Congrès des syndicats des Fidji

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Congrès des Syndicats des Fidji
Fiji Trades Union Congress

Cadre
Forme juridique syndicat
Zone d’influence Drapeau des Fidji Fidji
Fondation
Fondation
Identité
Président Daniel Urai (en)
Secrétaire général Felix Anthony
Trésorier Agni Deo Singh[1]
Affiliation internationale CSI
Membres 33 000 (2021)[2]
Site web https://ftuc.org.fj

Le Congrès des Syndicats des Fidji (anglais : Fiji Trades Union Congress) est l'organisation fédératrice des syndicats fidjiens.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le FTUC est né en 1951 avec le nom de Congrès des Travailleurs industriels des Fidji (Fiji Industrial Workers Congress) et sous la présidence de pandit Ami Chandra, fondateur et président du Syndicat des Enseignants des Fidji[3].

La fédération rassemble alors cinq syndicats : le Syndicat des Travailleurs du Sucre (Chini Mazdur Sangh, en hindi des Fidji), le Syndicat des Enseignants des Fidji, le Syndicat des Travailleurs fidjiens des Mines (Fijian Mineworkers Union), le Syndicat des Employés des aéroports des Fidji (Fiji Airport Employees Union) et le Syndicat des Employés du Département des Travaux publics des Fidji (Fiji Public Works Department Employees Union)[4]. Leur rassemblement en une fédération se fait sur recommandation du sous-secrétaire d'État aux Colonies du gouvernement travailliste britannique, John Dugdale, lors d'une réunion aux Fidji avec leurs représentants respectifs[4]. Elle devient le Congrès des Syndicats des Fidji en 1973[3].

Ami Chandra, président inaugural du FTUC en 1952.

Durant la période coloniale britannique, c'est-à-dire avant l'indépendance du pays en 1970, la fédération des syndicats participe à d'importantes grèves dont celle des travailleurs des mines en 1955, celle des travailleurs de l'industrie sucrière en 1957, celle des ouvriers de la distribution du pétrole en 1959 et celle des fermiers des plantations de cane à sucre en 1960, obtenant de la part du gouvernement la création d'un service d'arbitrage en 1954 et d'un Conseil des Salaries en 1957[5].

Après la victoire aux élections législatives de 1987 du Parti travailliste fidjien issu du FTUC, et la formation d'un gouvernement par le syndicaliste Timoci Bavadra, un coup d'État militaire presque immédiat instaure un régime militaire de transition puis restitue le pouvoir à l'aristocratie autochtone perdante des élections, en la personne du chef Ratu Kamisese Mara. L'économie des Fidji périclite et le FTUC participe aux mouvements de protestation contre le nouveau régime anti-démocratique. Taniela Veitata, le ministre de l'Emploi et des Relations sociales, critique et menace les organisations syndicales, et le gouvernement introduit des décrets pour les restreindre et les réprimer[6],[7].

En 2011, un décret (Essential National Industries (Employment) Decree 2011 (en)) du régime militaire issu du coup d'État de 2006 restreint fortement les activités des syndicats et leur défense des intérêts des travailleurs. En particulier, il annule tous les accords collectifs existant entre syndicats et entreprises (art. 8), soumet l'élection de représentants syndicaux à l'approbation du gouvernement (art. 10), permet aux employeurs d'annuler unilatéralement les accords collectifs passés avec les syndicats (art. 17) et n'autorise les grèves qu'à l'issue de trois ans de négociations infructueuses avec l'employeur concerné. Une grève doit alors être annoncée au moins vingt-huit jours à l'avance, et est soumise à l'autorisation du gouvernement, qui peut ensuite unilatéralement y mettre fin. L'employeur peut licencier les employés grévistes. Toute personne participant à une grève illégale peut être punique de cinq ans d'emprisonnement et d'une amende de 50 000 dollars fidjiens (environ 20 250 euro) (art. 27)[8]. Le décret est vivement condamné par Amnesty International[9], et le Congrès des Syndicats du Royaume-Uni appelle à une mobilisation internationale de solidarité avec les syndicalistes et travailleurs fidjiens[10]. Dans la foulée, le président et le secrétaire national du FTUC, Daniel Urai (en) et Felix Anthony, sont arrêtés[11].

Le régime militaire prend fin en 2014, et en 2015, lors de négociations tripartites avec le gouvernement et les représentants patronaux, le FTUC obtient que soient à nouveau reconnus la liberté d'association des syndicats, ainsi que le droit à la négociation collective[12]. Durant les années qui suivent, toutefois, le FTUC souligne que le gouvernement refuse régulièrement d'accorder aux syndicats le droit de manifester, et impose à des employés des contrats individuels ne leur permettant pas de bénéficier de négociation collective[13].

Dirigeants et engagement politique[modifier | modifier le code]

Le FTUC fonde en 1985 le Parti travailliste fidjien, qui comme les autres partis travaillistes à travers le monde anglophone est créé pour être la voix politique des organisations syndicales et des travailleurs. Le Parti travailliste remporte les élections législatives fidjiennes de 1987 en coalition avec le Parti de la fédération nationale, puis les élections législatives de 1999, mais les gouvernements qui en résultent -le gouvernement Bavadra et le gouvernement Chaudhry- sont tous deux rapidement renversés par des coups d'État[14].

Felix Anthony, le secrétaire général du Syndicat national des travailleurs depuis 1990, est (en date de 2021) le secrétaire national du FTUC depuis 1999[4],[1]. Il est sénateur travailliste de 2001 à 2006 puis est élu député travailliste à la Chambre des représentants aux élections de 2006, avant que le Parlement ne soit dissous par un coup d'État militaire quelques mois plus tard.

Daniel Urai (en), le secrétaire général du Syndicat national des Employés des Industries de l'Hôtellerie, de la Restauration et du Tourisme, est (en date de 2021) le président du FTUC[1]. Il est député de la ville Lautoka à la Chambre des représentants pour le Parti travailliste durant la législature 2001-2006 et la brève législature de 2006.

Le FTUC subit une importante scission en 2002, lorsque quinze syndicats le quittent, reprochant à Felix Anthony sa trop grande proximité avec le Parti travailliste. Ils fondent le Conseil des Syndicats des îles Fidji (en) (FICTU) comme fédération rivale, avec pour secrétaire général Attar Singh (en), membre du Parti de la fédération nationale[15]. Le FICTU se dissout finalement en 2018, ses membres réintégrant le FTUC[16].

En 2013, Felix Anthony, en conflit avec le chef du Parti travailliste Mahendra Chaudhry, quitte ce parti et fonde le Parti démocrate populaire (PDP)[17]. Après l'échec cinglant à la fois du PDP et du Parti travailliste aux élections de 2014, le PDP disparaît en 2018[18]. Le Parti travailliste existe toujours et se veut un défenseur des syndicats mais n'est plus formellement associé au FTUC[19].

Membres[modifier | modifier le code]

En date de 2021, le FTUC fédère vingt-huit syndicats, représentant des travailleurs à la fois du secteur privé et du secteur public et couvrant environ 70 % des travailleurs salariés du pays[3],[20] :

Syndicats d'ouvriers et d'autres travailleurs manuels

Nom Sigle Nom en anglais Secrétaire général[1]
(en 2021)
Remarque
Syndicat national des Travailleurs NUW National Union of Workers Felix Anthony
Syndicat national des Travailleurs des Usines et des Commerces NUF&CW National Union of Factory and Commercial Workers Latileta Gaga Plus grand syndicat de travailleurs du secteur privé au sein du FTUC.
Syndicat des Travailleurs des Communications, des Mines et généraux CMGWU Communications, Mining, General Workers Union
Syndicat des Travailleurs et Personnels des Mines des Fidji FMSU Fiji Mine Workers Staff Union
Syndicat des Fidji des Travailleurs du Bâtiment, de l'Énergie et de la Sylviculture CETWUF Construction, Energy & Timber Workers Union of Fiji
Association des Travailleurs de l'Électricité des Fidji FEWA Fiji Electricity Workers Association
Syndicat des Travailleurs des Industries sylvicoles et associées TWI&AWU – NUW Tropic Wood Industries & Allied Workers Union
Syndicat des Employés de la Pacific Fishing Company PAFCOEU – NUW PAFCO Employees Union Vani Disusu

Syndicats d'employés des transports et de l'hôtellerie

Nom Sigle Nom en anglais Secrétaire général
(en 2021)
Remarque
Syndicats des Travailleurs des Transports TWU Transport Workers Union
Association des Dockers et Personnels associés des Fidji FLSSA Fiji Longshoreman and Staff Association Attar Singh
Association fédérée des Personnels des Compagnies aériennes FASA Federated Airlines Staff Association Semisi Turagabaleti voir : Fiji Airways, Northern Air (en) et Pacific Island Air (en)
Syndicat des Personnels navigants des Fidji FFATU Fiji Flight Attendants Trade Union
Syndicat des Employés des Hôtels et des Industries affiliées des Fidji FHAIEU Fiji Hotels and Allied Industries Employees Union Daniel Urai (en)
Syndicat national des Employés des Industries de l'Hôtellerie, de la Restauration et du Tourisme NUHCTIE National Union of Hospitality, Catering & Tourism Industries Employees

Syndicats d'employés de l'administration publique

Nom Sigle Nom en anglais Secrétaire général
(en 2021)
Remarque
Syndicat national des Travailleurs municipaux NUMW National Union of Municipal Workers
Syndicat des Employés municipaux des Fidji MEUF – NUW Municipal Employees Union Fiji
Association des Personnels du Conseil municipal de Suva SCCSA Suva City Council Staff Association Suva est la capitale du pays.
Association des Personnels des Autorités locales des Fidji FLGOA Fiji Local Government Officers Association Voir : Administration territoriale des Fidji
Association des Employés du Comité aux Affaires fidjiennes et des Conseils provinciaux FAB&PCEA Fijian Affairs Board & Provincial Council Employees Association Voir : Provinces des Fidji. Le « Comité aux Affaires fidjiennes » est l'ancien nom du Comité aux Affaires autochtones, qui dépend du ministère des Affaires autochtones (en).
Association des Employés du Comité de Fiducie des Terres autochtones TLTBEA Itaukei Land Trust Board Employees Association Le Comité de Fiducie des Terres autochtones gère les terres qui sont la propriété collective de communautés autochtones, et dépend du ministère des Terres.

Syndicats du secteur de l'enseignement

Nom Sigle Nom en anglais Secrétaire général
(en 2021)
Remarque
Syndicat des Enseignants des Fidji FTU Fiji Teachers Union Agni Deo Singh
Association des Enseignants fidjiens FTA Fijian Teachers Association Syndicat réservé aux Fidjiens autochtones.
Syndicat des Personnels de l'université du Pacifique Sud USPSU The University of the South Pacific Staff Union voir : Université du Pacifique Sud
Association des Personnels de l'université du Pacifique Sud AUSPS Association of University of the South Pacific Staff
Association des Travailleurs de l'Université nationale des Fidji FNUWA Fiji National University Workers Association voir : Université nationale des Fidji (en)
Association des Personnels de l'Université nationale des Fidji SAUF Staff Association of the University of Fiji Miriama Buitabaki

Autres

Nom Sigle Nom en anglais Secrétaire général
(en 2021)
Remarque
Syndicat des Employés des Banques et du Secteur financier des Fidji FB&FSEU Fiji Bank & Finance Sector Employees Union La Banque de réserve des Fidji est la banque centrale du pays, qui compte par ailleurs cinq banques privées[21].
Syndicat national des Travailleurs syndicaux NUTUW National Union of Trade Union Workers

Personnalités historiques[modifier | modifier le code]

Affiliation internationale[modifier | modifier le code]

Le FTUC est en 1957 le premier congrès syndical d'un pays en développement des îles du Pacifique à devenir membre de la Confédération internationale des syndicats libres (CISL), où il rejoint le Conseil australien des syndicats et le Conseil des syndicats de Nouvelle-Zélande[7].

Le FTUC est aujourd'hui membre de la Confédération syndicale internationale (CSI), né en 2006 de la fusion de la CISL et de la Confédération mondiale du travail[22]. Il est également membre de l'Organisation régionale de la CSI pour l'Asie et le Pacifique (en), dont le Fidjien Felix Anthony est le président depuis 2015[2],[4],[23].

Le FTUC se présente par ailleurs comme le garant du respect des droits des travailleurs fidjiens tels que définis par l'Organisation internationale du travail, dont les Fidji sont membres depuis 1974[24],[25].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d (en) "ELECTION OF THE FTUC NATIONAL EXECUTIVE BOARD FOR THE TERM 2020-2022", Congrès des Syndicats des Fidji
  2. a et b (en) "Constitutional bodies", Organisation régionale de la CSI pour l'Asie et le Pacifique
  3. a b et c (en) FTUC, "Impact of COVID-19 on Employment & Business", Organisation internationale du travail, 29 août 2020
  4. a b c et d (en) "About us", Syndicat national des travailleurs
  5. (en) "About us: Accomplishment", Congrès des Syndicats des Fidji
  6. (en) Robbie Robertson, The General’s Goose, op.cit., p. 109
  7. a et b (en) J. C. Docherty, Historical Dictionary of Organized Labor, Scarecrow Press, 2004, p. 97-98
  8. (en) Essential National Industries (Employment) Decree 2011, gouvernement des Fidji
  9. « Amnesty International met en garde contre le projet du gouvernement de Fidji de restreindre fortement les droits des travailleurs », Amnesty International, 8 août 2011
  10. (en) "ACT NOW to defend unions in Fiji", Congrès des Syndicats, 25 août 2011
  11. (en) "Union mulls Fiji travel boycott after arrests", Australian Broadcasting Corporation, 5 novembre 2011
  12. (en) "Our vision towards the future", Congrès des Syndicats des Fidji
  13. (en) "The Denial of Human Rights Must Stop!", communiqué de presse du FTUC, 11 septembre 2019
  14. (en) "History of the Fiji Labour Party", Parti travailliste fidjien
  15. (en) "Fifteen unions have broken away from the Fiji Trade Union Congress", Radio New Zealand, 26 août 2002
  16. (en) "Fiji’s biggest trade unions come together", The Fiji Times, 5 octobre 2018
  17. (en) "Fourth political party gains registration in Fiji", Radio New Zealand, 29 mai 2013
  18. (en) "Saneem de-registers People's Democratic Party", Fiji TV, 1er novembre 2018
  19. (en) "Policy", Parti travailliste fidjien
  20. (en) "About us: Affiliates", Congrès des Syndicats des Fidji
  21. (en) "List of Fiji Banks", Fiji Banks
  22. (en) "List of affilante organisations", Confédération syndicale internationale
  23. (en) "Fiji trade union leaders arrested", Organisation régionale de la CSI pour l'Asie et le Pacifique, 1er mai 2019
  24. (en) "Constitution and standing orders", Congrès des Syndicats des Fidji, 29 août 2020
  25. (en) "ILO in Fiji", Organisation internationale du travail