Philippe Kieffer

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Philippe Kieffer
Philippe Kieffer

Naissance
Port-au-Prince (Haïti)
Décès (à 63 ans)
Cormeilles-en-Parisis (France)
Origine Drapeau de la France France
Arme Marine nationale
Grade 1954 : capitaine de frégate de réserve
Années de service 19391945
Commandement 1er bataillon de Fusiliers Marins Commandos
Conflits Seconde Guerre mondiale
Faits d'armes Forces Navales Françaises Libres
Bataille de Normandie (Sword Beach)
Distinctions Commandeur de la Légion d’honneur
Compagnon de la Libération
Croix de guerre 1939-1945
(6 palmes de bronze et 1 étoile de bronze)
Croix du combattant
Autres fonctions Membre de l'Assemblée Consultative en 1945
Conseiller général du Calvados

Philippe Kieffer, né le à Port-au-Prince (Haïti) et mort le à Cormeilles-en-Parisis, est un officier de marine français nommé compagnon de la Libération. Durant la Seconde Guerre mondiale, il crée et commande le 1er bataillon de fusiliers marins commandos, dont ses membres, connus a posteriori sous le nom de commandos Kieffer, ont combattu lors du débarquement de Normandie.

Biographie[modifier | modifier le code]

Avant-guerre[modifier | modifier le code]

Marie-Joseph-Charles-Philippe Kieffer naît en Haïti d'une famille catholique d'origine alsacienne[1]. Son père avait fui l'annexion[réf. nécessaire] et s'était installé en Haïti où il avait épousé une Anglaise. Le couple aura quatre enfants, dont Philippe, né le [2].

Philippe Kieffer passe ensuite ses années de lycée à Jersey[1]. Il poursuit ses études aux États-Unis et est diplômé d'une haute école de commerce à Chicago[3].

Il devient directeur de banque, d'abord en Haïti où il se marie et où naissent ses deux premiers enfants. Il y est codirecteur de la Banque nationale de la république d’Haïti ainsi que secrétaire de la chambre de communication.

La Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Il revient en France en [3] pour y rejoindre sa famille[4]. Malgré son âge (40 ans), il se présente comme volontaire. D'abord sous-lieutenant, interprète militaire dans l'armée de terre, il entre dans la Marine le comme quartier-maître secrétaire auprès de l'amiral Nord[3],[5].

Après la défaite de la France, l'enseigne de vaisseau Kieffer répond à l'appel du général de Gaulle en partant pour le Royaume-Uni dès le . Il s'engage dans les Forces navales françaises libres le jour de leur création, le comme « officier de réserve interprète et du chiffre (ORIC) ».

Impressionné par les méthodes des commandos britanniques, il constitue en 1942 la « Troop 1 » des Commandos français avec une vingtaine de volontaires, dans les environs de Portsmouth. En 1943, le 1er bataillon (1er BFMC) est fort de Trois Troops la no 1, la no 8 du capitaine Trepel — qui disparaît au cours d'un raid nocturne — et la Troop d'Appui (K-Guns).

Commandos Marine
Commandos Marine.

C'est au redoutable centre d'entraînement commando d'Achnacarry, en Écosse, que ces hommes sont formés et reçoivent le fameux béret vert. En mai 1944, quelques semaines avant le Débarquement, ils reçoivent leur propre insigne : écu de bronze chargé du brick de l'aventure et barré du poignard des commandos avec dans le coin senestre la croix de Lorraine et souligné d'une banderole portant l'inscription « 1er Bllon (bataillon) F.M.Commando ». Ils le porteront sur le béret vert « à l'anglaise » c'est-à-dire sur le bord gauche relevé. Le dessin est dû à l'un d'entre eux, le caporal Maurice Chauvet. Appréciant à leur juste valeur les qualités des Français, les Britanniques incorporent le bataillon au sein du Commando no 4 de la Brigade des Forces spéciales. Il aura l'honneur suprême de débarquer le premier en France au Jour J.

1944[modifier | modifier le code]

Promu lieutenant de vaisseau, puis capitaine de corvette à la veille du Jour J, Kieffer débarque le 6 juin en Normandie à la tête de ses hommes du 1er bataillon de fusiliers marins commandos fort de deux Troops de combat et d’une 1/2 Troop d’appui (K-Guns), en tout 177 hommes. Ils débarquent sur la plage Sword à Colleville-Montgomery, malgré des pertes significatives — en tout pour le  : deux officiers et huit hommes tués plus des blessés —, ils s’emparent d’une pièce de 50 mm encuvée qui avait mis à mal la péniche LCI 523 (1re Troop), puis de l'ex-casino de Riva-Bella avant de s’enfoncer dans les terres par Colleville et Saint-Aubin-d'Arquenay pour faire jonction à Pegasus Bridge (Bénouville) avec les Airborne britanniques de la 6e DAP. Ils y arrivent vers 16 h 30. Kieffer sera blessé deux fois ce jour-là. Au soir du 6 juin, le 1er B.F.M.C. aura perdu presque 25 % de ses effectifs. Il occupe alors les lisières du Plain vers 20 h.

Au cours de la dure campagne de Normandie, les commandos restent en première ligne (secteur Le Plain - Amfreville) et combattent jusqu’au , puis le bataillon est recomplété en Grande-Bretagne pour de futures missions. En novembre 1944, le 1er BFMC est débarqué sur l’île de Walcheren en Hollande et s’empare en combattant de Flessingue, dans le cadre d’une opération combinée alliée avec les commandos britanniques dans le but de dégager les accès du port d'Anvers.

Après la guerre[modifier | modifier le code]

Tombe de Philippe Kieffer au cimetière de Grandcamp
Tombe de Philippe Kieffer au cimetière de Grandcamp-les-Bains (Calvados)

La guerre finie, Philippe Kieffer quitte l’armée avec le grade de capitaine de corvette et est élu conseiller général d'Isigny-sur-Mer (Calvados) en . Il en démissionne le après son échec aux élections législatives. Il est également conseiller municipal de Grandcamp-les-Bains (Calvados) où il possède une résidence, non loin des lieux du débarquement.

Membre de l'Assemblée consultative en 1945, il quitte la politique à la suite de son échec aux législatives de .

Revenu à la vie civile, il part pour l'Allemagne en tant que représentant de l'Agence interalliée des réparations.

En 1950, il s'installe avec sa famille à Cormeilles-en-Parisis (actuel Val-d'Oise) et entre au service de l'OTAN.

En 1954, il est promu capitaine de frégate de réserve.

En 1962, il est conseiller sur le film Le Jour le plus long[6]. Atteint d'hémiplégie[1], il meurt cette même année dans sa maison de Cormeilles-en-Parisis et est inhumé à Grandcamp-les-Bains.

Son livre de souvenirs, Béret vert, paru en 1948, est un classique du genre.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Hommages[modifier | modifier le code]

En sa mémoire, un centre de préparation militaire marine (PMM) a repris son nom. Originellement spécialisée dans la formation des fusiliers et commandos marine et fermée à la suite de la suppression du service militaire, cette PMM a été réactivée en 2005.

Le , sur la plage de Ouistreham où se tenaient pour la première fois les commémorations nationales du , le président de la République Nicolas Sarkozy a annoncé la création d'un sixième commando de marine, spécialisé dans les nouvelles technologies, qui portera le nom de Commando Kieffer.

Le , un monument à la mémoire de Philippe Kieffer a été dévoilé devant les locaux de l'ambassade de France en Haïti par le président René Préval et l'une des filles du capitaine de frégate honoraire, Mme Maryse Kieffer-Gibbons[7].

À l'occasion des 75 ans du débarquement de Normandie et des 120 ans de la naissance de Philippe Kieffer, une association a été créée à Cormeilles-en-Parisis, ville où est décédé le commandant Kieffer, elle a pour nom : Association Commandant Kieffer. Son but est de faire perdurer la mémoire de Philippe Kieffer.

Le 8 mai 2021, une allée Commandant Philippe Kieffer est inaugurée à Bohars (Bretagne) en présence de sa fille[8].

Le 5 juillet 2023 un lycée général est nommé à son nom à Cormeilles en parisis [9].

Commandos Kieffer[modifier | modifier le code]

Le commando Kieffer était composé de fusiliers marins qui s'étaient, pour la plupart, engagés dans les Forces navales françaises libres — aux côtés des bérets verts britanniques — alors qu’ils se trouvaient au Royaume-Uni. Certains rejoignirent les FNFL après l'évacuation de Dunkerque, d’autres s'évadèrent de France occupée ; enfin, un groupe arriva d’Afrique. Quarante pour cent des fusiliers marins de ce commando étaient bretons. Ils durent subir le dur entrainement et la sélection impitoyable au centre commando d'Achnacarry, en Écosse, où ils gagnaient le droit au port du béret vert mythique. Quinze Français de la 1re compagnie, sous les ordres de l'officier des équipages Francis Vourch, avaient participé au raid sur Dieppe aux côtés des commandos britanniques et canadiens « Opération Jubilé ».

Aujourd’hui, deux des sept commandos marine français portent le nom d’un officier du 1er B.F.M.C mort au combat :

Un septième commando a été créé à l'été 2008 sous le nom de Commando Kieffer.
Les commandos marine français ont conservé le béret vert britannique. Ils arborent sur l'épaule gauche les fourragères gagnées au cours de nombreuses actions d’éclat.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]