Claude Mossé (historienne)

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Claude Mossé
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Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Claude Jeanne Dinah MosséVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Historienne de l'Antiquité classique, helléniste, professeure d’université, historienneVoir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Éliane Mossé (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Claude Mossé, née le à Paris et morte le à Draveil[1], est une historienne française, spécialiste de l'histoire de la Grèce antique.

Elle fait partie de l'école d'histoire ancienne française, avec Jean-Pierre Vernant et Pierre Vidal-Naquet.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Claude Mossé naît dans un milieu aisé du 16e arrondissement de Paris. Sa famille, d'origine juive, échappe à la déportation grâce au commissaire de police du 18e arrondissement de Paris qui déchire la lettre de dénonciation[2].

Son père, Roger Mossé, rescapé de la Première Guerre mondiale, n'a pas pu reprendre ses études au sortir du conflit mais, devenu agent commercial d'un négociant en vins, il inculque à ses trois filles la passion des livres. Claude Mossé « Dans ma famille, on lisait énormément ; il y avait des livres partout », se souvient-elle[3].

Études, découverte de l'Antiquité grecque[modifier | modifier le code]

Son premier contact avec la Grèce a lieu en 1941 au cours duquel l'adolescente, au lycée Jules-Ferry, découvre un texte de Démosthène qui est un vibrant éloge de la liberté et de la démocratie. Tandis que sous ses fenêtres défile l'armée du Troisième Reich et que ses parents, d’origine juive, vivent dans la peur d’une dénonciation, ce texte fait l’effet d’une véritable révélation. Elle décide alors de se consacrer exclusivement à l’étude de la Grèce[2].

Elle espérait préparer le concours de l'École normale supérieure mais elle a dû y renoncer, la fonction publique étant interdite aux Juifs. Elle a pu s'inscrire à la Sorbonne, bénéficiant du numerus clausus, une mesure discriminatoire instaurée sous le régime de Vichy, y autorisant 3 % d’étudiants juifs s'ils pouvaient attester appartenir à une famille établie en France depuis au moins cinq générations.

En 1947, elle est reçue première à l'agrégation d'histoire et géographie[4],[5]. La même année, elle est nommée au lycée de jeunes filles de Rennes[2].

Carrière universitaire[modifier | modifier le code]

Assistante d'histoire antique à la faculté des lettres de Rennes à partir de 1950, Claude Mossé est attachée de recherche au CNRS de 1956 à 1958. Elle est nommée maîtresse de conférences à la faculté des lettres de Clermont-Ferrand en 1959, où elle rencontre Michel Foucault et Michel Serres, et obtient un doctorat d'État la même année, avec une thèse consacrée au Déclin de la cité grecque au IVe siècle av. J.-C.[2].

En , elle s'engage comme professeur dans le projet d'université expérimentale de Vincennes, devenue université de Paris VIII[2]. Elle y continue sa carrière, jusqu'à l'éméritat. Influencée par Moses Finley, elle écrit une vingtaine d'ouvrages, principalement sur la Grèce classique (Ve siècle av. J.-C. et IVe siècle av. J.-C.) et la période hellénistique (de la fin du IVe siècle av. J.-C. à la conquête romaine).

Proche de Jean Poperen, Emmanuel Le Roy Ladurie et François Furet, elle adhère comme eux au Parti communiste français dans les années 1950, mais rompt avec lui à la suite du rapport Khrouchtchev[2]. Plus tard, elle milite contre la guerre d'Algérie[2]. En , elle fait partie des 34 signataires de la déclaration rédigée par Léon Poliakov et Pierre Vidal-Naquet pour démonter la rhétorique négationniste de Robert Faurisson[6].

Apport à l'histoire de la Grèce antique[modifier | modifier le code]

Claude Mossé étudie pendant vingt-cinq ans Le déclin de la cité grecque au IVe siècle av. J.-C., qui fut le sujet de sa thèse de doctorat. Si, depuis, cette idée d'un déclin dès le IVe siècle av. J.-C. a été remise en cause, les analyses qu'elle fournit en matière d'histoire économique demeurent essentielles. D’inspiration marxiste, sa méthode a d’abord le mérite de renouveler un sujet jusque-là dominé par des études qui mettaient en avant les luttes patriotiques et les aspects nationaux de la question grecque[2]. Elle s'intéresse davantage à l'histoire des structures, à l'analyse des institutions et de la pensée politique, qu'à l'histoire événementielle[7]. Elle a également réalisé des ouvrages de synthèse (sur la colonisation, le travail, la démocratie, la femme, le citoyen, etc.), des biographies (Démosthène, Alexandre ou encore Périclès[8]), ainsi que des manuels et des articles destinés au grand public[9]. Une constance de sa démarche est son analyse méthodique des textes grecs[10].

À la demande de Calmann-Lévy, elle a également écrit un roman policier historique, Meurtres sur l'Agora, qui se passe à Athènes en 349 avant notre ère[2].

Publications[modifier | modifier le code]

  • La Fin de la démocratie athénienne. Aspects sociaux et politiques du déclin de la cité grecque au IVe siècle av. J.-C., Paris, 1962.
  • Le Travail en Grèce et à Rome, Paris, PUF, « Que sais-je ? », 1966.
  • Les Institutions grecques, Paris, Armand Colin, 1968.
  • La tyrannie dans la Grèce antique, Paris, PUF, 1969.
  • La Colonisation dans l'Antiquité, Paris, Nathan, 1970.
  • Histoire d'une démocratie, Athènes, Paris, Le Seuil, 1971.
  • Histoire des doctrines politiques en Grèce, Paris, PUF, « Que sais-je ? », 1975.
  • La Femme dans la Grèce antique, Paris, Albin Michel, 1983.
  • La Grèce archaïque d'Homère à Eschyle, Paris, Le Seuil, 1984.
  • Le Procès de Socrate, Bruxelles, Complexe, 1987.
  • L'Antiquité dans la Révolution française, Paris, Albin Michel, 1989.
  • Précis d'histoire grecque. Du début du deuxième millénaire à la bataille d'Actium, avec Annie Schnapp-Gourbeillon, Paris, Armand Colin, 1990.
  • Les Mythes Grecs, Photographies de Erich Lessing, Nathan, 1991.
  • Dictionnaire de la civilisation grecque, Bruxelles, Complexe, 1992.
  • Le Citoyen dans la Grèce antique, Paris, Nathan, 1993.
  • Démosthène ou les ambiguïtés de la politique, Paris, Armand Colin, 1994.
  • Politique et société en Grèce ancienne. Le « modèle » athénien, Paris, Aubier, 1995.
  • Meurtres sur l'Agora, Calmann-Lévy, 1995.
  • Alexandre. La destinée d'un mythe, Paris, Payot, 2001.
  • Périclès, l'inventeur de la démocratie, Payot, coll. « Biographie », 2005.
  • Les Grecs inventent la politique, Complexe, 2005.
  • Sacrilèges et trahisons à Athènes, Larousse, 2009.
  • Au nom de la loi. Justice et politique à Athènes à l'âge classique, Payot, 2010.
  • Regards sur la démocratie athénienne, Perrin, 2013.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Philippe-Jean Catinchi, « L’helléniste Claude Mossé est morte », Le Monde, (consulté le ).
  2. a b c d e f g h et i Clara Dupont-Monod, « Claude Mossé ou la Grèce au cœur », L'Histoire,‎ (lire en ligne).
  3. Dialogue avec Hélène Monsacré, in Athènes et le politique. Dans le sillage de Claude Mossé, Pauline Schmitt-Pantel et François de Polignac (dir.), Albin Michel, 2007.
  4. « Claude Mossé est morte », sur lhistoire.fr, (consulté le ).
  5. « Les agrégés de l'enseignement secondaire. Répertoire 1809-1950 », sur rhe.ish-lyon.cnrs.fr (consulté le ).
  6. Valérie Igounet, Histoire du négationnisme en France, Paris, Le Seuil, coll. « La Librairie du XXe siècle », , 691 p. (ISBN 2-02-035492-6), p. 237.
  7. Pauline Schmitt Pantel, « Mossé, Claude [Paris 1924] », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Calle-Gruber (dir.), Dictionnaire universel des créatrices, Éditions Des femmes, , p. 3040.
  8. Maurice Sartre, « Pour la gloire d'Athènes », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  9. Maurice Sartre, « La passion de transmettre », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  10. Pierre Sineux, « Claude Mossé, une historienne du politique en Grèce ancienne », Revue historique, no 650,‎ , p. 371–385 (ISSN 0035-3264, DOI 10.3917/rhis.092.0371, lire en ligne, consulté le ).

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