Crète

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 12 mars 2017 à 12:43 et modifiée en dernier par Soleil95 (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

Crète
Κρήτη (el)
Paysage crétois dans les environs d'Anogia.
Paysage crétois dans les environs d'Anogia.
Géographie
Pays Drapeau de la Grèce Grèce
Localisation Mer Méditerranée et mer Égée
Coordonnées 35° 12′ N, 25° 00′ E
Superficie 8 336 km2
Point culminant Mont Ida (2 456 m)
Géologie Île continentale
Administration
Périphérie Crète
Démographie
Population 621 340 hab. (2011)
Densité 74,54 hab./km2
Gentilé Crétois
Plus grande ville Héraklion
Autres informations
Découverte Préhistoire
Fuseau horaire UTC+03:00 (été)
UTC+02:00 (hiver)
Site officiel http://www.crete.gov.gr
Géolocalisation sur la carte : Grèce
(Voir situation sur carte : Grèce)
Crète
Crète
Îles en Grèce

La Crète, en grec Κρήτη, en grec ancien Krḗtē, grec moderne Kríti, est une île grecque, autrefois appelée « île de Candie ». Cinquième île de la mer Méditerranée en superficie, elle est rattachée en 1913 à la Grèce, dont elle constitue, avec d'autres petites îles, l'une des treize périphéries (région administrative), ainsi que l'un des sept diocèses décentralisés créés par le Programme Kallikratis en janvier 2011.

La Crète est le berceau de la civilisation minoenne, dont Knossos est le cœur et le site archéologique le plus important.

Géographie

Carte topographique de la Crète
La Crète vue de l'espace

La Crète possède une forme étirée : elle s'étend sur 260 km d'est en ouest et sur 60 km du nord au sud. D'une superficie de 8 400 km2, et d'une périphérie d'environ 1 000 km, elle est la cinquième île de Méditerranée après la Sicile, la Sardaigne, Chypre et la Corse. Elle est bordée au nord par la mer Égée, depuis le cap Plaka sur la côte est jusqu'à l'île d'Agria Gramvousa au nord-ouest, et au sud et à l'ouest par la mer Méditerranée.

Tout comme la Corse, elle est montagneuse ; trois massifs montagneux dominent l'île : les Lefká Óri (2 453 m) ou montagnes Blanches à l'ouest, le massif du mont Psiloritis (2 456 m) ou mont Ida au centre (le point culminant de l'île) et le massif du Mont Dikti (2 148 m) à l'est. À l'ouest de l'île se trouvent des gorges, les gorges de Samaria. Les massifs calcaires sont karstifiés et abritent des cavités remarquables par leurs dimensions, telles que Mavro Skiadi

La Crète compte officiellement environ 35 millions d’oliviers. Riche de milieux naturels diversifiés, elle abrite plusieurs espèces d'animaux endémiques, ainsi qu'une flore très variée. L'île est bercée par un climat méditerranéen : l'été est chaud et sec, alors que l'hiver est plutôt doux.

La Crète souffre en revanche de problèmes d'environnement. Il y a quelques années encore, une immense décharge à ciel ouvert située près de La Canée posait d'importants problèmes écologiques. L'État grec a donc décidé de la fermer, mais il existe encore beaucoup de décharges sauvages un peu partout sur l'île. Les plages sont, elles aussi, envahies de déchets en tout genre (bien que certaines d'entre elles soient régulièrement nettoyées, comme Elafonissi). Les rivages crétois sont malheureusement victimes également de dégazages. Cependant depuis les années 2000, les Crétois ont pris conscience que les problèmes environnementaux ne faisaient pas bon ménage avec leur principal revenu, le tourisme. De gros efforts ont été entrepris pour garder les plages propres et les autochtones sont devenus beaucoup plus respectueux de la nature.

Histoire

  • L'île aurait connu une première vague de peuplement, il y a près de 130 000 ans, par voie maritime[1],[2].
  • À partir de 7000 av. J.-C. (époque néolithique), la Crète est envahie par des peuples venant d'Anatolie qui pratiquent l'agriculture et l'élevage. Les plus anciennes poteries sont trouvées à Cnossos et Phaistos. Culte de la « Grande Mère », déesse de la fertilité.
  • Période prépalatiale : 2600-2100 av. J.-C. De nouveaux immigrants viennent de l'Est. Les poteries sont plus fines, le travail du cuivre et du bronze se généralise.
  • Période paléopalatiale : 2100-1650 av. J.-C. La Crète atteint une position prééminente en mer Méditerranée. Elle introduit l'écriture phonétique en Europe à travers deux systèmes contemporains : les hiéroglyphes crétois d'une part, le linéaire A d'autre part, un millénaire environ avant l'alphabet grec. L'éruption de Santorin ("éruption minoenne") dont les vagues de tsunami ravagent les côtes crétoises est datée environ de 1600 av. J.C.
  • Période néopalatiale : 1700-1450 av. J.-C. Destruction des palais vers - 1700 suivie d'une reconstruction, apogée du système palatial.
  • Période postpalatiale : 1450-1200 av. J.-C. La culture minoenne décline rapidement. Chute de Cnossos. Les Mycéniens envahissent la Crète. Apparition du système d'écriture dit linéaire B.
  • 1200-67 av. J.-C. : La Crète vit selon l'organisation sociale dorienne, intégrée à la culture grecque classique.
  • 67 av. J.-C.-395 : La Crète appartient à l'Empire romain. Gortyne devient capitale de la Crète et de la province qui comprend la Cyrénaïque.
Un des premiers timbres de Crète autonome, 1900
  • 395-824 : la Crète fait partie de l'Empire romain d'Orient, dit byzantin.
  • 824-961 : la Crète appartient aux Abbassides, dynastie arabo-musulmane.
  • 961-1204 : reconquête par les Byzantins.
  • 1204-1669 : après la prise de Constantinople par les croisés, Candie (la Crète) devient vénitienne.
  • 1669 : La Crète est conquise par les Ottomans qui, comme à Chypre, y installent des populations musulmanes.
  • 1822-1868 : la Crète est rattachée à l'Égypte.
  • 1866-1868 : Révolte des Crétois contre l'Empire ottoman, réprimée dans le sang.
  • 1897-1898 : Nouvelle révolte, débouchant sur un conflit militaire gréco-turc perdu par les Turcs[3], et sur un statut d'autonomie sous tutelle internationale.
  • 1913 : la Crète est rattachée à la Grèce.
  • 1922-1923 : dans le cadre du traité de Lausanne échange des 25 000 musulmans de Crète contre 50 000 orthodoxes de Cilicie.
  • 1941 : bataille de Crète, invasion allemande de l'île alors défendue par les troupes britanniques et les restes des troupes grecques libres.
  • 1941-1944 : la résistance crétoise, ravitaillée par les Britanniques, bloque toute une division allemande dans l'île. L'été 1944, elle libère les trois quarts du pays : les Allemands se réfugient dans l'Ouest, autour de La Canée, où ils se retranchent jusqu'en mai 1945, mais souffrent de la faim.
  • Depuis 1950 : la Crète devient une destination touristique européenne.

Principales villes

Chóra Sfakíon
Spili
  • Héraklion (Ηράκλειο), 151 324 habitants. Capitale de la Crète depuis l'époque byzantine jusqu'à 1898, elle est redevenue la capitale de l'île en 1971.
  • La Canée (souvent transcrit en Chania ou Hania) (Χανιά), 53 910 habitants. Ancienne capitale de la Crète de 1898 à 1971.
  • Réthymnon (Ρέθυμνο), 37 462 habitants.
  • Ierapetra (Ιεράπετρα), 23 708 habitants.
  • Agios Nikolaos (Άγιος Νικόλαος), 20 679 habitants.
  • Gazi (Γάζι), 19 221 habitants.

(source : recensement général de 2011)

Mythes fondateurs

L'île de Crète a été le théâtre de nombreux épisodes de la mythologie grecque :

  • Elle est le lieu où Zeus est né, protégé par sa mère Rhéa, contre l'appétit de son père Cronos. Zeus serait né dans une caverne du mont Dicté (ou du mont Ida selon les auteurs). Il y aurait été élevé par des nymphes et des Curètes.
  • Elle est le lieu des amours de Zeus (changé en taureau) et de sa captive Europe, liaison qui donnera naissance à Minos, le roi légendaire de la Crète.
  • L'épouse de Minos, Pasiphaé, ayant succombé au charme d'un taureau envoyé par Poséidon, elle enfanta le fameux Minotaure. Celui-ci fut enfermé par Minos dans le Labyrinthe, construit par l'architecte Dédale. L'emplacement du Labyrinthe, situé par les auteurs de l'Antiquité à Knossos, serait reconnaissable d'après certains archéologues sur le site du palais minoen retrouvé sur ce site ; il a toutefois pu être situé par certains auteurs[4] en d'autres endroits comme la carrière appelée Labyrinthe située près de Gortyne.
  • La ruse et le courage de Thésée et d'Ariane permirent de tuer le Minotaure et de ressortir du Labyrinthe.
  • Enfin, Dédale et son fils Icare cherchent à s'échapper de l'île où la vengeance de Minos les poursuit : pour cela, Dédale construit des ailes dont les plumes étaient fixées par de la cire. Icare y laissa la vie en volant trop près du soleil.

Culture

Parmi les Grecs, les Crétois sont identifiables d'une part par leur dialecte crétois, d'autre part par la terminaison en άκις : akis, très fréquente dans leurs patronymes. Leur costume traditionnel, encore revêtu lors des commémorations ou festivals culturels, était assez différent de celui des autres Grecs, en tissu souvent noir ou bleu, large ceinture et bottes. Danses, musiques et cuisine aussi sont spécifiques à l'île. Le régime crétois a été élu comme le modèle de la diète méditerranéenne après « l'étude des sept pays »[5]. Le Tsípouro ou tsikoudiá est un alcool spécifiquement crétois de marc de raisin.

La cathédrale Agios Minas à Héraklion, une des plus grandes de Grèce

Du point de vue religieux, la Crète a été évangélisée dès les premiers temps du christianisme. Son apôtre aurait été Tite, disciple de Saint Paul, auquel ce dernier a écrit une épître. Sous les dominations abbasside et ottomane, l'islam sunnite a aussi été présent dans l'île, en position politiquement dominante, laissant ici ou là des ruines de mosquées ; sous la domination vénitienne, c'est le catholicisme romain qui s'est trouvé en position politiquement dominante.

La religion majoritaire est le christianisme gréco-orthodoxe. L'Église crétoise est indépendante de l'Église grecque, et relève directement du patriarcat œcuménique de Constantinople. Elle a été un des éléments les plus importants de la résistance à l'occupant turc.

Les populations musulmanes installées en Crète après la conquête de l'île par l'Empire ottoman, ou converties sur place, et qui regroupaient près de 30 % de la population au recensement de 1881[6],[7] ont commencé à partir dans les années 1890, avant que les derniers soient expulsés lors des échanges de populations entre la Grèce et la Turquie en 1924, conformément au traité de Lausanne de 1923. La Crète a alors accueilli de nombreux réfugiés grecs d'Asie Mineure, de religion orthodoxe, expulsés de Turquie.

Économie

Gorges d'Aradéna
Plage de Balos

La Crète est depuis le XIXe siècle au moins, sinon depuis l'Antiquité, l'une des régions de Grèce qui produit le plus d'huile d'olive. L'olivier occupe une grande partie des plaines, collines et pentes des montagnes crétoises. Un début de recherche de la qualité s'observe avec des huiles d'olive d'origine contrôlée à la mode française, notamment à Zakros (est).

L'élevage ovin et caprin est en déclin, même si l'agrimi, krikri ou chèvre sauvage fait toujours partie du paysage.

Les plantations agricoles (tomates, primeurs) bénéficient d'un ensoleillement exceptionnel mais restent limitées (secteur de Moires, dans la Messara).

La ressource croissante de la Crète est son énorme potentiel touristique, associant mer, soleil, montagne, culture, sites archéologiques ; comme en Espagne, il devrait conduire vers un tourisme de plus en plus éclectique et amoureux de l'environnement et de la culture crétoise. La côte Sud est beaucoup plus traditionnelle, liant vieux monastères, villages hauts-perchés des montagnes et criques sablonneuses accessibles seulement à pied.

Les ressources invisibles ne sont pas évaluées (transferts de ressources de Grèce continentale vers la Crète et notamment revenus tirés de la marine marchande), mais la diaspora crétoise, installée en Australie et sur la côte Est des États-Unis, est active, ingénieuse, de haut niveau et solidaire.[réf. nécessaire]

Notes et références

  1. http://sci.tech-archive.net/Archive/sci.archaeology/2010-01/msg00249.html
  2. La plus ancienne preuve de navigation humaine, lesoir.be, 3 janvier 2011
  3. Alfred Colling, La Prodigieuse histoire de la Bourse, Paris, Société d'éditions économiques et financières, , p. 325
  4. Sebastian Münster par exemple
  5. António José Marques da Silva, La diète méditerranéenne. Discours et pratiques alimentaires en Méditerranée (vol. 2), L'Harmattan, Paris, 2015 ISBN 978-2-343-06151-1, p. 49-51
  6. (en) The Cretan Question, 1897-1908
  7. 72 353 musulmans au recensement de 1881, 33 496 pour celui de 1900, Detorakis, History of Crete, Hiraklion, 1994, p. 425.

Annexes

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes

Liens externes