Commission spéciale sur l'ingérence étrangère dans l'ensemble des processus démocratiques de l'Union européenne, y compris la désinformation

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La Commission spéciale sur l’ingérence étrangère dans l’ensemble des processus démocratiques de l’Union européenne, y compris la désinformation (INGE) est une des commissions spéciales du Parlement européen.

Commission spéciale sur l’ingérence étrangère dans l’ensemble des processus démocratiques de l’Union européenne
Histoire
Fondation
Cadre
Sigle
INGE
Type
Organisation
Président
Raphaël Glucksmann (depuis le
23 septembre 2020)
Site web

Compétences et objectifs[modifier | modifier le code]

La Commission sur l'ingérence étrangère a pour mission de lutter contre les interférences de pays-tiers au sein des mécaniques démocratiques des pays membres de l'Union européenne[1]. De ce fait, les missions lui étant accordées relèvent notamment de la surveillance et l'analyse de la législation électorale ainsi que le financement des partis politiques et campagnes électorales des pays membres. S'ajoute également la suggestion d'actions coordonnées visant à la protection des législateurs, partis politiques et journalistes vis-à-vis des potentielles menaces hybrides provenant de l'étranger.

De plus, dans le domaine de l'action contre la désinformation, la commission détient également des compétences quant à la suggestion de mesures ayant pour but de contraindre les réseaux sociaux à afficher clairement la nature anti-démocratique et haineuse de certains de leurs contenus. De manière plus générale, cette mission a pour but affiché de responsabiliser l'ensemble des entreprises privées quant à ces enjeux, et particulièrement le secteur des technologies.

Historique[modifier | modifier le code]

Première commission spéciale[modifier | modifier le code]

Constituée en , la création de la Commission sur l'ingérence étrangère résulte principalement des tensions dans les relations de l'Union européenne avec la fédération de Russie et avec la république populaire de Chine, principalement à propos des nombreuses collusions de ces derniers dans le processus électoral touchant tant les pays membres (ex. : MacronLeaks) que l'international (ex. : accusations d'ingérences russes dans l'élection présidentielle américaine de 2016)[2].

Raphaël Glucksmann, élu président de la commission le , déclare à propos de la commission : « Il y a depuis quelques années un immense problème d’ingérences étrangères dans nos démocraties, de campagnes systématiques d’États étrangers, telles la Russie ou la Chine, mais aussi d’acteurs non étatiques, tels Steve Bannon ou certaines fondations islamistes internationales. L’idée est d’appuyer sur le bouton pause, de faire un état des lieux, de s’interroger sur cette guerre hybride et ces formes d’ingérence pour établir un diagnostic. »[3].

La présence de l'eurodéputé RN Thierry Mariani au sein de la commission fut toutefois décriée en considération de sa proximité avec les régimes de Vladimir Poutine et de Bachar El-Assad ; il a déclaré que cette commission serait un outil du Parlement européen « adorant donner des leçons »[3].

Prolongation du mandat de six mois[modifier | modifier le code]

Le 9 mars 2021, le Parlement européen a annoncé la prolongation du mandat de la commission spéciale, qui devait finir le 23 septembre 2021, de 6 mois[4].

Adoption du rapport[modifier | modifier le code]

Le projet de rapport a été présenté le 18 octobre 2021[5]. 1210 amendements ont été déposés sur le rapport par les députés membres de la commission spéciale[6]. La rapporteure et les rapporteurs fictifs parviennent à négocier 195 amendements de compromis qui seront soumis au vote en commission spéciale[7].

Le rapport a été adopté en commission INGE le 25 janvier 2022. Sur les 33 membres de la commission : 25 ont voté pour (la totalité des membres des groupes politiques PPE, S&D, RE et Verts/ALE et la vice-présidente appartenant au groupe CRE), 8 contre (2 CRE, 2 ID, les NI et la GUE) et une abstention (le coordinateur et rapporteur fictif du groupe ID)[8].

Le 9 mars 2022, le rapport est soumis au vote en session plénière. Il est adopté par 552 voix pour (notamment par la quasi-totalité des membres du PPE, la totalité des S&D et de Renew Europe, la majorité des Verts/ALE ainsi qu'un nombre important de député des groupes CRE et GUE), 81 voix contre (la majorité des membres du Rassemblement national (ID) et des non-inscrits, dont Reconquête !, et quelques députés CRE et GUE), et 60 abstentions (principalement les membres de la Ligue du Nord (ID) et des députés CRE et GUE)[9].

INGE 2[modifier | modifier le code]

Le 10 mars 2022, le Parlement européen - ne pouvant prolonger le mandat de la commission spéciale dite « INGE 1 » du fait de l'adoption de son rapport final décide de la création d'une nouvelle commission spéciale, de même nom, dite « INGE 2 » à 614 voix pour, 42 contre et 34 abstentions[10]. Son mandat a été étendu, en février 2023, aux questions de corruption et de transparence des processus démocratiques après le scandale du Qatargate.

Activités de la commission[modifier | modifier le code]

Mandat initial (2020-2022)[modifier | modifier le code]

La commission a mené plusieurs auditions thématiques[11] :

  • menaces hybrides, désinformation et polarisation – aperçu institutionnel, le 24 septembre 2020 ;
  • ingérence électorale, financement des partis politiques et plateformes de médias sociaux – aperçu, le 2 octobre 2020 ;
  • comment l’ingérence étrangère sape la souveraineté: l’exemple de nos voisins de l’Est, 21 octobre 2020 ;
  • ingérence étrangère dans la sphère publique: vérification des faits, plateformes de médias sociaux et leur utilisation dans la désinformation et l’ingérence étrangère et renforcement de la résilience, 26 octobre 2020 et 9 novembre 2020 ;
  • ingérence étrangère dans la sphère politique: ingérence étrangère pendant les processus électoraux, y compris au moyen de cyberattaques, de fuites de données et de communication malveillante, 12 novembre 2020 ;
  • ingérence étrangère dans la sphère politique : financements politiques provenant de formes légales ou non de sociétés-relais et de donateurs utilisant un prête-nom originaires de pays tiers, le 2 décembre 2020 ;
  • journalisme contre propagande, le 11 décembre 2020 ;
  • menaces possibles d’ingérence de pays tiers dans un contexte géopolitique, 25 janvier 2021 et 1er février 2021 ;
  • communication stratégique pour contrer l’ingérence étrangère, 22 février 2021 ;
  • comment rendre le financement des partis politiques et des campagnes plus transparent: quelles règles l’Union européenne doit-elle adopter?, 23 février 2021 ;
  • démocratie en ligne: quels sont les risques? Comment se protéger?, 17 mars 2021 ;
  • ingérence étrangère en matière de financement des organisations anti-choix dans l’Union européenne, 25 mars 2021 ;
  • évolutions technologiques et approches réglementaires face à la désinformation : ingérence par la publicité, 13 avril 2021 ;
  • évolutions technologiques et approches réglementaires concernant la désinformation, 15 avril 2021 ;
  • échange de vues avec Mikhail Khodorkovsky, fondateur du Dossier Center, 10 mai 2021 ;
  • audition avec Facebook, Twitter et YouTube sur le rôle des plateformes de médias sociaux dans la diffusion et le développement de la désinformation, ainsi que dans la détection et la lutte contre celle-ci, 10 mai 2021 ;
  • comment l’histoire, la culture et l’éducation peuvent contribuer à lutter contre la désinformation, 15 juin 2021 ;
  • désinformation et discrimination, 12 juillet 2021 ;
  • plan d’action pour la démocratie européenne, législation sur les services numériques et autres instruments de l’UE: les propositions visant à protéger les processus démocratiques de l’UE contre l’ingérence étrangère, ainsi que la voie à suivre, 2 septembre 2021 ;
  • sanctions et contre-mesures collectives, 2 septembre 2021.

Quatre échanges de vues ont eu lieu sur[12] :

  • le rôle de l’éducation, des médias et de la culture dans la lutte contre la désinformation et l’ingérence étrangère, 9 septembre 2021 ;
  • ingérence étrangère et espionnage de personnalités politiques et d’institutions européennes, 9 septembre 2021 ;
  • sécurité des institutions de l’UE: répondre à l’escalade des cyberattaques, 9 septembre 2021 ;
  • dommages économiques des ingérences et actions de désinformation étrangères, y compris sur le marché des données, 14 octobre 2021.

Deuxième mandat[modifier | modifier le code]

Contenu des rapports[modifier | modifier le code]

Rapport du premier mandat de la commission INGE (2020-2022)[modifier | modifier le code]

Sur l'accaparement des élites, le rapport cite notamment (considérant BX)[13] :

  • Gerhard Schröder, ancien chancelier allemand, pour ses liens avec Gazprom et son rôle dans le projet Nord Stream ;
  • Paavo Lipponen, ancien Premier ministre finlandais, pour ses liens avec Gazprom et son rôle dans le projet Nord Stream ;
  • Karin Kneissl, ancienne ministre des affaires étrangères de l'Autriche, en tant que membre du conseil d'administration de Rosneft ;
  • François Fillon, ancien Premier ministre français, nommé membre du conseil d'administration de Zaroubejneft[14] ;
  • Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre français, cité comme promoteur d'intérêts chinois en France[14] ;
  • Štefan Füle, ancien commissaire tchèque, pour ses liens avec CEFC China Energy ;
  • Esko Aho, ancien Premier ministre finlandais, en tant que membre du conseil d’administration de la Sberbank,
  • Jean-Marie Le Guen, ancien ministre français, membre du conseil d’administration de Huawei France[14] ; et
  • Yves Leterme, ancien Premier ministre belge, en tant que coprésident du fonds d’investissement chinois ToJoy.

Rapport du second mandat de la commission INGE (2022-2023)[modifier | modifier le code]

Membres[modifier | modifier le code]

Bureau, coordination et rapporteurs[modifier | modifier le code]

Nom Mandat Groupe Pays Note
Raphaël Glucksmann Président S&D Drapeau de la France France Depuis le
Javier Zarzalejos Vice-président PPE Drapeau de l'Espagne Espagne Depuis le
Morten Løkkegaard Vice-président RE Drapeau du Danemark Danemark Depuis le
Dace Melbārde Vice-présidente CRE Drapeau de la Lettonie Lettonie Depuis le
Włodzimierz Cimoszewicz Vice-président S&D Drapeau de la Pologne Pologne Depuis le
Vladimír Bilčik Coordinateur du groupe PPE[15] PPE Drapeau de la Slovaquie Slovaquie
Pierfrancesco Majorino Coordinateur du groupe S&D[15] S&D Drapeau de l'Italie Italie
Nathalie Loiseau Coordinatrice du groupe Renew Europe[15] RE Drapeau de la France France
Markéta Gregorová Coordinatrice des Verts/ALE[15] Verts/ALE Drapeau de la Tchéquie République tchèque
Marco Dreosto Coordinateur du groupe ID[15]
Rapporteur fictif[16]
ID Drapeau de l'Italie Italie
Ryszard Czarnecki Coordinateur du groupe CRE[15] CRE Drapeau de la Pologne Pologne
Manu Pineda Coordinateur du groupe GUE[15] GUE Drapeau de l'Espagne Espagne
Sandra Kalniete Rapporteure (un seul rapport en commission spéciale)[16] PPE Drapeau de la Lettonie Lettonie
Andreas Schieder Rapporteur fictif[16] S&D Drapeau de l'Autriche Autriche
Bart Groothuis Rapporteur fictif[16] RE Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas
Viola von Cramon-Taubadel Rapporteure fictive Verts/ALE Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Dace Melbārde Rapporteure fictive[16] CRE Drapeau de la Lettonie Lettonie
Clare Daly Rapporteure fictive[16] GUE Drapeau de l'Irlande Irlande Elle est membre suppléante.

Jeroen Lenaers a été coordinateur au début du mandat de la commission spéciale INGE puis a été remplacé par Vladimír Bilčik.

Autres membres[modifier | modifier le code]

Nom Groupe Pays Durée
Andrea Bocskor NI Drapeau de la Hongrie Hongrie
Ioan-Rareș Bogdan PPE Drapeau de la Roumanie Roumanie
Gwendoline Delbos-Corfield Verts/ALE Drapeau de la France France
Jorge Buxadé Villalba CRE Drapeau de l'Espagne Espagne
Anna Júlia Donáth RE Drapeau de la Hongrie Hongrie
Nicolaus Fest ID Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Sunčana Glavak Verts/ALE Drapeau de la Croatie Croatie
Balázs Hidvéghi NI Drapeau de la Hongrie Hongrie
Stelios Kouloglou GUE Drapeau de la Grèce Grèce
Jeroen Lenaers PPE Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas
Juan Fernando López Aguilar S&D Drapeau de l'Espagne Espagne
Lukas Mandl PPE Drapeau de l'Autriche Autriche
Maite Pagazaurtundúa RE Drapeau de l'Espagne Espagne
Tonino Picula S&D Drapeau de la Croatie Croatie
Robert Roos CRE Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas
Sabine Verheyen PPE Drapeau de l'Allemagne Allemagne

Membres suppléants[modifier | modifier le code]

Nom Groupe Pays Durée
Magdalena Adamowicz PPE Drapeau de la Pologne Pologne
Barry Andrews RE Drapeau de l'Irlande Irlande
Nikos Androulakis S&D Drapeau de la Grèce Grèce
Petras Auštrevičius RE Drapeau de la Lituanie Lituanie
Reinhard Bütikofer Verts/ALE Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Ryszard Czarnecki CRE Drapeau de la Pologne Pologne
Salvatore De Meo PPE Drapeau de l'Italie Italie
Angel Dzhambazki CRE Drapeau de la Bulgarie Bulgarie
Laura Ferrara NI Drapeau de l'Italie Italie
Frances Fitzgerald PPE Drapeau de l'Irlande Irlande
Daniel Freund Verts/ALE Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Sandro Gozi RE Drapeau de la France France
Márton Gyöngyösi NI Drapeau de la Hongrie Hongrie
Heidi Hautala Verts/ALE Drapeau de la Finlande Finlande
Rasa Juknevičienė PPE Drapeau de la Lituanie Lituanie
Marina Kaljurand S&D Drapeau de l'Estonie Estonie
Petra Kammerevert S&D Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Niyazi Kızılyürek GUE Drapeau de Chypre Chypre
Gilles Lebreton ID Drapeau de la France France
David McAllister PPE Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Nuno Melo PPE Drapeau du Portugal Portugal
Iskra Mihaylova RE Drapeau de la Bulgarie Bulgarie
Urmas Paet RE Drapeau de l'Estonie Estonie
Nicola Procaccini CRE Drapeau de l'Italie Italie
Franco Roberti S&D Drapeau de l'Italie Italie
Nacho Sánchez Amor S&D Drapeau de l'Espagne Espagne
Isabel Santos S&D Drapeau du Portugal Portugal
Silvia Sardone ID Drapeau de l'Italie Italie
Eugen Tomac PPE Drapeau de la Roumanie Roumanie
Mihai Tudose S&D Drapeau de la Roumanie Roumanie
Iuliu Winkler PPE Drapeau de la Roumanie Roumanie
Tomáš Zdechovský PPE Drapeau de la Roumanie Roumanie

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Foreign interference committee starts its work, Raphaël Glucksmann presiding », sur europarl.eu
  2. Pierre Plottu et Maxime Macé, « Au Parlement européen, l'étrange nomination du pro-russe Thierry Mariani », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. a et b Anne Dastakian, « Parlement européen : le russophile Thierry Mariani dans une commission chargée de lutter contre "l’ingérence étrangère" », Marianne,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. « Extension of special committees », sur Agence Europe,
  5. Sandra Kalniete, Projet de rapport sur l’ingérence étrangère dans l’ensemble des processus démocratiques de l’Union européenne, y compris la désinformation, (lire en ligne)
  6. « Derniers documents - Documents », sur europa.eu (consulté le ).
  7. https://www.europarl.europa.eu/meetdocs/2014_2019/plmrep/COMMITTEES/INGE/DV/2022/01-25/INGEcompromiseamendments_clean_210122_EN.pdf
  8. Commission spéciale sur l’ingérence étrangère dans l’ensemble des processus démocratiques de l’Union européenne, y compris la désinformation, Rapport sur l’ingérence étrangère dans l’ensemble des processus démocratiques de l’Union européenne, y compris la désinformation, (lire en ligne), p. 75
  9. « Résultats des votes du 9 mars 2022 », sur europarl.europa.eu
  10. « Trois nouvelles commissions: Pegasus, ingérence étrangère et COVID-19 », sur Parlement européen,
  11. Commission spéciale sur l’ingérence étrangère dans l’ensemble des processus démocratiques de l’Union européenne, y compris la désinformation, Rapport sur l’ingérence étrangère dans l’ensemble des processus démocratiques de l’Union européenne, y compris la désinformation, (lire en ligne), p. 70 et 71
  12. Commission spéciale sur l’ingérence étrangère dans l’ensemble des processus démocratiques de l’Union européenne, y compris la désinformation, Rapport sur l’ingérence étrangère dans l’ensemble des processus démocratiques de l’Union européenne, y compris la désinformation, (lire en ligne), p. 71 et 72.
  13. Commission spéciale sur l’ingérence étrangère dans l’ensemble des processus démocratiques de l’Union européenne, y compris la désinformation, Rapport sur l’ingérence étrangère dans l’ensemble des processus démocratiques de l’Union européenne, y compris la désinformation, (lire en ligne), p. 19
  14. a b et c Jean-Pierre Stroobants, « Le poids croissant des ingérences étrangères dans une Union européenne mal préparée », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  15. a b c d e f et g https://www.europarl.europa.eu/cmsdata/216776/Coordinators.pdf
  16. a b c d e et f https://www.europarl.europa.eu/cmsdata/231028/Rapporteur%20and%20shadow%20rapporteurs_INGE.pdf

Lien externe[modifier | modifier le code]