Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire

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Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire
Histoire
Fondation
Cadre
Sigle
CVUHVoir et modifier les données sur Wikidata
Type
Forme juridique
Domaine d'activité
Autres organisations fonctionnant par adhésion volontaireVoir et modifier les données sur Wikidata
Siège
Pays
Organisation
Fondateurs
Présidente
Natacha Coquery (d) (depuis )Voir et modifier les données sur Wikidata
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SIREN
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Le Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire (CVUH) est une association regroupant des historiens, fondée en France en par les universitaires Gérard Noiriel, Michèle Riot-Sarcey et Nicolas Offenstadt afin de veiller sur les usages publics de l'histoire à des fins mémorielles, notamment par les hommes politiques.

Son action consiste en la publication de tribunes ou la participation à des émissions audiovisuelles lorsque surviennent des polémiques mémorielles, l'organisation également de journées d'études et ateliers, la coordination d'une collection des éditions Agone et la maintenance d'un site Internet proposant une veille sur les questions d'histoire et de mémoire.

Créée dans le sillage de l'affaire Olivier Grenouilleau et en opposition à la loi du 23 février 2005 reconnaissant le « rôle positif de la présence française outre-mer, en particulier en Afrique du Nord », l'association apparaît publiquement le avec la publication de son manifeste. Contrairement au mouvement Liberté pour l'histoire, le CVUH ne s'oppose cependant pas aux lois mémorielles.

Présentation[modifier | modifier le code]

Le Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire est fondé en [1], au moment du débat « sur les effets positifs de la colonisation »[2] arqué autour de la loi portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés[3]. Elle est déclarée à la préfecture de police de Paris en [4].

Selon l'historien Sébastien Ledoux, le CVUH regroupe surtout, outre des enseignants du secondaires, des « historiens travaillant sur des objets de recherche marginalisés dans le champ académique (genre, immigration, esclavage, colonisation) »[5]. Les historiens Jean-François Sirinelli et Yann Potin rappellent que les membres fondateurs sont ancrés à gauche ou l'extrême gauche[6], comme l'atteste le nom de l'association qui fait allusion au Comité de vigilance des intellectuels antifascistes de l'entre-deux-guerres[7].

Présidents[modifier | modifier le code]

Prises de positions[modifier | modifier le code]

Le refus de condamner les lois mémorielles ne visant pas directement à régenter le travail de l'historien a conduit le CVUH à s'opposer régulièrement à Liberté pour l'histoire, autre mouvement d'historien présidé par René Rémond puis Pierre Nora, né fin 2005 à la suite d'une plainte déposée par un collectif d'outremer contre Olivier Pétré-Grenouilleau[11] et qui réclame la suppression de toutes les lois mémorielles[12]. Le CVUH a notamment critiqué en 2008 l'ouvrage publié par CNRS Éditions Liberté pour l'histoire (dirigé par Pierre Nora et Françoise Chandernagor) et l'« Appel de Blois » diffusé par ce mouvement à l'occasion des Rendez-vous de l'histoire[13].

Se pensant donc comme un intellectuel collectif, le comité ne dénie pas la légitimité en soi aux « lois mémorielles » qui peuvent apparaître comme des déclarations d’une société sur elle-même, et qui, en ce sens, s’inscrivent dans la logique du fonctionnement démocratique[14], ce qui l'oppose à Liberté pour l'histoire, autre mouvement d'historien né en 2005 dans le même contexte et qui rejette en bloc les lois mémorielles[15].

Selon le politologue Johann Michel, le CVUH, en ne s'opposant pas en bloc aux lois mémorielles, fait montre d'« une préférence pour le régime mémoriel victimaire et anticolonialiste (et donc une volonté de déconstruction du mythe ou du roman national), une antipathie pour les lois mémorielles de « droite » et, réciproquement, une sympathie pour les lois mémorielles de « gauche » »[12].

Activités[modifier | modifier le code]

Journées d'études et ateliers[modifier | modifier le code]

Une journée d'études est tenue par le CVUH à la Sorbonne le [16].

Édition[modifier | modifier le code]

La CVUH participe à l'élaboration des ouvrages de la collection « Passé & présent » des Éditions Agone[17]. Ces ouvrages reprennent l'objectif affiché du CVUH : « alerter les citoyens à propos des détournements éventuels de la recherche historique et de réfléchir à la place et à la fonction de celle-ci dans notre société[17] ». Les droits d'auteurs de la collection étant pour moitié dévolus au CVUH, « Passé et présent » joue un rôle important dans le financement de l'association[18]. En , six titres étaient parus[19] et un septième était prévu pour le mois d'août[17] :

  1. À quoi sert « l’identité nationale », par Gérard Noiriel, (ISBN 9782748900804).
  2. Comment Nicolas Sarkozy écrit l’histoire de France, dirigé par Laurence De Cock, Fanny Madeline, Nicolas Offenstadt et Sophie Wahnich, (ISBN 9782748900934).
  3. Enjeux politiques de l’histoire coloniale, par Catherine Coquery-Vidrovitch, (ISBN 9782748901054).
  4. La Fabrique scolaire de l’histoire : Illusions et désillusions du roman national, dirigé par Laurence De Cock et Emmanuelle Picard, (ISBN 9782748901061).
  5. Pour quoi faire la Révolution, par Jean-Luc Chappey, Bernard Gainot, Guillaume Mazeau, Frédéric Régent et Pierre Serna, (ISBN 9782748901610).
  6. Conversation sur la naissance des inégalités, par Christophe Darmangeat, (ISBN 9782748901818).
  7. La Fabrique scolaire de l’histoire II, dirigé par Laurence De Cock, (ISBN 9782748903355).
    Deuxième édition, entièrement revue, de La Fabrique scolaire de l'histoire.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Vincent Martigny, Nationalismes ordinaires, Presses de Sciences Po, 2010, p. 11° [lire en ligne].
  2. Sylvain Venayre, « Les faiseurs d’histoire dans les médias, une minorité très visible », sur Libération, (consulté le ).
  3. Frédéric Lemaire et Pauline Perrenot, « L'histoire racontée par les médias : un entretien croisé », sur Acrimed, (consulté le ).
  4. Création de l'association : Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire (CVUH), publié le sur le site du Journal officiel de la République française (consulté le ).
  5. Ledoux 2017, p. 115.
  6. Jean-François Sirinelli, Yann Potin, Générations historiennes XIXe – XXIe siècle, CNRS Editions, , p. 484
  7. Philippe Joutard, Histoire et mémoires, conflits et alliance, La Découverte, , p. 182
  8. Compte rendu de l'AG du 17 janvier 2009 [1].
  9. AG de 2011 et élection comme président
  10. « Qui sommes nous ? », sur cvuh.blogspot.fr, .
  11. Ledoux 2017, p. 113.
  12. a et b Michel 2010, p. 171.
  13. Michel 2010, p. 173, n. 2.
  14. Nicolas Offenstadt, « La position du CVUH sur les relations entre Histoire et Mémoire »
  15. Luigi Cajani, « L’histoire, les lois, les mémoires. Sur quelques conflits récents en Europe », Revue française de pédagogie, no 165,‎ , p. 70 (lire en ligne).
  16. George 2006.
  17. a b et c « Passé & présent », sur agone.org (consulté le ).
  18. Fanny Madeline, « Compte-rendu de l'assemblée générale annuelle du 9 février 2013 : Rapport financier », sur cvuh.blogsport.fr, .
  19. BNF 41178797.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Sources secondaires centrées
  • Jocelyne George, « Sur les usages publics de l’histoire : Polémiques, commémorations, enjeux de mémoire, transmission et enseignement » (compte rendu de la première journée publique de discussion du Comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire (CVUH)), Cahiers d'histoire, no 98,‎ , p. 111–117 (ISBN 2-907452-30-4, DOI 10.4000/chrhc.875). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
Autres sources utilisées

Liens externes[modifier | modifier le code]