Claude Lorius

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Claude Lorius, né le à Besançon[1],[2], est un glaciologue français, reconnu pour ses études de la composition des inclusions gazeuses des glaces polaires indiquant les climats anciens de la Terre. Il est le premier, avec Jean Jouzel, à avoir mis en évidence le lien entre la concentration atmosphérique en gaz à effet de serre et l'évolution du climat.

Biographie

Claude Lorius réalise son premier hivernage en Terre Adélie à la base Charcot en 1957, après avoir lu une petite annonce sur le mur de l'université de Besançon à ce sujet[3]. Pendant sa carrière, il a pris part à plus de vingt expéditions polaires[3] dans les années 1960 et 1980, principalement en Antarctique dans le cadre des missions polaires françaises et internationales, notamment à la base Vostok.

Il fait toute sa carrière au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), étant notamment directeur du laboratoire de glaciologie et géophysique de l'environnement de Grenoble entre 1983 et 1988. En 1994, il est élu membre titulaire à l'Académie des sciences et devient, en 2000, membre fondateur de l'Académie des technologies. En 2002, il reçoit la médaille d'or du CNRS, avec Jean Jouzel.

En juin 2008, Claude Lorius est le premier Français à recevoir le prix Planète bleue pour l'environnement[4]. Le 12 avril 2009, il est promu au titre de Commandeur de la Légion d'honneur[5]. Le 15 mai 2015, il est promu au rang de grand officier de l'ordre national du Mérite.

À partir de 2011[6], il travaille avec Luc Jacquet et l'association Wild-Touch sur un métaprojet concernant l'évolution du climat et du taux de gaz à effets de serre[7],[8]. Ce projet donne lieu notamment à la réalisation du documentaire La Glace et le Ciel, dont Lorius est le sujet central. Ce film est projeté pour la première fois en clôture du Festival de Cannes 2015[9].

Il est actuellement directeur de recherche émérite au CNRS.

Apports scientifiques

C'est en observant les bulles s'échappant des glaçons de son verre de whisky que Claude Lorius (ici en 2008) eut l'intuition initiale de ses futurs travaux.

Les apports scientifiques de Claude Lorius ont été essentiels pour la compréhension de l'évolution des climats de la terre, grâce à ses études sur la composition des bulles d'air incluses dans les carottes de glace obtenus par des forages à grandes profondeurs fait lors de deux campagnes en Antarctique à Vostok de 1984 à 1991 puis à la base Concordia, lors du forage européen EPICA dont il fut l'initiateur. Il a ainsi montré le lien direct entre les taux de gaz à effet de serre (comme le dioxyde de carbone et méthane) et l'évolution climatique sur des périodes allant de 150 000 à 800 000 ans. De plus, ces échantillons ont permis de retracer la composition climatique de la planète sur ces mêmes périodes.

En 1963, six ans après son hivernage dans la base Charcot, Claude Lorius soutient sa thèse qui porte sur les carottes de glace qu'il a recueillies en Antarctique : "Le deutérium, possibilités d'application aux problèmes de recherche concernant la neige, le névé et la glace dans l'Antarctique"[10]. Il montre qu'il existe « une relation entre la température à laquelle la glace se forme et la proportion des isotopes de l'oxygène et de l'hydrogène dans les molécules d'eau formant la glace ». La composition isotopique de l'eau d'un échantillon permet ainsi de déterminer quelle était la température ambiante au moment où la glace s'est formée. La calotte de glace Antarctique fait plus de 2 km d'épaisseur; comme elle résulte de couches de neige successives, une carotte de glace de plusieurs centaines de mètres, obtenue lors d'un forage, contient un enregistrement indirect, sur des dizaines de milliers d'années, de la température : la variation de sa composition isotopique sert alors d'indicateur, (de proxy, selon le terme anglais), des paléo-températures.

En 1965, lors d'un hivernage en Terre Adélie, il observe les bulles de gaz que le glaçon qu'il a mis dans son verre libère dans le whisky : « J’ai eu l'intuition qu’elles conservaient des indications sur l’altitude de la formation de la glace et, surtout, qu’elles représentaient des témoins fiables et uniques de la composition de l’air »[2]. Quelque 20 ans plus tard, l'analyse des traces de dioxyde de carbone et de méthane contenues dans les bulles d'air emprisonnées dans les glaces de Vostok pendant des milliers de siècles sera en couverture de la revue Nature[11].

Le 04 septembre 1979, dans une émission des dossiers de l'écran[12] il met en doute les propos d'Haroun Tazieff et surtout de Paul-Émile Victor qui annoncent le réchauffement climatique dès les prochaines décennies (il est du reste, rejoint en cela par Jacques-Yves Cousteau). Probablement aveuglé par sa lecture essentiellement historique et sur le très long terme du climat à travers les inclusions gazeuses dans les glaces, il ne peut concevoir de bouleversements sur une courte échelle de temps. Ce n'est que des années plus tard qu'il s'intéressera et quantifiera l'effet de serre rejoignant ainsi l'ensemble de la communauté scientifique. On peut donc s'interroger sur ce manque d'anticipation dans un domaine où son expertise est pourtant reconnue.

Prix et distinctions

Ouvrages

Documentaires

Notes et références

  1. Site officiel de Claude Lorius.
  2. a et b Biographie Claude Lorius sur le site du CNRS.
  3. a et b Laure Cailloce, « Claude Lorius, une vie sur la glace », Le Journal du CNRS, no 281,‎ (lire en ligne)
  4. « Environnement : Claude Lorius, premier français à recevoir le prix Blue Planet », communiqué de presse du CNRS du 19 juin 2008.
  5. Promotion de la Légion d'honneur dans Le Monde du 12 avril 2009
  6. Stéphanie Belpêche, « Luc Jacquet, le retour en Antarctique », sur Le Journal du dimanche, (consulté le ).
  7. « « entre la glace et le ciel » une biographie de Claude Lorius », sur wild-touch.org (consulté le )
  8. « Lancement du métaprojet « La Glace et le Ciel » », sur wild-touch.org, (consulté le ).
  9. « “La Glace et le ciel”, de Luc Jacquet, en clôture du Festival de Cannes », sur telerama.fr, (consulté le ).
  10. Claude Lorius, Le deutérium, possibilités d'application aux problèmes de recherche concernant la neige, le névé et la glace dans l'Antarctique, Paris, thèse soutenue à la Faculté des Sciences de Paris, (lire en ligne)
  11. Vostok ice core : climatic response to CO2 and orbital forcing changes over the last climatic cycle par Genthon, C., J.M. Barnola, D. Raynaud, C. Lorius, J. Jouzel, N.I. Barkov, Y.N. Korotkevich and V.M. Kotlyakov dans Nature 329, (6138) 414-418, 1987.
  12. Institut National de l’Audiovisuel- Ina.fr, « Ina.fr : vidéo, radio, audio et publicité - Actualités, archives de la radio et de la télévision en ligne - Archives vidéo et radio Ina.fr », sur Ina.fr (consulté le )
  13. « Claude Lorius », sur Tyler Prize for Environment - site officiel.
  14. « Claude Lorius », sur Fondation internationale Prix Balzan.
  15. CNRS, « Liste des médaillés d'or du CNRS », sur http://www.cnrs.fr (consulté le )
  16. (en) « Claude Lorius », sur European Geosciences Union (EGU) (consulté le ).
  17. « Claude Lorius | The Franklin Institute », sur www.fi.edu (consulté le )

Liens externes

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