Délégation interministérielle à la prévention et à la lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes

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Délégation interministérielle à la prévention et à la lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes
Statue d'un "enfant abandonné" sur le piédestal du buste d'Ernest Rousselle, élu municipal qui décida la prise en charge des jeunes gens pauvres de Paris au XIXe siècle
(situé au 69, boulevard Auguste Blanqui à Paris)
Histoire
Fondation
24 octobre 2017
Cadre
Zone d'activité
Type
Siège
Coordonnées
Organisation
Effectif
NC
Délégué général
Marine Jeantet
Budget
NC
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La DIPLPEJ, acronyme de Délégation interministérielle à la prévention et à la lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes, est un organisme interministériel français, créé par décret le .

Cette délégation est chargée « d'organiser la concertation, coordonner la préparation de la stratégie et suivre sa mise en œuvre » au sein du ministère des solidarités et de la santé[1].

Création[modifier | modifier le code]

Mis en place durant la première année du gouvernement Édouard Philippe, à l'initiative du président de la République Emmanuel Macron en octobre 2017 en collaboration avec la ministre des solidarités et de la santé Agnès Buzyn, la « délégation interministérielle à la prévention et à la lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes » organise la concertation en collaboration avec l’ensemble des pouvoirs publics, des associations et les personnes concernées par la situation des jeunes vivant dans la précarité et l'exclusion sociale.

Cet organisme, dont le premier délégué général est Olivier Noblecourt[Note 1] nommé le [2], est rattaché au ministère des solidarités et de la santé, avenue Duquesne dans le 7e arrondissement de Paris[3].

Fonctionnement[modifier | modifier le code]

Organisation[modifier | modifier le code]

La délégation organise son activité selon six axes définis par un rapport public mis en ligne sur le site du ministère des solidarités et de la santé[4] :

  1. L'éradication de la pauvreté des enfants.
    En 2015, la capacité d’accueil des enfants de moins de trois ans par les modes d’accueil institutionnels et formels était de 56,6 places pour 100 enfants. Ce groupe de travail base dès lors sa mission sur une amélioration du système de prise en charge et d'accompagnement[5].
  2. La prévention de la vulnérabilité des jeunes et favoriser leur insertion.
    Selon une estimation évoquée dans le rapport, un premier tiers des jeunes n’a pas ou peu connu de chômage ou de CDD, un second tiers a réussi à se stabiliser avec des phases de chômage et d’emploi à durée déterminée et un dernier tiers peine à s’insérer, car ils sont confrontés à la précarité avec des CDD entrecoupés de périodes de chômage. Ce groupe de travail axe dès lors sa recherche sur l'organisation d'une meilleure orientation des jeunes durant leur parcours scolaire, ainsi qu'une meilleure insertion dans le monde professionnel au travers d'emplois adaptés à leurs formations et leurs capacités[6].
  3. Le développement de l’accompagnement global et les leviers de prévention de la pauvreté.
    Selon une enquête menée par l’UNAF en 2014 auprès de 1 700 communes ou structures intercommunales offrant un service de restauration scolaire, seules 31 % d'entre elles prenaient en compte la composition ou les revenus de la famille. En conséquence, le groupe de travail axe sa recherche sur la mise en place de mesure incitative afin de faciliter l'accès des cantines scolaires aux familles pauvres, organiser une offre ciblée de petits déjeuners à l’école, ainsi que de permettre l'accompagnement des personnes en difficultés financières et de prévenir le surendettement[7].
  4. L'accès aux droits et aux services.
    Ce groupe de travail propose d’élaborer une vision « cohérente » basée sur le long terme afin de permettre un accès aux droits et aux services ainsi que de trouver des solutions face au non-recours aux droits. Ce groupe travaille également sur la refondation des minimas sociaux afin d'y associer un « droit universel à l’accueil et l’accompagnement social »[8].
  5. La lutte contre l’exclusion.
    La dernière enquête réalisée auprès des personnes sans-domicile par l’Insee indiquait que plus de 140 000 personnes (dont 30 000 enfants) en France étaient privées de logement en 2012, dont 9 % vivant dans la rue. Ce groupe de travail propose une meilleure identification et reconnaissance des « publics exclus » en renforçant les moyens de lutter contre l'exclusion, notamment dans un meilleur accompagnement social des enfants et leurs parents[9].
  6. L'organisation et le pilotage de la lutte contre la pauvreté à partir des territoires.
    Ce groupe de travail constate que la pauvreté des enfants, particulièrement au sein des familles monoparentales, a atteint un niveau élevé, plaçant 20 % des enfants vivant en France au niveau, voire en-dessous du seuil de pauvreté. Une des principales tâches de ce groupe est donc de permettre d'apporter les moyens aux territoires de s’organiser pour répondre à la prévention de la pauvreté, dans un cadre régulé par l’État, afin de restaurer une « relation de confiance entre l’État et les collectivités territoriales concernées »[10].

Le délégué interministériel est assisté, au niveau de chaque région métropolitaine par treize hauts-commissaires. Leur rôles, au niveau de chaque préfecture de région, étant d'assurer principalement[11]

« la coordination et le pilotage interministériel au niveau régional de la stratégie, en mobilisant l'ensemble des administrations concernées par les différentes politiques publiques concourant à la prévention et à la lutte contre la pauvreté : petite enfance, hébergement/logement, économie, emploi, formation, éducation, jeunesse, santé et médico-social et a pour mission de piloter et mettre en œuvre la stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté dans les territoires. »

Cadre politique[modifier | modifier le code]

Agnès Buzyn

Les vecteurs organisationnels de cette délégation s’appuient en grande partie sur la concertation avec les collectivités et la mobilisation d’experts dont le conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, créé en 1992 et qui lance la réalisation d'études par l'intermédiaire de l'observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale.

Le , Emmanuel Macron, accompagné par la ministre Agnès Buzyn et le délégué interministériel Olivier Noblecourt, présente la « stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté » qui se définit par cinq engagements : L’égalité des chances dès les premiers pas pour rompre la reproduction de la pauvreté, la garantie des droits fondamentaux des enfants, Un parcours de formation garanti pour tous les jeunes; un meilleur accès aux droits sociaux de façon plus équitable et plus « incitatifs à l’activité » et l’accompagnement vers l’emploi. Le budget total s'élève à 8,5 milliards d’euros dont 1,24 alloués au premier engagement[12].

Lors d'un entretien publiée dans La Gazette des Communes, le , Marine Jeantet, revient sur les objectifs de la stratégie lancée il y a deux ans au regard de la crise sociale actuelle et évoque ainsi les nouvelles difficultés liées à la pandémie de Covid-19. Elle insiste également sur la nécessité d'encourager la contractualisation avec les départements[13].

Liste des titulaires[modifier | modifier le code]

  1. Olivier Noblecourt (15/11/2017 - 07/01/2020 ) : ancien directeur de cabinet de Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale durant la présidence de François Hollande et ancien assistant parlementaire de Michel Destot, député PS de Grenoble[14].
    Soutenu par le bureau du parti socialiste local, le premier délégué de cet organisme a annoncé le , sa démission de la direction de la délégation en précisant qu'il s'agit d'une « fin de mission nationale » et non d'une démission, afin de se présenter comme tête de liste à Grenoble dans le cadre des élections municipales de 2020[15],[16].
  2. Vincent Reymond (07/01/2020 - 10/03/2020) : inspecteur des affaires sociales, ancien secrétaire de la délégation, est nommé délégué par intérim[17], selon les informations fournies par le cabinet de Christelle Dubos, secrétaire d’État auprès de la ministre des solidarités et de la santé[18].
  3. Marine Jeantet (11/03/2020 - )[19] : médecin spécialiste en santé publique et inspectrice des affaires sociales, Marine Jeantet a commencé sa carrière à l’agence française des produits de santé en 2002 avant d’intégrer la caisse centrale de la mutualité sociale agricole. En 2007, elle rejoint la direction de la sécurité sociale (adjointe au sous-directeur du financement du système de soins[20]), puis la caisse nationale d’assurance maladie entre 2015 et 2019. Depuis le , Marine Jeantet était commissaire à la lutte contre la pauvreté auprès du Préfet de la région Île-de-France[21].

Critiques[modifier | modifier le code]

Interrogé par le site d'actualité indépendant Mediapart en septembre 2018, le délégué de l'époque, Olivier Noblecourt a expliqué que si l’augmentation des minima sociaux n’est pas suffisant pour régler les difficultés des plus pauvres, il précise que sur le plan de l’insertion par l’activité, le gouvernement a fait un « effort inouï », opinion que le collectif des associations du Collectif « Alerte » ne partage pas[22].

Interrogé par ce même site le , le porte parole de ce collectif précise que « les plus pauvres sont dans l’angle mort de la stratégie gouvernementale » en accusant cette stratégie politique de ne pas « réunir les conditions nécessaires à l’éradication de la grande pauvreté »[23].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. O. Noblecourt était à l'époque le directeur de programme « urbanisme et cohésion sociale » au sein du commissariat général à l’investissement

Références[modifier | modifier le code]

  1. Présentation de la délégation sur le site officiel du ministère des solidarités et de la santé.
  2. Nathalie Birchem, « Olivier Noblecourt, Monsieur pauvreté du gouvernement », sur la-croix.com, (consulté le )
  3. Site solidarites-sante.gouv.fr, Lettre de mission du travail N°1, signé par Olivier Noblecourt, consulté le 18 décembre 2019.
  4. Site de Patricia Schillinger, sénatrice du Haut-Rhin, consulté le 18 décembre 2019
  5. Proposition du groupe de travail n°1, consulté le 18 décembre 2019.
  6. Proposition du groupe de travail n°2, consulté le 18 décembre 2019.
  7. Proposition du groupe de travail n°3, consulté le 18 décembre 2019.
  8. Proposition du groupe de travail n°4, consulté le 18 décembre 2019.
  9. Proposition du groupe de travail n°5, consulté le 18 décembre 2019.
  10. Proposition du groupe de travail n°6, consulté le 18 décembre 2019.
  11. Site blogs.alternatives-economiques.fr, blog de Michel Abehervé "Treize Hauts-Commissaires en région, pour la lutte contre la pauvreté", consulté le 8 janvier 2020
  12. Site lesprosdelapetiteenfance.fr, page "Petite enfance : les grandes orientations du Plan contre la pauvreté", consulté le 18 décembre 2019.
  13. Site lagazettedescommunes.com, article d'Émeline Le Naour "La logique d’action de la stratégie de lutte contre la pauvreté reste l’insertion ", consulté le 6 janvier 2020.
  14. Site letudiant.fr, biographie d'Olivier Noblecourt, consulté le 18 décembre 2019.
  15. François Carrel, « A Grenoble, Noblecourt officialise sa «troisième voie» entre Piolle et Carignon », sur liberation.fr, (consulté le )
  16. Site blogs.alternatives-economiques.fr, page "Olivier Noblecourt a démissionné de son poste de délégué interministériel à la prévention et à la lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes. Pour tenter de faire à Grenoble ce qu'il n'a pas pu faire au plan national?", consulté le 22 décembre 2019.
  17. « Vincent Reymond succède à Olivier Noblecourt comme délégué interministériel à la lutte contre la pauvreté par interim », (consulté le )
  18. Site la-croix.com, page "Olivier Noblecourt quitte son poste de « Monsieur pauvreté » du gouvernement", consulté le 8 janvier 2020]
  19. Décret du 4 mars 2020 portant nomination de la déléguée interministérielle à la prévention et à la lutte contre la pauvreté - Mme JEANTET (Marine) (lire en ligne)
  20. Site actu-environnement.com, fiche sur Marine Jeantet, consulté le 10 juillet 2020
  21. CAB_Solidarites et CAB_Solidarites, « Nomination de Marine Jeantet comme déléguée interministérielle à la prévention et à la lutte contre la pauvreté », sur Ministère des Solidarités et de la Santé, (consulté le )
  22. Site dubasque.org, page Plan Pauvreté : le message ne passe pas entre Olivier Noblecourt et les associations du Collectif ALERTE, consulté le 18 décembre 2019.
  23. site blogs.mediapart.fr, page "Pauvreté: les associations répondent à Olivier Noblecourt", consulté le 18 décembre 2019.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]