Collégiale Saint-Thomas-de-Cantorbéry de Crépy-en-Valois

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Collégiale Saint-Thomas-de-Cantorbéry de Crépy-en-Valois
Image illustrative de l’article Collégiale Saint-Thomas-de-Cantorbéry de Crépy-en-Valois
Façade de la collégiale vu au sud-est en 2011
Présentation
Culte Catholique romain
Type Collégiale
Rattachement Diocèse de Senlis
Début de la construction 1182
Style dominant Gothique
Date de désacralisation 1793
Date de démolition 1805-1810 (démolition majeure)
2019 (effondrement partiel)
Protection Logo monument historique Classé MH (1875)
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Hauts-de-France
Province historique Picardie Picardie
Département Oise
Ville Crépy-en-Valois
Coordonnées 49° 14′ 04″ nord, 2° 53′ 24″ est

Carte

La collégiale Saint-Thomas-de-Cantorbéry est une ancienne église de style gothique située à Crépy-en-Valois, dans l'Oise, désacralisée pendant la révolution et ayant subi de nombreux dommages depuis.

Localisation[modifier | modifier le code]

La collégiale Saint-Thomas-de-Cantorbéry est située à Crépy-en-Valois, à l'ouest du centre-ville, rue de la Hante.

Historique[modifier | modifier le code]

Les origines[modifier | modifier le code]

La collégiale est dédiée à saint Thomas Becket[1].

L'histoire de la paroisse jusqu'à la Révolution[modifier | modifier le code]

Vue de l'intérieur de la collégiale - Dessin : Tavernier de Jonquières

À défaut de texte descriptif, le dessinateur Tavernier de Jonquières replonge le spectateur dans l'ambiance composée de la chaire à prêcher, du jubet et autres statues et retables qui meublaient la nef.

L'histoire de la paroisse depuis la Révolution[modifier | modifier le code]

Inscription rappelant le culte de l'Être suprême, sur le tympan de la collégiale Saint-Thomas (2011)

Sous la Révolution française, les prêtres doivent prêter serment à la Constitution civile du clergé en date du . Les curés de Sainte-Agathe et Saint-Denis prêtent un serment restrictif et sont donc contraints de renoncer à l'exercice de leur ministère. Le seul prêtre autorisé à exercer à Crépy est Jean-Christophe Gollier, chanoine au chapitre et curé de la paroisse de Saint-Thomas vers 1789-1791. Il a participé aux États généraux pour le bailliage de Crépy-en-Valois le 14 mars 1789 pour l'ordre du clergé. Il prête serment à la constitution civile du clergé, mais il se rétracte six mois plus tard et est remplacé[2].

La collégiale est fermée au culte catholique le 10 frimaire an II () et est ainsi transformée en temple de la Raison; elle est ensuite rebaptisée « temple de l'Être suprême » à la suite du décret du 18 floréal an II () et en préparation de la fête du 20 prairial an II (). L'inscription sur le tympan de l'entrée principale du portail de la collégiale Saint-Thomas précise : « Le peuple françois reconnoit l'Etre suprême et l'immortalité de l'âme. ». Elle est conservée telle quelle[3]. En l'an III, la collégiale est rendue au culte catholique mais reste le lieu des séances municipales. Ce système continue sous le Directoire et jusqu'au Concordat de 1802[2],[4].

Destructions du XIXe siècle[modifier | modifier le code]

En 1799, la voûte de la chapelle Saint-Jean-Baptiste de la collégiale, qui était mal entretenue, s'écroule en raison d'infiltrations des eaux pluviales, les plaques de plomb de la toiture ayant été ôtées pendant la révolution. L'édifice est fermé au culte pour des raisons de sécurité[4].

La collégiale Saint-Thomas est vendue comme bien national à un carrier et est démolie pour majeure partie entre 1805 et 1810.

Lieu de commémoration[modifier | modifier le code]

Le , le monument aux morts de Crépy-en-Valois, sculpté par Albert Bartholomé est inauguré dans l'ancienne nef de la collégiale en présence du sculpteur[5]. Le monument est depuis utilisé comme lieu principal des commémorations de la ville.

Effondrement du 21 juin 2019[modifier | modifier le code]

Dans la nuit du 20 au , vers 3 h 15, un effondrement a lieu qui détruit une grande partie de la voûte de l'édifice. Un arrêté de péril est pris le jour même[6],[7]. Le sinistre intervient un mois après la visite d'architectes des Bâtiments de France; selon la municipalité, deux pierres de 150 kg étaient déjà tombées en 2018.

Une dizaine d'années auparavant[Quand ?], des travaux de sécurisation au niveau de la base du clocher avait été effectués par injection de béton.

La municipalité assure avoir signalé une dizaine de fois le mauvais état des lieux à l'architecte des Bâtiments de France sur la dernière décennie et projette un temps de porter plainte. Le 5 mars 2019, elle avait demandé au préfet de région l'autorisation de prendre un arrêté de péril[8].

Dans la journée du , de nouvelles pierres se détachent de la collégiale. À partir du 24 juin, une première phase de consolidation en urgence de l'un des piliers est menée, la pose d'étais en soutien et d'une bâche est notamment prévue, une première phase devant se finir en septembre 2019. Le même jour, une réunion de crise a lieu en présence d'élus et experts. Les Bâtiments de France et la direction régionale des Affaires culturelles (DRAC) nomment un architecte en chef chargé de diagnostiquer la nature des travaux à prévoir[9].

Le maire de Crépy-en-Valois, Bruno Fortier, annonce la semaine suivant l'effondrement vouloir reconstruire la façade de la collégiale déclarant notamment : « C'est la tour Eiffel de Crépy, notre symbole. Il n'est pas question qu'elle disparaisse. »[9].

Un mois après l'effondrement partiel de la façade, le , par crainte notamment des vents violents et sur les conseils de l'architecte en chef des monuments historiques, il a été procédé au démontage de la toiture par mesure de sécurité et ce malgré le risque d'effondrement de l'un des voûtains considéré comme instable, un parapluie de chantier englobant la totalité du bâtiment devant être posé. Une entreprise de consolidation de la clé de voûte par la pose d'une poutre verticale est également menée[10].

Les pierres tombées ont également fait l'objet d'un déblaiement puis d'un tri. Le coût total de l'opération de sauvegarde d'urgence est d'un million d'euros. Les nacelles ont dû venir d'Anvers en raison notamment de l'incendie de Notre-Dame de Paris. L'opération de sauvegarde se termine en octobre 2019[8],[11].

Un échafaudage et une palissade se dressent depuis devant l'édifice qui apparaît depuis grandement fissuré et menace de disparaître intégralement.

Projet de restauration[modifier | modifier le code]

La municipalité présente un projet de réédification de la façade effondrée. Étienne Poncelet, architecte en chef des monuments historiques est le maître d'œuvre de l'opération estimée à plusieurs millions d'euros sur plusieurs années. L'expert estime quant à lui que le réchauffement climatique et le manque d'entretien de la toiture peuvent être la cause de la catastrophe et redoute un affaissement du sol[8].

Le , date des Journées européennes du patrimoine, la Ville et la Fondation du patrimoine signent une convention pour une souscription publique en faveur de la restauration de l'édifice[12],[13].

Un an plus tard, le , alors que la souscription publique a permis de récolter près de 23 000 , la collégiale de Crépy-en-Valois est retenue dans le cadre de la Mission Stéphane Bern pour participer à la 3e édition du loto du patrimoine. Le maire de la commune annonce espérer atteindre les fonds nécessaires à la consolidation de la tour du clocher, montant s’élevant à 1,2 million d'euros puis une concertation auprès des habitants sur le devenir du bâtiment. La collégiale est l'un des trois monuments retenus en Picardie dans le cadre de la Mission du patrimoine avec la chapelle des Templiers de Laon et l’église Notre-Dame de l’Assomption de la Neuville-lès-Corbie à Corbie[14],[15],[16].

Architecture[modifier | modifier le code]

Avant l'effondrement de 2019, subsistait de la collégiale Saint-Thomas-de-Cantorbéry le clocher de 50 m de hauteur, la façade et la première travée de la nef.

Pour approfondir[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Louis Graves, Précis statistique sur le canton de Crépy-en-Valois, arrondissement de Senlis (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, (réimpr. 2012), 256 p. (ISBN 978-1-279-74214-3, lire en ligne)
  • Alfred Bourgeois, « Histoire de Crépy et de ses dépendances, de ses seigneurs, de ses châteaux et de ses autres monuments, depuis l’époque la plus reculée jusqu’à nos jours », Comptes-rendus et mémoires, Comité archéologique de Senlis,‎ , p. 142-155 (lire en ligne)
  • Prosper de Fleury, La Collégiale de Saint-Thomas-le-Martyr-les-Crespy : Coup d'oeil sur l'histoire du Valois, et principalement de Crépy, sa capitale, pendant le règne des Valois, Senlis, E. Payen, (réimpr. 2012), 445-VII p. (ISBN 978-2-01-255938-7, lire en ligne)
  • Abbé Renet, « Saint Thomas Becket, ses historiens, son culte, sa naissance, son passage, ses parents dans le Beauvaisis », Mémoires de la Société Académique d'Archéologie, Sciences et Arts du Département de l'Oise,‎ 1886-1888, p. 5-168
  • Chanoine Louis Pihan, Esquisse descriptive des monuments historiques dans l’Oise, Beauvais, Imprimerie D. Père, , 620 p., p. 506-517
  • Claudine Lautier et Maryse Bideault, Ile-de-France gothique I : Les Églises de la Vallée de l'Oise et du Beauvaisis, Paris, Picard, coll. « Les Monuments de la France gothique », , 407 p., p. 192-197
  • Dominique Vermand, Églises de l’Oise. Canton de Crépy-en-Valois. Les 35 Clochers de la Vallée de l’Automne, Comité Départemental du Tourisme de l’Oise et S.E.P. Valois-Développement, , 56 p., p. 20-21

Archives[modifier | modifier le code]

  • Sous-fonds : Paroisse Saint Thomas de Crépy. Fonds : Registres des baptêmes, mariages, sépultures; Cote : 6 GG 1-10. Crépy-en-Valois : Archives municipales de Crépy-en-Valois.
  • « titres, quittances, déclaration, bail ». Fonds : Chapitre de Saint Thomas de Crépy; Cote : 18 GG 1-4 ; 19 GG 1-3. Crépy-en-Valois : Archives municipales de Crépy-en-Valois.
  • « Manuscrit de " La collégiale Saint-Thomas le Martyr Les Crespy " par le marquis P. de Fleury, maire de Crépy ». Fonds : post révolution; Cote : 8 D 1. Crépy-en-Valois : Archives municipales de Crépy-en-Valois.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Crépy-en-Valois, collégiale Saint-Thomas-de-Cantorbéry – Eglises de l'Oise », sur www.eglisesdeloise.com (consulté le )
  2. a et b Tomasini, Jean-Marie., Crépy-en-Valois : mille ans d'histoire, Troesnes, Corps 9 Editions, , 254 p. (ISBN 2-904846-40-9 et 9782904846403, OCLC 27771312, lire en ligne)
  3. Notice no PM60004148.
  4. a et b « Le culte de l'Etre suprême à Crépy-en-Valois en 1794 » (consulté le )
  5. Inovagora 2007, « Office de tourisme du Pays de Valois », sur www.valois-tourisme.fr (consulté le )
  6. Alexis Bisson, « Crépy-en-Valois : la façade de l’église Saint-Thomas s’est écroulée », sur leparisien.fr, Le Parisien, (consulté le )
  7. « Effondrement du clocher Saint-Thomas - Ville de Crépy-en-Valois », sur www.crepyenvalois.fr (consulté le )
  8. a b et c Élie Julien, « Crépy-en-Valois : l’église Saint-Thomas sauvée, une souscription va être lancée », sur leparisien.fr, (consulté le )
  9. a et b Alexis Bisson, « À Crépy-en-Valois, «il faut reconstruire l’église Saint-Thomas» », sur leparisien.fr, (consulté le )
  10. Paul Abran, « Crépy-en-Valois : l’église Saint-Thomas consolidée, avant la reconstruction ? », sur leparisien.fr, Le Parisien, (consulté le )
  11. « Collégiale Saint-Thomas-de-Canterbury de Crépy-en-Valois » [PDF] (consulté le )
  12. « Lancement d'une souscription publique pour la restauration de la collégiale Saint-Thomas - Ville de Crépy-en-Valois », sur www.crepyenvalois.fr (consulté le )
  13. « Plus jamais ça pour la collégiale Saint-Thomas à Crépy-en-Valois » (consulté le )
  14. Véronique Dalmaz, « Le loto du patrimoine au secours de la collégiale Saint-Thomas de Crépy-en-Valois », sur Franceinfo, (consulté le )
  15. Eline Erzilbengoa et Haron Tanzit, « Sa façade s'était effondrée en 2019, le loto du patrimoine à la rescousse de la collégiale de Crépy-en-Valois », sur France 3 Hauts-de-France, (consulté le )
  16. « L’Église Saint-Thomas de Crépy-en-Valois retenue pour le Loto du patrimoine », Le Moniteur,‎ (lire en ligne, consulté le )