Décret sur les théâtres
Le 10 thermidor an XV (1807), Napoléon signe un décret réduisant le nombre de théâtres de Paris à huit, et donnant force de loi à un arrêté du ministre de l'intérieur du 5 floréal de la même année.
Cette mesure porte un coup de grâce au foisonnement dramatique de la capitale française, qui voit ses salles de spectacle réduites aux suivantes :
- Grands théâtres
- le Théâtre-Français (Théâtre de S.M. l'Empereur), consacré à la tragédie et à la comédie
- le Théâtre de l'Impératrice, considéré comme une annexe du précédent
- le Théâtre de l'Opéra (Académie impériale de Musique), consacré au chant et à la danse
- le Théâtre de l'Opéra-Comique, destiné aux « comédies ou drames mêlés de couplets, d'ariettes et de morceaux d'ensemble »
- Théâtres secondaires
- le Théâtre du Vaudeville, dédié aux « petites pièces mêlées de couplets sur des airs connus »
- le Théâtre des Variétés, dont le répertoire est composé de « petites pièces dans le genre grivois, poissard ou villageois »
- le Théâtre de la Porte-Saint-Martin, destiné aux mélodrames et aux pièces à grand spectacle
- le Théâtre de la Gaîté, dévolu aux « pantomimes de tous genres, mais sans ballets, aux arlequinades et autres farces, dans le goût de celles données autrefois par Nicolet ».
L'article 3 du décret précise qu'« Aucune nouvelle salle de spectacle ne pourra être construite, aucun déplacement d'une troupe d'une salle dans une autre ne pourra avoir lieu dans Notre bonne ville de Paris, sans une autorisation donnée par Nous ».
Tous les théâtres non autorisés sont fermés avant le . Il est de même interdit de représenter une quelconque pièce dans d'autres théâtres, ni d'y admettre le public, même gratuitement. On ne peut distribuer, sans autorisation, affiches ou billets annonçant un spectacle.
En province, la situation est également réglementée, arrondissement par arrondissement. Ainsi, les villes qui peuvent avoir jusqu'à deux théâtres sont Lyon, Bordeaux, Marseille Nantes et Turin. Par contre Rouen, Brest, Bruxelles, Toulouse, Montpellier, Nice, Gênes, Alexandrie, Gand, Anvers, Lille, Dunkerque, Metz et Strasbourg ne peuvent avoir qu'une seule troupe « stationnaire » (permanente).
Ce décret survit à la chute de l'empereur, en théorie[1] : la Restauration le considère comme « fort sage » et « des meilleurs à maintenir[2] ». Dans les faits, cela n'empêche pas la création de nouveaux théâtres, notamment à Paris, et la remise en cause de la hiérarchie entre les salles à travers le dynamisme des théâtres secondaires.
Ce n'est qu'en 1864 que Napoléon III signe un décret de libéralisation des théâtres qui met fin à ce système de privilège.
Notes et références
- Jean-Claude Yon, « Le cadre administratif des théâtres autour de 1830 », Fabula, (lire en ligne)
- Archives nationales, F21 1137. Cité par Jean-Claude Yon, « Le cadre administratif des théâtres autour de 1830 », Fabula, 2016