Conseil de déontologie journalistique et de médiation
Fondation |
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Sigle |
CDJM |
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Forme juridique |
Association déclarée |
Domaine d'activité |
Autres organisations fonctionnant par adhésion volontaire (France) |
Objectif |
Assurer la liberté d'expression et l'indépendance des médias en France |
Siège | |
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Le Conseil de déontologie journalistique et de médiation, ou CDJM, est une association loi de 1901 française fondée le . C'est une instance d’autorégulation et de médiation[1] entre les journalistes, les médias, les agences de presse et les publics sur toutes les questions relatives à la déontologie journalistique.
Association indépendante, le CDJM n'est ni un ordre professionnel ni une « une instance étatique ou administrative ». Ses centaines d'avis exprimés depuis 2021 se fondent sur trois chartes de déontologie, de même que les divers référentiels publiés par le CDJM sur la même période.
Objectifs
[modifier | modifier le code]Un des objectifs du CDJM est de répondre à la défiance croissante envers les médias en France[2]. Les membres du CDJM instruisent en commission les dossiers dont ils sont saisis et proposent des avis qui doivent être adoptés en session plénière par le conseil d’administration[3].
Chartes de déontologie utilisées par le CDJM
[modifier | modifier le code]Les chartes de déontologie utilisées par le CDJM sont au nombre de trois[4]:
- la charte de Munich européenne de 1971;
- la charte de déontologie du SNJ de, réactualisée en puis en;
- la Charte d’éthique mondiale des journalistes de la Fédération internationale des journalistes[5],[6].
Histoire
[modifier | modifier le code]La création d'un organisme d’autorégulation de la déontologie du journalisme « avait été proposée à plusieurs reprises, mais enterrée en raison de fortes dissensions dans la profession, certains y voyant une tentative de mettre au pas la presse », selon le quotidien Le Monde[2].
Années 1980
[modifier | modifier le code]En France, l’idée a été avancée par Claude-Jean Bertrand, universitaire et agrégé d'anglais, dès la fin des années 80[7],[8].
Années 2000
[modifier | modifier le code]En 2007 est créée l’Association pour la préfiguration d’un conseil de presse en France (APCP)[9] par Yves Agnès, ancien rédacteur en chef du quotidien Le Monde[10] et auteur d’un manuel de journalisme[11], afin de pousser à la création d’une telle instance. L’APCP mène une campagne auprès des médias et du monde associatif, syndical et politique pendant plusieurs années.
Années 2010
[modifier | modifier le code]En 2012, l’APCP décide de passer à une étape plus concrète en concentrant leur action sur un Observatoire de la déontologie de l’information (ODI), lancé lors des Assises du journalisme de Poitiers[12] qui mène une veille déontologique. L'APCP organise ensuite l'année suivante un colloque à La Sorbonne[13] qui réunit les principales formations politiques et des journalistes.
Pendant huit ans, l'Observatoire de la déontologie de l’information lancé en 2012 lors des Assises du journalisme de Poitiers publie un rapport annuel sur les principales questions déontologiques posées pendant l’année écoulée.
De son côté, Aurélie Filippetti (PS), nommée ministre de la Culture après l'élection de François Hollande, commande rapidement un rapport à Marie Sirinelli[14], maître des requêtes au Conseil d'Etat et pemière Conseillère à la Cour administrative d'appel de Paris[15]. Publié en 2014, il conclut à l’intérêt d’une telle structure, mais prend acte de l’absence de consensus concernant sa création et les modalités de son organisation parmi les professionnels de l’information et note que « toute forme de régulation publique supplémentaire apparait en ce domaine difficilement envisageable ». Entre-temps, Fleur Pellerin (PS), a succédé comme ministre de la Culture à Aurélie Filippetti.
En février 2019, l’ODI décide de passer à une nouvelle étape, en permettant au public d’interroger une instance indépendante sur le respect de la déontologie de l’information d’un article ou d’une émission, s'inspirant de procédures équivalentes en Europe[16].
Par ailleurs, en janvier 2018, en leur présentant ses vœux traditionnels, Emmanuel Macron déclare aux journalistes qu'il leur "revient d’organiser en quelque sorte les règles" de leur profession[17]. En , le premier ministre Édouard Philippe charge Emmanuel Hoog, qui avait été nommé président de l'Agence France-Presse sous le mandat de Nicolas Sarkozy de « réfléchir à l'instauration d'un comité d'éthique supervisant le travail des journalistes » [18],[3].
Les conclusions de ce rapport[19] diffèrent de celles du rapport Sirinelli et préconisent "une forme associative et non publique", les médias ayant "la possibilité de ne pas y adhérer", situation où ils "ne pourraient alors pas voir leurs contenus rémunérés par les grandes plates-formes numériques"[20].
De son côté, l'ODI organise en mai 2019 plusieurs réunions avec les professionnels intéressés[21] pour définir les statuts du futur Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM) en s’inspirant notamment du Conseil de déontologie journalistique œuvrant en Belgique francophone. En , le secrétaire d’État au numérique Cédric O réclame « un Conseil de l’ordre des journalistes », faute de quoi « l’Etat s’en chargera », suscitant la colère, puis tente de rectifier le tir[22],[1]. Pour l'ancien président du CDJM Patrick Eveno, « assimiler ce conseil déontologique à Emmanuel Macron est une quasi-fake news. Il est le résultat d’un processus né il y a plus de dix ans »[3].
Années 2020
[modifier | modifier le code]Le premier avis rendu par le CDJM concerne, en mai 2020, une interview de Juan Branco réalisée par la journaliste Apolline de Malherbe pour le compte de BFM TV[5],[23].
Cofondateurs
[modifier | modifier le code]Parmi les cofondateurs de l'association, on compte l’Observatoire de la déontologie de l'information (ODI), le Syndicat national des journalistes (SNJ), la CFDT-Journalistes, le collectif Informer n'est pas un délit (INPD) ainsi que l’association Journalisme & Citoyenneté, organisatrice des Assises du journalisme[3].
Membres du conseil et dirigeants
[modifier | modifier le code]Association indépendante, le CDJM n'est ni un ordre professionnel ni une « une instance étatique ou administrative »[5]. Il réunit trente conseillers titulaires et trente suppléants[3], via trois collèges, représentés à part égale : les journalistes, les éditeurs et le public[24].
Lors de l’assemblée générale du CDJM du 30 mars 2021, Kathleen Grosset a été élue présidente, Patrick Eveno, président originel, et Yann Guégan étant vice-présidents. Après la démission de Patrick Eveno et l'assemblée générale du 8 mars 2022, Sandrine Serpentier Linarès devient vice-présidente[25].
Publication de référentiels
[modifier | modifier le code]- Le 11 mai 2021, le CDJM adopte une première recommandation : « Rectification des erreurs : les bonnes pratiques »[26].
- Le 8 novembre 2022, le CDJM adopte une recommandation sur « Le traitement des questions scientifiques »[27],[28].
- En janvier 2023, le CDJM publie une troisième recommandation : « Cadeaux et invitations : les bonnes pratiques »[29].
- En juillet 2023, le CDJM publie sa quatrième recommandation : « Journalisme et intelligence artificielle : les bonnes pratiques ».
Croissance du nombre d'avis et saisines
[modifier | modifier le code]Bilan à fin 2021
[modifier | modifier le code]Le premier avis a été rendu en mai 2020. Un an et demi après, fin 2021, le CDJM annonce avoir publié 55 avis, en ayant reçu un total de 487 saisines de la part du public depuis sa création, portant sur 227 actes journalistiques différents.
Bilan à mi-2024
[modifier | modifier le code]Au 5 août 2024, le CDJM indique avoir 40 saisines en cours de traitement, et que 870 saisines ont été déposées au total à propos de 559 actes journalistiques différents, avec 182 avis publiés[30].
Bilan à mi-mars 2025
[modifier | modifier le code]Au 18 mars 2024, le CDJM indique avoir 34 saisines en cours de traitement, et que 979 saisines ont été déposées au total à propos de 662 actes journalistiques différents, avec 232 avis publiés[31].
Conseils de presse en Europe
[modifier | modifier le code]Il existe de nombreux conseils de presse en Europe[32] et dans le monde[33], formule et dénomination qui avaient été mises en avant par des cofontateurs du CDJM dans les années 2000. Parmi ces conseils:
- le Conseil de déontologie journalistique œuvrant en Belgique francophone.
Critiques
[modifier | modifier le code]Association Acrimed
[modifier | modifier le code]- Michel Ducrot, pour Acrimed, doute de l'indépendance et de l'utilité de l'association CDJM.
Syndicats de journalistes
[modifier | modifier le code]- Le SNJ-CGT estime que « pour reconquérir la confiance du public, les journalistes n’ont pas besoin d’un conseil de presse. Ils ont besoin de conditions de travail correctes, de pouvoir vivre dignement de leur métier et de ne pas dépendre du bon vouloir d’actionnaires en tout genre ».
Sociétés de journalistes
[modifier | modifier le code]- Une vingtaine de sociétés de journalistes[a] critiquent également le CDJM[34],[3],[35]. En 2024, la Société des journalistes et du personnel de libération (SJPL) est la première SDJ à rejoindre le CDJM[36].
Magazines
[modifier | modifier le code]- Selon le magazine Le Point, objet d'un avis critique du CDJM, ce dernier est « une simple association, non reconnue par le Syndicat de la presse magazine et d'information et ne représentant que sa centaine de membres »[37].
- Le magazine Valeurs actuelles a critiqué le CDJM via la procédure judiciaire de mars 2021, qu'il a perdue.
Contentieux judiciaire
[modifier | modifier le code]Le tribunal de Paris a débouté le magazine Valeurs actuelles de son action en justice contre le CDJM. En janvier 2021, le magazine l'avait assigne en référé pour « atteinte à la présomption d’innocence » de son directeur de publication, dans une période où il était poursuivi pour injure raciste par la députée de La France insoumise Danièle Obono pour un récit fictionnel paru en août 2020 qui la dépeignait en esclave, accompagné de dessins la représentant collier en fer au cou[38].
Saisi lui aussi à propos de cet article, le CDJM avait rendu un avis le 20 novembre 2020[39] dans lequel il estimait que Valeurs actuelles avait enfreint l’obligation déontologique de respect de la dignité humaine en représentant l'élue dans une situation dégradante et c'est cet avis qui avait motivé l'action en justice Valeurs actuelles contre le CDJM. Le tribunal de Paris a considéré en mars 2021 que le CDJM avait usé de sa liberté d’expression en publiant son avis quant au respect des règles déontologiques, et débouté Valeurs actuelles[40],[41].
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- ↑ Il s'agit des sociétés des journalistes (SDJ) et sociétés des rédacteurs (SDR) de l'Agence France-Presse, Challenges, Europe 1, L'Express, Le Figaro, Franceinfo TV, France 3 National, France Inter, France Bleu, France Info, L'Obs, Le Parisien, Le Point, Mediapart, TF1, LCI, La Tribune, TV5 Monde et 20 Minutes.
Références
[modifier | modifier le code]- « Après une polémique sur un « conseil de l’ordre » des journalistes, Cédric O tente de rectifier le tir », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Le Monde avec AFP, « Un conseil de déontologie journalistique sera créé en décembre », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Jérôme Lefilliâtre, « Conseil de déontologie des médias : à peine créé, déjà contesté », sur Libération.fr, (consulté le )
- ↑ « Les chartes », sur CDJM (consulté le )
- Céline Brégand, « Médias : à quoi sert le Conseil de déontologie journalistique ? », sur Europe 1, (consulté le )
- ↑ « Charte mondiale d’éthique des journalistes », sur ifj.org (consulté le )
- ↑ Dominique Marchetti, « L'arsenal de la démocratie. Médias, déontologie et MARS », sur Le Monde diplomatique, (consulté le )
- ↑ Jean-Luc Martin-Lagardette, « Bref historique de la naissance d’un Conseil de presse en France », Blog de l'APCP, (lire en ligne)
- ↑ « Qui sommes-nous ? », sur APCP (consulté le )
- ↑ « Yves Agnès : sa biographie, son actualité, ses livres », sur Lisez! (consulté le )
- ↑ « Yves Agnès - Éditions la découverte », sur www.editionsladecouverte.fr (consulté le )
- ↑ « L’Observatoire de la Déontologie de l’Information lancé à Poitiers »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur Les Assises du Journalisme (consulté le )
- ↑ « Enjeux E Médias », sur www.enjeuxemedias.org (consulté le )
- ↑ « Autorégulation de l'information : Comment incarner la déontologie ? », sur www.culture.gouv.fr (consulté le )
- ↑ SNRL 2 Avril 2014 [1]
- ↑ Patrick Eveno et Pierre Ganz, « «Conseil de presse» : de quoi parle-t-on ? », sur Libération (consulté le )
- ↑ « Vœux du Président de la République pour l'année 2018 », sur elysee.fr, (consulté le )
- ↑ Jérôme Lefilliâtre, « Conseil de déontologie des médias : pas de sanction, que des avis », sur Libération.fr, (consulté le )
- ↑ « Confiance et liberté - Vers la création d'une instance d'autorégulation et de médiation de l'information », sur www.culture.gouv.fr (consulté le )
- ↑ "Conseil de déontologie des médias : une instance d’autorégulation sans pouvoir de sanction" par Alexandre Berteau, dans Le Monde du 27 mars 2019 [2]
- ↑ « Réunion pour la création d’un conseil de déontologie – Union des Clubs de la Presse de France et Francophones » (consulté le )
- ↑ Le Monde avec Reuters, « Cédric O réclame un « Conseil de l’ordre des journalistes », faute de quoi « l’Etat s’en chargera » », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ Le Figaro avec AFP, « Le Conseil de déontologie journalistique critique BFMTV dans son premier avis », sur Le Figaro.fr, (consulté le )
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- ↑ huet, « Journalisme scientifique et déontologie », sur {Sciences²}, (consulté le )
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- ↑ Fabienne Blum, « Le Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM) publie une recommandation "anti-cadeaux" aux journalistes », sur Citizen4Science Actualités Information Médiation scientifique, (consulté le )
- ↑ « Les décisions », sur CDJM (consulté le )
- ↑ « Les décisions », sur CDJM (consulté le )
- ↑ (en-GB) « Home »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur Alliance of Independent Press Councils of Europe (AIPCE), (consulté le )
- ↑ (en) « World Association of Press Councils | HomePage », sur World Association of Press Councils (consulté le )
- ↑ Michel Ducrot, « Pourquoi Acrimed ne rejoindra pas le Conseil de déontologie journalistique et de médiation », sur Acrimed | Action Critique Médias (consulté le )
- ↑ Collectif, « TRIBUNE - Le Conseil de déontologie journalistique est un piège », sur Le Point, (consulté le )
- ↑ FNPS, « Assemblée générale du CDJM (Conseil de Déontologie Journalistique et de Médiation) », sur FNPS, (consulté le )
- ↑ Erwan Seznec, Wikipédia, plongée dans la fabrique d’une manipulation, lepoint.fr, 13 décembre 2024
- ↑ « Danièle Obono dépeinte en esclave : « Valeurs actuelles » condamné pour injure raciste », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Avis sur la saisine n° 20-107 », sur CDJM (consulté le )
- ↑ « Valeurs actuelles débouté de son action contre le Conseil de déontologie journalistique », sur Stratégies, (consulté le )
- ↑ « Inscription », sur Doctrine (consulté le )
Liens externes
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- Site officiel
- Ressources relatives aux organisations :