Concerto pour piano de Jolivet

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Concerto pour piano
Image illustrative de l’article Concerto pour piano de Jolivet
André Jolivet en 1930.

Effectif Piano et orchestre
Durée approximative 24 min
Dates de composition 19491950
Création
Festival de Strasbourg
Interprètes Lucette Descaves, piano ; dir. André Jolivet

Le Concerto pour piano et orchestre est une œuvre d'André Jolivet, composée en 1949–1950. La création a lieu le au Festival de Strasbourg, avec Lucette Descaves au piano, sous la direction du compositeur.

Présentation[modifier | modifier le code]

En 1946, la Radiodiffusion française commande à Jolivet une œuvre inspirée par les traditions extra-européennes. Jolivet est motivé par cette pensée et écrit une œuvre dans laquelle se fondent des éléments mélodiques et rythmiques non européens. À l'état d'esquisses, le projet est nommé « Équatoriales »[1], mais le compositeur y renonce ensuite.

Dans le Concerto, chaque mouvement est marqué par un timbre particulier : dans le premier mouvement des éléments centrafricains, extrême-orientaux dans le second, et on trouve des influences polynésiennes dans le troisième. Ces couleurs imprègnent le Concerto, mais sans « chercher les facilités des évocations exotiques »[2].

La première au festival de Strasbourg 1951, sous la direction du compositeur, avec Lucette Descaves au piano[3], lui apporte la notoriété. Grâce au soutien de Francis Poulenc, l'œuvre reçoit plus tard le Grand Prix musical de la ville de Paris 1951.

En 1958, la musique est utilisée pour un ballet, mis en scène à l'Opéra-comique par George Skibine[4], sans doute en raison de l'importance accordée au rythme :

« Le Concerto pour piano semble voué tout en entier à la magie du rythme (d'où naquit un ballet de Skibine : Concerto, qui en dégage l'intention profonde) »

— Gisèle Brelet[5].

Structure[modifier | modifier le code]

L'œuvre est en trois mouvements :

  1. Allegro deciso
  2. Andante con moto
  3. Allegro frenetico

L'orchestre comprend : 3 flûtes, un hautbois et un cor anglais, 2 clarinettes, 2 bassons et un saxophone alto, pour les pupitres des vents. Les cuivres comptent 2 cors en fa, 3 trompettes en ut, 2 trombones ténors et tuba. La percussion nécessite cinq exécutants, au-delà de la harpe et des timbales classiques. Le quintette à cordes est composé des premiers violons, seconds violons, altos, violoncelles et contrebasses.

Réception[modifier | modifier le code]

La création a lieu dans une atmosphère de scandale (cris et sifflets)[a]. Pourtant l'impact direct « sur l'auditeur est incontestable. […] À ce point de vue [c'est] l'œuvre la plus forte de Jolivet ». Ce qui choque alors, c'est la conception librement modale, inspiré des modèles extra-européens générant des dissonances, puis la violence rythmique[7].

La réaction du public n’empêche pas l'œuvre de faire ensuite le tour du monde, notamment lors de la création parisienne, au Châtelet, par les Concerts Colonne le 25 novembre 1951. L'œuvre est plébiscitée par le public parisien dès 1952[8].

Le Concerto pour piano est considéré comme un des sommets de l'œuvre de Jolivet. Par la suite, le compositeur semble retourner « à un néo-classicisme attiédi »[9].

Lors de la création, Pierre Boulez, alors âgé de vingt-cinq ans, lance une fameuse injure au compositeur : « joli navet ». Hilda, l'épouse de Jolivet, y répond par un coup de parapluie[10].

Édition[modifier | modifier le code]

Discographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Comme rappelé par Antoine Goléa sur la notice du disque Ducretet Thomson[6].

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Musique, André Jolivet — Vente aux enchères publiques, Catalogue n° 108 » [PDF], sur bibliorare.com, p. 27.
  2. Lucien Rebatet, Une histoire de la musique, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », (réimpr. 2011) (1re éd. 1969), 893 p. (ISBN 2070104044, OCLC 852916, BNF 33042677), p. 774.
  3. Tranchefort 1986, p. 387.
  4. a et b Richard Portelli, « Concerto pour piano de Jolivet, coup de cœur ! », sur resmusica.com, .
  5. Gisèle Brelet, « Le XXe siècle : Musique contemporaine en France. § André Jolivet », dans Roland-Manuel (dir.), Histoire de la musique, t. 2, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Encyclopédie de la Pléiade », , 1878 p. (ISBN 2070104044, OCLC 852916, BNF 33042677), p. 1156.
  6. (en) « Concerto pour piano (1958) » (album), sur Discogs
  7. Goléa 1977, p. 721.
  8. Gervasoni 2005.
  9. Rebatet 1969, p. 774.
  10. Jean-Paul-Holstein, « Jolivet, un Beethoven à la française », Euterpe, no 27,‎ , p. 11 et 37 (lire en ligne [PDF]).
  11. (en) « Concerto pour piano (1968) » (liste des versions de l'album), sur Discogs
  12. (en) Rob Barnett, « Revue — André Jolivet (1905-1974) », sur musicweb-international.com, .

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Marcel Beaufils, « L'actualité musicale — Concerto pour piano de Jolivet », Synthèses, Bruxelles, nos 72/73,‎ , p. 449–453
  • (en) Marcel Beaufils, « Le Concerto pour piano d'André Jolivet », Musique contemporaine. Revue internationale, no 2,‎ , p. 116–118
  • Antoine Goléa, La musique, de la nuit des temps aux aurores nouvelles, vol. I et II, Paris, Alphonse Leduc et Cie, , 954 p. (ISBN 2-85689-001-6), p. 721.
  • François-René Tranchefort (dir.), Guide de la musique symphonique, Paris, Fayard, coll. « Les indispensables de la musique », , 896 p. (ISBN 978-2213016382, BNF 43354120), p. 387.

Liens externes[modifier | modifier le code]