Contraception dans l'Égypte antique

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Au sein de la société égyptienne, la famille constitue la véritable cellule sociale de base, et son importance est confirmée par les innombrables représentations de couples accompagnés de leur progéniture ; la plus célèbre est celle du pharaon Akhenaton, de sa femme Néfertiti et de leurs filles. Le rôle principal de la femme était celui d'épouse et de mère. Pourtant, les papyri médicaux prouvent que la contraception était pratiquée dans l'ancienne Égypte.

Raisons du recours à la contraception[modifier | modifier le code]

Certaines raisons poussaient une petite minorité de femmes à recourir à des méthodes contraceptives. Ainsi, les prostituées étaient les utilisatrices les plus assidues de ce type de médecine, une grossesse pouvant être une entrave à leur activité professionnelle. De même pour les filles non mariées, ce pouvait être un sujet de médisance, surtout si elles ne désiraient pas épouser le père de l'enfant.

Des motifs plus médicaux pouvaient également jouer, les accouchements représentant toujours un danger important pour les femmes les plus fragiles et celles dont la constitution (bassin trop étroit) ou l'hérédité laissaient présager des complications susceptibles d'être fatales. Il semble également que le recours aux pratiques contraceptives étaient recommandées dans le cas de problèmes psychiatriques.

La médecine[modifier | modifier le code]

Les papyri médicaux[1] traitant de procédés contraceptifs témoignent non seulement d'une observation empirique efficace, mais aussi de réelles connaissances pharmacologiques. L'ensemble des remèdes proposés associe des produits d'origine végétale, minérale ou animale, prescrits soit par voie orale, soit plus généralement, en application locale. Parmi les ingrédients prescrits, certains possèdent de réelles vertus contraceptives, comme les dattes qui ont un effet spermicide reconnu, tout comme la gomme d'acacia, le miel ou encore le natron.

Exemples de préparation contraceptive[modifier | modifier le code]

Dans le Papyrus Kahun, on retrouve la préparation suivante :

« Des épines d'acacia finement broyées, mélangées à des dattes et du miel et étendues sur un tampon de fibre introduit profondément dans le vagin. »

La recherche biologique a montré que les épines d'acacia renferment une sorte de latex (gomme arabique) qui s'enrichit en acide lactique au fur et à mesure du processus de fermentation. Cet acide entre dans la composition de certains spermicides modernes[2].

Le Papyrus Ebers, dans l'ordonnance 783, prescrit :

« Début des préparations qui doivent être préparées pour les femmes.
Faire qu'une femme cesse d'être enceinte pendant un, deux ou trois ans.
Extrait d'acacia (fruit non mûr d'acacia ou partie de l'acacia), caroube, dattes.
Ce sera finement broyé dans un vase hnw[3] de miel.
Un tampon vaginal en sera imbibé et appliqué dans son vagin. »

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Les papyri médicaux : Papyrus Ebers, Papyrus Edwin Smith, Papyrus Hearth, etc.
  2. Jacques Gonzalès, Histoire naturelle et artificielle de la procréation, Éditions Larousse-Bordas Cultures, 1996, p. 43, (ISBN 9782040271862).
  3. P. Ebers, 74, 12

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Ange Pierre Leca, La Médecine égyptienne au temps des Pharaons, Paris, éd. Dacosta, Paris, , 486 p. (ISBN 2-85128-029-5) ;
  • Thierry Bardinet (trad. du grec ancien), Les papyrus médicaux de l'Égypte pharaonique, Paris, éd. Fayard, coll. « Penser la médecine », , 590 p. (ISBN 2-213-59280-2) ;
  • Richard-Alain Jean, Anne-Marie Loyrette, « À propos des textes médicaux des Papyrus du Ramesseum nos III et IV, I : la reproduction », Encyclopédie religieuse de l’Univers végétal (ERUV - II), Montpellier, S.H. Aufrère (éd.),‎ , p. 537-592 (ISBN 2-84269-502-X) ;
  • Richard-Alain Jean, Anne-Marie Loyrette, « À propos des textes médicaux des Papyrus du Ramesseum nos III et IV, I : la contraception », Encyclopédie religieuse de l’Univers végétal (ERUV - II), Montpellier, S.H. Aufrère (éd.),‎ , p. 564-592 (ISBN 2-84269-502-X) ;
  • Richard-Alain jean et al. Protocole CROCO - I & CROCO II : Détermination des composés utiles à la pharmacopée et contenus dans les selles et le sang du crocodile du Nil, éd. Université Denis Diderot - Paris VII, Paris, 2001 ( = R.-A. Jean, G. Durand, A. Andremont, L. Barbot, V. de Bufrénil, N. Cherubin, G. Feldmann, E. Ferrary, L. Fougeirol, J.G. Gobert, C. Harault, O. Kosmider, G. Le Moël, A.-M. Loyrette, J. Pierre, T. Phung-Koskas, C. SiferI, M. Teixiera, À propos des zoothérapies en médecine égyptienne, I, Les reptiles, 1, Le Crocodylus niloticus Laurenti (1). Protocole CROCO I, CNRS, Paris V, Paris VII et Paris XI, 2000 ; R.-A. Jean, T. Berthier, V. de Bufrénil, M. Hakim, A.-M. Loyrette, À propos des zoothérapies en médecine égyptienne, I, Les reptiles, 1, Le Crocodylus niloticus Laurenti (2). Protocole CROCO II, CNRS, Paris V, Paris VII et Paris XI, 2001.CNRS, Paris V, Paris VII et Paris XI, 2001. R-A Jean, L. Delalex, L. Fougeirol, N. Goldzahl, M. Lesggy, M. Morelli, D. Heck, S. Durin, Médecine et Contraception en Égypte Ancienne. La pharmacopée et les crocodiles, Reportage de VM Production en collaboration avec le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche ;
  • Bruno Halioua, La médecine au temps des Pharaons, Paris, éd. Liana Levi, coll. « Histoire », , 265 p. (ISBN 2-86746-306-8) ;
  • Richard-Alain Jean, Anne-Marie Loyrette, La mère, l’enfant et le lait en Égypte Ancienne. Traditions médico-religieuses. Une étude de sénologie égyptienne, Paris, S.H. Aufrère (éd.), éd. L’Harmattan, coll. « Kubaba – Série Antiquité – Université de Paris 1, Panthéon Sorbonne », 2010 et réédité en 2011, 516 p. (ISBN 978-2-296-13096-8, lire en ligne) .
  • Richard-Alain Jean, Anne-Marie Loyrette, « L’avortement en Égypte ancienne. Quatre hypothèses papyrologiques. Première partie (pBerlin 192). Le sorgho. Le céleri », Histoire de la médecine en Égypte ancienne (medecineegypte.canalblog.com), Cherbourg,‎ (ISSN 2270-2105), publication électronique ;
  • Richard-Alain Jean, Anne-Marie Loyrette, « L’avortement en Égypte ancienne. Quatre hypothèses papyrologiques. Deuxième partie (pEbers 797). La menthe », Histoire de la médecine en Égypte ancienne (medecineegypte.canalblog.com), Cherbourg,‎ (ISSN 2270-2105), publication électronique ;
  • Richard-Alain Jean, Anne-Marie Loyrette, « L’avortement en Égypte ancienne. Quatre hypothèses papyrologiques. Troisième partie (pEbers 798 et 799). La terre cuite. Les dattes », Histoire de la médecine en Égypte ancienne (medecineegypte.canalblog.com), Cherbourg,‎ (ISSN 2270-2105), publication électronique .

Voir aussi[modifier | modifier le code]