire (mitose et méiose) ainsi que les mécanismes mis en place par la cellule lorsque l'ADN est endommagé. Il a permis notamment l'identification et la caractérisation du moteur moléculaire permettant l'entrée en mitose, le MPF (M-phase promoting factor) ainsi que le rôle de l'aquaporine.

Lors de la méiose, deux divisions cellulaires successives se suivent sans réplication de l’ADN et conduisent à la production de cellules germinales haploïdes (ovocytes ou spermatozoïdes).

L’ovocyte de Xénope est une cellule polarisée présentant un hémisphère animal très pigmenté et un hémisphère végétatif dépigmenté (Figure 1).

Maturation de l'ovocyte[modifier | modifier le code]

la maturation de l’ovocyte de Xénope. A) Ovocyte immature. B) Ovocyte matures présentant une tache de maturation au pôle animal.

Au cours de l’ovogenèse, qui peut être subdivisée en six stades appelés stades de Dumont, l’ovocyte accumule des réserves énergétiques (sucres, lipides…) et informatives (ARN, protéines). Au terme de sa croissance, l’ovocyte de stade VI ou ovocyte immature est bloqué en prophase de première division de méiose. Ce blocage est levé par la progestérone synthétisée par les cellules folliculaires environnantes. L’ovocyte entre alors dans le processus de maturation ovocytaire : il achève la première division de méiose, débute la deuxième jusqu’à un nouveau blocage qui survient en métaphase de deuxième division. Cet arrêt en métaphase II, caractéristique de l’ovocyte mature (figure 1B) sera levé par la fécondation. D’un point de vue morphologique, il est facile de différencier un ovocyte immature d’un ovocyte à maturité. En effet, la maturation s’accompagne de l’apparition d’une tache dépigmentée, appelée tache de maturation, au pôle animal de l’ovocyte. D’un point de vue moléculaire, la maturation est caractérisée par l’activation du MPF (M-phase Promoting Factor ; facteur universel d’entrée et de sortie de phase M) et de la voie p42 MAPK (Mitogen Activated Protein Kinase).

Liste des espèces[modifier | modifier le code]

Selon Amphibian Species of the World (11 juin 2017)[3] :

Publication originale[modifier | modifier le code]

  • Wagler, 1827 : I. Über das Leuchten einiger Batrachier. Isis von Oken, vol. 20, p. 726-728 (texte intégral).

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

Références taxonomiques[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Amphibian Species of the World, consulté lors d'une mise à jour du lien externe
  2. Ces informations sont relayées sur des sites Internet comme http://www.poitou-charentes-nature.asso.fr/Xenope-du-Cap.html Si la présence de Xenopus laevis est reconnue dans le Poitou, la date de son introduction fait discussion : une dizaine d'années pour l'un, les années 1930 pour l'autre.
  3. Amphibian Species of the World, consulté le 11 juin 2017