Corton-charlemagne
| Corton-charlemagne | |
| Désignation(s) | Corton-charlemagne |
|---|---|
| Type d'appellation(s) | AOC / AOP |
| Reconnue depuis | 1937 |
| Pays | |
| Région parente | vignoble de Bourgogne |
| Sous-région(s) | côte de Beaune |
| Localisation | Côte-d'Or |
| Climat | tempéré océanique à tendance continentale |
| Ensoleillement (moyenne annuelle) |
1 266 heures par an[1] |
| Sol | argilo-calcaire |
| Superficie totale | 71 hectares et 42,94 ares[2] |
| Superficie plantée | 52,739 ha (en 2023)[3] |
| Nombre de domaines viticoles | 86 (en 2023) |
| Cépages dominants | chardonnay B[n 1] |
| Vins produits | 100 % blancs |
| Production | 2 694 hl (en 2023)[3] |
| Pieds à l'hectare | min. 9 000 pieds/ha[4] |
| Rendement moyen à l'hectare | 51 hl/ha (en 2023)[3] |
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Un corton-charlemagne[n 2] est un vin blanc d'appellation d'origine contrôlée produit sur une partie des communes d'Aloxe-Corton, de Ladoix-Serrigny et de Pernand-Vergelesses, en Côte-d'Or. Il est classé parmi les grands crus bourguignons du vignoble de la côte de Beaune, partageant son aire d'appellation avec le corton et le charlemagne.
Histoire
[modifier | modifier le code]Cette AOC fut créée par le décret du , en même temps et par le même texte que les appellations corton et charlemagne[5]. L'aire de production de ces trois appellations est étendue à des parcelles de Pernand-Vergelesses et de Ladoix-Serrigny par le décret du [6]. Apparition de l'enjambeur dans les années 1960-1970, qui remplacent le cheval. Les techniques en viticulture et œnologie ont bien évolué depuis 50 ans (vendange en vert, table de triage, cuve en inox, pressoir électrique puis pneumatique...).
Avec la canicule de 2003, les vendanges débutèrent pour certains domaines cette année-là à la mi-août, soit avec un mois d'avance, des vendanges très précoces qui ne s'étaient pas vues depuis 1422 et 1865 d'après les archives. Le cahier des charges de l'appellation a été modifié en octobre 2009[7], puis en octobre 2011[4].
Étymologie
[modifier | modifier le code]Le mot « Corton » est une contraction de Curtis Othonis, qui signifie « domaine d'Othon », Othon étant un empereur[Qui ?][n 3] descendant de Charlemagne.
Vignoble
[modifier | modifier le code]Aire d'appellation
[modifier | modifier le code]| Images externes | |
| Carte de l'aire de production du corton-charlemagne | |
| Aire parcellaire de l'appellation | |
Ce grand cru de Bourgogne est implanté sur les communes d'Aloxe-Corton, de Ladoix-Serrigny et de Pernand-Vergelesses, son aire étant partiellement incluse dans les aires des AOC communales aloxe-corton, ladoix et pernand-vergelesses.
L'aire d'appellation du corton-charlemagne est incluse dans l'aire d'appellation du corton rouge. Cependant, l'aire d'appellation du corton blanc (plus petite que celle du corton rouge) exclut les parcelles appartenant au corton-charlemagne[8].
L'aire de l'appellation du grand cru charlemagne est, quant à elle incluse dans celle du corton-charlemagne.
Le vignoble du corton-charlemagne couvre une superficie totale de 71 hectares & 42,94 ares, dont :
- 48 ha & 57,06 ares sur Aloxe-Corton :
- 16,9472 ha sur le climat « Le Charlemagne » ;
- 9,824 ha sur « Les Pougets » ;
- 7,2375 ha sur « Les Languettes » ;
- 2,8892 ha sur « Les Renardes » ;
- et 11,6727 ha sur « Le Corton » ;
- 17 ha & 25,89 ares sur Pernand-Vergelesses :
- « En Charlemagne » ;
- 5 ha & 59,99 ares sur Ladoix-Serrigny[2] :
- 3,1766 ha à l'ouest du « Le Rognet et Corton » ;
- 1,9292 ha au sud des Hautes-Mourottes ;
- et 94,81 ares au sud des Basses-Mourottes[9].
La surface en production était en 2023 de 52,739 ha[3].
Géologie et orographie
[modifier | modifier le code]Provient des terres du Jurassique (145 millions d'années)[10], avec des sols marneux (de couleur jaunâtre, ocre et brun), riches en argile. Des bancs calcaires alternent avec les marnes sous une mince couche de rendzines. Les pentes sont raides (20 à 23 %)[10] et ce vignoble est situé entre 280 et 330 mètres d'altitude.
Climatologie
[modifier | modifier le code]Le climat bourguignon est un climat tempéré océanique à légère tendance continentale. L'influence océanique se traduit par des pluies fréquentes en toutes saisons (avec néanmoins un maximum en automne et un minimum en été) et un temps changeant. L'influence semi-continentale se traduit par une amplitude thermique mensuelle plutôt élevée, se caractérisant par des hivers plus froids avec quelques chutes de neige, et des étés plus chauds que sur les littoraux, avec à l'occasion de violents orages. Les données climatiques de la station météo de Savigny-lès-Beaune (à 237 puis à 246 mètres d'altitude : 47° 02′ 40″ N, 4° 50′ 36″ E jusqu'en 2011, puis 47° 03′ 23″ N, 4° 50′ 12″ E )[11] ci-dessous en rendent compte.
En raison de l'actuel changement climatique, les vendanges sont souvent plus précoces de quelques jours (le débourrement, la floraison et la véraison de la vigne se faisant plus tôt)[12].
| Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Température minimale moyenne (°C) | −1 | 0 | 2,6 | 5,5 | 9,2 | 13 | 14,7 | 13,9 | 11 | 7 | 3,4 | 0,9 | 6,8 |
| Température moyenne (°C) | 2,8 | 4 | 7,7 | 11,6 | 14,9 | 18,3 | 20,5 | 19,5 | 16,8 | 11,4 | 6,5 | 4 | 11,4 |
| Température maximale moyenne (°C) | 5,8 | 8 | 12,7 | 17,7 | 20,6 | 24,7 | 27 | 26 | 22,7 | 16,4 | 10,2 | 7,1 | 16,6 |
| Nombre de jours avec gel | 13,6 | 11 | 7,5 | 2,1 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 2 | 6 | 10,6 | 52,8 |
| Ensoleillement (h) | 24,3 | 60,3 | 112,5 | 139,1 | 155 | 162,3 | 164,5 | 182,4 | 144,9 | 73,4 | 29,9 | 17,4 | 1 266 |
| Précipitations (mm) | 32,5 | 27,1 | 35,8 | 41,2 | 37,8 | 43,3 | 24,3 | 29,5 | 30,4 | 38,8 | 27 | 38 | 405,7 |
| Diagramme climatique | |||||||||||
| J | F | M | A | M | J | J | A | S | O | N | D |
| Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm | |||||||||||
Encépagement
[modifier | modifier le code]Le cahier des charges de l'appellation autorise pour faire du corton-charlemagne le chardonnay B[n 1] comme cépage principal, ainsi que le pinot blanc B comme « cépage accessoire » (limités à 10 % de l'encépagement)[4].
Le chardonnay compose l'essentiel des vins blancs de l'AOC. Ses grappes sont relativement petites, cylindriques, moins denses que celles du pinot noir[13], constituées de grains irréguliers, assez petits, de couleur jaune doré[13]. De maturation de première époque comme le pinot noir, il s'accommode mieux d'une humidité de fin de saison avec une meilleure résistance à la pourriture s'il n'est pas en situation de forte vigueur. Il est sensible à l'oïdium et à la flavescence dorée. Il débourre un peu avant le pinot noir, ce qui le rend également sensible aux gelées printanières. Les teneurs en sucre des baies peuvent atteindre des niveaux élevés tout en conservant une acidité importante, ce qui permet d'obtenir des vins particulièrement bien équilibrés, puissants et amples, avec beaucoup de gras et de volume[14].
Méthodes culturales
[modifier | modifier le code]Le travail manuel commence par la taille, en « Guyot simple », avec une baguette de cinq à huit yeux et un courson de un à trois yeux[15]. Le tirage des sarments suit la taille. Les sarments sont enlevés et peuvent être brûlés ou mis au milieu du rang pour être broyés. On passe ensuite aux réparations. Puis vient le pliage des baguettes. Éventuellement, après le pliage des baguettes, une plantation de nouvelles greffes est réalisée. L'ébourgeonnage peut débuter dès que la vigne a commencé à pousser. Cette méthode permet, en partie, de réguler les rendements[15]. Le relevage est pratiqué lorsque la vigne commence à avoir bien poussé. En général, deux à trois relevages sont pratiqués. La vendange en vert est pratiquée de plus en plus dans cette appellation. Cette opération est faite dans le but de réguler les rendements et surtout d'augmenter la qualité des raisins restants[15]. Pour finir avec le travail manuel à la vigne, se réalise l'étape importante des vendanges.
Pour le travail mécanique, l'enjambeur est d'une aide précieuse. Les différents travaux se composent du broyage des sarments, réalisé lorsque les sarments sont tirés et mis au milieu du rang. De trou fait à la tarière, là où les pieds de vignes sont manquants, en vue de planter des greffes au printemps. De labourage ou griffage, réalisé dans le but d'aérer les sols et de supprimer des mauvaises herbes. De désherbage fait chimiquement pour tuer les mauvaises herbes. De plusieurs traitements des vignes, réalisés dans le but de les protéger contre certaines maladies cryptogamiques (mildiou, oïdium, pourriture grise, etc.) et certains insectes (eudémis et cochylis)[15]. De plusieurs rognages consistant à reciper ou couper les branches de vignes (rameaux) qui dépassent du système de palissage. Des vendanges mécaniques se réalisant avec une machine à vendanger ou une tête de récolte montée sur un enjambeur.
Rendements
[modifier | modifier le code]Le rendement est limité par le cahier des charges de l'appellation à un maximum de 48 hectolitres par hectare. Chaque année, ce rendement maximum peut être modifié à la hausse ou à la baisse par un arrêté du ministère de l'Agriculture, dans la limite des rendements butoirs de l'appellation, fixés à 54 hl/ha[4].
Vins
[modifier | modifier le code]Les vins produits sur l'aire d'appellation du corton-charlemagne peuvent être repliés[n 4] en appellation aloxe-corton premier cru, pernand-vergelesses premier cru ou ladoix premier cru (en fonction de la localisation de la ou des parcelle·s).
Volumes
[modifier | modifier le code]Le vignoble donne une production en moyenne de 2017 à 2021 de 2 244 hectolitres de vin, soit environ 299 200 bouteilles[10] (un hectolitre = 100 litres = 133 bouteilles de 75 cl).
Selon le service des Douanes, les données de production des années récentes sont[3] :
| Année | Superficie (ha) | Production (hl) | Rendement (hl/ha) |
|---|---|---|---|
| 2020 | 59,80 | 2 605 | 44 |
| 2021 | 53,70 | 949 | 18 |
| 2022 | 53,49 | 2 728 | 51 |
| 2023 | 52,73 | 2 694 | 51 |
| 2024 | 52,34 | 1 510 | 29 |
Titre alcoométrique volumique
[modifier | modifier le code]| AOC | Blanc | Blanc |
| Titre alcoométrique volumique | minimal | maximal |
| Grand cru[4] | 12 % vol | 14,5 % vol |
Vinification et élevage
[modifier | modifier le code]Voici les méthodes générales de vinification de cette appellation. Il existe cependant des petites différences de méthode entre les différents viticulteurs et négociants.
Vinification en blanc
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Comme pour le rouge, la récolte est manuelle ou mécanique et peut être triée. Les raisins sont ensuite transférés dans un pressoir pour le pressurage. Une fois le moût en cuve, le débourbage est pratiqué généralement après un enzymage. À ce stade, une stabulation préfermentaire à froid (environ 10 à 12 degrés pendant plusieurs jours) peut être recherchée pour favoriser l'extraction des arômes[15]. Mais le plus souvent, après 12 à 48 heures, le jus clair est soutiré et mis à fermenter[15]. La fermentation alcoolique se déroule avec un suivi tout particulier pour les températures qui doivent rester à peu près stables (18 à 24 degrés)[15]. La chaptalisation est aussi pratiquée pour augmenter le titre alcoométrique volumique si nécessaire. La fermentation malolactique est réalisée en fûts ou en cuves. Les vins sont élevés « sur lies », en fûts, dans lesquels le vinificateur réalise régulièrement un « bâtonnage », c'est-à-dire une remise en suspension des lies[15]. Cette opération dure pendant plusieurs mois au cours de l'élevage des blancs. À la fin, la filtration du vin est pratiquée pour rendre les vins plus limpides[15]. La mise en bouteille clôture l'opération.
Gastronomie
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Or pâle et orné de reflets verts. Nez aux tonalités beurrées, arômes d'agrumes, d'ananas, de tilleul, de pomme au four, de fougère, de cannelle, de silex, de genévrier, et de miel. Richesse très importante, concentrée, équilibrée en bouche, ainsi qu'opulente et ronde.
Convient parfaitement avec du foie gras, des crustacés (homard, langouste, crabe), de la volaille et du veau en sauces blanches, du fromage bleu... À servir entre 12 et 14 degrés.
Producteurs de l'appellation
[modifier | modifier le code]Le site du BIVB propose une liste de 75 vignerons et maisons de négoce[16]. Parmi les producteurs de corton-charlemagne, on peut citer : Domaine Marey Pierre, Domaine Bonneau du Martray, Domaine Jacques Prieur, Domaine Rapet, Domaine Capitain, Maison Faiveley, Domaine Jacob, Domaine Denis Père et Fils, Domaine Bruno Colin, etc.
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Le code international d'écriture des cépages mentionne de signaler la couleur du raisin : B = blanc, N = noir, Rg = rouge, Rs = rose, G = gris. Cf. « 2de édition de la liste des descripteurs OIV – couleur de la baie » [PDF] (consulté le ), p. 41.
- ↑ Le nom d'un vin est un nom commun, donc ne prend pas une majuscule, cf. les références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine.
- ↑ Confusion entre le Carolingien Otton de Basse-Lotharingie et les empereurs ottoniens ?
- ↑ Repli : commercialisation d'un vin bénéficiant d'une appellation d'origine contrôlée sous une appellation plus générale à laquelle il peut prétendre ; cf. « directive INAO-DIR-2019-02 » [PDF], sur inao.gouv.fr, .
Références
[modifier | modifier le code]- « Normales et records 1991-2020 de la station de Savigny-lès-Beaune », sur infoclimat.fr.
- Jean-François Bazin, Le vin de Bourgogne, Paris, Dunod, , 263 p. (ISBN 978-2-10-058518-2), p. 249.
- « Open Data | Portail de la Direction Générale des Douanes et Droits Indirects », sur www.douane.gouv.fr (consulté le ).
- « Cahier des charges de l'appellation d'origine contrôlée « CORTON-CHARLEMAGNE » » [PDF] p. 70-82, homologué par le décret no 2011-1380 du publié au JORF du .
- ↑ « Décret du 31 juillet 1937 relatif aux appellations contrôlées « Corton », « Corton-Charlemagne » et « Charlemagne » », publié au JORF du p. 9077-9078.
- ↑ « Décret n° 3818 du 30 décembre 1942 concernant les vins à appellations contrôlées « Corton », « Corton Charlemagne » et « Charlemagne » », publié au Journal officiel de l'État français du p. 249-250.
- ↑ « Décret n° 2009-1175 du 2 octobre 2009 relatif aux appellations d'origine contrôlées « Corton », « Corton-Charlemagne », « Charlemagne », « Côte de Beaune-Villages », « Chambertin », « Chambertin-Clos de Bèze », « Chapelle-Chambertin », « Charmes-Chambertin », « Griotte-Chambertin », « Latricières-Chambertin », « Mazis-Chambertin », « Mazoyères-Chambertin », « Ruchottes-Chambertin », « Romanée-Saint-Vivant », « Romanée-Conti », « La Romanée », « La Tâche », « Richebourg », « La Grande Rue », « Echezeaux », « Grands-Echezeaux », « Puligny-Montrachet », « Saint-Romain », « Volnay » et « Vosne-Romanée » », publié au JORF no 0230 du .
- ↑ « Le portail des plans officiels de délimitation | INAO », sur www.inao.gouv.fr (consulté le ).
- ↑ Les climats du vignoble de Bourgogne, t. 1, , 188 p. (lire en ligne [PDF]), p. 48 & 50-51 (dossier de candidature à l'inscription sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO).
- « Corton-Charlemagne », sur vins-bourgogne.fr.
- ↑ « 21590001 – SAVIGNY LES BEAUNE – ROUTE DE BEAUNE » [PDF], sur donneespubliques.meteofrance.fr.
- ↑ Malika Madelin, Benjamin Bois et Jean-Pierre Chabin, « Modification des conditions de maturation du raisin en Bourgogne viticole liée au réchauffement climatique », EchoGéo, no 14, (lire en ligne).
- Christian Pessey, Vins de Bourgogne, La vigne et le vin « Chardonnay », p.13.
- ↑ Catalogue des variétés et clones de vigne cultivés en France ENTAV, Éditeur.
- Conduite et gestion de l'exploitation agricole, cours de viticulture du lycée viticole de Beaune (1999-2001). Baccalauréat professionnel option viticulture-œnologie.
- ↑ « Corton-Charlemagne – Vignerons produisant cette appellation », sur vins-bourgogne.fr.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- « BOURGOGNE MAPS – Atlas interactif des vins de Bourgogne », sur bourgogne-maps.fr, .
- « Corton: physiographie/géologie », sur monocepage.com, .
- « Localisation des climats sur la commune d'Aloxe-Corton » [PDF], sur burgundy-report.com, .