Combat de Saint-M'Hervé (1796)

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Combat de Saint-M'Hervé
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Informations générales
Date
Lieu Entre Saint-M'Hervé et Bourgon
Issue Victoire républicaine
Belligérants
Drapeau de la France République française Drapeau des armées catholiques et royales Chouans
Commandants
Toussaint du Breil de Pontbriand
Forces en présence
500 hommes[1] 500 hommes[1]
Pertes
Aucune[1] 1 mort[1]

Chouannerie

Batailles

Coordonnées 48° 09′ 42,9″ nord, 1° 04′ 25,1″ ouest
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Combat de Saint-M'Hervé
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Combat de Saint-M'Hervé

Le deuxième combat de Saint-M'Hervé a lieu en février 1796, pendant la Chouannerie.

Prélude[modifier | modifier le code]

Le déroulement de ce combat est rapporté par l'officier chouan Toussaint du Breil de Pontbriand, dans ses mémoires[Note 1]. D'après son récit, Aimé Picquet du Boisguy, chef de la division royaliste de Fougères, décide de mener une expédition contre la petite ville patriote d'Ernée, en Mayenne, en représailles à des raids et des assassinats commis par sa garnison contre des paroisses royalistes[1],[2],[3]. Ernée étant fortifiée avec plusieurs canons, du Boisguy décide de réunir les divisions de Fougères et de Vitré pour cette attaque[1],[2],[3]. Il écrit en ce sens à Toussaint du Breil de Pontbriand et Henri du Boishamon, les chefs de la 1re et de la 2e colonne de la division de Vitré[1],[2],[3].

Toussaint du Breil de Pontbriand, à la tête des compagnies d'Argentré-du-Plessis, d'Étrelles, du Pertre et Erbrée, se porte pendant la nuit d'Argentré à Saint-M'Hervé, avec l'intention de rejoindre Boishamon à Montautour et de rallier en chemin d'autres compagnies[1],[2],[3]. Cependant, à Saint-M'Hervé, Pontbriand est informé de la présence d'une troupe républicaine à Bourgon et à La Croixille[1],[2],[3]. Quelques chouans isolés de ces deux communes s'enfuient pour le rejoindre et celui-ci décide d'arrêter sa marche pour les attendre[1],[2],[3]. Cependant les républicains lancés à la poursuite des fuyards se retrouvent bientôt au contact des hommes de Pontbriand[1],[2],[3].

Forces en présence[modifier | modifier le code]

Dans ses mémoires, Pontbriand évalue le détachement républicain à 500 hommes, tandis que lui-même est à la tête d'un nombre presque égal de combattants[1],[2],[3].

Déroulement[modifier | modifier le code]

Chouans et républicains s'opposent un moment dans une vive fusillade, tout en étant séparés par le fleuve de la Vilaine et embusqués derrière les fossés, ne se faisant ainsi aucun mal[1],[2],[3]. La moitié du corps républicain franchit cependant le fleuve sur le pont d'un moulin, situé un quart de lieue plus bas, et prend de flanc la compagnie d'Erbrée, qui s'enfuit aussitôt[1],[2],[3].

En apercevant les fuyards, Pontbriand réprimande leur capitaine, Malhère, qui retourne aussitôt au combat avec une poignée d'hommes, mais se fait tuer quelques instants après[1],[2],[3]. La compagnie du Pertre prend la fuite à son tour et entraîne avec elle celles d'Argentré-du-Plessis et d'Étrelles[1],[2],[3]. Une balle frappe également la carabine de Pontbriand, qui s'effondre sous le choc, du haut d'un fossé, ce qui aggrave la « terreur panique » de ses hommes[1],[2],[3]. Il se retrouve seul avec le capitaine Hubert et trois soldats et n'échappe que de peu aux républicains qui arrivent tout près de lui[1],[2],[3].

La compagnie de Saint-M'Hervé vient bientôt en renfort, mais elle ne fait qu'une décharge avant de céder à son tour à la panique[1],[2],[3]. La compagnie de La Chapelle-Erbrée arrive en dernier et se fait également entraîner dans la déroute[1],[2],[3]. Les chouans sont poursuivis sur trois quart de lieue, mais parviennent à rejoindre les forces de Boishamon à Montautour[1],[2],[3].

Pertes[modifier | modifier le code]

Selon Pontbriand, le capitaine Malhère, ancien militaire et commandant de la paroisse d'Erbrée, est le seul tué du combat[1],[2],[3].

Conséquences[modifier | modifier le code]

La déroute éprouvée par Pontbriand retarde d'un jour la marche des colonnes de Vitré et de Fougères[1],[2],[3]. Dans ses mémoires, Pontbriand estime avoir fait « une grande faute » en attendant quelques soldats fugitifs, au lieu de marcher au lieu de rendez-vous ou d'attendre que toutes ses compagnies soient réunies[1],[2],[3]. Cette défaite est cependant sans conséquence, car Pontbriand et Boishamon reçoivent un courrier de Hay de Bonteville qui leur apprend l'arrivée imminente du général en chef Joseph de Puisaye dans la région de Fougères et de la décision de du Boisguy d'ajourner l'attaque d'Ernée[1],[2],[3].

D'autres combats se déroulèrent en , notamment à Champeaux, au Bois-Bide, à Saint-Jean-sur-Vilaine, à Saint-M'Hervé et à Paintourteau, opposant des chouans, dirigés par le marquis de Pontbriand, aux troupes républicaines dirigées par le général Spital[4].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. « La petite ville d'Ernée, située dans le Bas-Maine, avait une partie de sa population animée de sentiments révolutionnaires. Cinq cents hommes de troupe de ligne formaient sa garnison, que les habitants 'animaient par leurs discours et dont ils excitaient journellement la haine contre les Royalistes; souvent ils s'offraient à les conduire sur les paroisses voisines qui tenaient le parti du Roi, et à leur désigner les maisons qu'ils pouvaient piller. Plusieurs soldats de la division de Fougères venaient d'être surpris et assassinés par eux. Du Boisguy voulut essayer de s'emparer de cette ville, mais toutes les avenues en étaient fortifiées avec soin ; une petite rivière la couvrait, et plusieurs pièces de canon la défendaient. Il écrivit à Boishamon et à Pontbriand de venir l'aider dans cette expédition, et ces deux chefs donnèrent leurs ordres pour réunir leurs troupes. Pontbriand était à Argentré; il partit pendant la nuit, avec la compagnie de cette paroisse, celle d'Étrelles, et celle du Pertre, à qui il réunit celle d'Erbrée. Il était en marche pour se rendre à Montautour, où il devait joindre Boishamon. et ses autres compagnies, et déjà il était sur la paroisse de Saint-M'Hervé et côtoyait la Vilaine, quand il apprit qu'un corps de cinq cents Républicains venait d'arriver à Bourgon, où il n'en avait pas paru depuis longtemps. Les compagnies de Bourgon et de la Croixille devaient venir le rejoindre, mais il ne lui arriva que quelques soldats isolés, qui tiraient en fuyant quelques coups de fusil. Pontbriand, au lieu de continuer sa marche vers le lieu indiqué pour le rassemblement, s'arrêta pour les attendre. Les Républicains, en poursuivant ceux de Bourgon, arrivèrent sur les bords de la Vilaine, et une vive fusillade s'engagea aussitôt d'un coté à l'autre de cette rivière, d'où l'on ne pouvait se faire aucun mal; mais Pontbriand ne s'aperçut pas que, pendant ce temps, plus de deux cent cinquante ennemis passaient la rivière, au pont d'un moulin, situé à un quart de lieue plus bas; ils prirent en flanc la compagnie de la Grande-Erbrée, éparpillée le long des fossés, d'où elle tiraillait sur la rive opposée, et la mirent en déroute. Le capitaine Malhère, qui la commandait, passa en fuyant dans un champ où se trouvait Pontbriand avec les compagnies d'Argentré et d'Étrelles. Pontbriand lui fit des reproches; ce capitaine, ancien militaire, y fut si sensible qu'il retourna au feu sur-le-champ, mais il ne fut suivi que de quelques soldats et fut tué, peu d'instants après, sur une mare glacée, et la compagnie du Pertre, repoussée comme celle d'Erbrée, ayant pris également la fuite, entraîna celles d'Argentré et d'Étrelles. Pontbriand, resté seul avec trois soldats et Hubert, qui vint le joindre dans ce moment, n'était séparé des Républicains que par un fossé et se trouvait dans un très petit enclos dont on ne pouvait sortir que par un seul passage fermé d'une pièce de bois ; il le franchit avec ses compagnons, fort heureusement, car plusieurs balles frappèrent à la fois la barrière. Il trouva de l'autre côté la compagnie de Saint-M'Hervé qui arrivait à son secours, mais elle ne put faire qu'une décharge, la troupe étant démoralisée, et fut obligée de suivre les autres, ainsi que celle de la Chapelle-Erbrée, qui arrivait peu après ; en sorte que la déroute fut si complète que Pontbriand ne put rallier son monde qu'à la montagne de Montantour, où il trouva Boishamon et sa colonne en bon ordre, dans une excellente position. Quoiqu'il eût été poursuivi pendant trois quarts de lieue, il ne perdit que le brave capitaine Malhère, mais cette perte lui fut très sensible. Il nomma François Verron', jeune homme de Laval, pour le remplacer.

    Pontbriand fit une grande faute; il devait continuer de marcher au rendez-vous indiqué, ou, au moins, attendre que toutes ses compagnies fussent réunies; pour avoir attendu quelques soldats fugitifs de Bourgon , il se fit battre par une troupe qui n'était guère plus nombreuse que la sienne et qu'il eût repoussée facilement, s'il avait attendu qu'elle (la sienne) fût réunie , avant d'accepter un combat qu'il pouvait et devait éviter; une balle atteignit sa carabine et le culbuta du haut d’un fossé de six pieds ; ses soldats le crurent mort, et cela augmenta la terreur panique qui s'était emparée d'eux. Il y a ainsi mille événements à la guerre qu'on ne peut expliquer.

    Cette affaire retarda d'un jour la marche de la colonne de Vitré sur Fougères ; mais, comme elle était marche, Pontbriand recut lettre de Bonteville qui lui annonçait l'arrivée de M. de Puisaye dans la division de Fougères, ce qui avait décidé du Boisguy à ajourner l'attaque d'Ernée.

    Boishamon et Pontbriand se séparèrent le même jour[2],[1]. »

    — Mémoires de Toussaint du Breil de Pontbriand

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y et z Le Bouteiller 1988, p. 506-507.
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u et v Pontbriand 1897, p. 268-271.
  3. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t et u Pontbriand 1904, p. 303-306.
  4. M.-E. Pescalet, Le Biographe universel : revue générale biographique et littéraire, 1846, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6535477q/f143.image.r=Ch%C3%A2teaubourg

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Christian Le Bouteiller, La Révolution dans le Pays de Fougères, Société archéologique et historique de l'arrondissement de Fougères, , 839 p. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Paul-Marie du Breil de Pontbriand, Un chouan, le général du Boisguy : Fougères-Vitré, Basse-Normandie et frontière du Maine, 1793-1800, Paris, Honoré Champion éditeur, (réimpr. La Découvrance, 1994), 509 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Toussaint du Breil de Pontbriand, Mémoires du colonel de Pontbriand sur les guerres de la Chouannerie, Plon, (réimpr. Éditions Yves Salmon, 1988), 629 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article