Communauté des Jault

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La communauté des Jault était une communauté taisible de paysans basée autour de la commune de Saint-Benin-des-Bois, dans la Nièvre en Bourgogne-Franche-Comté. Sa longévité a été spécialement grande : quatre siècles !

Date[modifier | modifier le code]

Les papiers officiels ayant été brûlés à la dissolution de la communauté, des dates précises sont difficilement présentables. Généralement, on situe cette communauté entre 1480 et 1847.

Historique[modifier | modifier le code]

Maître Charles Prieuret, notaire à Saint-Saulge, aurait retrouvé un document qui permet de fixer le point de départ de la première association entre le Jault : un " bail à cens et à rente ".

Il était accordé par Pierre de Paillard, seigneur de Giverdy, à l'attention de deux frères, Charles et Guyot Le Jault, le .

L'association n'aurait pris le nom de la communauté des Jault que pendant l'année 1580. On peut penser qu'avant le bail de 1552 existait déjà une simple communauté familiale comme il en existait encore il y a peu de temps dans nos campagnes, appelée communauté de fait.

La communauté a été créée pour échapper au servage des seigneurs et surtout au principe de mainmorte, c'est-à-dire à la récupération des biens et des meubles d'un paysan, à sa mort, par son seigneur. Les serfs avaient la possibilité de solliciter l'autorisation de se constituer en « communauté de feu et de lieu, de pain et de sel».


Dissolution[modifier | modifier le code]

La communauté fut dissoute par jugement le , par la décision prise à la majorité de ses parsonniers.

Fonctionnement[modifier | modifier le code]

Politique[modifier | modifier le code]

On apprend dans une lettre écrite par M. Dupin, dans le journal le moniteura, que cette communauté était dirigée par un "maître de communauté". À l'origine, ce droit était transmis de père en fils, mais, par la suite, ce "maître" était élu par les autres membres. Il avait la responsabilité, entre autres, de répartir les différents travaux agricoles - Il se chargeait surtout du commerce extérieur à la communauté.

Habitation[modifier | modifier le code]

La maison principale de la communauté est décrite comme suit : un rez-de-chaussée, constitué d'une grande pièce avec deux cheminées, d'un four à cuire le pain, d'un tonneau à lessive en pierre et d'un puits. Un corridor dessert un ensemble de chambres. Dans chacune d'entre elles : deux ou trois lits (selon le nombre d'enfants), un coffre, une armoire en chêne, une table, deux sièges et fort peu d'ustensiles. D'autres bâtiments servent à l'exploitation.

En chiffre[modifier | modifier le code]

Les seuls que nous avons datent de 1840.

Cette communauté comptait encore 37 personnes.

Sa richesse se comptait avec : 105 bichets de terre à froment, des prés rapportant 90 milliers de foins, 15 ouvrées de vignes - 400 arpents de pâturage et 300 arpents de bois étaient partagés avec les autres habitants de Saint-Bénin.

Économie[modifier | modifier le code]

Hormis ce qui est décrit ci-dessus, chaque membre avait sa propre richesse, composée de la dot de sa femme, et de ce qu'il avait obtenu à la mort de sa mère ou par legs.

Social[modifier | modifier le code]

Seuls les hommes composent la tête de la communauté.

Les femmes peuvent, tant qu'elles le veulent, y rester en y travaillant ; elles sont alors nourries et soignées.

Si elles se marient en dehors, la communauté les dote en argent comptant (d'une très petite somme à l'origine, la dot pouvait atteindre 1350 francs en 1840). Ni elles, ni leurs descendants, ne peuvent alors encore prétendre faire partie de la communauté. Cependant, en cas de veuvage, elles peuvent revenir vivre à la maison commune.

Si une femme du "dehors" épouse un membre de la communauté, sa dot est séparée des biens communs, pour qu'elle ne puisse prétendre à rien par la suite. Elles sont tenues de verser 200 francs à la communauté pour le mobilier livré à leur usage. Si elles deviennent veuves, elles peuvent soit rester vivre dans la communauté, soit partir, et récupérer leurs 200 francs.

Si un homme meurt célibataire, ses biens propres tombent dans la communauté ; s'il a des garçons, ils deviennent membres de la communauté mais si ce sont des filles, elles ont droit à une dot.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

On parle de cette communauté dans plusieurs ouvrages :

  • Dezobry et Bachelet, Dictionnaire de biographie, T. 1, Ch. Delagrave, 1878, p. 1421
  • "L'Intermédiaire des chercheurs et curieux" - 1903. 1er semestre (Vol. 47 / N° 991-1008; Année 39)
  • "La Phalange. Journal de la science sociale" - 1841. Janv.-avr. (T. 1 / Vol. 4)
  • "Le journal du centre" -
  • "Histoire de la Grosse Communauté des Jault (1580-1847) : une association agricole en Nivernais" - Charles PRIEURET – Nevers: IMPR DE LA NIEVRE, 1930.(AD58 Cote : NIV 6312 - http://archives.cg58.fr/ark:/60877/a011322559697McF77W)
  • "Histoire de la Grosse Communauté des Jault (1580-1847) : une association agricole en Nivernais" - Charles PRIEURET – Nevers: IMPR DE LA NIEVRE, 1930 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k11620725/f375.double
  • "Monographie de la communauté des Jault" - 1904. Abbé Lucien Charrault
  • Jean Drouillet, « Une communauté paysanne parmi tant d'autres : les Jault (1840 ?-1847) », Les Annales du Pays nivernais, La Camosine, no 24,‎ , p. 3-4.

Lien externe[modifier | modifier le code]

  • [1] Essai historique sur Saint-Benin-des-Bois et Ligny. Monographie de la communauté des Jault - Abbé Lucien Charrault